Kraepelin a écrit :Il n'y a pas de doute que l'on puisse distinguer des groupes et que cette distinction repose sur des différences phénotypiques reconnaissables. Est-ce un bon argument pour soutenir qu'il existe objectivement des "races" qui divisent l'espèce humaine?
C'est au moins reconnaitre qu'il existe une différence objective - biologique* - entre certains groupes humains. Je ne trouve pas particulièrement intelligent d'essayer de faire comme si ce n'était pas le cas sous le prétexte que le terme "race" a servi à justifier l'injustifiable et peut éventuellement resservir à ça. Selon moi, ce n'est pas en bannissant le terme "race" du vocabulaire qu'on lutte contre le racisme mais en changeant les mentalités qui colorent idéologiquement/négativement les termes**.
Maintenant, reconnaitre qu'il y a des différences ne veut pas dire qu'on affirme que ces différences sont très profondes ou que les contours entre les groupes sont très tranchés. D'ailleurs, ils le sont d'autant moins aujourd'hui que le brassage des populations est beaucoup plus grand que par le passé.
Autrement: es-tu d'accord pour dire que "profilage ethnique" n'est pas plus juste que "profilage racial"? Peut-être même moins puisque les flics ne ciblent pas l'ethnie mais la couleur de peau ou l'allure générale. Selon moi, ce genre de
distinguo tient un peu du "politically correct" (une forme d'idéologie), cette manière de se poser des lunettes roses devant les yeux pour estomper plutôt que régler les problèmes. Autant affirmer qu'il n'y a pas de "profilage" sous le prétexte que les races n'existent pas.
Ajout:
Dans l'article de M. Silvestro, un point de réflexion que je trouve le plus "savonné" est celui-ci:
"La notion de race se base sur le patrimoine génétique commun d'individus semblables. Les scientifiques ont montré qu'il n'existe pas de différence génétique significative entre les populations humaines, peu importe leurs signes extérieurs distinctifs: nous faisons tous partie de la même espèce, l'Homo sapiens, et la notion de race n'est pas pertinente pour qualifier l'humain."
Déjà, la notion de race se base moins sur le "patrimoine génétique" que sur les différences phénotypiques. Par exemple, on reconnait différentes races de chats domestiques (même espèce) même si sur le plan génétique on aurait de la difficulté à les distinguer. De plus, sa dernière phrase n'est pas très logique: ce n'est pas parce qu'on reconnait une seule espèce (depuis longtemps, en plus) que la notion de race n'est pas pertinente. M. Silvestro confond les deux termes pour agiter plus le "spectre du racisme" en masquant la réalité des choses.
Ce que je trouve particulièrement étonnant dans sa charge contre le terme "profilage racial", c'est qu'à la base le terme n'est pas positif. C'est plutôt une dénonciation du caractère discriminatoire sur lequel est basé le profilage. Dans un sens, c'est plus reconnaitre le racisme que les races. "Profilage raciste" serait peut-être plus juste mais, car c'est un procès d'intention, il serait plus délicat de l'employer si on veut compter sur la bonne volonté des flics pour corriger les choses.
Jean-François
* Ne serait-ce que parce que la couleur de la peau dépend de l'activité des enzymes impliqués dans le métabolisme de la mélanine et que cela est
sous contrôle génétique.
** Note qu'"ethnique", par exemple, peut être perçu très négativement. Tu en parleras à Jacques Parizeau.