Mireille...
À la base, la discussion ne portait pas sur la peine de mort mais sur notre façon de juger/considérer les individus, ou sur ce que Nicolas appelait la "nature du fond" des gens, et c'est bien parce que vous aviez une approche purement manichéenne de cette "nature" (au point même de vouloir faire bruler des gens pendant un milliers d'années) sans aucune considération pour la complexité du genre humain que j'ai réagi, mais vous ne m'avez toujours pas répondu à ce propos.
Je me demande ce qu'il vous a fait ce poisson pour que vous vous obstiniez à vouloir le tuer ?
Mireille a écrit :Je voulais aussi te demander qu'est ce que tu entends par des croyances monothéistes sur ce sujet.
J'entends celles qui divisent le monde entre le bien et la mal. Croire au paradis et à l'enfer (ou à ce qui s'en rapproche), c'est comme regarder le monde avec un prisme déformant planté dans la figure, ça ne mène à rien, si ce n'est à toujours plus d'orgueil et de haine.
Mireille a écrit :Moi tu vois de la façon dont je fais le calcul, je préfère voir mourrir celui qui tue en étant conscient de ses actes que de compter ses victimes qui eux ou elles n'ont pas demandés à mourir.
Moi aussi, sauf que vous ne faites que présenter un faux dilemme de façon un peu élaborer comme si la seule alternative à la peine de mort était de laisser les psychopathes continuer leurs crimes en toute liberté. Je ne sais pas comment fonctionne précisément la justice, mais je sais qu'on ne libère pas un criminel sans surveillance et sans une évaluation psychiatrique préalable, en tout cas pour les cas les plus lourds, mais ça, c'est le rôle des médecins et des psychiatres que de dire si un individu est stable ou non, pas à nous.
Dans les faits, les risques de récidive concernent les meurtres ou les viols sont de l'ordre de 3% environ (beaucoup moins que les autres crimes, moins graves), mais peut-être estimez-vous qu'il ne faille prendre aucun risque ?
Mireille a écrit :On s'inquiète d'assurer tous les droits au prisonnier mais les victimes elles quelles droit elle ont eût.
Protéger les victimes et leurs familles, étaient-ce là vos réelles intentions quand vous disiez vouloir faire bruler les criminels en enfer ? Non (et j'appréciais que vous vous justifiez enfin à ce propos) alors votre tentative de m'apitoyer en invoquant le droit des victimes me passe quelque peu au-dessus.
Que faites vous du droit des familles des criminels ? Eux aussi on les priverait d'un être cher si on rétablissait la peine de mort, mais avec l'aval de la société. Autrement dit, on remplacerait une injustice par une autre comme si la société estimait que l'une était plus acceptable que l'autre, ce qui est parfaitement arbitraire. Et ça, c'est sans compter le fait que je trouve plutôt injuste l'idée qu'un meurtre soit vu comme moins grave qu'un autre sous prétexte qu'une victime n'a aucun proche pour pleurer son sort, ça reviendrait à faire des laissés-pour-compte des sortes de sous-citoyens avec une moindre reconnaissance que les autres aux yeux de la justice (en plus d'en faire des cibles privilégiés pour les cinglés). C'est parfaitement odieux, et pas très égalitaire.
De toute façon, j'estime que les victimes, et encore moins les familles des victimes - qu'elles soient pour ou contre la peine de mort, la torture ou que sais-je - n'ont pas a décider du sort d'un criminel, ou en tout cas pas plus que n'importe qui. Ce n'est pas pour autant qu'il faille négliger les victimes. J'évoquais plus haut l'idée que la société devait assumer ses "ratés" mais c'est valable aussi pour ses victimes qu'il convient de prendre en charge.
Bref, il ne s'agit pas de favoriser les criminels en dépit des victimes comme s'il fallait choisir entre l'un ou l'autre, mais de protéger les criminels de ceux qui, comme vous, ne leur reconnaissent aucun droit. Ça fait une nette différence.
Mireille a écrit :Que penses-tu de ces types qui ont tués dans le désert devant les caméras des journalistes, penses-tu que la peine de mort dans leurs cas ne serait pas envisageable ?
Vous connaissez déjà ma réponse.