Tania a écrit :Cependant, je ne pense pas qu'il puisse exister des comportements religieux sans aucun but, comme vous l'affirmez.
Je n'ai pas dit que le comportement religieux est sans but, mais que certaines religions n'ont pas de buts spécifiques. Dans le cas des religions polythéistes antiques ou des religions traditionnelles animistes, chamanique ou polythéiste asiatique, la religion n'a pas de but affirmé dans la doctrine (dans la mesure où il n'y a même pas vraiment de doctrine).
Ce qu'on appelle religion, dans ces cas là, c'est un ensemble de pratiques à but spirituel, additionnées et encadrées par une autorité religieuse pour former un tout relativement cohérent, mais pas forcement homogène.
Les pratiques en elle même, ont un but précis, mais elles ne font pas forcement partit d'un ensemble visant un but inhérent à la religion entière. Chaque pratique a son propre but, parfois relier à d'autre pratique, mais ce but ne va pas au delà de la pratique elle même.
Il n'y a ni recherche de bonheur, de paradis, de rédemption dans ce type de religion, bref, pas de récompense à la fin pour une vie de croyant, pour la simple et bonne raison que ce type de religion est un type de religion du quotidien, qui suit l'adepte pendant sa vie entière et sert de volet spirituel aux actions de sa vie mais ne guide pas celle-ci selon la volonté d'une divinité, sauf de manière ponctuelle.
Ces religions sont strictement communautaires et sont plus un élément de culture partagée sans but précis.
Si on veut éviter de parler d'amour, le lien commun entre la plupart des religions est toujours la recherche du bonheur, qu'il soit atteignable dans cette vie ou dans une vie future.
Comme dit au dessus, même pas.
L'essentiel des religions ne cherchent pas l'épanouissement ou le bonheur de l'adepte, dans la mesure où l'essentiel des religions qui existe et ont existé n'imposait pas à l'adepte un style de vie en vue d'une récompense future.
En fait, la plupart des religions qui ont existé était des religions visant à faire le lien entre les croyants et le spirituel, sans autre but que d'établir ce lien (c'est d'ailleurs le sens même de religion, qui veut dire "faire le lien"). Il n'y a pas de recherche du bonheur parce qu'il n'y a pas de notion d'avenir dans beaucoup de religion. Elles visent le présent.
Même s'il y a un jugement lors de la mort, ce sont souvent les actes de la personne en tant que membre de sa société qui sont jugés et non son parcours de croyant.
C'était d'ailleurs la nouveauté des religions comme le christianisme, qui a séduit beaucoup de monde, parce qu'elle ne mettait plus le croyant comme membre d'une communauté en lien avec le spirituel, mais lui rendait son individualité en établissant un contact particulier entre le croyant, seul, et sa divinité et en établissant que le croyant sera récompensé plus tard s'il aime son dieu et suit ses commandements, sans lien direct avec la société dans lequel il vit.
Mais ce type de notion de récompense future n'existe que dans peu de religion.
De plus, la notion de bonheur est culturellement dépendante. Elle ne correspond pas d'une culture à l'autre. Il suffit de voir la différence qui existe entre la notion de bonheur détaché du monde matériel qui existe chez les asiatiques, une forme de béatitude dans le dépouillement, permettant d'atteindre la connaissance et la paix, et la notion de bonheur lié au paradis chrétien ou musulman, qui est pleinement dans une notion de jouissance matérielle (surtout chez les musulman, les chrétiens ayant été plus touché par le stoïcisme et les idées de détachement des passions)
Le problème c'est que lorsqu'on parvient à se détacher de la matérialité on s'aperçoit que ce qui procure du bonheur c'est de le procurer aux autres. Et c'est là que le principe de l'amour devient incontournable.
Ca c'est votre perception subjective de la chose, elle n'a strictement rien d'universelle. Les religions philosophiques d'Asie, par exemple, prônent le détachement et la réduction des conflits, mais il ne me semble pas qu'elles prônent pour autant un bonheur issue du partage. Au contraire, le détachement complet passe aussi par une forme d'indifférence à l'évolution du monde.
Bouddha, par exemple, a obtenue l'illumination sans forcement se mêler des affaires des autres et leur apporter son amour. Il ne prône évidement pas de laisser les gens mourir si on peut y faire quelque chose, mais il n'y a pas de notion de charité obligatoire.
Au final, j'ai un peu de mal à cerner où vous voulez en venir. Vous parliez d'athéisme et de religion au début et on en vient à discourir de l'idée de l'amour du prochain et de la recherche du bonheur. On peut tout à fait adhérer à de telles idées qu'on soit athée ou religieux, donc où voulez vous en venir aux final?
This is our faith and this is what distinguishes us from those who do not share our faith.
(John Flemming, Évêque irlandais, 3ème dan de tautologie, ceinture noire de truisme, champion des lapalissades anti-avortement.)