Questions pour les croyants chrétiens

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eatsalad
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Re: Questions pour les croyants chrétiens

#51

Message par eatsalad » 02 juil. 2010, 15:47

Poulpeman a écrit :
eatsalad a écrit : Après je ne suis pas un fanatique, si on me prouve que jesus a existé d'une facon formel ok pas de probleme je l'accepte.
Pareil pour la part de l'homme dans le réchauffement climatique.

En attendant non.
Tout dépend du niveau de preuve que tu exiges. Tu n'auras pas de preuves formelles de l'existence de Jésus de Nazareth, et ceci est valable pour bien des personnages historiques.

Tu parles d'humilité mais c'est tout sauf de l'humilité : préférer sa propre opinion (basée sur pas grand chose) à un consensus de spécialistes, c'est juste de l'arrogance. Pareil pour le climat.

Je ne maitrise pas le sujet (ni sur Jésus, ni sur le climat). Je m'aligne alors sur le consensus car j'estime que le fonctionnement du monde scientifique est suffisamment bien fichu pour que ce soient les meilleures hypothèses qui emportent la majorité.

Après, quand je suis dans un domaine où je suis plus calé, je n'hésite pas à entreprendre mes propres recherches.
Poulpeman
Tu parles d'humilité mais c'est tout sauf de l'humilité --> d'où le smile que j'avais mis :)

En fait ce que j'essayais de dire c'erst que le consensus n'est pas une démarche scientifique, j'ai bien aimé cet article sur ce sujet :

Consensus scientifique et décisions politiques
Dossier sur le changement climatique - Janvier 2008
http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article844
"N’a de conviction que celui qui n’a rien approfondi."

Emil Michel Cioran

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Re: Questions pour les croyants chrétiens

#52

Message par Zwielicht » 02 juil. 2010, 15:48

Mais personne n'a dit que le consensus intervenait dans la démarche scientifique de quoi que ce soit.
anybody in the creation/evolution debate area knows that this is basically a spiritual war. The root of the problem is not a question of what is science or what is truth. [Laurence Tisdall]

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eatsalad
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Re: Questions pour les croyants chrétiens

#53

Message par eatsalad » 02 juil. 2010, 15:51

Zwielicht a écrit :Mais personne n'a dit que le consensus intervenait dans la démarche scientifique de quoi que ce soit.
c'est ce que j'ai compris des posts de Poulpman , ce n'est pas ce que tu disais ?
Poulpeman a écrit : Je ne maitrise pas le sujet (ni sur Jésus, ni sur le climat). Je m'aligne alors sur le consensus car j'estime que le fonctionnement du monde scientifique est suffisamment bien fichu pour que ce soient les meilleures hypothèses qui emportent la majorité.
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Jean-Francois
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Re: Questions pour les croyants chrétiens

#54

Message par Jean-Francois » 02 juil. 2010, 16:00

BeetleJuice a écrit :Comme quoi, dès que ça touche à un sujet cher aux athées, un scientifique en marge et avec peu de considération pour sa thèse dans le milieux scientifique devient soudainement digne d'être cité. A l'inverse, dès que c'est un sujet zozo, un scientifique peu considéré redevient ce qu'il est
Généralisation hâtive. À la base, ce sont les arguments qui priment non? Je trouve simplement intéressant ce que développe Doherty et ne prétend pas que c'est la Vérité ni ne le défend mordicus en prétendant que c'est "l'"autorité sur le sujet. Je reconnais aussi facilement que c'est une vision marginale des choses et que mon athéisme peut influencer mes idées. Il me semble que ma position est claire et honnête, non?

Sinon, sur le fond vous ne me contredisez pas vraiment. Vous montrez vous-même qu'il y a une grande part de présuppositions concernant l'existence de "Jésus". Aucun fait n'est réellement décisif et, au final, cela revient à dire qu'il y aurait peut-être eu un gourou en Palestine (qui ne s'appelait peut-être même pas Jésus) qui aurait pu servir de modèle plus ou moins lointain au Jésus des évangiles. En ce qui me concerne, ça fait bien du Jésus des évangiles un être mythique.
Doit-on également éliminé la Guerre des Gaules comme source de l'histoire de cette guerre, parce qu'elle a été écrite par le vainqueur?
Je ne comprends pas cette remarque. Vous voulez dire que seul l'ouvrage de César permet de croire qu'il y a eu une guerre des Gaules? Ou, voulez-vous dire qu'il faut prendre pour vrai tout ce qui est écrit dans l'ouvrage de César? Je croyais que les historiens se doutaient que l'histoire de César ne représentait pas la vérité mais une vision partiale des choses.

Si j'écarte les sources chrétiennes, c'est parce qu'elles ne peuvent faire autrement que de poser Jésus comme une réalité historique (ils ont été sélectionnés pour: les évangiles non-canoniques ont été éliminés en parti parce qu'ils ne décrivaient pas Jésus en des termes qui seyaient à l'Église). C'est une vision extrêmement partiale des choses. De plus, les textes du nouveau testament n'ont même pas la vocation d'être des textes historiques, ce sont plutôt des récits "épiques". Et, en plus, même si on peut penser que certains on servi de modèle aux autres, ils ne sont pas très cohérents sur des points majeurs (crucifixion/résurrection, par exemple) quand on les compare.
Bref, hormis le passage à Jérusalem, probablement romancé (comme une partie du reste) le reste n'est qu'une histoire de gourou local qui parcours une partie de la palestine. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que personne n'en entende parler
Je note ce "probablement romancé (comme une partie du reste)" et le "[c]'est le Jésus Biblique qui est très connu, des siècles plus tard et pas le Jésus historique, dont l'action est très restreinte". Vous êtes en train de critiquer ma position sur le Jésus historique en me disant qu'on connait l'histoire "bien connue" même si "probablement romancée" du Jésus des évangiles.
BJ a écrit :
JF a écrit :Comme toujours, la charge de preuve devrait revenir à ceux qui affirment l'existence de et non à ceux qui doute de l'existence de
Non, dans le cas d'un personnage historique, elle revient aux deux, parce l'on ne peut pas éliminer l'argument a silentio.
L'absence de preuve d'un personnage historique ne se traduit pas par une non existence par défaut, parce que sa non existence (et donc son caractère mythique) est autant un fait à démontrer que son caractère réel
Si je comprends bien, vous dites que l'historicité d'un personnage est attestée ou, au moins, considérée comme probante dès qu'il est fait mention de lui dans un texte ancien ou dans une tradition orale. Que veut dire "mythique", alors?
Pour un personnage d'importance aussi restreinte que Jésus et qui a vécu il y a si longtemps, l'argument a silentio devient écrasant, d'où l'extrême difficulté de prouver aussi bien la thèse mythiste que la thèse historique, faute de source fiable.
Justement, ma position est que devant l'absence de preuves indépendantes d'un Jésus historique, je considère qu'il n'y a pas de Jésus historique; sans nier formellement cette possibilité: je fais comme s'il n'avait pas existé. Il me semble que je fais comme devant les arguments pro-"ovnis" qui se basent aussi grandement sur un manque de source fiable et qui servent des témoignages invérifiables*.

* Beetlejuice: "[...] ça rend invérifiable le fait qu'un réel auto-proclamé messie puisse être le personnage dont on aura ensuite grandement romancé la vie".
[...] parce qu'il faut prendre en compte la donnée temporelle qui fait qu'on reconstitue un puzzle dons on sait qu'il manque de plus en plus de pièce à mesure qu'on recule dans le temps
Un "puzzle", hein? Faut croire que "le scientifique en marge" vous influence quand même :lol:

------------
BJ a écrit :
Denis a écrit :C'est quand ils ont pris le pouvoir que ça c'est gâté.
C'est à la fois vrai et faux.
Vrai parce qu'ils vivaient parfois en communauté et prônait un certaine notion de paix, faux parce qu'il ne le faisait pas par "évaporation" mais parce qu'ils pensaient la fin du monde proche.
Certains groupes chrétiens menaient des actions que l'on peut qualifier de terroristes, non? Autant en Palestine qu'à Rome. C'étaient des agitateurs plutôt que des beatniks.

----------------
Poulpeman a écrit :Le coup de "le consensus est biaisé", ça fait pas un peu argument de climato-sceptique ?
Tu veux dire qu'il existe des faits scientifiques - mesurables, vérifiables, reproductibles - concernant l'existence de Jésus, qui soient comparables à ceux sur lesquels se fondent la thèse de l'action humaine dans le réchauffement climatique? Non, n'est-ce pas. À ma connaissance, il n'existe pas de position consensus "officielle" du même style que celle du GIEC. En fait, je pense que l'histoire est pas mal plus sujette que les sciences physiques à des positions biaisées et que les positions sur la question de l'historicité de Jésus sont plus diversifiées.

Dans ton lien, as-tu remarqué:
"Sources non chrétiennes :
* Flavius Josèphe: Antiquités judaïques 18, 63-34. Texte controversé.
* Tacite, Annales – 15, 44, 3
* Suétone, Vie de Claude – 25, 4. Vie de Néron – 16
* Pline le Jeune, Lettre à l’empereur Trajan de l’année 110

Ces trois derniers citent les chrétiens, non Jésus." (Je souligne.)

L'ensemble de sources non-chrétiennes d'après ce site (ce qui correspond à ce que j'ai vu ailleurs) tient en un texte controversé et des textes qui parlent des chrétiens, non de Jésus. Je t'assure que je ne nie pas l'existence des chrétiens même aux alentours de l'an un et après, c'est d'un Jésus historique dont je doute.
À eatsalad, Poulpeman a écrit :On pourrais dire la même chose pour l'évolution, la gravitation, etc...
Ce que tu dis serait vrai si on avait seulement des arguments culturels en faveur de la gravitation ou de l'évolution. Tu sais très bien que ce n'est pas le cas (à moins de défendre un relativisme "post-moderne" selon lequel la science n'est qu'une culture comme les autres). Toutefois, comme la preuve de l'existence d'un Jésus historique repose principalement sur une tradition culturelle (sources chrétiennes) et non sur des évidences indépendantes.

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Re: Questions pour les croyants chrétiens

#55

Message par Zwielicht » 02 juil. 2010, 16:17

eatsalad a écrit :
Zwielicht a écrit :Mais personne n'a dit que le consensus intervenait dans la démarche scientifique de quoi que ce soit.
c'est ce que j'ai compris des posts de Poulpman , ce n'est pas ce que tu disais ?
Poulpeman a écrit :Je ne maitrise pas le sujet (ni sur Jésus, ni sur le climat). Je m'aligne alors sur le consensus car j'estime que le fonctionnement du monde scientifique est suffisamment bien fichu pour que ce soient les meilleures hypothèses qui emportent la majorité.
Non. Ce disant, Poulpeman dit lui-même ne pas être scientifique. Donc il s'aligne sur le consensus.

Les scientifiques, eux, ne fonctionnent pas par consensus. Des recherches de toutes sortes sur le climat ont encore lieu.

Sinon, cette question de Jésus a-t'il existé ou non implique d'abord qu'on définisse ce Jésus. Sinon ça va dans tous les sens. J'avais déjà donné une ébauche de définition.
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Re: Questions pour les croyants chrétiens

#56

Message par eatsalad » 02 juil. 2010, 16:28

Zwielicht a écrit :
eatsalad a écrit :
Zwielicht a écrit :Mais personne n'a dit que le consensus intervenait dans la démarche scientifique de quoi que ce soit.
c'est ce que j'ai compris des posts de Poulpman , ce n'est pas ce que tu disais ?
Poulpeman a écrit : Je ne maitrise pas le sujet (ni sur Jésus, ni sur le climat). Je m'aligne alors sur le consensus car j'estime que le fonctionnement du monde scientifique est suffisamment bien fichu pour que ce soient les meilleures hypothèses qui emportent la majorité.
Non. Ce disant, Poulpeman dit lui-même ne pas être scientifique. Donc il s'aligne sur le consensus.

Les scientifiques, eux, ne fonctionnent pas par consensus. Des recherches de toutes sortes sur le climat ont encore lieu.
Présenté comme ca me convient mieux, Poulpeman tu es ok avec ce que viens de dire Zwieliecht ?

Parce que pour moi ce ne sont pas les hypothèses qui emportent la majorité qui sont les meilleures, mais celles qui sont prouvées par l'expérience.
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Re: Questions pour les croyants chrétiens

#57

Message par Poulpeman » 02 juil. 2010, 16:50

Salut JF,
Jean-Francois a écrit :
Poulpeman a écrit :Le coup de "le consensus est biaisé", ça fait pas un peu argument de climato-sceptique ?
Tu veux dire qu'il existe des faits scientifiques - mesurables, vérifiables, reproductibles - concernant l'existence de Jésus, qui soient comparables à ceux sur lesquels se fondent la thèse de l'action humaine dans le réchauffement climatique?
Non, je dis que ça ressemble au "le GIEC est partisan" ou encore "le GIEC est influencé par le matraquage médiatique sur l'écologie" des climato-sceptiques et que ce genre d'argument n'est pas recevable.
Dans ton lien, as-tu remarqué:
"Sources non chrétiennes :
* Flavius Josèphe: Antiquités judaïques 18, 63-34. Texte controversé.
* Tacite, Annales – 15, 44, 3
* Suétone, Vie de Claude – 25, 4. Vie de Néron – 16
* Pline le Jeune, Lettre à l’empereur Trajan de l’année 110

Ces trois derniers citent les chrétiens, non Jésus." (Je souligne.)

L'ensemble de sources non-chrétiennes d'après ce site (ce qui correspond à ce que j'ai vu ailleurs) tient en un texte controversé et des textes qui parlent des chrétiens, non de Jésus. Je t'assure que je ne nie pas l'existence des chrétiens même aux alentours de l'an un et après, c'est d'un Jésus historique dont je doute.
L'histoire fonctionne par recoupement des diverses source pour aboutir à une conclusion. On ne peut pas dire que l'existence de Jésus est improbable juste parce que les sources non chrétiennes font défaut.
Effectivement on n'a pas de preuves de l'existence de Jésus et on n'en aura probablement jamais. En attendant, je crois que si les historiens jugent probable l'existence historique de Jésus, ils doivent avoir leurs raisons.
Donc je m'aligne sur leurs conclusions et je n'ai pas de raison de ne pas le faire.

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Re: Questions pour les croyants chrétiens

#58

Message par Zwielicht » 02 juil. 2010, 16:57

Mais ce n'est pas un sujet abordé sérieusement dans le monde académique.

Il ne semble pas, par exemple, y avoir de vrai débat rigoureux sur la datation des évangiles. Doherty date l'évangile selon Marc du deuxième siècle à ce que je me souviens.. Et d'une autre part, il y a des théologiens peut-être trop chrétiens qui datent le même évangile vers l'an 50.

Le "débat" me semble être entre théologiens chrétiens d'une part, et opportunistes qui sentent un coup fumeux (bouquin à succès, procès, etc) de l'autre.
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Re: Questions pour les croyants chrétiens

#59

Message par BeetleJuice » 03 juil. 2010, 00:58

Zwielicht a écrit :Mais ce n'est pas un sujet abordé sérieusement dans le monde académique.

Il ne semble pas, par exemple, y avoir de vrai débat rigoureux sur la datation des évangiles. Doherty date l'évangile selon Marc du deuxième siècle à ce que je me souviens.. Et d'une autre part, il y a des théologiens peut-être trop chrétiens qui datent le même évangile vers l'an 50.

Le "débat" me semble être entre théologiens chrétiens d'une part, et opportunistes qui sentent un coup fumeux (bouquin à succès, procès, etc) de l'autre.
Il faut dire aussi que le sujet n'est pas ce qu'il y a de plus passionnant d'un point de vue académique. Scientifiquement parlant, ça n'apporte strictement rien de tergiverser sur l'existence d'un personnage dont l'influence, au moment de sa vie, a été parfaitement marginale.

S'il y a consensus, c'est principalement parce que le contexte général rend plus plausible un Jésus historique qu'un Jésus mythique, mais fondamentalement, les deux thèses apportent des éléments de vrai.
Le Jésus de la Bible est clairement un personnage de fiction, mais c'est une construction plus tardive. A l'inverse, le contexte dans lequel est censé avoir vécu Jésus est plus favorable à l'apparition d'un auto-proclamé messie qu'à une évolution religieuse en palestine, menant à la création d'un nouveau mythe.
Les Juifs sont coutumier du "retour aux valeurs anciennes" en période de crise et de la réaction violente à l'acculturation. La période où aurait du vivre Jésus est caractéristique de ce type de moment où le peuple juif se radicalise et où fleurissent les courants messianiques, les "faux prophètes", les auto-proclamés messie et les récit d'apocalypse.
Ce n'est pas un hasard si la période du début de l'empire est marqué par autant de révolte en palestine et si Caligula tente de mettre une statue de lui dans le temple de Jérusalem. On a un véritable mouvement de résistance à l'influence romaine et contre les roi fantôche du pays, qui dure jusqu'à la guerre de Titus et Vespacien.

Dans une telle période de trouble, un raidissement autour des valeurs anciennes est plus probablement qu'une influence extérieure déjà mal vu au sein de la population.
JF a écrit :Généralisation hâtive. À la base, ce sont les arguments qui priment non? Je trouve simplement intéressant ce que développe Doherty et ne prétend pas que c'est la Vérité ni ne le défend mordicus en prétendant que c'est "l'"autorité sur le sujet. Je reconnais aussi facilement que c'est une vision marginale des choses et que mon athéisme peut influencer mes idées. Il me semble que ma position est claire et honnête, non?

Sinon, sur le fond vous ne me contredisez pas vraiment
Je ne contredits pas parce que je ne suis pas spécialiste du sujet et que, sans soutenir formellement la thèse d'un Jésus historique, je fais comme Poulpeman et m'en remet à ceux qui sont spécialistes de la question et qui sont arrivé d'accord sur la plus grande probabilité d'un Jésus historique que d'un Jésus mythique.

En fait, ma réflexion était une saute d'humeur parce que ça m'agace de voir qu'à chaque fois qu'on aborde le sujet, quelqu'un cite Doherty alors que sa thèse a reçu un accueil plus que mitigé dans le milieux académique.
Je trouve ça partial de le citer systématiquement, sans même préciser que sa thèse est critiquée, alors que vous serez le premier à railler un zozo qui citerait, par exemple, JPP sur ses travaux d'astrophysiques.
En ce qui me concerne, ça fait bien du Jésus des évangiles un être mythique.
Bien sur, et je suis d'accord avec cette idée. Mais pas avec la thèse qui en fait une divinité dès l'origine.
Si je comprends bien, vous dites que l'historicité d'un personnage est attestée ou, au moins, considérée comme probante dès qu'il est fait mention de lui dans un texte ancien ou dans une tradition orale. Que veut dire "mythique", alors?
Non. Ca veut dire que l'historicité d'un personnage cité est une problématique historique tant que l'on a que son nom cité quelque part.

Par exemple, un texte qui mentionnerait un personnage nommé Saint Garuk (au hasard) poserait la question (c'est une problématique historique) de savoir qui est ce Garuk.
Ensuite, c'est l'évaluation des sources et du contexte qui existe autour de ce personnage qui détermine si la thèse de son existence historique est plausible comme réponse à la problématique ou si, à l'inverse, il n'est qu'un personnage de roman.

Par exemple, si le texte qui mentionne le Garuk en question est un texte apocryphe chrétien écrit comme un conte médiéval et que le contexte décrit dans son histoire apparait n'avoir jamais existé en réalité, la thèse de son existence en tant que mythe sera plus plausible que celle de son existence en tant que personne.

En fait, je crois que le problème, pour Jésus, c'est que vous opposez mythisme et historicité, comme si l'historicité était la preuve de son existence et le mythisme la version par défaut à admettre en cas de non existence.

En réalité c'est un faux dilème. La thèse mythiste est une thèse à part entière qui postule l'existence d'un personnage mythique à l'origine du personnage mentionné. Il faut prouver l'existence de ce personnage.
La non existence du personnage se tradurait par une absence de mention dans l'histoire.

Dans le cas de Jésus, on est certain que le personnage existe, mais il faut prouver que cette existence est tiré de l'existence d'un mythe antérieur ou de l'existence d'un personnage antérieur. La non-existence de Jésus n'est pas une option à envisager.
Justement, ma position est que devant l'absence de preuves indépendantes d'un Jésus historique, je considère qu'il n'y a pas de Jésus historique
Bien sur, et c'est votre droit, même si c'est être un peu rigide, sachant qu'à ce compte là, énormément de travaux d'histoire ancienne serait à mettre au pilon, faute de preuve irréfutable. Mais comme dit au dessus, ça n'est pas une raison pour en conclure que la thèse mythiste est vrai pour autant ou même plus crédible.
Formellement, en l'absence de preuve d'un Jésus historique, on en revient au "on ne sait pas d'où vient le Jésus de la Bible".

Pour faire un parallèle, c'est un peu comme pour l'évolution et la création, le dénigrement de l'un ne prouve pas l'autre. Dans le cas où l'évolution serait fausse, on en reviendrait à "pourquoi est-ce que les animaux sont ce qu'ils sont" et non pas "l'évolution est fausse, donc il y a création".
Certains groupes chrétiens menaient des actions que l'on peut qualifier de terroristes, non? Autant en Palestine qu'à Rome. C'étaient des agitateurs plutôt que des beatniks.
Ca dépend ce qu'on entend pas agitateur. Formellement, pour ce que j'en sais, ils ne créaient pas spécifiquement de troubles volontaires, mais leur façon d'arborder la religion était en complète contradiction avec la manière d'envisager la religion civique et le droit de cité, ce qui, à l'époque, les faisait passer pour des gens avec des idées dangereuses et, effectivement, des agitateurs.
Actuellement, je ne pense pas que leur messages choquerait plus que celui des TJ, mais à l'époque, c'était vu comme un scandale que l'on puisse, par exemple, affirmer que la cité des chrétiens est dans les Cieux et que le seul dieu valable est le dieu chrétien. Pour un romain, citoyen de Rome, habitué à respecter les dieux de chaque peuple, habitué à une religion civique et probablement citoyen d'une cité de l'empire (en plus de Rome) c'était presque une déclaration de révolution, donc c'était inadimissible.

D'ailleurs, les persécutions de chrétiens n'étaient pas vraiment religieuses, les romains ayant accepté quantité de sectes et religions sans trop de heurt. Elle était plutôt politiques et culturelles, dans le sens où la façon d'appréhender la religion qu'avaient les chrétiens étaient inadmissible pour l'autorité de l'empereur.
This is our faith and this is what distinguishes us from those who do not share our faith.

(John Flemming, Évêque irlandais, 3ème dan de tautologie, ceinture noire de truisme, champion des lapalissades anti-avortement.)

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Re: Questions pour les croyants chrétiens

#60

Message par Jean-Francois » 03 juil. 2010, 15:38

Poulpeman a écrit :Non, je dis que ça ressemble au "le GIEC est partisan" ou encore "le GIEC est influencé par le matraquage médiatique sur l'écologie" des climato-sceptiques et que ce genre d'argument n'est pas recevable
Tant pis. Moi, ce que je dis c'est que lorsque les arguments de ceux qui affirment l'existence d'un Jésus historique seront sérieux, j'admettrai cette existence. Pour l'instant, j'en doute... en grande partie parce que ces arguments sont clairement biaisés en faveur des sources chrétiennes. Comme tu me dis:
Effectivement on n'a pas de preuves de l'existence de Jésus et on n'en aura probablement jamais
Je pense qu'il n'est pas illogique de douter de l'existence de quelque chose dont on ne peut m'amener aucune preuve.

Nous sommes donc d'accord sur les faits mais divergeons sur la conclusion.
En attendant, je crois que si les historiens jugent probable l'existence historique de Jésus, ils doivent avoir leurs raisons. Donc je m'aligne sur leurs conclusions et je n'ai pas de raison de ne pas le faire.
Moi, je me dis que parmi ces raisons, pour certains historiens en tout cas, il y a le fait que l'existence de Jésus est considéré comme une évidence*. Cela me pousse à ne pas adhérer totalement à leur conclusion. Si on m'amène des preuves plus solides, je le ferai certainement.

Mais, tant que l'argument le plus rationnel semble être que Jésus a existé parce que potentiellement il y aurait eu un gourou palestinien qui aurait pu servir de modèle, même si on ne sait strictement rien de ce gourou car il n'a laissé aucune trace historique (malgré les "troubles" qu'il provoque selon les évangiles**), qu'on ne sait même pas à quelle époque il aurait vécu (à partir du moment ou l'on admet que les évangiles sont "romancés", il devient délicat de placer une telle date), ni de si ce qu'il professait ressemblait de près ou de loin à ce qu'on retrouve dans les évangiles (qui est pas mal inspiré de l'ancien testament, en plus), j'aurai de la difficulté à adhérer à l'idée d'un Jésus historique.

* Il y en a même pour tenter de rationaliser les miracles. Bel exercice de futilité, à mon avis.
** Il y a d'autres personnages du NT qui manquent - historiquement - à l'appel (Jean le Baptiste, par exemple). Tu penses que les romains et les juifs ne tenaient aucun registre de leurs activités?

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En fait, ma réflexion était une saute d'humeur parce que ça m'agace de voir qu'à chaque fois qu'on aborde le sujet, quelqu'un cite Doherty alors que sa thèse a reçu un accueil plus que mitigé dans le milieux académique.
Je trouve ça partial de le citer systématiquement, sans même préciser que sa thèse est critiquée [...]
Je pense être l'un des rares sur le forum à citer Doherty et je laisse aux lecteurs la possibilité de juger par eux-même en donnant le lien vers son site. Sur celui-ci, on trouve même des critiques qui lui ont été adressées et auxquelles il répond. De plus, j'admets volontiers que c'est un auteur marginal et que l'idée qu'il défend (une forme de la thèse mythiste) n'est pas la plus acceptée... que voulez-vous de plus? Une adhésion béate au "consensus", alors que vous n'arrivez même pas à me donner des arguments en faveur de l'existence d'un Jésus historique?

Aussi, vous (avec Poulpeman) ne dites même pas quel est ce véritable consensus. Tenez, prenez comme référence les tendances que propose Blanrue et dites-moi donc ce qu'il faudrait croire parce que les versions abondent**.
Ca dépend ce qu'on entend pas agitateur
Je voulais dire qu'ils ont commis des attentats, des crimes (je ne parle pas de tous les premiers chrétiens mais de certains groupes revendicateurs).

Ajout:
BJ a écrit :Pour faire un parallèle, c'est un peu comme pour l'évolution et la création, le dénigrement de l'un ne prouve pas l'autre
J'imagine qu'il faut comprendre que "évolution = thèse d'un Jésus historique" et "création = thèse mythiste"?

Votre parallèle est inadéquat dans le sens ou vous-même reconnaissez la faiblesse des preuves en faveur de l'existence d'un Jésus historique, qui fait un contraste énorme avec celles en faveur de l'évolution. De plus, l’idée d’un Jésus historique est plus similaire à la création par son rapprochement avec les textes sacrés (sources chrétiennes, silence autrement), non?
Dans le cas où l'évolution serait fausse, on en reviendrait à "pourquoi est-ce que les animaux sont ce qu'ils sont" et non pas "l'évolution est fausse, donc il y a création"
Vous pouvez reformuler ça en termes d’existence d’un Jésus historique, que puisse juger quelle serait vraiment la question? Parce que là, vous inventez une position mythiste que rien ne justifie vraiment. Car la position "il n’y a pas de preuve solide en faveur de l’existence d’un Jésus historique, donc je doute que celui-ci ait existé" n’est pas particulièrement du même type que "l'évolution est fausse, donc il y a [eu] création". Si les biologistes et autres scientifiques n’étaient pas capables d’amener de preuves solides en faveur de l’évolution, il serait parfaitement correct de dire "rien n’appuie l’évolution, donc je doute que les animaux aient évolués". Vous n’êtes pas d’accord?

Jean-François

** Vous noterez que Rolland, par exemple, semble admettre que le Jésus historique a réellement marché sur l'eau. Lui est certainement un "traditionaliste".
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Re: Questions pour les croyants chrétiens

#61

Message par Poulpeman » 03 juil. 2010, 16:53

Salut JF,
Jean-Francois a écrit : Moi, ce que je dis c'est que lorsque les arguments de ceux qui affirment l'existence d'un Jésus historique seront sérieux, j'admettrai cette existence. Pour l'instant, j'en doute... en grande partie parce que ces arguments sont clairement biaisés en faveur des sources chrétiennes.
Et c'est cela que je critique : ce sous-entendu que les historiens ne sont pas conscients du biais que cela représente.
Moi j'estime qu'ils savent faire leur boulot et en sont donc conscients. En doutes-tu ?
Je pense qu'il n'est pas illogique de douter de l'existence de quelque chose dont on ne peut m'amener aucune preuve.
Douter, oui (j'en doute aussi étant donné que je n'ai pas de preuves). Rejeter l'existence historique de Jésus (ou lui accorder une faible probabilité) sous prétexte qu'on a pas de preuves, c'est du doute déraisonnable (étant donné que les chances qu'on découvre des preuves de son existence son très minces).
Nous sommes donc d'accord sur les faits mais divergeons sur la conclusion.
Tout a fait.
Je pars du principe que les conclusions du consensus ont de grandes chances d'être bonne. Tu pars du principe qu'elles sont biaisées selon des arguments qui, à mon sens, tiennent de l'à-priori.
Moi, je me dis que parmi ces raisons, pour certains historiens en tout cas, il y a le fait que l'existence de Jésus est considéré comme une évidence*.
Oui, il doit bien y avoir un "biais chrétien" (certains historiens pour qui c'est une évidence).
Mais, pourquoi n'y aurait-il pas aussi un "biais athée" (des historiens qui pensent que Jésus est un mythe au même titre que la religion chrétienne ) ?
De plus, un consensus a pour but de confronter les différentes positions pour arriver à la conclusion la plus juste possible. Pourquoi le "biais chrétien" serait-il plus influent que d'autres ? Parce que la plupart des historiens qui étudient la question sont de culture judéo-chrétienne* ?
N'est-ce pas un à-priori ?

Poulpeman

*Il y a bien des historiens de culture judéo-chrétienne qui contestent l'existence historique de Jésus.
Si Dieu existait, il faudrait s'en débarrasser. (Michel Bakounine)
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Pakete
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Re: Questions pour les croyants chrétiens

#62

Message par Pakete » 03 juil. 2010, 18:02

Poulpeman,

Le "biais athée", dans ce genre de discussion n'est pas plus valable lorsque l'on parle de l'attitude de l'Eglise vis à vis du nazisme que l'existence d'un Jésus historique, tout simplement parce que cela ne démonte ni ne démontre en rien l'essentiel: D'une part le relativisme moral (on peut s'interroger sur tous les autres crimes de l'inquisition pour remettre en cause leur "morale objective", sans passer par la case "nazisme") et d'autre part l'existence des pouvoirs magiques de leur porte parole (de la transformation du pain et du vin, par exemple, de la façon qu'il est né d'une vierge, etc...), qui font toute la différence: Après tout, même si un type appelé Jésus a existé au Ier siècle, a-t-il vraiment pu avoir les pouvoirs qu'on lui prête ?

Simplement, lorsqu'un chrétien débarque en affirmant, "Jésus est là pour vous sauver", la première question sur laquelle ce chrétien bute est "Jésus a-t-il vraiment existé ?". Pour lui, sans aucun doute. Après tout, c'est à lui de nous amener des preuves. Et malheureusement, ce sont des éléments plus que douteux.

Je veux bien qu'il y a des athées qui décident de partir en "croisade" (un comble) et que c'est complètement idiot. En même temps, pour un athée non religieux c'est secondaire (et les religions athées n'ont que faire de Jésus...) dans sa vie.

Edit:
Je rajouterais également qu'il suffit d'ouvrir le torchon (je peux l'appeller comme ça ici ?) pour voir qu'il n'est pas fiable historiquement, à cause de multiples incohérences qui s'y trouvent. Et que pour un chrétien, ce qui est écrit est tout de même la "preuve" définitive de l'existence christique.
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Re: Questions pour les croyants chrétiens

#63

Message par Jean-Francois » 03 juil. 2010, 19:03

Poulpeman a écrit :Moi j'estime qu'ils savent faire leur boulot et en sont donc conscients. En doutes-tu ?
Dans certains cas, oui. Les biais sont déjà vrais en science de la nature, ils le sont aussi en sciences humaines et, à cause du manque de données et de l'incapacité (le plus souvent) de les contre-vérifier, il peuvent être pas mal plus insidieux. De plus, tu ne peux nier qu'historiquement questionner les dogmes de l'Église n'était pas bien vu en occident (euphémisme). Enfin, c'est moins les historiens que je vise que les sources: je place moins de confiance en des sources chrétiennes - choisies pour construire le dogme - qu'en des sources non-chrétiennes. Et ces dernières sont curieusement absentes.
Rejeter l'existence historique de Jésus (ou lui accorder une faible probabilité) sous prétexte qu'on a pas de preuves, c'est du doute déraisonnable (étant donné que les chances qu'on découvre des preuves de son existence son très minces)
Dis-tu la même chose à propos des ovnis? Il est déraisonnable de rejeter actuellement l'existence de ceux-ci sous prétexte qu'on a pas de preuve et que la probabilité qu'on en découvre est (serait?) très faible. Sans compter que le consensus des "experts" de la question est que les ovnis-ET nous visitent?
Je pars du principe que les conclusions du consensus ont de grandes chances d'être bonne


Je me permets de souligner à nouveau que tu as écrit: "[e]ffectivement on n'a pas de preuves de l'existence de Jésus et on n'en aura probablement jamais". Elles reposent sur quoi ces conclusions, selon toi, et quels sont les critères qui te permettent de juger qu'elles sont bonnes? Si tu as des évidences solides ou des sources que tu juges sérieuses en faveur de l'existence d'un Jésus historique, donne-les (je n'ai pas beaucoup de temps pour les lire, toutefois). Sinon, je garde mon doute que tu le trouves déraisonnable ou non.
Tu pars du principe qu'elles sont biaisées selon des arguments qui, à mon sens, tiennent de l'à-priori
En plus du manque de sources indépendantes, je pars aussi du fait qu'il n'y a pas de véritable consensus sur ce que serait ce "Jésus historique"*. J'ai aussi expliqué en quoi dire qu'il existe un Jésus historique, alors qu'on en est réduit à de nombreuses spéculations sur ce qu'il pourrait bien être et en quoi il il pourrait ou non ressembler au Jésus des évangiles, ne m'apparait pas très probant. Si tu veux présenter ma position plus honnêtement, reconnais au moins ce point plutôt que de laisser croire que je pars uniquement d'un principe biaisé.

* L'accord le plus répandu est l'existence probable d'un modèle historique au Jésus des évangiles.
Mais, pourquoi n'y aurait-il pas aussi un "biais athée" [...] ?
C'est très possible, en fait ça doit être le cas. Mais c'est toi qui agite le terme "consensus" avec insistance et, dans nos sociétés, le biais socio-culturel le plus répandu n'est certainement pas l'athéisme. Cela fait que, oui, à mon avis, si un tel biais agit c'est très probablement le religieux en premier lieu.

Ça ne serait pas très grave s'il y avait plus de faits en faveur de l'existence de Jésus mais il n'y en a pas beaucoup.
(des historiens qui pensent que Jésus est un mythe au même titre que la religion chrétienne )
Je ne crois pas qu'il existe un seul historien qui pense que la religion chrétienne est un mythe.

Jean-François
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Re: Questions pour les croyants chrétiens

#64

Message par BeetleJuice » 03 juil. 2010, 23:53

Jean-François a écrit :Je pense être l'un des rares sur le forum à citer Doherty et je laisse aux lecteurs la possibilité de juger par eux-même en donnant le lien vers son site. Sur celui-ci, on trouve même des critiques qui lui ont été adressées et auxquelles il répond. De plus, j'admets volontiers que c'est un auteur marginal et que l'idée qu'il défend (une forme de la thèse mythiste) n'est pas la plus acceptée... que voulez-vous de plus? Une adhésion béate au "consensus", alors que vous n'arrivez même pas à me donner des arguments en faveur de l'existence d'un Jésus historique?
Comme dit plus haut,le fait de refuser une des deux thèses ne suppose pas adhérer à l'autre, donc je ne râlais pas parce que vous adhérez à la thèse mythiste et n'ai pas spécialement envie de vous voir adhérez à la thèse historiciste (d'abord et avant tout parce que je me fiche pas mal que Jésus soit vrai ou faux, ça n'est pas tellement mon domaine de compétence...) mais parce que vous citez Doherty sans spécifier que son avis est très marginal. Comme dit, je trouve ça partial dans la mesure où vousferiez savoir à un zozo qui citerait un auteur marginal comme référence, à quel point la thèse de cet auteur est controversée.
Simplement indiquer la valeur académique peu importante concédé à la thèse de Doherty serait la moindre des choses, si, par ailleurs, vous utilisez la notoriété académique d'un chercheur comme argument dans vos discussions.
J'imagine qu'il faut comprendre que "évolution = thèse d'un Jésus historique" et "création = thèse mythiste"?
Non, c'est simplement le premier exemple de faux dilemme qui m'est venu à l'esprit, mais on peut en prendre un autre si vous voulez.
Vous pouvez reformuler ça en termes d’existence d’un Jésus historique, que puisse juger quelle serait vraiment la question? Parce que là, vous inventez une position mythiste que rien ne justifie vraiment. Car la position "il n’y a pas de preuve solide en faveur de l’existence d’un Jésus historique, donc je doute que celui-ci ait existé" n’est pas particulièrement du même type que "l'évolution est fausse, donc il y a [eu] création". Si les biologistes et autres scientifiques n’étaient pas capables d’amener de preuves solides en faveur de l’évolution, il serait parfaitement correct de dire "rien n’appuie l’évolution, donc je doute que les animaux aient évolués". Vous n’êtes pas d’accord?
Ce que j'essaie de dire, c'est que l'absence de preuve d'une thèse ne prouve pas l'autre, au même titre que l'absence de preuve d'une évolution ne prouve pas la création pour autant.
Dans le cas de Jésus, on sait qu'il existe (en tant que personnage littéraire). La problématique historique est de savoir qui a servi de modèle à ce Jésus littéraire.
Deux thèses s'affrontent: une thèse qui dit que le modèle était une vraie personne de palestine et une thèse qui dit que le modèle est issus d'un mythe construit petit à petit à partir des croyances de la régions et des adeptes du christianisme en formation..
Ces deux thèses sont indépendantes et l'absence de preuve de l'une ne prouve pas l'autre, pour autant, essentiellement parce qu'on ne peut pas faire disparaître l'argument a silentio sur un personnage marginal d'il y a 2000 ans.
On n'est pas ici dans le cas d'un phénomène reproductible de science exacte, où l'on constaterait en expérimentant la présence ou l'absence du phénomène.
On est dans le cas d'un phénomène unique qui a eu lieu dans un passé lointain dont on sait que toutes les traces ne nous sont pas parvenu et dont on sait que celles qui nous sont parvenues ne sont pas forcement fiables. L'argument a silentio est donc énorme sur ce personnage(Il est impossible après 2000 ans, de prouver, hors de tout doute raisonnable, qu'aucune trace de de Jésus ne nous a échappé) et la position par défaut à son absence de trace n'est donc pas: "il n'existait pas jusqu'à preuve du contraire" mais "'on ne sait pas qui a servi de modèle au Jésus littéraire".
De plus, l’idée d’un Jésus historique est plus similaire à la création par son rapprochement avec les textes sacrés (sources chrétiennes, silence autrement), non?
Non.
Le créationnisme part du principe que la genèse est vrai et cherche ensuite les éléments qui correspondent, ça n'est pas une démarche scientifique)
La thèse historiciste ne part pas du principe que le Jésus des textes chrétiens a existé et est une vraie personne (sauf cas d'historiens qui sont plus théologiens qu'historiens), elle part du principe que le texte des évangiles n'a pas été immuable et donc, que le Jésus qui y est présenté est une construction postérieure faite à partir d'un personnage servant de modèle.
Elle émet ensuite l'hypothèse que ce modèle était une vraie personne (à l'inverse, la thèse mythiste émet l'idée que ce modèle était une autre construction mythique antérieure).
Ensuite, elle cherche des indices permettant de valider cette hypothèse.

C'est une démarche parfaitement scientifique, le problème étant le curseur de réfutabilité de la thèse (mais c'est aussi le cas pour la thèse mythiste, qui est tout aussi difficilement réfutable que la thèse historicite, faute de source ancienne) qui est placé très loin, à cause de l'argument a silentio.

Dans ce genre de cas, faute de preuve formelle d'une thèse ou de réfutation pur et simple de l'autre, on examine laquelle est la plus probable. Dans le cas actuel, le contexte de la Palestine, la construction des récits chrétiens (et d'autres éléments que je n'ai pas en tête, n'ayant pas le nez en permanence plongé dans les arguments pour et contre l'historicité) rendent plus probable un modèle réel qu'un modèle mythique, pour les historiens.
Mais ça se joue à peu de chose pour une période aussi lointaine.

Après, quand à savoir qui était précisément ce modèle, c'est un débat à un autre niveau.

Honnêtement, si je pense aussi qu'un modèle réel est plus probable qu'un modèle mythique, je ne sais pas du tout quel version de ce modèle réel est la bonne (probablement aucune et plusieurs à la fois.)

Cela dit, je m'arrête là pour ce débat, parce que l'on est en train de rejouer un débat que l'on a déjà eu sur le sujet et que je n'ai pas l'expertise pour mener une défense de la thèse historiciste (parce que, comme dit, je m'en fou un peu, au final, de savoir si Jésus était réel ou pas, ça ne changera pas ma vie de la savoir. Je pense l'une des hypothèses plus probable que l'autre, d'après les connaissances que j'en ai, mais je n'irais pas jusqu'à la défendre bec et ongle.)
This is our faith and this is what distinguishes us from those who do not share our faith.

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tjrev
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Re: Questions pour les croyants chrétiens

#65

Message par tjrev » 04 juil. 2010, 00:41

BeetleJuice, tu es très clair dans tes propos. (d'ailleurs vous avez aligné les posts depuis et donc je ne vais pas revenir sur le sujet :shock: ). Je réponds rapidement à tes objections légitimes.

A-t-on besoin d'un homme réel pour personnifier l'idéal du Messie-Roi que nous attendons par écrit ? La réponse est déjà résolue depuis longtemps. C'est Non. Zeus, Saturne, Attis de Phrygie, Orphée, Dionysos n'ont pas plus d'inexistence ou d'existence historique que Yeshua (le nouveau Josué) et pourtant les textes à leurs sujets sont légions. Pour le NT, il suffit de prendre les rouleaux de l'AT, une plume et du parchemin et hasta la vista ! A Qumran, on avait déjà commencé à créer le Messie de Synthèse et à expliquer ce qu'il sera.

Le contexte historique des Evangiles prouve-t-il l'historicité des récits ? A ceci, on peut poser la même question pour Asterix le Gaulois qui fait face à Jules César. Le fond des Evangiles est une pièce de théâtre où évolue un acteur principal qui aurait pu aussi bien exister au IIIe siècle avant ou après lui-même.

C'est quoi l'Evhémérisme ? C'est le courant majoritaire des historiens grecs. Dans une Palestine hellénisée, c'est donc logique de ne pas nier l'existence historique d'un personnage puisque tous les dieux sont des hommes divinisés (Lire Paul Veyne - Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ? à ce sujet ou Salomon Reinach - Cultes, Mythes et Religions). Tertullien écrit (Apologétique) :

Comme Saturne apparaissait partout à l'improviste, il lui arriva d'être appelé "fils du Ciel". (10.10)
Bien simples d'esprit seraient les hommes s'il ne croyaient pas [...] que Jupiter lui-même a craint les foudres que vous lui mettez dans la main. (11.6)
Mais vous ne sauriez nier que vos dieux aient été des hommes. (11.13)
Vos dieux, ce sont les noms de quelques anciens morts. (12.1)


Qui croirait ces sottises aujoud'hui ? Duquesne ? Mordillat ? Messadié ? Barreau ?

Y-a-t-il du nouveau sur un Jésus historique depuis des années ? Non. Pas de nouveau document. Bref, la recherche académique est au point mort sur le sujet. Ce qui intéresse les chercheurs aujourd'hui, c'est les hypothèses sur la formation de tel ou tel livre du NT ou des apocryphes. Marguerat à raison de dire que plus personne ne veut débattre sur le sujet car il n'y a pas de nouveau document prouvant l'historicité de Jésus.

A-t-on pris Jésus pour un Dieu tout de suite ? Oui ! Marcion/Paul, Papias, Tertullien, Irénée, Justin Martyr...etc, pas un seul ne doute de la divinité de Jésus.
A-t-on pris Jésus pour un humain tout de suite ? Non. 1 siècle après sa soi-disante mort charnelle, il y a encore beaucoup de chrétiens qui ne croient pas à sa mort physique sur la croix (les Docètes par exemple). Ce qui est un quand même un comble si sa mort était réelle

Y-a-t-il pu avoir un Jésus ou un zélote qui aurait servir de mannequin-porte manteau à tout le patchwork de textes messianiques de l'époque ? Disons, qu'il y a plus de 70 Jésus dans les Antiquités Judaïques de Flavius Josèphe, et que les Messies sont aussi à la pelle ! Donc, oui, c'est possible mais pas certain. Après tout, il y avait aussi des archers un peu rebelle à l'époque de Guillaume Tel. Et son existence relève de la légende.

Je vois plutôt une preuve négative de l'existence de chrétiens en Palestine ou d'un reste de disciples d'un certain Jésus. Et cette preuve négative est donnée par un historien de l'époque, Flavius Josephe, dans son Autobiographie :

Et quand j’ai eu à peu près 16 ans, j’eus dans l’idée de recenser les différentes sectes qui étaient parmi nous. Ces sectes les voici : la première est celle des Pharisiens, la seconde celle des Saducéens et la troisième celle des Esséniens, dont je vous ai souvent parlé ; et je pensais que par ce moyens, je pourrais choisir la meilleure, si j’en faisais partie ; alors, j’ai payé le prix dur, et fait face à de nombreuses difficultés et je fis partie de toutes ces sectes.

Mais je ne me suis pas contenté seulement de ces épreuves ; mais quand j’appris qu’il y en avait un, son nom est Banos, vivait dans le désert, n’utilisait pas d’autre vêtement que les boucles de ses cheveux, n’avait pas d’autres nourritures que celle qui avait grandi suivant son consentement, et se baignait lui-même dans de l’eau froide régulièrement, aussi bien la nuit que le jour, afin de préserver sa chasteté, je l’imita dans toute ces choses et fut avec lui pendant 3 ans.

Lorsque j’eus accompli mes désirs, je retournai à la ville, ayant maintenant 19 ans, et je commençai à suivre de mon plein gré les règles de la secte secte des Pharisiens, qui est une sorte de secte secte stoïcienne, comme les Grecs l’appellent.


Quid des chrétiens ? Nous sommes en 53 ap JC. Si on croit la chronologie chrétienne, Jésus est mort depuis 20 ans, les chrétiens pullulent, des foules ont suivi Jésus puis les apotres. Jacques, Pierre et Paul sont connus comme le loup Blanc et un proto-évangile, qui serait la source Q de Marc, Matthieu et Luc, serait déjà en circulation !

Ce témoignage de Josèphe (que les chrétiens affirment reconnaissant Jésus comme étant un « faiseur de miracles », « entraînant beaucoup de Juifs et aussi beaucoup de Grecs ») montre que la secte de Jésus est inconnue au bataillon des sectes que Flavius Josèphe recense. Pourtant, il désire connaître la vraie « voie », car il les teste toutes afin de se faire un avis dessus, suivant même un ermite dans le désert ! Pourquoi ne pas avoir suivi Jésus alors, s’il le reconnaissait comme le Christ ? Encore faut-il qu'il ait eu vent de son existence....

Il faut trouver ce type de preuve chez Doherty, Price, Hoffmann, Loisy, Alfaric, Couchoud ou Gozard. Mais chez ceux qui refusent de croquer le corps du Christ à la Messe le dimanche en faisant bien attention à ne pas le croquer, ça n'existe pas. Le débat est clos. C'est pour cela qu'avant chaque lecture sur le sujet, je cherche d'abord à voir si l'écrivain est un chrétien ou pas.

Bon, sinon, je vous laisse profiter de cette agréable lecture qui permet, peut-être, de donner une conclusion à ce débat : http://www.theolib.com/jesus-fougeras.html ;)

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Re: Questions pour les croyants chrétiens

#66

Message par BeetleJuice » 04 juil. 2010, 01:55

A-t-on besoin d'un homme réel pour personnifier l'idéal du Messie-Roi que nous attendons par écrit ? La réponse est déjà résolue depuis longtemps. C'est Non. Zeus, Saturne, Attis de Phrygie, Orphée, Dionysos n'ont pas plus d'inexistence ou d'existence historique que Yeshua (le nouveau Josué) et pourtant les textes à leurs sujets sont légions. Pour le NT, il suffit de prendre les rouleaux de l'AT, une plume et du parchemin et hasta la vista ! A Qumran, on avait déjà commencé à créer le Messie de Synthèse et à expliquer ce qu'il sera.
La différence est en terme de temps et de contexte, les personnages Biblique ou Mythologique sont placé dans un temps passé indéfini (ou définie, mais lointain par rapport à la rédaction.) et on souvent suivi une évolution que l'on peut retracer et dont on peut retracer les origines.
Si le Jésus des évangiles est un personnage fictif, sur quoi se basait alors les écrivains qui racontait cette histoire mais étaient déjà des chrétien? Pourquoi n'a-t-on pas de mythe antérieur à l'origine de celui-ci?
L'objection seraient valable si les premières version de l'histoire n'était pas des chrétiens (donc croyant déjà dans le mythe qu'ils seraient en train de crée, or ce n'est pas le cas.
A moins de considérer que le christianisme est vraiment née après les premières évangiles.

On ne peut pas créer un culte avant d'en avoir inventé les mythes, or il existe des chrétiens au premier siècle. Comment expliquer leur existence, en sachant qu'un récit mythologique se raconte au passé (tout les exemples cités ont une dates de rédaction très postérieur à la date supposé des évènements décrit).

Le contexte historique des Evangiles prouve-t-il l'historicité des récits ? A ceci, on peut poser la même question pour Asterix le Gaulois qui fait face à Jules César. Le fond des Evangiles est une pièce de théâtre où évolue un acteur principal qui aurait pu aussi bien exister au IIIe siècle avant ou après lui-même.
Justement non, il n'aurait pas pu.
Le contexte du premier siècle est bien plus favorable à l'émergence d'un auto-proclamé messie en chair et en os qu'à une ouverture religieuse des juifs à des influences extérieures, qui aurait conduit à l'intégration d'un nouveau mythe, ou alors à l'invention d'un messie fictif dont l'existence est raconté quasiment au présent (au contraire de l'ensemble des récits mythologique que l'on connait...)

Le contexte historique ne prouve pas l'historicité des Évangile, mais il rend plus crédible une inspiration par un personnage réel, par la suite romancé, qu'une construction ad hoc.
C'est quoi l'Evhémérisme ? C'est le courant majoritaire des historiens grecs. Dans une Palestine hellénisée, c'est donc logique de ne pas nier l'existence historique d'un personnage puisque tous les dieux sont des hommes divinisés (Lire Paul Veyne - Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ? à ce sujet ou Salomon Reinach - Cultes, Mythes et Religions). Tertullien écrit (Apologétique) :
Je sais ce qu'est l'évhémérisme, je vous demandais simplement une preuve du fait que:

-c'est un courant majoritaire en Palestine et ayant eu une influence sur les premiers chrétiens.

Quand à Paul Veynes, j'ai lu son livre et il ne développe pas l'évhémérisme comme source de la croyance dans les dieux en général, il ne s'agit que d'un courant d'érudit, soit une portion faible de la population.
A-t-on pris Jésus pour un Dieu tout de suite ? Oui ! Marcion/Paul, Papias, Tertullien, Irénée, Justin Martyr...etc, pas un seul ne doute de la divinité de Jésus.
A-t-on pris Jésus pour un humain tout de suite ? Non. 1 siècle après sa soi-disante mort charnelle, il y a encore beaucoup de chrétiens qui ne croient pas à sa mort physique sur la croix (les Docètes par exemple). Ce qui est un quand même un comble si sa mort était réelle
Au contraire, c'est logique. A partir du moment où le mythe prend le pas sur le modèle réel (notamment avec l'histoire de la résurrection), le caractère humain de Jésus disparait.
La divinité est d'autant plus logique que le christianisme entre en contact avec le monde grec après Paul et qu'on sait la facilité qu'à la culture grecque à diviniser les personnages à qui l'on prête des vertus au delà des compétences humaines.
Si Jésus est présenté comme ressuscité et faiseur de miracle, et que des disciples lui voue un culte, il est parfaitement normal que les historiens de l'époque et les observateurs du mouvement y ait vu une divinité.

Un historien de l'antiquité raisonne selon ses propres codes culturelles et n'a pas de notion de relativisme. Pour un grec, même un humain peut être qualifié avec des attribut divins (ça faisait 3 siècles que les rois hellénistiques le faisaient et le culte impérial était en développement et certain notable eux même se faisait représenté en divinité pour s'auto-célébrer).

Si Jésus faisait déjà l'objet d'une forme de culte, il est parfaitement logique que les observateurs extérieures ait vu en lui une divinité. A l'inverse, les évangiles, elles, ne le mentionne pas nécessairement et de façon explicite comme une divinité, même si elle lui en donne certain attribut (ce qui ne remet pas en cause son humanité d'origine, l'ajout d'attribut divin n'était pas signe d'un personnage mythologique divin dès l'origine) , signe que c'est un à priori extérieur.

Pour ce qui est de Josèphe je ne comprends pas bien votre objection en fait. En quoi le fait qu'il ne mentionne pas les chrétiens comme faisant partie des sectes principales parmi les juifs (ce qu'ils ne sont pas) montre quelque chose.
Quand à la qualification de christ, si on considère que ce n'est pas une interpolation (ce qui n'est pas certain), il faut bien voir que Josèphe écrit pour des romains et que Christ est simplement le nom que connaissent les romains.
Il ne le reconnait pas comme le christ, il nomme simplement selon le nom le plus répandu parmi son public (comme tout les écrivains de l'antiquité, Josèphe adapte son texte au couleur politique et au public du moment, à savoir ceux qui le paie...)

(En passant, l'article de Theolib est vraiment très intéressant et conforte une idée que je soutiens moi même, à savoir la création d'un Jésus des évangiles non pas à partir d'un unique Jésus historique, mais par syncrétisme entre les traditions locales et les courants messianistes de l'époque avec, peut-être, un ou plusieurs messie auto-proclamé comme déclencheur du mécanisme d'écriture de la fable.)
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Re: Questions pour les croyants chrétiens

#67

Message par Poulpeman » 04 juil. 2010, 16:16

Salut JF,
Jean-Francois a écrit :
Rejeter l'existence historique de Jésus (ou lui accorder une faible probabilité) sous prétexte qu'on a pas de preuves, c'est du doute déraisonnable (étant donné que les chances qu'on découvre des preuves de son existence son très minces)
Dis-tu la même chose à propos des ovnis? Il est déraisonnable de rejeter actuellement l'existence de ceux-ci sous prétexte qu'on a pas de preuve et que la probabilité qu'on en découvre est (serait?) très faible. Sans compter que le consensus des "experts" de la question est que les ovnis-ET nous visitent?
J'accorde plus de confiance à un consensus d'historiens qu'à un consensus de cranks auto-proclamés spécialistes des ONVI. La comparaison n'est pas adéquate.
Je pars du principe que les conclusions du consensus ont de grandes chances d'être bonne

Je me permets de souligner à nouveau que tu as écrit: "[e]ffectivement on n'a pas de preuves de l'existence de Jésus et on n'en aura probablement jamais". Elles reposent sur quoi ces conclusions, selon toi, et quels sont les critères qui te permettent de juger qu'elles sont bonnes?
Tout comme pour le climat, je ne connais que les grandes lignes, pas le détail.

L'hypothèse majoritairement admise en climatologie c'est que le réchauffement est la conséquence du rejet anthropique de CO2. Il n'y a pas de preuves. Je ne fais que la même chose avec l'existence historique de Jésus : j'accepte le consensus ou l'hypothèse qui emporte la majorité parmi les spécialistes.

Dans le cas où on n'a pas de preuve formelle, la meilleure solution c'est le consensus. Et c'est plutôt à ceux qui s'y opposent d'amener des raisons sérieuses d'en douter qu'à ceux qui l'acceptent. C'est ce que font les sceptiques lorsqu'un climato-sceptique se pointe. Pourquoi faire différemment sur la question de l'existence historique de Jésus ?
Si tu as des évidences solides ou des sources que tu juges sérieuses en faveur de l'existence d'un Jésus historique, donne-les (je n'ai pas beaucoup de temps pour les lire, toutefois). Sinon, je garde mon doute que tu le trouves déraisonnable ou non.
Au risque de me répéter, je ne connais pas la question en détail : je me fie à ce que les historiens concluent.
Je ne suis pas contre le fait qu'on critique cette position, mais il me faudrait mieux qu'une impression qu'il y a un biais culturel dans la question de l'existence historique de Jésus.
Tu pars du principe qu'elles sont biaisées selon des arguments qui, à mon sens, tiennent de l'à-priori
En plus du manque de sources indépendantes, je pars aussi du fait qu'il n'y a pas de véritable consensus sur ce que serait ce "Jésus historique"*. J'ai aussi expliqué en quoi dire qu'il existe un Jésus historique, alors qu'on en est réduit à de nombreuses spéculations sur ce qu'il pourrait bien être et en quoi il il pourrait ou non ressembler au Jésus des évangiles, ne m'apparait pas très probant. Si tu veux présenter ma position plus honnêtement, reconnais au moins ce point plutôt que de laisser croire que je pars uniquement d'un principe biaisé.
La question de la "nature" de Jésus de Nazareth, bien que liée, est différente de celle de son existence.
Ceci dit, ce n'est pas parce qu'on a du mal à définir ce qu'était ce Jésus que son existence est improbable. Le problème doit bien se poser pour d'autres personnages historiques pour lesquels on manque d'information. Ce n'est pas pour autant qu'ils n'ont pas existé.
Mais, pourquoi n'y aurait-il pas aussi un "biais athée" [...] ?
C'est très possible, en fait ça doit être le cas. Mais c'est toi qui agite le terme "consensus" avec insistance et, dans nos sociétés, le biais socio-culturel le plus répandu n'est certainement pas l'athéisme. Cela fait que, oui, à mon avis, si un tel biais agit c'est très probablement le religieux en premier lieu.
Ca reste une supposition. C'est bien insuffisant pour ne pas accorder de confiance à ce consensus (désolé pour le rabâchage, je ne vois pas quel autre terme employer).

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Re: Questions pour les croyants chrétiens

#68

Message par Jean-Francois » 04 juil. 2010, 20:18

BeetleJuice a écrit :Simplement indiquer la valeur académique peu importante concédé à la thèse de Doherty serait la moindre des choses, si, par ailleurs, vous utilisez la notoriété académique d'un chercheur comme argument dans vos discussions
Je n'ai pas utilisé Doherty pour la "valeur académique", j'ai juste dit que je trouvais sa thèse intéressante ("Mais, je trouve intéressante la thèse développée sur ce site (très sommairement: le Jésus humanisé des évangiles est le résultat d'une évolution culturelle qui a "réifié" la parole divine). Tu peux aussi lire cet article de P.-E. Blanrue"). J'émettais une opinion personnelle, sans dire que c'était la Vérité vraie et que l'on devait accepter. Et parce que je ne faisais que ça, je ne crois pas que j'avais besoin de spécifier que c'est un auteur marginal ou quoi que ce soit de ce style. Surtout que mon messages commençais par "Je dis bien que le consensus est en faveur de l'historicité de Jésus [...]".

Vous "râliez" moins contre ce que j'ai écrit que contre ce que vous aviez cru lire.
Non, c'est simplement le premier exemple de faux dilemme qui m'est venu à l'esprit, mais on peut en prendre un autre si vous voulez
Pas la peine, je sais très bien qu'il n'existe pas que deux thèses en lice. De plus, votre parallèle n'est pas très juste. Et finalement, je n'ai nulle part dit qu'il fallait adhérer à l'une ou à l'autre: moi aussi je m'en contrefous passablement de Jésus, je ne vois simplement aucune raison de penser qu'il a réellement existé.
La thèse historiciste ne part pas du principe que le Jésus des textes chrétiens a existé et est une vraie personne
[...]
Il serait plus juste de dire qu'un historien n'adhère pas (ou ne devrait pas adhérer) à une des thèses avant d'avoir des indices permettant d'adhérer à l'une d'elle. Parce que oui, quelqu'un qui adhère à la thèse "histoticiste" part du principe que le Jésus des évangile a existé au moins parce qu'il pense avoir des indices permettant de le penser.

Dans le cas de votre parallèle, cette thèse est effectivement plus proche de l'attitude des créationnistes. C'est ce que je relevais.

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#69

Message par Jean-Francois » 04 juil. 2010, 20:34

Poulpeman a écrit :Dans le cas où on n'a pas de preuve formelle, la meilleure solution c'est le consensus
Il est décrit où ton "consensus"? Qui en sont les signataires? Tu ne le sais même pas mais tu cherches à me convaincre que ces inconnus ont raison. Tu me dis que c'est semblable à la question du réchauffement mais ce n'est pas tout à fait vrai car il existe une position exprimée et signée dans ce dernier cas.

Personnellement, en l'absence de preuve formelle je pense qu'il vaut mieux se méfier des simples "consensus" (le climat, c'est autre chose car il existe des preuves solides, même si non formelles, c'est une question scientifique plus étayée que la question de l'historicité de Jésus). Pour te donner un exemple de "consensus" auquel, comme moi, tu n'adhères pas: la Déclaration des 52 sur l'intelligence. Et, je pense que tu n'y adhères pas en grande partie pour la même raison que je n'y adhère pas (et pour laquelle je me méfie de la thèse d'un Jésus historique): tu doutes de l'impartialité des signataires, qui sont des chercheurs dans le domaine de l'intelligence pourtant. Évidemment, il y a (sûrement) un bon nombre de chercheurs qui sont dissidents de cette position mais il demeure que ce "consensus" est exprimé.
Je ne suis pas contre le fait qu'on critique cette position, mais il me faudrait mieux qu'une impression qu'il y a un biais culturel dans la question de l'existence historique de Jésus
J'ai proposé autre chose mais comme je ne cherche pas à te convaincre, je te laisse lire ces textes.

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#70

Message par BeetleJuice » 04 juil. 2010, 21:18

Jean-François a écrit :Il serait plus juste de dire qu'un historien n'adhère pas (ou ne devrait pas adhérer) à une des thèses avant d'avoir des indices permettant d'adhérer à l'une d'elle. Parce que oui, quelqu'un qui adhère à la thèse "histoticiste" part du principe que le Jésus des évangile a existé au moins parce qu'il pense avoir des indices permettant de le penser.

Dans le cas de votre parallèle, cette thèse est effectivement plus proche de l'attitude des créationnistes. C'est ce que je relevais.
Et j'ai moi même relevé cette relève de votre part et expliqué pourquoi c'était faux de faire un tel rapprochement. Mais si ça vous amuse de continuer...
This is our faith and this is what distinguishes us from those who do not share our faith.

(John Flemming, Évêque irlandais, 3ème dan de tautologie, ceinture noire de truisme, champion des lapalissades anti-avortement.)

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#71

Message par Poulpeman » 04 juil. 2010, 21:48

Jean-Francois a écrit : Il est décrit où ton "consensus"? Qui en sont les signataires? Tu ne le sais même pas mais tu cherches à me convaincre que ces inconnus ont raison.
Je n'ai pas trouvé de trace écrite de ce consensus qui semble être informel.
J'ai trouvé sur le net un passage du livre que j'ai récemment lu et qui en parle.

D'autre part, il y a pas mal d'éléments incorporés à la vie du Jésus historique (jusqu'à reculer sa date de naissance avant l'an 0). J'ai du mal à imaginer que les historiens aient travaillé aussi longtemps à rassembler du mythe.
Pour te donner un exemple de "consensus" auquel, comme moi, tu n'adhères pas: la Déclaration des 52 sur l'intelligence. Et, je pense que tu n'y adhères pas en grande partie pour la même raison que je n'y adhère pas (et pour laquelle je me méfie de la thèse d'un Jésus historique): tu doutes de l'impartialité des signataires, qui sont des chercheurs dans le domaine de l'intelligence pourtant. Évidemment, il y a (sûrement) un bon nombre de chercheurs qui sont dissidents de cette position mais il demeure que ce "consensus" est exprimé.
Oui, je doute bien entendu de cette déclaration. Ceci dit, j'ai de bonnes raisons d'en douter comme tu le dis.
Jusqu'ici, tes arguments à l'encontre du consensus historique sont loin d'être aussi consistants.
J'ai proposé autre chose mais comme je ne cherche pas à te convaincre, je te laisse lire ces textes.
Les opinions isolées ne me permettraient pas de trancher. C'est pour ça que je cherche du côté d'un consensus.

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#72

Message par tjrev » 05 juil. 2010, 12:31

BeetleJuice a écrit : Si le Jésus des évangiles est un personnage fictif, sur quoi se basait alors les écrivains qui racontait cette histoire mais étaient déjà des chrétien? Pourquoi n'a-t-on pas de mythe antérieur à l'origine de celui-ci?
Orphée, Dionysos, Attis de Phrygie sont des dieux humanisés que les humains sacrifient. Le culte de Mithra a toujours le vent en poupe (l'argument d'une religion purement militaire est depuis longtemps invalidée car Irénée s'énervait déjà contre ce culte qui était pour lui une copie du démon...) Le terreau est déjà là. On ajoute l'eschatologie messianique qui existe depuis l'époque Perse et qui a explosé à partir des Séleucides et des Ptolémés (Apocalypse de Daniel, d'Hénoch) et ça nous donne déjà un bon cocktail. On est loin de la création d'un Evangile ex-nihilo.

L'objection seraient valable si les premières version de l'histoire n'était pas des chrétiens (donc croyant déjà dans le mythe qu'ils seraient en train de crée, or ce n'est pas le cas. A moins de considérer que le christianisme est vraiment née après les premières évangiles.
Le Messianisme existait avant Jésus et le Christianisme n'est qu'un messianisme de plus qui attache le nom de Oint (Christ) au nouveau Jésus. Il est époustouflant que Paul ait accompli toute sa carrière missionnaire sans connaître une seule parole de Jésus, ni le Notre Père, ni le Sermon sur la Montagne, ni citer un seul miracle : je n'ai jamais rencontré personne me prêchant le Christ ainsi. D'ailleurs le Christ de Paul, qui apparait 30 après la mort de Jésus est un autre personnage qui n'a aucune attache humaine.

L'objection est donc inverse. Il faut réussir à prouver par les textes des premiers chrétiens que ces derniers connaissaient l'histoire d'un Jésus né à Nazareth (au passage une ville que l'archéologie a prouvé inexistante au Ier siècle, ça l'a fout mal quand même), dont la mère s'appelait Marie et Joseph était son père adoptif. Il faut prouver qu'ils parlent d'un procès devant un représentant de Rome (au passage, un procès ubuesque que tous les historiens reconnaissent, ce coup-ci, comme étant impossible et tellement entaché de symbolismes qu'on ne peut y voir un évènement historique.)
On ne peut pas créer un culte avant d'en avoir inventé les mythes, or il existe des chrétiens au premier siècle. Comment expliquer leur existence, en sachant qu'un récit mythologique se raconte au passé (tout les exemples cités ont une dates de rédaction très postérieur à la date supposé des évènements décrit).
Mais ils le font tous ! Et chacun va de sa version personnelle. Par exemple, tout le monde est d'accord pour dire que Jésus est passé devant Hérode. Mais est-ce l'Hérode du procès de Jésus qui parle dans les Actes ? Interrogeons Flavius Josèphe (La Guerre des Juifs) qui nous donne :

- un Hérode le Grand, fils d'Antipater II, mort rongé par les vers (I, 33, 5) en -4.
- un Hérode, fils du Grand et de Mariamne II, écarté de la succession pour une histoire de poison (I, 30, 7).
- un Hérode Antipas, dit le Tétrarque, fils du Grand et de Malthacé, dont la femme s'appelait Hérodiade, mort en Espagne (II, 9, 6).
- un Hérode, petit fils du Grand, fils d'Aristobule, frère d'Agrippa, époux de sa nièce Bérénice, roi de Chalcis en Coélé Syrie, mort sous Claude, en 48.
- un Hérode Agrippa, fils d'Aristobule, roi de Judée et de Samarie en 38, mort à Césarée en 44 (II, 11, 5-6).

Donc, si Hérode meurt rongé par les vers (Ac 12,23), les Actes se déroulent autour de -4. et Jésus aurait vécu entre - 37 et -4.
La situation se complique avec Irénée (+ 208) qui, dans sa Démonstration Evangélique (§ 74), place la mort de Jésus sous Claude (41-54) (cf Selon Jean 2, 21 et 8, 57), Alexandre, évêque de Jérusalem vers 210, qui la place en 58, sous Néron, et Origène (écrivant vers 240) qui situe l'arrivée des rois mages sous Hérode le Tétrarque (Contre Celse, I, 58, ). Il est donc impossible que les versets de Matthieu (14, 1) et de Luc (9, 7) soient antérieurs à Origène.
Enfin, Eusèbe de Césarée (265-340) envoie promener les Actes, Jean, et les Pères en plaçant la mort de Jésus sous Hérode Antipas (Histoire Ecclésiastique, II, 4, 1).

Pour corser ces errements chronologiques, Matthieu y va de sa dose : Jésus aurait accusé les Juifs d'avoir assassiné Zacharie, fils de Barachie, "entre le sanctuaire et l'autel" (Mt 23,35), meurtre que Flavius Josèphe situe en 70, pendant le siège de Jérusalem (IV, 5,4), les Zélotes tuant Zacharie "au milieu du Temple" (il ne s'agit donc pas du Zacharie de 2 Ch 24, 22, assassiné "sur le parvis du Temple", et fils de Yehoyada, par dessus le marché).

Et on corse l'affaire, car en -4 et d'après les écrits de Qumran, le messie Ménahem, rejeté par les pharisiens, est rejeté et mis à mort par les romains puis aurait été considéré comme ressuscité par ses disciples.

En -65, Le Maître de justice de la secte des Esséniens a douze disciples, il passe pour le Messie descendant de David, est persécuté, torturé et exécuté comme martyr de la foi et devait ressusciter. Il fonda une secte dont les fidèles attendaient son retour

Il y a donc des Messianistes qui ont le même CV que les chrétiens avant même l'arrivée de Jésus. Et comme les chrétiens ne peuvent prendre ce nom de manière définitive qu'après 135 (la-dessus, Marguerat le reconnait aussi) lors de leur expulsion des synagogues; il est absurde de chercher des "chrétiens" au Ier siècle.

Le contexte du premier siècle est bien plus favorable à l'émergence d'un auto-proclamé messie en chair et en os qu'à une ouverture religieuse des juifs à des influences extérieures, qui aurait conduit à l'intégration d'un nouveau mythe, ou alors à l'invention d'un messie fictif dont l'existence est raconté quasiment au présent (au contraire de l'ensemble des récits mythologique que l'on connait...)
Nous sommes d'accord que le contexte est bien favorable (celui du siècle précédent aussi) à cette époque. L'idée reçue est de croire qu'il y a une orthodoxie chez les Juifs alors que c'est l'hétérodoxie qui prime. Avant Yabneh en 90, les Pharisiens eux-mêmes n'ont pas vraiment de canon des écritures et acceptent sans problème de communier avec les autres courants dans les synagogues (voir Moore à ce sujet)
Le contexte historique ne prouve pas l'historicité des Évangile, mais il rend plus crédible une inspiration par un personnage réel, par la suite romancé, qu'une construction ad hoc.
Le contexte historique d'Astérix est tout aussi crédible, pourtant je suis sûr que tu ne parierais pas un seul euro sur l'existence du personnage. Mais je peux te donner les mêmes arguments que les historicistes de Jésus à propos d'Astérix, car ils possèdent le même effet barnum. On fait appel à de la logique, faute de preuve. Et quand il y a des témoignages écrits, qui sont donc nos preuves, on prend ce qui nous semble plausible et on rejette le merveilleux et on continue l'évhémérisme comme Renan, nous faisant de Jésus un doux illuminé de Galilée, ou un révolutionnaire comme Marx.
Je sais ce qu'est l'évhémérisme, je vous demandais simplement une preuve du fait que:

-c'est un courant majoritaire en Palestine et ayant eu une influence sur les premiers chrétiens.
La Palestine est héllénisée depuis Alexandre le Grand et suite à la tentative d'éradication du culte Juif par Antiochos en -167, qui place une statue de Zeus dans le Temple, les Juifs sont bien au courant de la culture grec. D'ailleurs, Philon d'Alexandrie (+ 40), philosophe juif ne voyait dans la Bible que des récits symboliques (pas mal pour la vision d'un judaïsme historiciste à l'époque !!) Pareil pour Origène qui déclare qu'il est idiot d'imaginer un dieu jardinier dans la Genèse (Contre Celse, livre V). Les apologistes chrétiens présentent leur religion comme une "philosophie" au IIe siècle . Ainsi Justin Martyr s'inscrit dans une tradition déjà bien établie dans le judaïsme hellénistique: Flavius Josèphe qui assimile les différentes "sectes" juives aux écoles philosophiques grecques, ou encore le quatrième livre des Maccabées qui use et abuse du vocabulaire "philosophique".

Bref, l'influence de la culture grecque n'est plus à démontrer. Et quand on lit les commentaires des Pères sur les dieux grecs, ils les traitent comme des hommes que l'on a humanisé car pour eux (cf. mon précédent message), c'est comme ça que l'on pense. On ne nie pas l'historicité d'un dieu. Et le reproche fait au chrétien dans les premiers temps (Celse, Porphyre) est que leur dieu n'a pas d'histoire et donc manque de crédibilité. Les écrivains se chargent de lui en donner une avec la cacophonie donnée plus haute.
Quand à Paul Veynes, j'ai lu son livre et il ne développe pas l'évhémérisme comme source de la croyance dans les dieux en général, il ne s'agit que d'un courant d'érudit, soit une portion faible de la population.
Effectivement, il ne l'aborde pas dans son ensemble, c'est pour cela que j'ai ajouté la référence de Salomon Reinach qui lui la détaille beaucoup plus.
Si Jésus faisait déjà l'objet d'une forme de culte, il est parfaitement logique que les observateurs extérieures ait vu en lui une divinité. A l'inverse, les évangiles, elles, ne le mentionne pas nécessairement et de façon explicite comme une divinité, même si elle lui en donne certain attribut (ce qui ne remet pas en cause son humanité d'origine, l'ajout d'attribut divin n'était pas signe d'un personnage mythologique divin dès l'origine) , signe que c'est un à priori extérieur.
euh, on parle bien des mêmes Evangiles ? Parce-que là, moi je suis 100% d'accord avec les chrétiens. Jésus dans les Evangiles est Dieu descendu sur Terre.
Pour ce qui est de Josèphe je ne comprends pas bien votre objection en fait. En quoi le fait qu'il ne mentionne pas les chrétiens comme faisant partie des sectes principales parmi les juifs (ce qu'ils ne sont pas) montre quelque chose.
Donc les chrétiens apparaissent à Jérusalem mais ne sont pas Juifs.... Ils sont quoi alors ? :shock:
Quand à la qualification de christ, si on considère que ce n'est pas une interpolation (ce qui n'est pas certain), il faut bien voir que Josèphe écrit pour des romains et que Christ est simplement le nom que connaissent les romains. Il ne le reconnait pas comme le christ, il nomme simplement selon le nom le plus répandu parmi son public (comme tout les écrivains de l'antiquité, Josèphe adapte son texte au couleur politique et au public du moment, à savoir ceux qui le paie...)
En étant anachronique ? Allons, la retouche est tellement mal faite. D'ailleurs, Freke et Gandy le font remarquer : tous les philologues reconnaissent que c'est un faux, les seuls à soutenir une totale ou semi authenticité sont des théologiens. Cherchez l'erreur....
En passant, l'article de Theolib est vraiment très intéressant et conforte une idée que je soutiens moi même, à savoir la création d'un Jésus des évangiles non pas à partir d'un unique Jésus historique, mais par syncrétisme entre les traditions locales et les courants messianistes de l'époque avec, peut-être, un ou plusieurs messie auto-proclamé comme déclencheur du mécanisme d'écriture de la fable.)
Après les arguments que j'ai évoqué plus haut, on pourrait croire que je cherche à nier l'existence historique de Jésus. Mais comme pour l'article de Didier Fougeras, je pense possible l'existence d'un "messie de base" déclencheur. Toutefois, j'ai voulu répondre aux objections des historicistes par les arguments des mythistes que j'ai trouvé. ça vaut ce que ça vaut, mais les différentes thèses mythistes répondent à toutes les objections, et c'est pour cela que je trouve la thèse mythiste plus explicative et logique que la thèse historiciste. Comme je l'ai déjà dit plus haut, la thèse historiciste n'explique pas l'hétérodoxie originelle chez les chrétiens (qui n'est plus à démontrer, Cf. Bart Ehrmann), la multiplicité des contradictions et l'ultra abondance du recyclage des textes de l'AT et des courants de pensée de l'époque.

La thèse mythiste répond à la question du flou historique dans les dates de naissance, de prédication et de mort de Jésus. La thèse historiciste répond par "à cette époque on s'en fout un peu des dates". Allons bon ! On s'en fout pas des dates pour tous les autres messies de l'époque (cf. Flavius Josèphe) mais le principal, l'ultime réformateur du judaïsme, n'a même pas une biographie digne de ce nom !! C'est quoi c't'affaire ! (ah, mais c'est une manière d'écrire l'histoire nous répond Marrou, et ne pas l'accepter c'est être hypercritique....bonjour, l'ouverture du débat !!)

Pourquoi Jésus est-il crucifié par les Romains ? Les historicistes "c'était un agitateur politique". Allons donc, agitateur de quoi ? Le scénario était déjà écrit dans l'Evangile avant Jésus:

* Sa nature : Le Seigneur suscitera quelqu'un de Lévi, en tant que grand prêtre, et de Juda, en tant que roi, dieu et homme à la fois. C'est lui qui sauvera les nations et la race d'Israël Testament de Siméon 7, 2. le Livre d'Hénoch (1,9), à la fin des temps « dieu visitera la terre » ; autre source : . jusqu'à ce que le Très-Haut visite la terre et qu'il vienne lui-même (.) Il sauvera Israël et toutes les nations, dieu assumant un rôle d'homme. Testament d'Aser 7, 3--> ces textes sont une sacré réfutation à ceux qui imaginent que les Juifs ne pouvaient envisager que Dieu prenne forme humaine.... et que c'est une invention de Paulo....
* Le jugement par les Romains : C'est par les ordres des Gentils que cet homme sera mis à mort (Écrit de Damas, 9, 1) voir Luc 18,31-32
* Le choix : c'est, dixit Origène, Jésus Bar Abbas (le fils du Père) qui va accomplir le Lévitique. Un bouc émissaire
* La crucifixion : Une bénédiction te sera donnée, ainsi qu’à toute ta descendance, jusqu’à ce que le Seigneur visite toutes les nations par la miséricorde de son fils [le Messie] à jamais ; mais tes fils [tes descendants : les prêtres] porteront les mains sur lui pour le crucifier. (Testament de Lévi 4,4)
* Les crachats : J'ai exposé mon dos à ceux qui me frappaient. Je n'ai point soustrait mon visage aux crachats. (Is 50.6)
* Les larrons : Il a été compté parmi les malfaiteurs. (Is 53.12)
* Le partage des vêtements : Ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement. (Ps 22.19)
* Les insultes : Tous ceux qui me voient me bafouent. Leur bouche ricane. Ils hochent la tête. "Il s'est remis à Yahvé : qu'il le délivre puisqu'il est son ami!" (Ps 22.8-9)
* Les ténèbres : Il adviendra ce jour-là que je ferai coucher le soleil en plein midi. (Amos 8.9)
* Le vinaigre: Ils m'ont donné à manger du fiel. Dans ma soif, il m'ont abreuvé de vinaigre. (Ps 69.22)
* Le voile du Temple : Frappe le linteau et que les seuils s'ébranlent. (Amos 9.1 ; erreur de copiste : hébreu KPTR = linteau, PRKT = voile)
* Les morts sortant des tombeaux : Vous saurez que je suis Yahvé lorsque j'ouvrirai vos tombeaux et que je vous en ferai remonter. (Ez 37.13 / Mt 27.52)
* La contrition des Juifs : Et le pays se lamentera clan par clan. (Za 12.12 / Lc 23.48)
* Le coup de lance : Ils regarderont celui qu'ils ont transpercé. (Za 12.10)
* Les jambes non brisées : On ne lui brisera pas un os. (Ex 12.46)
* Le tombeau du riche : On lui a donné un sépulcre avec les impies et sa tombe est avec le riche. (Is 53.9)

Allez, j'arrête d'en jeter. ça fait mal aux yeux. De toute façon, c'est déjà terminé le match. L'article Thèse mythiste du Wiki (ou plutôt les pages de discussion) l'a très bien indiqué. Si ce n'est pas académique, tout auteur arrivant avec une thèse sur Jésus qui ne confirme pas le principe que nous avons affaire à un personnage qui a existé, est nulle, non avenue et on peut la jeter au feu.

A vrai dire, la majorité de la population mondiale s'en fiche complètement des arguments sur le sujet. On a classé l'affaire depuis belle lurette : "personnage historique dont la biographie a été romancée par ses disciples". Voilà, fin du débat sur le sujet. Affaire suivante...

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Re: Questions pour les croyants chrétiens

#73

Message par Jean-Francois » 05 juil. 2010, 13:49

Poulpeman a écrit :[Je n'ai pas trouvé de trace écrite de ce consensus qui semble être informel
Et c'est à l'encontre ce "consensus" informel et non-écrit (bref, pas très consistant lui-même) que je serai sensé t'apporter des arguments solides? Si je comprends bien, c'est surtout que tu as lu un livre et que celui-ci t'a impressionné. La où tu m'étonnes, c'est que tu n'aies pas donné plus tôt la référence exacte de ce livre (après tout, je te l'ai demandée).

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#74

Message par Jordan » 05 juil. 2010, 20:02

Jesus est une fabrication... :a3:

Les Jesus: http://www.jesusneverexisted.com/surfeit.htm

Les 12 Apôtres? : http://www.jesusneverexisted.com/apostles.html

Le mythe de la vierge inspiré par ? : http://www.jesusneverexisted.com/mary.htm

Je vous invite à naviguer sur le site de Kennet Humphreys...

Pour moi , c'est très convaincant... Faites vous votre propre idée
Lighthouses are more helpful then churches.

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#75

Message par Poulpeman » 05 juil. 2010, 20:27

Jean-Francois a écrit : Et c'est à l'encontre ce "consensus" informel et non-écrit (bref, pas très consistant lui-même) que je serai sensé t'apporter des arguments solides?
J'en ai trouvé la trace dans un livre sérieux. J'en ai trouvé confirmation sur le site de l'IESR. Les articles Wikipédia (Historical Jesus) vont dans ce sens aussi et la thèse mythiste est bien peu populaire, est ceci depuis les années 30.
Le Skepticwiki abonde dans le même sens.
Je n'ai rien trouvé sur un éventuel consensus qui accorderait une faible probabilité à l'existence de Jésus.
Si je comprends bien, c'est surtout que tu as lu un livre et que celui-ci t'a impressionné.
J'ai trouvé une réponse à une question à laquelle je ne m'intéressait pas vraiment. Le reste n'a fait que confirmé.

Mais puisqu'on en est rendu aux procès d'intention, je constate que jusqu'ici tu n'a fait que t'opposer systématiquement sans apporter le moindre argument crédible pour défendre ta position, sans essayer un tant soit peu de creuser la question. Mais on s'en fout : le but c'est de s'opposer à tout ce qui touche à la religion, non ?
Les éléments apportés ici sont largement en faveur de l'existence d'un consensus (non formel, mais les consensus sont-ils fréquemment formels ?) concernant l'historicité de Jésus.
Alors tu peux apporter une réelle contre-argumentation ou continuer à agiter des pseudo-arguments dans le but de faire de l'opposition par principe. C'est toi qui voit.
La où tu m'étonnes, c'est que tu n'aies pas donné plus tôt la référence exacte de ce livre (après tout, je te l'ai demandée).
Pourtant je l'ai fait.

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