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par BeetleJuice » 01 juin 2012, 20:00
En fait, la belle-soeur n'a qu'a moitié raison. Il ne me semble pas que l'homosexualité féminine soit explicitement interdite, contrairement à l'homosexualité masculine, qui est, elle, écrite comme péché noir sur blanc.
Le Lévitique mentionne le péché d'un homme qui couche avec un homme comme on couche avec une femme. Outre le fait qu'on peut déjà prendre textuellement et considérer que, un homme ne couchant pas de la même façon avec un homme qu'avec une femme la plupart du temps, c'est une façon de réprouver la sodomie avec une femme plutôt que l'homosexualité (histoire de jouer à l'idiot, puisque la Bible ne mentionne ici qu'une périphrase qu'on peut interpréter comme on veut.)
Ensuite, le nouveau testament condamne l'homosexualité dans les épitres mais mentionne aussi uniquement l'homosexualité masculine en parlant d’efféminé et de pédéraste (après, ça dépend surement de la traduction.)
Pour Sodome, c'est à vérifier, mais je ne suis pas sur qu'il soit précisé qu'il s'agit d'homosexualité féminine non plus.
Donc l'homosexualité féminine, elle, n'est à priori pas explicitement condamnée dans la Bible.
Historiquement c'est en fait dû au fait que n'était considéré comme sexualité active dans l'antiquité méditerranéenne, que ce qui tournait autour du pénis. Le vagin n'est lui, considéré que comme prolongement de l'utérus et de l'enfantement et l'homosexualité féminine n'est que plus rarement l'objet d'une sanction écrite, même quand elle est condamnée par la coutume (comme c'est le cas pour les juifs, même s'ils ne l'inscrivent pas directement dans le Lévitique), parce que ça n'est pas considéré comme de la "vraie" sexualité.
Elle n'est pas pour autant tolérée, mais la sexualité féminine embarrassait les populations anciennes, parce que reconnaître une réelle sexualité à la femme c'était reconnaitre une certaine puissance et donc remettait en cause le statut d'inférieure ou carrément d'éternelle mineure.
Du coup, on est d'avantage dans le registre de la femme tentatrice et dominatrice qui est à l'inverse de la bonne épouse, dans ce type de cas, plutôt que dans le registre du péché ou de la faute contre nature (comme c'est le cas de l'inceste). la femme lesbienne n'est pas fautive, elle est elle-même étrange, bizarre et pas une vraie femme puisqu'elle tente de donner du plaisir sans pénis.
Ca vient également du fait que l'essentiel des règles bibliques est une construction en réaction.
Le pentateuque commence en effet à être totalement fixé à une période où les juifs subissent fortement l'influence grecque, puis perse (qui sont déjà pas mal hellénisé pour les élites) et donc écrivent en réaction des mœurs ambiantes, notamment en condamnant l'homosexualité masculine, largement répandu dans la sphère d'influence de la culture grecque.
C'est aussi de cette réaction que vient une partie importante de la violence parfois extrême des récits qu'on trouve dans l'ancien testament qui traduisent bien plus un fanatisme qui s'exacerbe via des mythes de victoires et de massacres d'ennemis avec l'aide de Dieu, qu'une réalité historique.
Cela dit, je suis pas sur que tout ça puisse aider. Convaincre quelqu'un d'intégriste à partir de la Bible, c'est problématique, parce que le raisonnement est à géométrie variable et circulaire. La personne peut toujours interpréter comme elle veut la Bible puis prétendre ensuite que son interprétation est écrite noir sur blanc et recommencer indéfiniment en disant que c'est l'autre qui ne comprend rien à la Bible.
This is our faith and this is what distinguishes us from those who do not share our faith.
(John Flemming, Évêque irlandais, 3ème dan de tautologie, ceinture noire de truisme, champion des lapalissades anti-avortement.)