Terrien a écrit :je ne vise personne, mais il me semble que échanger sans s'insulter est une marque d’intelligence ?
Le "
politiquement correct" ("political correctness") n'est pas une preuve d'intelligence en soi. Bien au contraire, c'est souvent utilisé pour empêcher l'intelligence de s'exprimer en faisant taire la critique à partir de bases superficielles (et souvent biaisées*). N'importe qui peut se dire "insulté" par des remarques critiques et "justifier" (au moins à ses yeux) ainsi un entêtement à dire des sottises sans tenir compte des arguments qui lui sont proposés*. Adhérer strictement au "PC" est adopter une volonté de niveler vers le bas et, régulièrement, une manière de défendre que toutes les opinions sont également valides**.
À la base, ce qui serait plus une marque d'intelligence c'est la capacité de
discuter rationnellement, d'articuler des idées logiques et de tenir compte des arguments qui sont proposés (ce qui suppose la capacité d'abandonner des arguments montrés faux). Quand quelqu'un tient à répétition à fuir ce genre de discussion et à agir irrationnellement, les "insultes" peuvent devenir un moyen parfaitement adéquat de souligner ce manquement aux règles d'une discussion rationnelle (i.e., intelligente). Après tout, quand quelqu'un s'entête à dire des conneries ce n'est pas vraiment une insulte que le traiter de con. Quand quelqu'un ment à répétition, ce n'est pas vraiment une insulte que de le traiter de menteur.
Je ne défends pas qu'il faille insulter systématiquement, loin de là. Mais il arrive que l'insulte puisse devenir un argument rhétorique valable (comme peut l'être l'
ad hominem), particulièrement quand on a affaire à des personnes qui sont particulièrement de mauvaise foi ou irrationnels. Je dis bien
devenir, car elle n'est pas utilisée avant que des arguments plus neutres aient été tentés.
De plus, si vous êtes attentif vous remarquerez une chose: l'insulte chez ceux qui sont
aussi capables de discuter rationnellement est la plupart du temps originale et ludique. Ça peut être le cas parce qu'elle est très très rarement une fin en soi, le message s'exprime autrement en parallèle.
Jean-François
* Pour prendre un exemple précis: alors que personne ne l'insultait, menfin a régulièrement sorti qu'on le "dénigrait" uniquement parce qu'on disait que ses idées n'ont pas d'allure. Dire qu'il se sent "insulter" ou "dénigrer" - avec une susceptibilité de pacotille - est une des nombreuses manières qu'il a trouvé pour éviter d'avoir à répondre aux critiques et continuer à présenter ses fantasmes comme si ce n'en étaient pas.
** Après tout, si vous dites que quelqu'un est raciste ou fasciste, vous l'insultez. Alors comment allez-vous tourner les choses pour signaler qu'il est raciste ou fasciste? (Surtout s'il dit des trucs du genre "je ne suis pas raciste mais [préjugé racial quelconque]".) Il y a une limite à faire des périphrases, la solution la plus simple serait donc de ne rien dire... donc de faire comme s'il n'était pas raciste ou fasciste. C'est un truc que des négationnistes ont utilisé pour tenter de faire taire la critique de leurs idées puantes.