Salut à tous, et surtout à embtw qui a fourni le lien vers
phdn.org.
Hallucigenia a écrit :
Cela dit, sur plusieurs points, je ne suis pas convaincu de la justesse de ses arguments. (...) J'y reviendrai peut-être.
Je vais donc revenir sur un point précis de l'argumentation de l'auteur, que je trouve particulièrement fallacieux.
Il essaye de nous faire croire que la loi Gayssot n'est pas une limitation de la liberté d'expression, et n'impose pas une censure des propos négationnistes.
Dernier point avant poursuivre: certaines bonnes âmes s’effraient de la « censure » qu’instaurerait la loi Gayssot. Or la censure est une interdiction de publicaton a priori. Ce que n’est pas la loi Gayssot. Elle décourage certes la publication des propos négationnistes, par les sanctions encourues en cas de poursuites et de condamnation, mais si tel auteur ou telle maison d’édition décide de publier, rien ne l’en empêche. C’est seulement après coup, après publication qu’une plainte peut-être déposée. Il y aura alors jugement fondé en droit, les acteurs de la plublication bénéficiant de tous les droits de la défense et ayant toute possibilité de démontrer, le cas échéant, que leur texte ne tombe pas sous le coup de la loi. Ils ne sont aucunement soumis à un arbitraire mais doivent simplement assumer la responsabilité de leurs éventuels abus de la liberté d’expression.
Il joue sur les mots. D'accord, une censure - par définition - est réalisée
a priori; mais la loi Gayssot impose de fait une auto-censure. En sachant pertinemment qu'il sera condamné
a posteriori, personne en France ne va se risquer à commettre une
publicaton plublication publication négationniste. Censurer ou imposer une auto-censure, ça revient finalement au même.
On pourrait caricaturer (juste un 'tit peu) le raisonnement, et l'appliquer au meurtre. La loi française ne donne,
a priori, aucune limitation à la liberté de tuer son prochain. C'est seulement une fois que le meurtre a été commis, donc
a posteriori, et seulement si une plainte est déposée ou une enquête ouverte, que le responsable d'un assassinat peut être condamné. Et le présumé coupable aura le droit à un jugement fondé en droit, et pourra même démontrer, le cas échéant, son innocence. Les lois françaises ne limitent donc aucunement
a priori la liberté de tuer des gens : il faut juste que celui qui passe à l'acte assume sa responsabilité,
a posteriori, devant la loi. Il aura dans ce cas "
abusé de sa liberté de tuer".
Bon... j'exagère puisque la simple
tentative d'homicide peut être condamnable : mais la logique est là. (Cela dit, on voit bien avec l'
affaire Gollnisch, que la simple tentative "présumée" de propos négationnistes peut faire l'objet de poursuites.)
En France, le meurtre est interdit, parce qu'on impose aux citoyens de ne pas le commettre. De même, les propos négationnistes sont interdits, parce qu'on impose aux citoyens de ne pas les proférer, publier et diffuser. Que la censure soit appliquée
a priori par auto-censure, ou
a priori par censure conventionnelle, c'est sensiblement équivalent. Et c'est parfaitement fallacieux de jouer sur cette nuance pour faire croire que les libertés sont conservées intactes avec la loi Gayssot.
Amicalement,
Hallucigenia