Pan-Pan a écrit :Et comment ne pas l'être.
En ne l'étant pas.
Moi je ne le suis pas, par exemple, du coté de la victime, du moins pas quand j'entends obtenir une solution. Si je me range du coté d'une victime, j'admets ma partialité et je fais juger le problème par quelqu'un d'autre.
L'impartialité n'est absolument pas le lieu où se retrancher (mauvaise figure de style).
Bien sur que si. Si l'on ne s'y retranche pas, on est partial. Le statut de victime d'une personne ne justifie en rien de transformer à son tour l'agresseur en victime par retour de baton. C'est justement parce que la justice entend éviter d'être un instrument de vengeance qu'elle se retranche dans l'impartialité.
Que les victimes vous touchent et attisent votre compassion, c'est bien, mais ça vous place de facto dans le camps de l'accusation et il est injuste dès lors de se placer aussi dans la posture de celui qui propose et décidera de la solution.
L'impartialité existe dans un système de droit où seul le droit prime.
Non, l'impartialité est la base même du principe de justice.
Si la justice est représentée aveugle dans la symbolique, c'est justement pour faire la représentation de cette impartialité qui veut que le juge ne prenne pas parti quand il décide.
Sans ce concept d'impartialité, c'est le désir de revanche de la victime ou l'envie d'absolution qui sert de jugement et ça défavorise de fait un des deux.
Donc ça n'est pas une question de primauté du droit. D'ailleurs dans tous les systèmes établissant une justice, celle-ci est vu comme un parti neutre. Que ce soit le rôle de justicier suprême dévolu au roi médiéval, qui était considéré comme celui qui réglait les litiges et dont la sagesse lui permettait de prendre la bonne décision, comme le prêteur romain, magistrat de l'Etat justement dévolu à la justice, en passant par tous tout les autres.
Même la Bible consacre cette notion d'impartialité du juge, avec l'histoire de Salomon qui, ne pouvant départager aucun des camps lors d'une plainte, demande que l'on sépare l'objet du litige en deux par impartialité. Evidement, dans cette anecdote, c'est une ruse pour déceler le vrai propriétaire et le lui rendre, mais il n'empêche que c'est aussi la démonstration certaine de cette impartialité.
La sagesse de Salomon est loué de par cet acte de justice, où le roi par son intelligence réussit à déceler le vrai coupable, mais ne prend pas partie en croyant plus un plaignant que l'autre, préférant rester neutre, impartial et agir selon les preuves et une justice réparant le tord plutôt que selon une vengeance sur commande en l'absence de preuve d'un délit.
Le droit est tributaire des valeurs et de la morale.
Valeur et morale qui érige le juge en parti neutre. Relisez vos classiques. Vous êtes croyant il me semble, vous avez plus de raison que moi de le savoir.
Peu importe le droit et dans toutes les sociétés, l'homme naît avec le désir de vivre heureux et d'y élever une famille sainement, depuis toujours. Chaque homme est libre, en autant que cette liberté n'empiète pas sur celle de son voisin. Son voisin lésé qui vit une perte de sa liberté a le droit d'attaquer en justice pour recouvrir son bien-être perdu. Cette liberté repose sur le principe d'égalité. Les hommes sont nés libres et égaux et¸ dans une société parfaite, ça devrait se poursuivre tout au long de leur vie. Les sociétés humaines ne sont ni parfaites, ni libres de toute entrave. Elles ne font que se modeler et se remodeler au cours des âges.
L'homme vit égaux avec son voisin, mais on doit quand même systématiquement se ranger derrière la victime au détriment de la dignité de l'agresseur, qui, s'il doit certainement être soumis à une sentence, possèdent lui aussi le droit d'avoir accès à l'équitable du procès.
C'est un brin contradictoire il me semble de prôner l'égalité et la liberté et de quand même prétendre que la justice se doit d'être partiale en faveur de la victime désignée...
À quelque part, j'essaie de démontrer que la morale est nécessaire à l'application du droit et que le fait donc de prendre partie pour la victime contribue à améliorer le système de droit. C'est aussi ce que Servor exprimait.
J'ai très bien compris ça et dès le début et c'est ce contre quoi je m'élève. Je ne pense pas que ça soit un progrès de retourner à la vengeance comme mode de justice en privilégiant l'accusation au détriment de la défense. Mais c'est vous qui voyez...
Pour le moment, votre explication tend à critiquer la forme et non le fond de ce que veut exprimer Servor.
Non, c'est clairement le fond que je critique, pas la forme. C'est même le fond du fond.
J'aurais pu m'en tenir à la critique de sa vision de la prévention et de l'Etat sécuritaire, mais j'ai même été plus loin que ça, décelant qu'au delà de ce discours, c'est même la conception de la justice de Server avec lequel je suis en désaccord.
On ne peut pas être plus sur le fond que ça, vu que j'ai amené le débat sur quelque chose qui sous-tend ses conceptions, donc une couche encore en dessous du débat initial.
This is our faith and this is what distinguishes us from those who do not share our faith.
(John Flemming, Évêque irlandais, 3ème dan de tautologie, ceinture noire de truisme, champion des lapalissades anti-avortement.)