Salut Mireille,
Mireille a écrit : Une fondation est dépendante des dons qu'elle reçoit, mais ça n'enlève pas tout le bien qu'elle peut faire.
Et tout le bien que peut faire une fondation n'ajoute pas le poids d'une plume à la recherche de la vérité. Les fondations chrétiens, par exemple, ont parfois fait des merveilles. Ça n'ajoute rien aux preuves de l'existence de Dieu...
Mireille a écrit : Plutôt que de t'attarder sur le fait que c'est une fondation, ce que tu aurais dû à mon avis regarder c'était plutôt toutes les références données en bas de leur page avec bon nombre d'études et de statistiques qui démontre ce que tu avais tort d'affirmer.
Tu as manqué quelques discussions sur la violence conjugale sur d'autres fenêtres de notre forum.
Celles-ci par exemple!
Sur les sites homéopathes, tu trouveras souvent des pages dédiées aux «recherches scientifiques» (SIC) qui démontrent l'efficacité de l'homéopathie. Ils y publient une longue liste de titres d'articles qui vont dans le sens de leurs illusoires dilutions. Sur les sites antivaccins, c'est la même chose. Sur certains sites dédiés au paranormal, aussi, tu trouveras parfois ce genre de listes. Même les sites négationnistes ou antisémites pourraient faire de même. En fait, sur les vieilles questions controversées, il y a toujours moyen de trouver des gens qui ont publié quelque chose qui va dans le sens de ta croyance, fut-elle le pire de mensonge.
La science, ça ne marche pas comme ça. Une longue liste de publications ne prouve pas grand-chose si les publications sont tirées de sources qui véhiculent le même biais.
Comment alors s'y retrouver, me demanderas-tu? C'est la bonne question, même si la réponse n'est pas facile.
Dans le cas de controverses, j'utilise le procédé suivant (qui n'est pas parfait):
1- Je commence par lire les revues de littérature les plus récentes;
2- Je départage les auteurs principaux en trois groupes (Pour AAA, Contre AAA et Non partisans)
3- Je cerne leurs principaux arguments;
4- Je vais ensuite lire les textes sources (les recherches empiriques de base) pour vérifier leur méthodologie;
Quel que soit son camp, un auteur qui exploite des statiques inventées, des sophismes ou des arguments circulaires perd des points. S'il n'utilise que ça, il est disqualifié.
Lorsqu'un auteur exploite des statistiques reconnues comme non fiables pour mesurer XXX comme si elles étaient fiables pour mesurer XXX, il perd des points. S'il n'utilise que ça, il est disqualifié.
J'ai expliqué mes autres critères dans d'autres discussions sur ce forum.
À la fin du procédé, il ne reste plus grand-chose, je te l'assure. C'est, par contre, très long à faire (± 3 ans). Lorsque je m'y consacre, je me fais une opinion indépendante. Je ne deviens pas un "spécialiste", mias je suis généralement capable de publier moi-même, à mon tour, une revue de littérature ou un article de vulgarisation. Je l'ai fait pour l'homéopathie, pour la recherche pharmacologique, pour la schizophrénie, pour la dépression post-partum, pour la violence conjugale et, plus récemment, pour l'homoparentalité (avec un mérite très inégal, je le confesse).
Dans le cas de la violence conjugale, il faut (au minimum) savoir que:
«Problèmes de mesure
La prévalence et le partage par genres de la violence conjugale au sein d’une population sont difficiles à évaluer parce que les instruments de mesure ne sont pas équivalents et que «des variations méthodologiques en apparence anodines exercent un effet important sur les réponses des participants» 4 et conséquemment sur la mesure.
Les enquêtes sur la violence conjugale se font généralement au moyen de statistiques policières et d'enquêtes de victimation ; ces différentes méthodes peuvent engendrer des résultats divergents.
• A) Statistiques policières
Les statistiques policières, souvent utilisées, fournissent une image partielle du phénomène puisqu’elles ne compilent que des formes "criminelles" de la violence conjugale et parce que tous les crimes violents ne sont pas rapportés à la police 5. Au Canada, par exemple, l’Enquête sociale générale de 2009 montre que seulement 22 % des victimes de violence physique ou sexuelle de la part d’un conjoint ont déclaré l'avoir rapporté à la police 6,7.
Par ailleurs, non seulement les statistiques policières sous-estiment la prévalence des actes, mais elles provoquent une distorsion dans le tableau de partage des genres. Au Canada, l'ESG 2009 montre que «les victimes de sexe féminin étaient environ trois fois plus susceptibles que les victimes de sexe masculin de dire qu’elles avaient signalé l’incident à la police (23 % par rapport à 7 %)» 8. Les statistiques policières ont donc tendance à sous-représenter la violence conjugale subie par les hommes.
• B) Enquêtes populationnelles à question ouverte
Les enquêtes populationnelles sont des enquêtes conduites à l'aide de questionnaires auprès d'échantillons probabilistes représentant (en principe) une population définie. Ces enquêtes sont dites à "question ouverte" (single question threshold approach) lorsque l'évaluation repose sur une seule (ou un très petit nombre) question d’ordre général sur des «actes de violence », des « agressions » ou des « mauvais traitements » subis.
Ces enquêtes donnent déjà une mesure plus juste de la prévalence parce que les personnes interrogées ne se limitent pas aux personnes ayant signalé des incidents à la police. Elles sont cependant dénoncées par bien des auteurs9,10 qui constatent que les définitions de ce qu'est une «agression» ou un «abus» sont subjectives et peuvent donc varier d’une culture à l’autre, d'un sous-groupe à l'autre dans une culture et même entre les individus d'un même sous-groupe.
• C) Enquêtes populationnelles à questions fermées
Les enquêtes populationnelles à questions fermées sont également conduites à l'aide de questionnaires auprès d'échantillons probabilistes représentant une population définie, mais les questionnaires sont composés de questions spécifiques et précises sur des actions objectives ce qui laisse beaucoup moins de place à la définition subjective de chaque individu quant à ce qui constitue un acte de violence ou non.
Les enquêtes populationnelles à questions fermées offrent donc de meilleurs avantages que celles à question ouverte en ce qui regarde la validité. Elles neutralisent en grande partie les distorsions dans le partage des genres.
«Comme le souligne Hamby, des questions formulées en faisant référence à des conduites spécifiques sont de plus en plus adoptées, de préférence à des questions générales sur les « agressions » ou sur la « violence » (Hamby, 2005 : 731). Dans des conférences organisées sous l’égide des Nations unies ou dans des rapports de recherche publiés par ses agences, de même que dans des rapports d’autres organismes internationaux, des experts de divers pays (Garcia-Moreno, Jansen, Ellsberg, Heise et Watts, 2005 : 13-14; Johnson, 2005 : 6; Kishor, 2005 : 4-5; Kishor et Johnson, 2004 : 4-5) ont eux aussi souligné les avantages de l’approche des CTS, qui reposent sur l’emploi d’une liste de comportements ou d’actions spécifiques pour dépister et identifier les victimes de violence, par opposition à une évaluation de type cognitif qui repose sur une seule question d’ordre général sur la « violence » ou les « mauvais traitements » subis, approche que ces experts internationaux désignent par l’expression single question threshold approach. » (Laroche 2007, page 14)»
« Dans les temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire. » George Orwell