homoparentalité

Mythes, bouche-à-oreille et ragots populaires : séparons ici le vrai du faux.
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Kraepelin
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Re: homoparentalité

#126

Message par Kraepelin » 18 janv. 2012, 23:26

Florence a écrit :
Kraepelin, qui est psychologue et non seulement amateur de bouquins, pourra certainement nous donner des pistes quant aux connaissances récentes du devenir des enfants adoptés/élevés par des couples homosexuels, je ne sais pas quel recul on a dans le domaine.
En ce qui regarde l'homoparentalité, j'ai fait un retour sur la littérature l'hiver dernier. La littérature en 2011 est plus abondante que lors de ma revue dans les années 90. Mon premier message, qui ouvre cette discussion, résume bien mon désarroi à la suite de cette revue. La question est une vraie controverse scientifique et politique entre des militants gais et des militants intégristes chrétiens (protestants et catholiques). Un peu comme la controverse sur la méthode d'analyse du Rorschach d'Exner dont nous avons parlé l'année passée. Dans ce genre d'affaires, on ne peut pas trop se fier à personne. Les intégristes, déguisés en savants, ne sont pas fiables, mais ils mettent à jour un fait important. Le milieu de la recherche sur cette question est presque entièrement occupé par des militants gais. C'est tellement vrai qu'il y a quelques années une chercheuse britannique a publié une belle petite recherche empirique qui a fait sensation. La sensation ne venait pas principalement de ses résultats, mais simplement du fait que cette chercheuse n'était pas homosexuelle, une rareté dans ce domaine.

La seule issue serait des recherches entreprises par des chercheurs crédibles et financées par l'État.

Les seules recherches auxquelles j'accorde du crédit sont celles qui montrent que les enfants élevés par des couples homosexuels n'ont pas plus tendance à devenir eux-mêmes homosexuels une fois adultes, du moins pas beaucoup plus.
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Re: homoparentalité

#127

Message par Florence » 19 janv. 2012, 11:17

Kraepelin a écrit :
Florence a écrit :
Kraepelin, qui est psychologue et non seulement amateur de bouquins, pourra certainement nous donner des pistes quant aux connaissances récentes du devenir des enfants adoptés/élevés par des couples homosexuels, je ne sais pas quel recul on a dans le domaine.
En ce qui regarde l'homoparentalité, j'ai fait un retour sur la littérature l'hiver dernier. La littérature en 2011 est plus abondante que lors de ma revue dans les années 90. Mon premier message, qui ouvre cette discussion, résume bien mon désarroi à la suite de cette revue. La question est une vraie controverse scientifique et politique entre des militants gais et des militants intégristes chrétiens (protestants et catholiques). Un peu comme la controverse sur la méthode d'analyse du Rorschach d'Exner dont nous avons parlé l'année passée. Dans ce genre d'affaires, on ne peut pas trop se fier à personne. Les intégristes, déguisés en savants, ne sont pas fiables, mais ils mettent à jour un fait important. Le milieu de la recherche sur cette question est presque entièrement occupé par des militants gais. C'est tellement vrai qu'il y a quelques années une chercheuse britannique a publié une belle petite recherche empirique qui a fait sensation. La sensation ne venait pas principalement de ses résultats, mais simplement du fait que cette chercheuse n'était pas homosexuelle, une rareté dans ce domaine.
Il est clair que militantisme contre militantisme ne risque pas de donner pas beaucoup d'indications fiables et utiles au bien des enfants, seule préoccupation valide à mon sens.

La seule issue serait des recherches entreprises par des chercheurs crédibles et financées par l'État.
On peut rêver. Dans les pays où cette polémique sévit, les divers gouvernements (et candidats à y entrer) sont trop préoccupés de donner la "bonne" image à leur électorat de choix pour se soucier des faits, de leur analyse, et du bien-être des générations futures. Quant on voit en France que Sarko semble avoir subitement changé de fusil d'épaule à ce sujet histoire de ne pas fâcher l'aile "progressiste" de ses électeurs potentiels (et je parie que si la LePen fait un bon score au premier tour, il rechangera de position pour s'attacher son électorat au second), ou aux USA que des candidats autrefois relativement libéraux se posent soudainement en champions des "valeurs familiales", on peut s'attendre à tout, sauf à une analyse rationelle et posée du sujet.
Les seules recherches auxquelles j'accorde du crédit sont celles qui montrent que les enfants élevés par des couples homosexuels n'ont pas plus tendance à devenir eux-mêmes homosexuels une fois adultes, du moins pas beaucoup plus.


Les mythes de la "contagion" de l'homosexualité et du complot des homosexuels pour recruter de nouveaux membres, faute de pouvoir se reproduire, sont deux des épouvantails favoris des homophobes (et en dit souvent beaucoup sur leur insécurité quant à leur propre sexualité, à mon avis). Compte tenu du fait que les orientations sexuelles sont en grande partie innées et bien plus fluides que l'on ne s'imagine en général, cette conclusion ne me surprend pas du tout.

Ce qui serait plus intéressant et productif serait de savoir le devenir en termes de bien-être psychologique général et de situation socio-professionnelle à moyen-long terme des enfants (adoptés ou non) élevés par des couples homosexuels par rapport à des couples hétérosexuels de situation socio-professionnelle comparable. A-t'on de telles données ?
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#128

Message par Aéroplaneur » 19 janv. 2012, 14:13

C'est sûrement plus facile de s'occuper d'un enfant lorsqu'il y a deux parents et non un seul. C'est donc à l'avantage de l'enfant d'avoir deux parents.

Si les parents sont du même sexe, cela aura-t-il un impact sur l'enfant ? Je dirais que oui : à l'école, cet enfant pourrait être parfois stigmatisé et ridiculisé par les autres enfants. C'est, à mon avis, le seul impact significatif.

C'est pour cela qu'il faut continuer à combattre la discrimination envers les homosexuels, et ce dès le très jeune âge.
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#129

Message par Kraepelin » 19 janv. 2012, 16:20

Florence a écrit : Ce qui serait plus intéressant et productif serait de savoir le devenir en termes de bien-être psychologique général et de situation socio-professionnelle à moyen-long terme des enfants (adoptés ou non) élevés par des couples homosexuels par rapport à des couples hétérosexuels de situation socio-professionnelle comparable. A-t'on de telles données ?
C'est justement là que se trouve l'os. Nous avons de semblables recherches, mais je doute de leur fiabilité à cause de problèmes méthodologiques abyssaux. Les problèmes les plus fréquents sont:

1) Sélection douteuse des sujets: Certains chercheurs ont recruté leurs sujets en faisant appel à des amis de leur réseau. Ai-je besoin de te dire qu'en sélectionnant les sujets de cette façon, on peut démontrer n'importe quoi et son contraire? D'autres chercheurs (le plus souvent) ont recruté leurs sujets en passant des petites annonces dans des journaux gais. C'est déjà un peu moins pire, mais là encore la possibilité d'un biais ne peut pas être écartée. À propos de la sélection des sujets, le seul protocole fiable que j'ai pu voir était la sélection de sujets dans une clinique de fertilité. La chercheuse avait alors pu composer des groupes hétérosexuels et homosexuels comparables puisque d'éventuels "biais de sélection invisibles" étaient probablement également répartis entre les deux groupes. Le seul problème avec ce protocole est que seuls les couples de lesbiennes peuvent être mis à l'épreuve de cette façon puisque les couples homosexuels mâles ne consultent évidemment pas en clinique de fertilité.

2) Comparabilité des groupes: J'ai été surpris et déçut de la très faible préoccupation de la plupart des chercheurs en ce qui regarde le contrôle les facteurs ayant un impact connu sur le développement. Tu parles de revenus du couple. C'est un facteur important, mais il y en a d'autres et ils sont contrôlables: niveau de scolarisation; antécédents psychiatriques; profil d'attachement de la mère avec sa propre mère; modèle éducatif adopté par les parents; etc… Parfois c'est même pire. Certains chercheurs ne se préoccupent de la comparabilité des groupes qu'après la mesure. La comparabilité des groupes n'est donc pas incluse comme condition du protocole, mais seulement considérée comme facteur explicatif dans la discussion.

3) Instruments de mesure: Le problème le plus difficile est celui des instruments de mesure. Comment mesurer le développement d'un enfant sans laisser échapper quelque chose d'important qui aurait pu être influencé par le type de famille? Ce problème n'est pas exclusif aux recherches sur l'homoparentalité. Il se pose dans toutes les recherches sur le développement. Personne n'a encore trouvé la combinaison d'instrument parfaite, mais je constate que beaucoup de recherches sur l'impact de l'homoparentalité se sont contentées de mesures bien sommaires. Encore ici, j'ai été déçu

4) Nombre de sujets: La plupart des recherches que j'ai lu portent sur des très petits groupes.

5) Double insu: Un double insu aussi étanche que dans les recherches pharmacologiques n'est pas possible en ce domaine. Par contre, les chercheurs pourraient au moins prendre des précisions minimums pour que leurs propres préjugés n'influencent pas la mesure des données. Très peu le font.

6) Biais de publications: plusieurs périodiques qui publient des résultats de recherches sont chapeautés par des équipes de lecture dont l'orientation idéologique est pour le moins "suspecte". Nous nous trouvons dans la même situation que dans le cas des revues.d'homéopathie chapeautée par des homéopathes et qui ne publient que des résultats positifs qui alimentent la croyance. Assez curieusement, certains auteurs se permettent de faire des "méta-analyses" sans tenir compte de ces biais de publication.
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#130

Message par Kraepelin » 19 janv. 2012, 16:30

Aéroplaneur a écrit :Si les parents sont du même sexe, cela aura-t-il un impact sur l'enfant ? Je dirais que oui : à l'école, cet enfant pourrait être parfois stigmatisé et ridiculisé par les autres enfants. C'est, à mon avis, le seul impact significatif.
Vous avez un avis, une opinion reposant sur votre expérience personnelle limitée et sur vos valeurs. Vous avez bien le droit. Mais dans un domaine où il faut prendre des décisions qui auront un impact des personnes vulnérables qui dépendent de nous, je trouverais plus prudent d'avoir une opinion "documentée", une opinion reposant sur des données empiriques fiables. Suis-je trop tatillon?
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#131

Message par Aéroplaneur » 19 janv. 2012, 16:50

Kraepelin a écrit :Vous avez un avis, une opinion reposant sur votre expérience personnelle limitée et sur vos valeurs. Vous avez bien le droit. Mais dans un domaine où il faut prendre des décisions qui auront un impact des personnes vulnérables qui dépendent de nous, je trouverais plus prudent d'avoir une opinion "documentée", une opinion reposant sur des données empiriques fiables. Suis-je trop tatillon?
Mon avis repose aussi sur 20 ans de travail clinique auprès d'individus souffrant de problèmes psychologiques.

Et puis cela tombe quand même sous le sens commun que bien des enfants peuvent être stigmatisés ou intimidés par les autres enfants parce qu'ils sont dans une situation particulière ou différente de la norme.

Et cette stigmatisation et cette intimidation sont probablement plus dommageables que ladite situation particulière ou différente de la norme.

Il existe peut-être des recherches pour soutenir mes affirmations, je l'ignore. Mais dans le cas contraire, c'est-à-dire dans le cas de l'absence de recherches, cela me laisserait perplexe de savoir que personne ne puisse s'être posé la question.

Cela dit, mes propos demeurent hypothétiques, c'est sûr.
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#132

Message par Florence » 19 janv. 2012, 16:53

Kraepelin a écrit :
Florence a écrit : Ce qui serait plus intéressant et productif serait de savoir le devenir en termes de bien-être psychologique général et de situation socio-professionnelle à moyen-long terme des enfants (adoptés ou non) élevés par des couples homosexuels par rapport à des couples hétérosexuels de situation socio-professionnelle comparable. A-t'on de telles données ?
C'est justement là que se trouve l'os. Nous avons de semblables recherches, mais je doute de leur fiabilité à cause de problèmes méthodologiques abyssaux.
Merci, je me doutais bien qu'il y avait de tels problèmes ... ce qui fait que je suis assez d'accord avec toi lorsque tu dis:
... dans un domaine où il faut prendre des décisions qui auront un impact sur des personnes vulnérables qui dépendent de nous, je trouverais plus prudent d'avoir une opinion "documentée", une opinion reposant sur des données empiriques fiables.
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#133

Message par Florence » 19 janv. 2012, 17:04

Aéroplaneur a écrit : Mon avis repose aussi sur 20 ans de travail clinique auprès d'individus souffrant de problèmes psychologiques.

Et puis cela tombe quand même sous le sens commun que bien des enfants peuvent être stigmatisés ou intimidés par les autres enfants parce qu'ils sont dans une situation particulière ou différente de la norme.

Et cette stigmatisation et cette intimidation sont probablement plus dommageables que ladite situation particulière ou différente de la norme.
Certes, lutter contre les préjugés et les disriminations est essentiel, tout le monde en convient (ce n'est pas aux enfants de souffrir des "péchés" de leurs parents, quoiqu'en disent les bigots de tous poils).

Ceci étant, on peut se très légitimement se poser la question des éventuels problèmes liés intrinsèquement à un environnement familial "sortant de la norme", qu'il s'agisse d'adoption, de déracinement, de familles atypiques (monoparentales, homosexuelles, handicapées, etc.), sans pour autant stigmatiser qui que ce soit.
Il existe peut-être des recherches pour soutenir mes affirmations, je l'ignore. Mais dans le cas contraire, c'est-à-dire dans le cas de l'absence de recherches, cela me laisserait perplexe de savoir que personne ne puisse s'être posé la question.
Je pense que plein de gens se posent la question, mais que l'environnement actuel est si idéologiquement (religieusement, politiquement, émotionnellement) chargé que le débat en est terriblement faussé.
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Re: homoparentalité

#134

Message par Aéroplaneur » 19 janv. 2012, 18:29

Florence a écrit : Ceci étant, on peut se très légitimement se poser la question des éventuels problèmes liés intrinsèquement à un environnement familial "sortant de la norme", qu'il s'agisse d'adoption, de déracinement, de familles atypiques (monoparentales, homosexuelles, handicapées, etc.), sans pour autant stigmatiser qui que ce soit.
Bien sûr. Mais ce genre de recherches ne contribuent-il pas, en même temps, à alimenter la discrimination ?

Ça me fait penser à ces études qui démontrent que les Noirs affichent, en moyenne, des scores moins élevés aux tests de QI que les Blancs.

C'est peut-être vrai. Mais à quoi sert-il de démontrer une telle chose, à part d'alimenter une forme de discrimination ?

C'est peut-être justement cette discrimination envers les Noirs en Occident, qui existe depuis des siècles, qui explique les différences aux tests de QI au départ.

Je n'ai pas de réponse, seulement des questions. :)
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Re: homoparentalité

#135

Message par Aéroplaneur » 19 janv. 2012, 19:57

On parle de parents de même sexe.

Mais on pourrait aussi parler de parents de race noire, asiatique, ou bien originaires du Maghreb, etc., et peut-être trouverions-nous des différences quant à l'influence de ces caractéristiques sur le développement de l'enfant. Et il y en a probablement qui apparaîtraient avec de grands échantillons.

Mais à quoi peut-il servir de démontrer ces différences ?

Leurs impacts sont probablement minimes si on les compare, par exemple, à l'équilibre psychologique des parents, à leur disponibilité, à leur capacité à aimer leur enfant et à les encadrer de manière adéquate, à répondre à leur besoin matériel, à leur offrir un milieu de vie stable et sécuritaire, etc.
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Re: homoparentalité

#136

Message par Kraepelin » 20 janv. 2012, 12:23

Aéroplaneur a écrit : Leurs impacts sont probablement minimes si on les compare, par exemple, à l'équilibre psychologique des parents, à leur disponibilité, à leur capacité à aimer leur enfant et à les encadrer de manière adéquate, à répondre à leur besoin matériel, à leur offrir un milieu de vie stable et sécuritaire, etc.
Il faut se méfier un peu de ses intuitions. Elle sont parfois justes mais parfois elles ne le sont pas. La science n'avancerait pas si les chercheurs s'arrêtaient à leur intuition. En fait, la science commence lorsque le chercheurs quitte la simple intuition et apporte des preuves empiriques.

Les facteurs que vous énumérez sont certainement important et nous le savons. Pourquoi le savons nous? Parce que nous avons une importante documentation (empirique) qui nous le prouve.

Votre impression, votre intuition d'intervenant en santé en ce qui regarde l'homoparentalité est qu'elle n'a pas une grande importance sur le développement des enfants. D'autres intervants n'ont pas la même intuition. Qui a raison? Comment trancher? On fait un sondage? On lance une discussion et ceux qui parlent le plus fort l'emportent? On laisse le débat se traiter au seul plan politique et le groupe qui parvient à exercer le chantage le plus efficace sur les politiciens l'emporte?

Je n'ai pas d'emprise sur le devenir social, mais lorsque la communauté interroge des savants sur l'état actuel de nos connaissances, j'aimerais bien qu'ils fassent preuve de rigeurs et qu'ils donnent un tableau réaliste. Ce n'est pas toujours le cas. Comme dans le cas de nos deux larons, il arrive que des professionnels fassent preuve d'une lecture très sélective de la littérature en fonction de leur parti pris idéologique. Je trouve ça facheux. Pas vous?
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Re: homoparentalité

#137

Message par Aéroplaneur » 20 janv. 2012, 18:40

Kraepelin a écrit : D'autres intervants n'ont pas la même intuition.
Avez-vous un tableau statistiques dûment validé pour nous présenter l'opinion dominante chez les professionnels de la santé mentale en regard de l'homoparentalité ?

J'aimerais voir où je me situe par rapport aux autres.
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Re: homoparentalité

#138

Message par Kraepelin » 11 févr. 2012, 17:44

J’aimerais qu’un débat ouvert existe sur la question de l’adoption par des parents de même sexe. Malheureusement, je ne trouve aucun forum sérieux où se débat existe. J’utilise donc le forum sceptique comme je le fais souvent pour d’autres controverses.


À ce stade, comme plus personne ne me propose de contre-arguments, j’alimenterais moi-même le débat en allant chercher les arguments qui sont produit sur des sites consacrés.


Je reprends et répond ici aux contre arguments du site de l’association des parents gays et lesbiennes disponible en pdf : http://www.apgl.fr/documents/CONTRE_ARG ... R_L_HP.pdf


Un premier reproche : L’auteur ne site pas ses sources; Difficile de savoir de quelle façon était formulé les critiques initiales des opposants à l’adoption par des parents de même sexe.


Un second reproche : Les meilleurs arguments des opposants ne sont pas abordés dans le texte. Facile de discréditer un discourt en ne choisissant que les arguments les plus faciles à contester.
1- Les adversaires de l’homoparentalité arguent que les études ne sont pas fiables parce qu’elles présenteraient trop de biais :

Les études sur les parents gays et lesbiens ne sont certainement pas parfaites, virtuellement aucune ne peut l’être.
Ici, c’est le mot «trop» qui a de l’importance. Qu’il soit impossible de faire des études parfaites n’implique pas que l’on puisse tirer des conclusions extensives d’études imparfaites. Par ailleurs, il arrive même que des études soient si remplies de biais méthodologiques qu’il devient impossible de tirer quelque conclusion que ce soit.
Premièrement, il est pratiquement impossible de transformer une relation sociale complexe telle que la relation parent-enfant en éléments complètement quantifiables et ceci est vrai quelle que soit la population étudiée.
Vrai! Et c’est bien une des raisons pour lesquelles il faut être prudent avant de tirer des conclusions
Deuxièmement, du fait de l’invisibilité des gays et des lesbiennes qui restent dans le placard à cause de l’homophobie et du regard social homophobe, on ne peut pas savoir si les participants d’une étude sont représentatifs de tous les homosexuels.
Vrai! Malheureusement, ici, je ne vois pas trop à quel argument l’auteur répond. Une source aurait pu nous éclairer.
Dernière modification par Kraepelin le 11 févr. 2012, 19:17, modifié 1 fois.
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Re: homoparentalité

#139

Message par Kraepelin » 11 févr. 2012, 17:49

2- Revenons sur deux biais souvent cités par les détracteurs : la taille des échantillons et le mode non aléatoire de recrutement :

2-1 - Les « échantillons » seraient trop petits, constitués de quelques dizaines à quelques centaines et ne pourraient être représentatifs. Lorsqu'on sait que mille personnes suffisent à représenter la population française dans son ensemble, la taille des échantillons pour étudier les familles homoparentales ne semble pas ridicule compte tenu du fait que cette population est également petite (entre 4 à 10% de la population générale).
Ouf! Là je crois que l’auteur tire à coté! L’auteur fait une règle de 3 sur un problème qui n’est pas de nature algébrique mais de nature statistique.

1000/65,000,000 = 40/2,600,000

À suivre son raisonnement, pour trouver un échantillon représentatif des médecins français (3.74 par 1000 habitants, en France), il suffirait d’un échantillon de 4 médecins


10000/65000000 = 3,74/ 243,100

Ce n’est pas comme ça que ca marche l'échantillonage!

Par ailleurs, la taille de l’échantillon ne pose pas un problème principalement en termes de représentativité sociologique, mais en termes de contrôle des variables individuelles.
D’autre part les études sont basées sur une méthode qualitative par entretiens ne prétendent pas avoir une représentativité statistique.
Ainsi faire une étude de cohorte, c'est-à-dire suivre des enfants depuis leur plus jeune âge jusqu'à l'âge adulte, ne peut pas concerner des centaines d’enfants mais seulement une ou deux dizaines ;
Même si les effectifs apparaissent quelquefois assez faibles, le cumul des études est suffisant pour la prise en compte des résultats.
Effectivement, il est difficile de recruter beaucoup de sujets pour une étude longitudinale, mais c’est justement pourquoi il faut être prudent dans la généralisation des résultats.

Pour ce qui est du cumul des études, les homéopathes nous ont déjà fait le coup. Les biais de publication permettent une grosse production de résultats positifs issus d’études mal conduites qui éclipseraient les rares études négatives biens conduites. On ne peut pas faire ce genre d’arithmétique pour des sujets controversés.
En France, Martine Gross, sociologue au CNRS, a réalisé plusieurs études portant sur plusieurs centaines de parents2, qui confirment la banalité des familles homoparentales, confrontées aux mêmes joies et peines que les familles plus traditionnelles.
Au demeurant, certaines études portent sur des centaines de participants : ainsi « the National Gay and Lesbian Family Study » par Suzanne M. Johnson et Elizabeth O.Connor (Étude sur les familles homoparentales publiée par l'Association Américaine de Psychologie). Réalisée en 2001, cette étude porte sur un échantillon de 415 personnes.
Dans les deux cas, il s’agit d’études par questionnaires envoyés par la poste. Dans le cas de Gross (2001) l’enquête s’adressait aux membres de APGL. Elle a eu seulement 22% de retour …

À mon avis les études par questionnaires sont assez peu appropriées à ce genre de question. Imaginer que je fasse une étude sur les capacités prophétiques d’une voyante en envoyant 200 questionnaires par la poste à ses anciens clients et que je ne recevais que 22% de réponse. Que vaudraient mes résultats?
2-2 - Les couples homosexuels ne seraient pas sélectionnés de façon aléatoire, et seraient choisis par d’autres personnes sélectionnées ou par des associations de défense des droits des personnes homosexuelles.

Les participants ne sont pas choisis. Les chercheurs, pour étudier une population qui n'est pas particulièrement visible, du fait de la non-désirabilité sociale de l'homosexualité, n'ont pas d'autre choix que de s'adresser au réseau associatif gay et lesbien ou à la presse spécialisée. Les associations homosexuelles sont certes militantes mais leurs adhérents sont pour 90% d’entre eux des gens qui veulent rencontrer d’autres personnes comme eux et qui ne sont pas particulièrement militants.
Ici, le contre argument n’est pas très convainquant. Il est vrai que le recrutement de sujets est parfois très difficile et que les chercheurs utilisent des expédients en recrutant par l’entremise d’annonces dans des magazines spécialisés. Mais c’est justement là qu’est la source du biais.

Premièrement, , l’auteur présume ici que le recrutement n’est pas l’objet d’une manipulation de la part des militants des associations où sont publiées les annonces de recrutement. Je le trouve naïf.

Deuxièmement, même si la sélection des sujets n’était pas l’objet d’une manipulation, il y a quand même une source de biais qui invalide les résultats. En effet, l’autosélection des sujets dans une enquête sur un sujet controversé est la meilleure façon d’attirer la participation de sujets qui ont des choses à défendre.

Il est extrêmement difficile de contacter des gens hors association et même en passant par voie de presse, il n’est pas exclu de retomber sur des membres d’associations ou des personnes encore plus militantes que celles appartenant à une association de parents homosexuels.
Ensuite la méthode « boule de neige » pour recruter des personnes est bien connue des sociologues : il s’agit de demander à une personne qui a accepté de se soumettre à l’enquête si elle peut indiquer au chercheur d’autres personnes qui d’après elle, pourraient accepter de répondre. C’est une méthode largement utilisée en sciences sociales.
Largement utilisé? Peut-être, mais pas pour trancher des questions controversées.
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Re: homoparentalité

#140

Message par Kraepelin » 11 févr. 2012, 19:16

3 - Les études qui se sont penchées sur les familles homoparentales et leurs enfants sont aussi fiables que peuvent l’être les études dans d’autres domaines du développement de l’enfant et de la psychologie.
Non! Et heureusement!
Les études en question ont été publiées dans des périodiques à comité scientifique très sélectifs, dont les standards représentent un consensus d’experts sur les standards scientifiques pour la recherche sur le développement de l’enfant. Ces périodiques incluent le « Child Development » et « Developmental Psychology », les deux journaux reconnus pour leur sérieux dans le champ disciplinaire du développement de l’enfant.
Mmmm! Il y a plusieurs études qui sont effectivement publiées dans des revues sérieuses. Mais si être publié est une première condition de validation, elle est très insuffisante. Par ailleurs, il y en a beaucoup qui sont publiées dans des feuille de choux, des tex book collectifs, des revues où il suffit de payer pour être publié (Psychological Reports )ou dans des revues consacrées à la cause homosexuel. Exemples :

Harris MB, Turner PH. Gay and lesbian parents. J Homosex. 1985 Winter;12(2):101-
113.

Miller JA, Jacobsen RB, Bigner JJ. The child's home environment for lesbian vs.
heterosexual mothers: a neglected area of research. J Homosex. 1981 7(1):49-56.

Bigner JJ, Jacobsen RB. Adult responses to child behavior and attitudes toward
fathering: gay and nongay fathers. J Homosex. 1992 23(3):99-112.

Turner PH, Scadden L, Harris MB. Parenting in gay and lesbian families. J Gay
Lesbian Psychother. 1990 1(3):55-66.

Bigner JJ, Jacobsen RB. The value of children to gay and heterosexual fathers. J
Homosex. 1989 18(1-2):163-172.

Bigner JJ, Jacobsen RB. Parenting behaviors of homosexual and heterosexual fathers.
J Homosex. 1989 18(1-2):173-186.

Pagelow MD. Heterosexual and lesbian single mothers: a comparison of problems,
coping, and solutions. J Homosex. 1980 Spring;5(3):189-204.

Huggins SL. A comparative study of self-esteem of adolescent children of divorced
lesbian mothers and divorced heterosexual mothers. J Homosex. 1989 18:123-135.

Rand C, Graham DLR, Rawlings EI. Psychological health and factors the court seeks to control in lesbian mother custody trials. Journal of Homosexuality. 1982 Fall;8(1):27-39.

Tasker F, Golombok S. The role of co-mothers in planned lesbian-led families.
Journal of Lesbian Studies. 1998 2(4):49-68.

Sans rentrer dans les batailles de méthodes entre les tenants de la quantification et ceux des approches qualitatives, les tenants de la psychanalyse et ceux des théories cognitives, les centaines d’études présentées dans le « guide bibliographique de l’homoparentalité 2007 » sont le reflet de la diversité des approches. Les protocoles utilisés sont validés par la communauté scientifique des différentes écoles de la discipline concernée.
Ça ne coute pas chère de l’affirmer!
Les critiques de ces études sont donc des attaques « biaisées » de méthodes validées en sciences sociales.
Si c’est le cas, il faudrait le démonter! L’auteur ne le fait pas!
Elles ne soulèvent par ailleurs aucune objection sur des études pourtant moins rigoureuses et généralisables portant par exemple sur l’impact du divorce sur les enfants.
Tien donc! Nous ne sommes pas allés à la même université! Moi, j’ai pourtant passé des années en classe à regarder mes professeurs mettre en pièces des études mal faites dans tous les domaines!
Ces critiques concernent les études sur l’homoparentalité non pas à cause des méthodologies qu’elles utilisent et qui seraient différentes ou inférieures à celles utilisées dans la plupart des études sur les relations familiales, mais parce qu’il s’agit de s’opposer politiquement à l’égalité des droits en matière de famille pour les gays et les lesbiennes.
Procès d’intention! C’est un sophisme!
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Re: homoparentalité

#141

Message par Ildefonse » 12 févr. 2012, 14:39

Je vais faire une légère digression de l'homoparentalité vers le mariage homosexuel.

Dans la mesure où un état accepte l'union des personnes de même sexe, qu'est ce qui légitime l'interdiction d'autres formes d'unions, polygame hétérosexuelle, polygame homosexuelle, par exemple ?
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Re: homoparentalité

#142

Message par HarryCauvert » 12 févr. 2012, 15:01

Bon matin Ildefonse,
Ildefonse a écrit :Dans la mesure où un état accepte l'union des personnes de même sexe, qu'est ce qui légitime l'interdiction d'autres formes d'unions, polygame hétérosexuelle, polygame homosexuelle, par exemple ?
Je vais reformuler ta question:
Dans la mesure où on accepte partout l'union entre un homme et une femme, pourquoi n'accepte-t-on pas partout les unions polygames hétérosexuelles?

Ensuite, pourquoi une société devrait-elle remettre en question son attitude envers la polygamie sous prétexte que les gays et lesbiennes parviennent, petit à petit et difficilement (et pas partout), à se faire reconnaître comme des citoyens à part entière?

Et enfin la polyandrie, tu en fais quoi? :mrgreen:
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Re: homoparentalité

#143

Message par Ildefonse » 12 févr. 2012, 17:44

C'est pour ça que j'ai insisté pour y mettre aussi les unions polygames homosexuelles. Évidement, j'intègre aussi la polyandrie bien que les groupes susceptibles d'y recourir semblent aussi nombreux, ou peu nombreux, que les groupes homosexuels.
HarryCauvert a écrit : ...pourquoi une société devrait-elle remettre en question son attitude envers la polygamie sous prétexte que les gays et lesbiennes parviennent, petit à petit et difficilement (et pas partout), à se faire reconnaître comme des citoyens à part entière?...
Parce qu'une partie de la population y verra une légitimité.

A partit du moment où la société admet qu'une union légale (on va parler donc de mariage) n'est plus obligatoirement celle d'une femme et d'un homme, elle cesse de prôner l'existence d'un seul modèle sous le prétexte qu'il serait le seul valide culturellement. Or, il se trouve qu'un grand nombre de culture défendent des modèles alternatifs, notamment dans le cadre de l'éducation des enfants. La polygamie hétérosexuelle en est un, mais il y a aussi le modèle éducatif d'une partie de l'Afrique, dans lequel les enfants sont éduqués par le groupe, et non par la famille nucléaire.

Quand il y a une demande, il y a une réponse. A partir du moment où un groupe aura obtenu gain de cause sur son cas, à quel titre devra t'on l'interdire aux autres groupes ?
La crainte des dieux est la fin de la sagesse.

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Re: homoparentalité

#144

Message par BeRReGoN » 12 févr. 2012, 18:12

Moi je suis contre les unions, c'est une vision dépassée. On est des individus, on peut se reproduire sans unions maintenant et avoir des unions sans se reproduire.

Les unions quossa donne?

:mrgreen:
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Re: homoparentalité

#145

Message par Kraepelin » 12 févr. 2012, 19:46

Ildefonse a écrit :Je vais faire une légère digression de l'homoparentalité vers le mariage homosexuel.

Dans la mesure où un état accepte l'union des personnes de même sexe, qu'est ce qui légitime l'interdiction d'autres formes d'unions, polygame hétérosexuelle, polygame homosexuelle, par exemple ?
B'en oui, pourquoi pas?
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Re: homoparentalité

#146

Message par Kraepelin » 12 févr. 2012, 20:34

4- Les textes cités par nos détracteurs tels que ceux de P. Morgan (« Children as trophies » - 2002) en Grande Bretagne (ou celui de HOLLOWAY Joy :”Homosexual parenting: does it make a difference?A re-evaluation of the research with adoption and fostering in mind”. The Christian Institute – 2002) ou encore de Fontana, Martinez et Romeu (« No es igual »-2005) en Espagne , ne sont pas des études scientifiques, mais des compilations critiques de textes épars.
En effet! Mais pourquoi vous faire la vie belle et choisir les auteurs les plus faciles à discréditer? Pourquoi ne pas vous attaquer, par exemple, à la revues de Sharon Quink, pourtant disponible partout sur internet?
Leurs auteurs n’ont procédé à aucune étude sur le terrain, ils n’ont vu aucun parent gay ou lesbien, ni aucun de leurs enfants.
Beaucoup de personnes participent à ce débat et ont des choses à dire même s’ils ne sont pas des chercheurs de terrain. Vous et moi, par exemple! Devrions-nous nous taire?
Ils dénoncent l’orientation sexuelle supposée de certains auteurs (de« l’American Psychological Association»-APA), la partialité ou le « politiquement correct » d’autres auteurs (de « l’Association Américaine de Pédiatrie » – AAP), qui concluent à l’absence de dommages pour les enfants (2002).
En effet, c’est un argument fréquemment formulé. C’est d’ailleurs un très bon argument. Il est maintenant bien établit que les conflits d’intérêts ou même simplement les préjugés d’un chercheur ou d’un réviseur peuvent sérieusement biaiser sa démarche. C’est tellement passé dans l’éthique de tous les jours, qu’aujourd’hui un médecin spécialiste ne peut pas donner une conférence médicale à ses confrères sans d’abord afficher la liste complète des entreprises pharmaceutiques qui le finance ou l’on déjà financé dans ses recherches ou dans son travail. Soyez un peu honnette et admettez avec moi que l'APA n'a pas eu une très bonne idée de constituer un comité d'experts exclusivement composé de chercheurs gais et faisant carrière comme éditeurs de revues spécialisé sur l'homosexualité.
Faudra-t-il s’assurer de l'orientation (hétéro)sexuelle des chercheurs, soi-disant garante de leur rigueur scientifique avant de leur permettre d’approcher les familles ?
Sophisme de l’homme de paille.
La méthode consistant à mettre en avant une supposée partialité des auteurs peut tout à fait se retourner contre les détracteurs de l'homoparentalité. Ces auteurs critiques sont eux-mêmes des membres du « Christian Institute »(Grande Bretagne) ou des militants des milieux catholiques conservateurs ayant tenté en vain de s’opposer à la modification de la législation espagnole en 2005.
En effet, ce reproche va dans les deux sens! Je constate d’ailleurs que vous ne vous privez pas de l’utiliser. Alors que vous répondraient les opposants à l’adoption par des parents de même sexe?
«Faudra-t-il s’assurer de l'orientation homosexuelle des chercheurs, soi-disant garante de leur rigueur scientifique, avant de leur permettre d’intervenir sur cette question?»

:)
Le texte de Fontana, Martinez et Romeu (« No es igual »-2005) - traduit en français - auquel fait référence l’article précité publié dans « Valeurs actuelles » a été totalement décrédibilisé lors des travaux parlementaires ayant donné lieu à la nouvelle législation espagnole sur l’adoption.
Ces auteurs s’étaient vus opposés un contre argumentaire pertinent de la part de la « Fundacion Triangulo por la igualdad social de gais y lesbianas » (audition parlementaire du 6 juin 2005) intitulé : « no es verdad « no es igual » (« ce n’est pas pareil ne dit pas la vérité »).
Bon! Et bien quel est l’argument suivant?
De même le texte de Fontana, Martinez et Romeu est invalidé en Espagne par les nombreux travaux de l’équipe de Maria DEL MAR GONZALEZ. (cf. notamment l’étude publiée par DEL MAR GONZALEZ Maria, CHACON F., GOMEZ A., SANCHEZ M.A., MORCILLO E. : « Dinámicas familiares, organización de la vida cotidiana y desarrollo infantil y adolescente en familias homoparentales » - Estudios e investigaciones 2002 pp. 521-606 – traduite dans le guide bibliographique de l’homoparentalité 2007 – « Ajuste psicológico e integración social en hijos e hijas de familias homoparentales »- Infancia y Aprendizaje- 2004 Vol. 27(3) pp. 327-344- « Crecer en familias homoparentales. Una realidad polémica »- Infancia y Aprendizaje- 2004 Vol. 27(3) pp. 361-374- « Homosexualidad y adopción. Entre la ciencia y el prejuicio »- infocop (revista de psicologia) Universidad de Sevilla – 2005 –Vol n°24)

Je suis allé voir les recherches que vous cite. Les chercheurs ont recruté les sujets principalement :
- par petites annonces;
- par des représentations auprès de groupes de militants gais;
- et par la méthode boule de neige

C’est donc, au mieux, de l’autosélection et j’ai montré plus haut pourquoi des résultats tirés de ce genre de procédure sont ininterprétables.
Dernière modification par Kraepelin le 12 févr. 2012, 20:42, modifié 1 fois.
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Re: homoparentalité

#147

Message par HarryCauvert » 12 févr. 2012, 20:38

Ildefonse a écrit :A partit du moment où la société admet qu'une union légale (on va parler donc de mariage) n'est plus obligatoirement celle d'une femme et d'un homme, elle cesse de prôner l'existence d'un seul modèle sous le prétexte qu'il serait le seul valide culturellement. Or, il se trouve qu'un grand nombre de culture défendent des modèles alternatifs, notamment dans le cadre de l'éducation des enfants. La polygamie hétérosexuelle en est un, mais il y a aussi le modèle éducatif d'une partie de l'Afrique, dans lequel les enfants sont éduqués par le groupe, et non par la famille nucléaire.

Quand il y a une demande, il y a une réponse. A partir du moment où un groupe aura obtenu gain de cause sur son cas, à quel titre devra t'on l'interdire aux autres groupes ?
Sauf que cela n'a rien à voir.

Les gays et lesbiennes qui accèdent au mariage le font sur la base de la reconnaissance de l'égalité des droits (*), et non pas à cause d'un "relativisme sexuel" qui se serait emparé de l'État et ouvrirait la porte à la polygamie ou autres pratiques. Les juges et/ou législateurs des pays concernés se sont contentés d'observer qu'il était dépassé ou anticonstitutionnel (cas des juges) d'interdire le mariage à deux personnes sous le simple prétexte qu'elles étaient de même sexe.

As-tu peur de voir les polygames s'engouffrer dans cette brèche? Ils auraient bien du mal car à ma connaissance les textes de lois canadiens n'ont pas changé (c'est leur interprétation qui a été élargie pour inclure les couples de même sexe). La reconnaissance de la polygamie, elle, impliquerait de profondes modifications qui ne sont pas vraiment au goût du jour (déjà qu'on vire fou pour un simple morceau de chiffon porté par des femmes ou pour un YMCA qui installe de nouvelles vitres, tu imagines le tollé si la polygamie était envisagée par le gouvernement du Québec?)

En prime j'imagine mal des Mormons ou certains islamistes se réclamer du combat des LGBT pour exiger maintenant le droit à la polygamie, mais ça pourrait être drôle si cette idée leur passait par la tête. On verrait peut-être des Joseph-Smith Pride? :roll:

(*) et des devoirs, comme les candidats au divorce auront l'occasion de le découvrir.
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Re: homoparentalité

#148

Message par Ildefonse » 12 févr. 2012, 21:05

C'est vrai qu'au Canada, vous gérez les choses différemment.
HarryCauvert a écrit : Les gays et lesbiennes qui accèdent au mariage le font sur la base de la reconnaissance de l'égalité des droits (*), et non pas à cause d'un "relativisme sexuel" qui se serait emparé de l'État et ouvrirait la porte à la polygamie ou autres pratiques. Les juges et/ou législateurs des pays concernés se sont contentés d'observer qu'il était dépassé ou anticonstitutionnel (cas des juges) d'interdire le mariage à deux personnes sous le simple prétexte qu'elles étaient de même sexe.
Mais c'est bien de droit dont je parle. La polygamie, orientale pour commencer, est un droit que quelques fanatiques réclament déjà en France. C'est que l'institution d'un mariage à plusieurs, un homme et plusieurs femmes, permettrait à l'homme de disposer tout à fait légalement des droits financiers liés à la garde et l'éducation de ses enfants. Le chef de famille pourrait, en outre, demander un logement en relation avec le nombre de personne de son foyer, ce à quoi il ne peut pas prétendre pour le moment.

Bien sûr, ma question n'est pas exempte de liens avec le fait islamique en Europe, et son parent islamiste.
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Re: homoparentalité

#149

Message par HarryCauvert » 12 févr. 2012, 21:46

Ildefonse a écrit :Mais c'est bien de droit dont je parle. La polygamie, orientale pour commencer, est un droit que quelques fanatiques réclament déjà en France.
Je n'ai peut-être pas été assez clair... je parle d'un droit qui existe déjà chez nous, à savoir l'union de deux personnes. Pour inclure les couples gays et lesbiens il suffit de constater que ce sont des personnes ayant les mêmes droits que leurs concitoyens hétéros.

La polygamie -contrairement au mariage- n'existe pas dans nos textes de lois, ni en France ni au Canada.

Il existe peut-être des gens qui la réclament, d'un côté comme de l'autre de l'Atlantique, mais ils ne sont pas sortis de l'auberge car pour les accommoder il faudrait carrément réécrire les lois relatives au mariage et tout ce qui en découle... bon courage!
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Re: homoparentalité

#150

Message par BeRReGoN » 12 févr. 2012, 22:35

Personnellement, je suis peut-être débile, mais le problème n'est pas la légalité de la polygamie mais que l'on permettre d'élever des individus, dès leur très jeune âge, pour qu'ils considèrent normal d'être abusé et/ou que leur consentement n'a pas ou très peu de valeur.

Que des personnes, qui connaissent leur droits et responsabilités, décident d'essayer une sorte de 3some ou plus, dans une relation est très peu inquiétant. C'est juste essayer de cacher la conséquence d'un malaise que l'on ne veut pas nommer directement.
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