ServerError503 a écrit :Je partage entièrement votre opinion. Au Québec (du moins pour l'époque à laquelle je suis allé à l'école) on n'enseigne pas la méthode scientifique, ce qui engendre beaucoup de confusion par la suite. Les gens sont incapable de démêler une science de son application, par exemple, une personne très diplômée de mon entourage a "échappé" celle-ci : "La comptabilité est une science complexe". Quoi !?? me suis-je exclamé, "qu'est-ce la comptabilité a avoir avec la science ? " La personne m'a alors rétorqué que la comptabilité utilisait les mathématiques donc...
C'est à mon sens, le principal problème de la science aujourd'hui, à savoir que tout le monde veut profiter de ce qu'elle nous apporte, sans faire l'effort mental de chercher à savoir comment elle fonctionne réellement.
C'est un problème qui vient aussi bien de l'approche pédagogique de la science, qui considère qu'il faut d'abord apprendre des connaissances brutes avant de chercher à mettre en avant son esprit critique, que de l'approche des scientifiques, qui préfère vulgariser les découvertes plutôt que la démarche qui les y conduisent, ou du commun des mortels, qui n'a pas été habitué à la curiosité saine issus du matérialisme et du rationalisme, préférant souvent le sensationnalisme des médias, plus facile à appréhender.
Comme l'a dit JF, la science est devenu culture, mais elle n'est pas adapté à ce rôle, si bien que beaucoup de pseudo-science sont venu combler le vide.
Le problème, c'est que les pseudo-science demande souvent peu d'investissement intellectuel et fournissent en échange l'illusion d'une grande connaissance du monde. Pire, beaucoup joue sur le principe des cultes à mystères, qui prétendent fournir aux initiés seulement les secrets de compréhension que les autres, pauvres incultes, ne sauront jamais.
C'est bien plus satisfaisant pour l'égo que la science, qui n'offre qu'un apprentissage permanent et demande de faire preuve d'humilité en admettant que certaine question n'ont pas de réponse pour le moment.
C'est pour ça que les courants pseudo-scientifique ont beaucoup de succès, bien plus que les religions qu'ils remplacent (même s'ils n'ont pas le même fonctionnement, ni le même type de croyance), parce que c'est très séduisant pour l'égo que d'avoir l'impression de faire partit d'un groupe qui sait des choses que les autres ignores ou qui s'élève contre "l'establishment sclérosé".
Beaucoup de gens aime mieux se voir en génie incompris plutôt qu'en élève apprenant petit à petit.
De plus, le Québec a, jusqu’à récemment, rendu obligatoire enseignement de la philosophie au collégial. Ce qui contribue à embrouiller encore plus les choses, car on y met tout sur un même pied d'égalité : Platon, Socrate, Nietzsche, Schopenhauer, etc, on ressort de cet enseignement avec la certitude que tout est relatif, que tout est vrai, selon le point de vue de l'auteur. Aussi, on m'a présenté la philosophie comme une méta-science ...
La philosophie, en soit, n'est pas une mauvaise chose, mais elle ne sert à rien seule.
C'est un autre grand problème de l'école, à savoir le manque d'interdisciplinarité. Par exemple, il m'a fallu atteindre les 2 dernières années de ma scolarité pour enfin comprendre l'utilité des mathématiques comme modélisation des phénomènes, uniquement parce que, étant en section scientifique, le programme de math était synchronisé à celui de physique afin que les théorèmes appris dans l'un servent pour les équations de l'autre.
C'est grâce à cette interdisciplinarité embryonnaire que j'ai arrêté de voir les maths comme uniquement un truc abstrait et que j'en ai compris toute l'utilité (bon, j'ai quand même eu de mauvaises notes...). Et encore, je parle comme quelqu'un qui a toujours aimé apprendre et qui aimait les énigmes que posait les maths, mais pour un élève qui n'a pas cette envie, il laisse rapidement tomber, faute de voir où ça le mène de savoir que le carré de l'hypoténuse est égal au carré des deux autre coté d'un triangle rectangle.
La philosophie est absolument indispensable à la science, parce que c'est elle qui lui fourni une partie de ses buts, qui lui fourni ses limites en réfléchissant sur l'éthique...
De la même façon, la science humaine est indispensable aussi à la science naturelle, parce que c'est elle qui lui permettra d'analyser la réception de ses travaux par la population, qui lui permettra de voir ce que la population attend d'elle.
La philosophie au secondaire, si elle était moins docte, serait un formidable moyen de faire réfléchir les élèves sur les tenants et les aboutissants de ce qu'ils apprennent dans les matières plus axés sur l'apprentissage de connaissance. mais là encore on se heurte à la doctrine du "apprenez les connaissances, vous réfléchirez plus tard avec" (comme si l'esprit critique ne pouvait s'exercer qu'à un certain niveau d'apprentissage et pas avant...)
Ca ne sert à rien qu'un élève connaisse les réflexions de platon sur le bout des doigts s'il n'est pas capable d'en faire usage. Ca serait bien plus utile de le faire réfléchir sur des sujets qui le touche et que ce soit le prof, qui, connaissant Platon, apporte petit à petit les réfléxions de celui-ci pour enrichir la réflèxion de l'élève.
La philosophie est plus utile quand elle vient enrichir nos propres avis que quand elle les remplace et tant pis si les élèves, au sortir de ces cours, ne connaissent pas en détail toute l'oeuvre d'un philosophe. A eux d'aller chercher plus loin si ça les interesse, plutôt que de les forcer en pure perte.
Même chose pour l'histoire d'ailleurs, qui est, comme la philosophie, une matière visant à former l'élève, non pas en tant que futur détenteur d'un métier, mais en temps que citoyen.
Ca n'est d'aucune utilité qu'un élève connaisse sur le bout des doigts les dates des grandes batailles qu'à connu son pays...ça serait beaucoup plus utile qu'il mobilise ses compétences historiques pour débattre de l'évolution de son pays et de la futur place qu'il devra se faire dans l'histoire de son pays, en tant que citoyen de celle-ci et donc en tant qu'homme ou femme politique (un citoyen étant, par définition, un politicien...même si beaucoup de monde l'oublie et pense que s'il y a des représentants, ça le dédouane de sa responsabilité politique)
Et encore une fois, je m'égare complètement
Faut pas me lancer sur des sujets d'éducation et de pédagogie, je vais finir par pourrir le topic à force de dériver
This is our faith and this is what distinguishes us from those who do not share our faith.
(John Flemming, Évêque irlandais, 3ème dan de tautologie, ceinture noire de truisme, champion des lapalissades anti-avortement.)