Ptouffle a écrit :Simplement rajouter que les US n'ont en tous cas certainement pas envahi l'Irak dans un but économique.
Bien sur que si, mais il est indirect.
Il ne s'agit pas, comme les conspiro le croit (tout à leur simplification outrancière du type, les usa ont fait le 911 pour faire la guerre à l'irak et enrichir les industries des armes et du pétrole), de venir piller les richesses, mais une telle intervention stabilise de façon certainne l'investissement US dans la région en matière d'exploitation des ressources.
Il ne faut pas se leurrer, aucune guerre n'est faite sans un volet économique derrière, qu'il s'agisse de priver l'ennemi d'une ressource ou d'en obtenir une soit même. La guerre en Afghanistan, par exemple, à probablement porter un rude coup à la machine économique d'Al Qaïda et permet aux USA d'avoir un oeil sur l'économie de l'Iran, qui est le principal levier du bras de fer entre les deux pays (la diplomatie à coup d'histoire sur le nucléaire camouflant des enjeux purement économique et stratégique sur le contrôle des ressources de la région, convoité par l'Europe, la Russie, la Chine et les USA), sans parler du contrôle que peuvent exercer les USA sur les éventuels transmissions de matière première du moyen-orient vers la Chine et l'Inde, via le Pakistan et l'Afghanistan (contrôle restreint, ce ne sont pas non plus des marionnettes, mais ça peut mettre des bâtons dans les roues des deux géants asiatiques)
Ca ne veut pas dire pour autant qu'il y a une manigance des USA à coup de complot pour ça, mais on ne peut pas faire l'impasse sur l'avantage économique que rapporte un allié Irakien aux USA, dans un contexte où l'Iran, qui est l'autre grand pays du coin à pouvoir faciliter l'obtention de ressource, ne cède pas, où le Pakistan est un allié plus ou moins fiable et où l'Arabie Saoudite seule, ne suffit pas à assurer l'avantage des USA en terme de maîtrise des ressources.
Les USA est un pays qui vit à crédit et c'était déjà le cas en 2003, du coup, il est indispensable que son économie soit viable et un minimum prospère s'ils veulent continuer à attirer les capitaux indispensables. Or, pour faire marcher une telle économie, il faut des contrats avantageux sur les matières premières, contrats d'autant plus facilité que le pays est un allié.
De plus, en déstabilisant un pays producteur de pétrole, les USA freine d'autant la croissance des pays qui s'y approvisionnaient (l'Irak étant ennemi des USA, les approvisionnements devaient y être restreints, donc la coupure de ceux ci sont moins dommageable), ce qui lui laisse d'autant plus de marge pour mettre en avant sa propre économie.
Donc si, évidement qu'il y a une raison économique à la guerre d'Irak de 2003, mais elle est tout sauf simple, elle n'est pas unique, s'insère dans une stratégie d'ensemble issus de la politique et de la géopolitique du pays et n'est certainement pas le but qui à le plus de chance de bien tourner.
Embtw a écrit :Je n'ai eu pour autant aucune forme de tristesse à voir le régime irakien tomber mais mon inquiétude est que le message fort qui a été adressé à la planète par les USA, l'Angleterre et donc l'Espagne en faisant fi des dispositions prévues par les articles 10, 11 et 4 de la résolution 1441 des Nations Unis est que si les USA ( et ses deux alliés sur cette affaire-là ) peuvent se passer des règles de l'ONU, pourquoi les autres pays devraient s'y plier. C'est exactement pour cela que la diplomatie française voulait apposer un véto, comprenant que la sécurité future du monde se résoudra à travers l'ONU, appuyé militairement, et non pas à travers des actions militaires régularisées par l'ONU.
La France défendait aussi sa propre influence sur les décisions mondiales dans cette affaire et pas seulement la valeur de l'ONU. Le fait que les USA et l'Angleterre passe outre l'ONU, affaiblissait la place de la France, qui avait le choix entre suivre et accepter la mise à l'écart du conseil de sécurité, ou refuser et de toute façon voir cette mise à l'écart se faire, bien que de façon moins évidente.
C'est une façon de sauver les meubles en augmentant l'impact négatif de l'action hors ONU et donc de préserver encore un peu l'influence que lui donnait sa place de membre permanent.
Aujourd'hui, on voit que ce sauvetage des meubles a été très temporaire, puisque le gouvernement du monde est passé du militaire à l'économique, en passant du conseil de sécurité aux G20 et déjà, celui-ci s'étiole avec la crise et le retour des politique "chacun pour soi" typique de ce type de période de dissolution/reconstitution des mécanismes de l'économie (qui entraîne par la suite une recomposition des rapports de force politique)
Quel sera le prochain avatar du gouvernement du monde, ça, je ne sais pas. Ca sera peut-être à nouveau le conseil de sécurité, si la crise iranienne se résoud un jour, lui redonnant une certain légitimité, mais j'en doute. Ca peut aussi être le G20 à nouveau, ou alors simplement le couple Chine/USA, jusqu'à ce que les USA aient trop de problème et que la Chine en ait assez de leur faire crédit.
Et il en existe des pays qui depuis, se lavent les mains de l'ONU(*), citant en premier lieu les plus dangereux à mon goût que sont l'Iran et la Corée du Nord, dangereux à travers l'extrémisme religieux de l'un, l'extrémisme politique de l'autre, et leur capacité supposée voir confirmée de disposer de l'arme nucléaire et des vecteurs associés autres que des missiles régionaux
Je suis pas trop convaincu de la dangerosité de la Corée du Nord. Sa capacité de nuisance reste régionale et sa diplomatie est plus une diplomatie de provocation plutôt qu'une diplomatie d'agression. D'une manière générale, ça arrange tout le monde dans la région que ce pays existe et soit comme il est. La chine, parce que ça crée une séparation entre elle et la Corée du Sud et le Japon, trop proche des USA pour elle (même chose pour les gouvernements du coté de la Birmanie ou du Cambodge, ça arrange la chine qu'ils soient là)
La corée du Sud, parce que l'effondrement de la corée du nord l'obligerait à faire face à une masse de réfugié, voir à une réconciliation ruineuse. En plus, ça évite d'être directement frontalier de la chine, qui a bien plus de capacité de nuisance que la corée, surtout sur le plan économique.
Les USA, qui ont une excuse toute trouvé pour surveiller la région et la Chine...
L'Iran, oui, est une plus grande menace, moins militairement qu'en capacité de déstabilisation de la région, notamment du Pakistan, dont les rapports avec l'Inde sont tendus et dont la déstabilisation complète serait désastreuse pour la région.
This is our faith and this is what distinguishes us from those who do not share our faith.
(John Flemming, Évêque irlandais, 3ème dan de tautologie, ceinture noire de truisme, champion des lapalissades anti-avortement.)