Salut à tous et à Babel,
Je pense que Babel est de bonne foi, mais qu'il a seulement été maladroit. Si je fais l'effort de me mettre dans sa tête, je pense qu'il a simplement voulu se plier aux exigences des sceptiques en fournissant une source de nature scientifique traitant du sujet (qui, avouons-le, est souvent demandé par les sceptiques dans ce genre de débat). Mais d'un autre coté, comme le mentionne Florence et Denis, c'est un trop long pavé qui n'invite pas nécessairement au dialogue. Babel aurait peut-être dû débuter par relevé uniquement un ou deux points précis (ayant rapport avec ses arguments) sous forme de courte citation.
Bref, je vais, pour ma part, relever et commenter ce qui a retenu mon attention...
Voir la note de bas de page[color=#FF0000]*[/color] a écrit :c’est que les données du mysticisme ne sont pas des fabulations déformant la réalité, mais plutôt une façon de la regarder, de l’interpréter et d’en dégager un sens. Sans porter de jugements sur la valeur de ces connaissances, on peut en étudier l’émergence au même titre qu’une production artistique. Seulement, l’expérience mystique se dégage en cela de la simple production artistique par le fait qu’elle peut nous donner accès à des données immédiates sur la conscience humaine. Forman (1998) en parle comme d’un « microscope » sur la conscience.
Je suis assez d'accord avec ça.
Voir la note de bas de page[color=#FF0000]*[/color] a écrit :L’étude de Reinert et Stifler (1993) n’a d’ailleurs montré aucune différence significative à l’échelle-M entre le groupe «contemplatifs » et le groupe « psychotiques ».
Bien que plus loin dans le texte, d'autres différences sont observées, il est quand même intéressant qu'il n'y en ait pas de significative sur cette échelle-M.
Voir la note de bas de page[color=#FF0000]*[/color] a écrit :Suivons ces pistes et vérifions si des résultats empiriques peuvent les appuyer. Que l’on soit matérialiste ou spiritualiste, on s’accordera pour dire qu’une telle expérience ne doit pas exister simplement pour elle-même.
Naturellement.
Voir la note de bas de page[color=#FF0000]*[/color] a écrit :Le fait que cette expérience soit vécue à travers différentes cultures réfute l’hypothèse selon laquelle nous serions en présence d’une construction culturelle. De plus, les théories expliquant la conscience purement en tant qu’épiphénomène de la perception sont sérieusement mises en doute. Sa présence, lorsque les perceptions, pensées, etc. sont absentes, suggère que la conscience possède une existence indépendante de celles-ci. La nature de la conscience pourrait donc différer de ses activités réunies.
Ben là, je suis plus ou moins d'accord (d'après ce que je saisis), car, si la conscience est une propriété émergente, elle est naturellement un peu plus que la somme des diverses activités du cerveau. Mais utiliser « indépendant » me semble abusif.
Voir la note de bas de page[color=#FF0000]*[/color] a écrit :Nous retenons donc que l'expérience mystique n'est pas liée à un phénomène physique extérieur mais plutôt à l'attribution d'un profond sentiment ontologique.
Donc des sentiments et questions que génèrent les questions existentielles.
Voir la note de bas de page[color=#FF0000]*[/color] a écrit :L'expérience mystique semble confronter l'individu à des limites qui peuvent ébranler de profondes structures dans sa psyché
Ça me semble aussi évident. De plus, en fonction des tendances et de la subjectivité de chacun, à propos des questions d'ordre ontologique ou philosophique, les possibles « confrontations » internes sont justement propices pour faire entrer en jeu la dissonance cognitive et divers autres biais.
Voir la note de bas de page[color=#FF0000]*[/color] a écrit :On peut se demander si la fonction " biologique " de l'expérience mystique ne serait pas de combattre les problèmes existentiels que fait naître l'intelligence de l'être humain
Excellente question qui, formulé autrement, pourrait être : ne serait-ce qu'un moyen pour « ressentir pleinement » les justifications métaphysiques que nous nous faisons (plus ou moins inconsciemment) pour résoudre certaines questions insolubles?
Voir la note de bas de page[color=#FF0000]*[/color] a écrit :L’expérience mystique authentique est une expérience intense vécue par des gens en excellente santé psychologique. Son étude et sa compréhension ne peuvent que nous emmener une meilleure connaissance de l’être humain.
Ben, comme tout autre phénomène.
Voir la note de bas de page[color=#FF0000]*[/color] a écrit :Finalement, l’expérience mystique constitue une voie privilégié d’exploration subjective du monde, ayant une valeur de vérité tout aussi intéressante que l’exploration objective de la science. Pour reprendre dans notre contexte l’intuition de Bergson, il y a beaucoup à tirer du croisement entre les résultats de l’approche objective de la science et ceux de l’exploration subjective du mysticisme. Ces deux éclairages, intérieur et extérieur, peuvent nous permettre d’en apprendre beaucoup sur notre propre conscience, sur notre nature ; et pourquoi pas sur l’univers ?
Là, je pense que je ne serai pas le seul à tiquer sur « valeur de vérité ». J’ai de la difficulté à saisir ce qu'il veut dire quand il parle de « croisement » entre l’approche objective de la science et ceux de l’exploration subjective du mysticisme.
En conclusion, je trouve le travail des plus intéressants parce qu'il décrit le phénomène et souligne les similarités/différences entre certains groupes cibles, mais sinon?
À la limite, nous pourrions faire les mêmes comparaisons ou constatations en étudiant le phénomène de « L'Amour » P. Ex. Traiter de l'aspect parfois presque « transcendant » du coup de foudre, comparer avec des sujets sains VS des dépendants affectifs, observer que, pour certains, le sentiment profond d'aimer et d'être aimé les rend plus heureux, ouverts et créatifs, etc. Nous pourrions aussi parler de ce que le cerveau sécrète lors des premiers mois d'euphorie, etc. Sauf que tout ce qui est perçu et réalisé dans cet état (tout comme dans un sentiment d'unité mystique) n'a pas vraiment de valeur de vérité objective à mon avis.
Babel a écrit :Il y a quatre ans, j'ai vécu de manière totalement inopinée, sans raisons apparentes (aucune maladie ni physiologique ni physique, pas de drogues, socialement inséré, pas d'accidents ou de perte traumatisantes de proches...) une série d'expériences que je qualifie aujourd'hui de transcendantes. Sans entrer dans le détail, elles s'apparentaient plutôt au sentiment océanique qu'à une expérience mystique. C'est à partir de là que je me suis intéressé au sujet pour me rendre compte que mes "expériences" étaient d'une banalité confondante, qu'elles étaient déjà décrites depuis des siècles avec, peu ou prou, les mêmes sentiments que j'avais moi-même ressentis.
Je vous comprends Babel. Et j'ai moi-même déjà mentionné sur ce forum que c'est justement lorsque je me suis aperçu que ce type d'expérience était assez commune, même si elles ne sont pas vécues par tout le monde, que j'ai commencé à investiguer et à arrêter de croire que j'étais « différend », entre autres.
J'ai moi-même vécu une (des) expérience similaire (mais, plus tôt et plus jeune que vous) et ce qui me fascine, c'est de constater que des gens comme moi peuvent quand même devenir sceptique alors que d'autres (vous, Voyageur, Tania, etc.) restent « accrochés » ou impressionnés et persistent à croire qu'elles pourraient être le reflet de « ceci » ou de « cela ».
Moi, je compare cela à l'amour : certains ne connaitront jamais le « grand amour », d'autres ne connaitront jamais de coup de foudre, certains idéalisent l'un ou l'autre, d'autres n'y ont jamais cru, etc. Mais quoi qu'il en soit, lorsqu'on expérimente ce genre de sentiments, tout notre univers (et notre corps) s’en trouve souvent chamboulé. Il n'est même pas rare que certains deviennent complètement irrationnels, étant en amour. Quel est le rapport avec les expériences mystiques? Ce que je veux dire, c'est que lorsqu'on vit un coup de foudre (ou quelque chose de très intense et similaire), ce n'est pas qu'intellectuel, ça peut être très puissant et l'on peut très bien ressentir (jusque dans toutes les particules de notre corps) une espèce d'euphorie ou d'état de symbiose avec l'être aimé. J'y vois donc un certain parallèle intéressant. Ensuite, que cela concerne un autre être humain ou « tout l'univers », en quoi ce sentiment nous renseignerait, objectivement, sur la vie? ...Si ce n'est que de réaliser que de profonds sentiments ne sont parfois garant d'absolument rien! La preuve en est, après quelque temps (après l'état d'euphorie amoureux), les ruptures et les sentiments qui changent et « s'adaptent » alors, comme par magie, à la nouvelle situation.
Pour ma part, je considère donc mes anciennes expériences mystiques comme des espèces de « coup de foudre ». Tout comme dans le texte cité, certains peuvent mieux les gérer, et même trouver une façon d'exploiter créativement les sentiments ressentis, mais d'autres peuvent aussi s'égarer. Tout comme celui qui vit un coup de foudre peu profiter simplement de l'instant et de l'extase ou alors interpréter et se mettre à croire aux « âmes soeurs » et au destin, etc. Il m'est évident que si nous sommes relativement équilibrés, expérimenter un sentiment « d'unité avec le tout » peut tout à fait nous être bénéfique personnellement, si ce n'est que pour nous rendre « meilleur » et plus empathique, P. Ex., mais je crois que c'est une erreur d'y voir autre chose ou la manifestation de trucs paranormaux. Si cela peut en aider certains à les rendre plus ouvert et plus créatif (ou plus heureux), tant mieux, mais au-delà de cela, cela n'apporte pas vraiment d'autres sortes de connaissances qui soient exploitables. Sinon, depuis que le monde est monde, il y a longtemps que ceux qui expérimentent ce genre d'état auraient fourni des réponses à des problèmes concrets. Cela serait manifeste. Manifestement, dans le meilleur des cas, les expériences mystiques sont utiles uniquement pour ceux qui les vivent et ce qu'il est possible d'en retirer n'est pas partageable puisque c'est trop singulier et personnel. Mais, malheureusement, dans d'autres cas, certains se mettent à interpréter, à développer des croyances et à convaincre d'autres personnes au sujet de « vérités » (avec tous les dangers et conséquences que ça peut comporter).
*Courts extraits (aux fins de critique seulement) de : Louis Bourbonnais, « Éléments psychologiques de l’expérience mystique », Travail effectué dans le cadre du cours PSY-3046 (psychologie de la conscience) (hiver 2000), Université de Montréal, Département de psychologie.
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Sinon, Babel, lorsque vous utilisez un texte, vous devriez vous contenter de faire comme je l'ai fait (courts extraits). Voici ce qui s'applique ici, au Canada (et donc pour ce forum).
Source : Extrait le 8 juin 2012 du
site de l'Université de Montréal
Droit d'auteur (applicable au Canada)
Utilisation équitable
La Loi sur le droit d'auteur prévoit que, dans certaines circonstances, l’utilisation d’une œuvre ne constitue pas une violation du droit d’auteur. L'utilisation équitable compte parmi ces exceptions. Elle a pour effet de dispenser l’utilisateur de devoir obtenir l’autorisation d’utiliser une œuvre protégée ou de devoir payer des redevances.
Cette exception s'avère particulièrement importante pour la communauté universitaire, à savoir les enseignants, les chercheurs, les étudiants et les employés des bibliothèques.
1) L’utilisation doit être faite dans l’un des contextes suivants définis dans la loi:
- l’étude privée;
la recherche;
l'éducation (nouveau en 2012);
la parodie ou la satire (nouveau en 2012);
la critique;
le compte rendu;
la communication des nouvelles.
2) L’utilisation doit être « équitable ». Cependant, la loi ne définit pas ce qui est « équitable ». Ce sont donc les tribunaux qui ont élaboré les critères permettant d’évaluer le caractère équitable ou non d’une utilisation.
Ces critères sont :
- le but, la nature et l’ampleur de l’utilisation;
l'existence ou non de solutions de rechange;
la nature de l’œuvre utilisée;
les effets de l’utilisation sur l’œuvre;
le respect des droits moraux.
L.R., 1985, ch. C-42 (articles 29-29.2)
Une utilisation non-commerciale est-elle nécessairement équitable?
Non. La reproduction et la diffusion non commerciales ne sont pas nécessairement équitables. Pour qu'une utilisation soit considérée équitable, elle doit nécessairement répondre aux critères mentionnés ci-dessus. Les droits d’un auteur sont protégés quelle que soit la nature d’une utilisation, la logique étant que la reproduction et la diffusion non commerciales peuvent aussi nuire au marché d'un ouvrage. Pour reproduire ou diffuser une œuvre protégée, vous devez obtenir la permission des détenteurs des droits même si votre utilisation est non commerciale, à moins que l'utilisation prévue soit permise (voir onglet «
Puis-je utiliser? »).
Outre l'utilisation équitable, la Loi sur le droit d’auteur prévoit par ailleurs d’autres exceptions (voir sections suivantes).
1. Arrêts de principe de la Cour suprême du Canada sur la notion d'utilisation équitable
CCH Canadienne Ltée c. Barreau du Haut-Canada, 2004 CSC 13, [2004] 1 R.C.S. 339;
Dans cette décision, la Cour suprême adopte une interprétation large du mot « recherche » afin que les droits des utilisateurs ne soient pas indûment restreints: la recherche ne se limite pas à celle effectuée dans un contexte non commercial ou privé. La Cour établit ensuite les facteurs permettant de déterminer si une utilisation est équitable : le but de l’utilisation, la nature de l’utilisation, l’ampleur de l’utilisation, la nature de l’œuvre, les solutions de rechange à l’utilisation et l’effet de l’utilisation sur l’œuvre. Appliquant ces facteurs aux faits de l'affaire, elle conclut que l’utilisation des œuvres des éditeurs par la bibliothèque du Barreau, dans le cadre du service de photocopie, était axée sur la recherche et équitable.
Alberta (Éducation) c. Canadian Copyright Licensing Agency (Access Copyright), 2012 CSC 37;
Dans ce litige, la Cour suprême reprend les critères élaborés dans l'arrêt CCH pour l'analyse du caractère « équitable » d'une utilisation et elle renverse les décisions antérieures rendues dans cette affaire. La Cour considère en effet que les enseignants qui distribuent en classe de courts extraits d'ouvrages protégés bénéficient de l'exception de l'utilisation équitable. Ils n'ont pas à demander la permission du titulaire du droit d'auteur ni à payer de redevances. Cette décision rendue en juillet 2012 est fondée sur la version de la loi en vigueur avant la réforme, donc avant même l'inclusion de l'« éducation » comme contexte pouvant donner lieu au bénéfice de l'utilisation équitable.
2. Exemples de politiques et de directives en matière d'utilisation équitable
Certaines organisations et universités ont élaboré des balises pour préciser ce qui, selon eux, représentait une utilisation équitable des œuvres protégées dans le contexte de l’enseignement. En voici quelques exemples :
Lignes directrices sur l'utilisation équitable (Conseil des ministres de l'éducation - Canada)