2- Revenons sur deux biais souvent cités par les détracteurs : la taille des échantillons et le mode non aléatoire de recrutement :
2-1 - Les « échantillons » seraient trop petits, constitués de quelques dizaines à quelques centaines et ne pourraient être représentatifs. Lorsqu'on sait que mille personnes suffisent à représenter la population française dans son ensemble, la taille des échantillons pour étudier les familles homoparentales ne semble pas ridicule compte tenu du fait que cette population est également petite (entre 4 à 10% de la population générale).
Ouf! Là je crois que l’auteur tire à coté! L’auteur fait une règle de 3 sur un problème qui n’est pas de nature algébrique mais de nature statistique.
1000/65,000,000 = 40/2,600,000
À suivre son raisonnement, pour trouver un échantillon représentatif des médecins français (3.74 par 1000 habitants, en France), il suffirait d’un échantillon de 4 médecins
10000/65000000 = 3,74/ 243,100
Ce n’est pas comme ça que ca marche l'échantillonage!
Par ailleurs, la taille de l’échantillon ne pose pas un problème principalement en termes de représentativité sociologique, mais en termes de contrôle des variables individuelles.
D’autre part les études sont basées sur une méthode qualitative par entretiens ne prétendent pas avoir une représentativité statistique.
Ainsi faire une étude de cohorte, c'est-à-dire suivre des enfants depuis leur plus jeune âge jusqu'à l'âge adulte, ne peut pas concerner des centaines d’enfants mais seulement une ou deux dizaines ;
Même si les effectifs apparaissent quelquefois assez faibles, le cumul des études est suffisant pour la prise en compte des résultats.
Effectivement, il est difficile de recruter beaucoup de sujets pour une étude longitudinale, mais c’est justement pourquoi il faut être prudent dans la généralisation des résultats.
Pour ce qui est du cumul des études, les homéopathes nous ont déjà fait le coup. Les biais de publication permettent une grosse production de résultats positifs issus d’études mal conduites qui éclipseraient les rares études négatives biens conduites. On ne peut pas faire ce genre d’arithmétique pour des sujets controversés.
En France, Martine Gross, sociologue au CNRS, a réalisé plusieurs études portant sur plusieurs centaines de parents2, qui confirment la banalité des familles homoparentales, confrontées aux mêmes joies et peines que les familles plus traditionnelles.
Au demeurant, certaines études portent sur des centaines de participants : ainsi « the National Gay and Lesbian Family Study » par Suzanne M. Johnson et Elizabeth O.Connor (Étude sur les familles homoparentales publiée par l'Association Américaine de Psychologie). Réalisée en 2001, cette étude porte sur un échantillon de 415 personnes.
Dans les deux cas, il s’agit d’études par questionnaires envoyés par la poste. Dans le cas de Gross (2001) l’enquête s’adressait aux membres de APGL. Elle a eu seulement 22% de retour …
À mon avis les études par questionnaires sont assez peu appropriées à ce genre de question. Imaginer que je fasse une étude sur les capacités prophétiques d’une voyante en envoyant 200 questionnaires par la poste à ses anciens clients et que je ne recevais que 22% de réponse. Que vaudraient mes résultats?
2-2 - Les couples homosexuels ne seraient pas sélectionnés de façon aléatoire, et seraient choisis par d’autres personnes sélectionnées ou par des associations de défense des droits des personnes homosexuelles.
Les participants ne sont pas choisis. Les chercheurs, pour étudier une population qui n'est pas particulièrement visible, du fait de la non-désirabilité sociale de l'homosexualité, n'ont pas d'autre choix que de s'adresser au réseau associatif gay et lesbien ou à la presse spécialisée. Les associations homosexuelles sont certes militantes mais leurs adhérents sont pour 90% d’entre eux des gens qui veulent rencontrer d’autres personnes comme eux et qui ne sont pas particulièrement militants.
Ici, le contre argument n’est pas très convainquant. Il est vrai que le recrutement de sujets est parfois très difficile et que les chercheurs utilisent des expédients en recrutant par l’entremise d’annonces dans des magazines spécialisés. Mais c’est justement là qu’est la source du biais.
Premièrement, , l’auteur présume ici que le recrutement n’est pas l’objet d’une manipulation de la part des militants des associations où sont publiées les annonces de recrutement. Je le trouve naïf.
Deuxièmement, même si la sélection des sujets n’était pas l’objet d’une manipulation, il y a quand même une source de biais qui invalide les résultats. En effet, l’autosélection des sujets dans une enquête sur un sujet controversé est la meilleure façon d’attirer la participation de sujets qui ont des choses à défendre.
Il est extrêmement difficile de contacter des gens hors association et même en passant par voie de presse, il n’est pas exclu de retomber sur des membres d’associations ou des personnes encore plus militantes que celles appartenant à une association de parents homosexuels.
Ensuite la méthode « boule de neige » pour recruter des personnes est bien connue des sociologues : il s’agit de demander à une personne qui a accepté de se soumettre à l’enquête si elle peut indiquer au chercheur d’autres personnes qui d’après elle, pourraient accepter de répondre. C’est une méthode largement utilisée en sciences sociales.
Largement utilisé? Peut-être, mais pas pour trancher des questions controversées.
« Dans les temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire. » George Orwell