Switch a écrit :Le moyen-age a été riche, c'est vrais, mais je ne pense pas que seul les conditions misérables expliquent que tout un pan du patimoine culturel et scientifique ait été détruit ou scellé dans les monastères sous le contrôle du clergé.
En fait si.
J'en veux pour preuve la corrélation entre la résurgence d'Etat structuré, le retour des centres urbains comme lieu d'échange, la diminution du morcellement féodale à partir du XIIIème siècle et le renouveau de la pensée scientifique et philosophique, qui gagnera en puissance à mesure que les Etats se structureront au début de l'époque moderne.
D'ailleurs, si on prend l'évolution de l'Eglise, on remarque que l'Eglise se structure aussi et s'affirme comme pouvoir temporel et spirituel à partir de cette période, avec la montée en puissance de l'Etat pontifical, qui crée une des premières chancelleries réellement organisés et un système fiscal efficace.
Dans les faits, l'Eglise a été bien plus prégnante dans la société du bas moyen-âge et du début de l'époque moderne qu'elle ne l'était au haut moyen-âge, où l'essentiel des prêtres étaient mal formé, peu rompu au prêche, où le principal dépositaire du pouvoir religieux restait l'abbé, entrainant de multiple hérésie et dérive dans la compréhension de la doctrine.
Pourtant, c'est aussi à cette période de structuration de l'Eglise comme un ensemble plus centralisé que se développe les premiers courants philosophiques qui mèneront plus tard à l'humanisme et que se produit le renouveau de la logique, avec, notamment, l'arrivée de la scolastique, dérivant des travaux d'Aristote (que l'Eglise, malgré un intense débat interne sur sa validité au regard du dogme, a été la première institution d'occident à en faire la promotion.)
Quel que soit le pouvoir de l'Eglise, c'est lui en attribuer un démesuré que celui d'être la cause de la perte de "la sagesse grecque".
Il faut bien se remettre dans le contexte d'une époque où, la majorité de la population est analphabète, où la préservation du savoir est considéré comme un but de prestige et est fait de manière individuel, puisque la puissance publique, n'existe pas vraiment (la notion d'Etat non plus d'ailleurs).
Dans ce contexte, la préservation des connaissances passe par l'existence d'une élite organisé en réseau de connaissance au sein de centre urbain. Ces élites, riches de revenu de la terre ou du commerce, vivent en ville et peuvent s'adonner à la science ou à la philosophie, qui sont d'avantage des passe-temps que des métiers.
Dès lors qu'on remplace cette élite par une élite guerrière et combattante, centré sur la terre, ruralisée, on perd ce qui permettait, dans l'antiquité, la préservation des connaissances.
De fait, la perte est inévitable et l'Eglise, même si elle n'est pas exempte de défaut quand à son choix sélectif de ce qui mérite d'être conservé (mais jugé ça à l'aune de nos valeurs actuelles restent un peu abscons...), a contribué à éviter que le désastre, qui n'est pas de son fait, soit bien pire encore.
On ne pourrait attribuer à l'Eglise les pertes entre la fin de l'antiquité et le moyen-âge que si elle avait la haute main sur les connaissance, déjà avant la fin de l'antiquité. Or, non seulement ce n'est pas le cas, mais elle ne s'érige en censeur et gardien des valeur de façon réelle qu'à partir de la seconde moitié du moyen-âge. Avant ça, faute de structure et d'unité, elle est souvent incapable d'assurer ne serait-ce que la cohérence de son prêche d'une région à l'autre.
Dans tout les cas, pour la science, ça se rapporche plus del 'obscurantisme que de l'age d'or.
Pas forcement non plus et l'antiquité n'est pas non plus l'âge d'or des sciences sur lequel ont fantasmé les historiens du XIXème siècle et les philosophes des Lumières.
Comme dit plus haut, la structure de la société féodale empêche la perpétuation du modèle de fonctionnement des sciences antiques, si bien que les évolutions scientifiques et techniques du moyen-âge se feront d'avantage de manière anarchique et locale que soutenu par de grandes élites intellectuelle aux rayonnements importants.
Mais l'évolution a quand même eu lieu, elle est simplement plus difficile à mesurer, car on ne peut le faire qu'à partir des tradition reconnu comme justifié, à postériori par les scientifiques de l'époque moderne.
Par exemple, la médecine médiévale était autant le fait de charlatan que de médecin professionnel, mais aussi le fait de guérisseur, perpétuant parfois, de manière local, une tradition médicale efficace, mais qui ne laisse pas de trace sous forme de traité.
Après, dans l'ensemble, je suis d'accord pour dire que le moyen-âge est probablement l'une des périodes où l'inertie de la société a probablement été l'une des plus fortes, mais d'un, ça n'est pas du à la seule Eglise, celle-ci n'étant, au final, qu'un reflet de cette société (Il ne faut pas croire que l'assaut contre les hérésies étaient le fait unique de l'Eglise qui, en puisssance maléfique, à bruler les gens sous les yeux horrifiés des pauvres gens soumis à son pouvoir...l'hérésie était au contraire souvent combattu avec l'approbation de la population parce qu'il en allait de l'unité du royaume dans l'imaginaire de cette population.)
Ca ne l'exempt pas de reproche, mais il ne faut pas non plus lui mettre sur le dos tous les malheurs du monde.
This is our faith and this is what distinguishes us from those who do not share our faith.
(John Flemming, Évêque irlandais, 3ème dan de tautologie, ceinture noire de truisme, champion des lapalissades anti-avortement.)