Salut à tous.
Je vais tenter de mieux éclaircir ma pensée.
L’expression « il y a » évoque d’emblée la présence, tandis que le terme « rien » évoque l’absence. Si l’on affirme « il n’y a rien » d’une manière absolue, sans référence relative, c’est, à mon sens, une contradiction. On peut ici, pour simplifier la conversation, convenir que les termes « rien », « absence » ou « néant » évoquent le même concept de « vide absolu ». Autrement dit, l’inexistence n’existant pas, il y aurait toujours quelque chose. Mais, pour moi, l’existence comme telle est inséparable de la sensibilité. Il n’y aurait pas d’existence sans lien sensible et sans lien avec la conscience en tant que base fondamentale.
La difficulté provient de la façon de concevoir l’existence. Si l’on admet que l’espace-temps pourrait aussi être le produit d’un ensemble encore plus fondamental, l’existence ne dépend donc pas nécessairement d’un espace-temps préalable comme on se l’imagine normalement. C’est aussi une façon d’exprimer l’idée qu’il existe des façons d’être (des principes) qui sont différentes de ce qu’on peut visualiser empiriquement. L’existence (la sensibilité, la conscience) serait ainsi quelque chose d’intérieur, d’implicite, de mystérieux, d’infini.
Affirmer qu’il n’y a rien peut sous-entendre qu’il n’y a pas de mystère. Mais, d’un autre côté, chercher à savoir ce qu’il y a à la mort « relative » du corps (ce n’est qu’une autre transformation en lien avec une certaine continuité naturelle) est d’autant plus absurde qu’il faut rester vivant pour le savoir. Notre « je » personnel n’est qu’une façon d’être avec toute l’illusion que la notion d’individu (soi-disant vraiment distinct) engendre. Ce « je », cette mémoire, ce conditionnement, cette conscience meurt. Mais, la conscience comme telle ne meurt pas.
Autrement dit, le fait de ressentir (quelque chose), le fait de la conscience ne dépend pas d’une organisation précise de la matière. C’est plutôt cette organisation particulière qui indique une correspondance, une façon d’être de la conscience.
Je crois qu’il existe une réconciliation entre l’empirisme et le rationalisme. Si une chose ne peut, en aucune manière, être reliée à une forme de conscience, cette chose n’existe pas. La conscience ne se réduit pas à une forme arbitraire de conscience dans un cerveau particulier. Lorsque je regarde un arbre, j’ai la conscience d’une image jugée extérieure à « moi », mais étant pourtant dans mon esprit. L’illusion de la conscience individuelle s’explique peut-être en partie par une délimitation d’une inconscience nous définissant. Si je suis attaché émotionnellement à un meuble, je suis en partie, d’une certaine façon, ce meuble. La conscience est aussi dans la perception. C’est l’illusion du « je » (qui s’éclate) qui prend fin (fort probablement) à la mort. Si je suis prisonnier d’une idéologie (ou même d’une idée), je suis en partie cette idée. Les limites ne sont pas toujours claires.
Francisco Varela (bien que je ne suis pas en accord avec tout ce qu’il a pu affirmer) explique bien comment il est très difficile (voire impossible) d’assimiler la conscience à un programme.
Enfin, je ne sais pas si j’ai bien exprimé l’idée.
À Denis.
Non. Je ne suis pas près de prétendre que, il y a 1000 ans, mon « je » personnel existait plus que celui de ma chatte, ni d’une mouche.
À Jean-François.
Si tout est mécanique, tout ce qui est possible à l’intérieur de cette mécanique existe en puissance, en potentiel. Je ne veux pas introduire d’autres dimensions (la théorie des cordes s’en charge), j’essaie seulement de donner un autre point de vue très simpliste en fait. Nous sommes si conditionnés. Par exemple, l’existence de quelque chose nous renvoie quasi automatiquement à une représentation spatio-temporelle bien délimitée, ce qui n’est pas toujours conforme à la réalité. Si l’on affirme que tout est matériel, c’est une façon pratique d’avoir une bonne base scientifique, mais en aucun cas une définition du « tout ».
Cordialement.