yquemener a écrit : Du coup, la conscience semble bien être programmable (perso je préfère parler juste de l'intelligence, la conscience me semblant être un artefact de cette dernière)
Il existe un concept essayant d'englober les deux, que nous appelons « pensée ».
Cela ne nous éclaire pas beaucoup.
La notion de pensée est attractive, mais ne semble pas quantifiable, ni mesurable.
On attribue en revanche cette qualité à l'intelligence.
La conscience elle-même est souvent présentée comme relative.
Mais l'intelligence précède-t-elle la conscience, ou est-ce l'inverse ?
La notion même de « conscience » est déjà difficile à définir, car il faut faire appel à des concepts qui eux-même se définissent par la conscience.
Un peu d'ailleurs comme
l'espace, et
le temps, dont la quête nous renvoie à un discours en boucle.
C'est le cas au demeurant pour d'autres réalités apparemment moins transcendantes, et qui ne sembleraient pas devoir interpeller la métaphysique.
Mais essayez, par exemple, de définir « électricité » sans utiliser le mot « électrique ».
Ceci nous ramène d'ailleurs à nos machines.
Pensantes ? Conscientes ? Intelligentes ?
Vaste débat. En s'en tenant à l'intelligence, et pour rester dans les généralités, on peut envisager par exemple que :
- Si l'on décrit l'intelligence comme étant l'aptitude à résoudre des problèmes,
elle est donc tributaire de la capacité à se poser des questions.
Pour un ordinateur, cette capacité devrait rester logiquement limitée aux exigences de sa programmation.
- Si l'on retient plutôt une conception de l'intelligence comme étant
la capacité à traiter l'information pour atteindre des objectifs,
elle dépend dans ce cas de l'aptitude à définir des objectifs.
Or, un ordinateur ne peut avoir d'autres intentions que celles de ses programmeurs.
- Mais si l'intelligence est plus globalement la faculté de découvrir et comprendre les relations entre les choses,
le problème se pose autrement : il ne s'agit plus de savoir jusqu'où pourraient être élargies les capacités d'un
ordinateur, mais plutôt comment en définir les limites.
En effet, il y a une infinité de faits susceptibles d'être mis en corrélations les uns avec les autres.
Tous les faits, en réalité, a priori.
L'intelligence, alors, c'est d'abord de savoir définir les priorités, et choisir les champs d'application de nos réflexions.
Pour un ordinateur, ce choix est imposé par l'homme, faute de quoi la machine s'engloutirait dans des calculs sans fin.
Ainsi, les robots, tels que nous pouvons les concevoir aujourd'hui, semblent voués à n'être que des sortes de relais à notre propre intelligence.
Le Fauve a écrit :La révolte implique beaucoup de chose, notamment une conscience de soi
Il est difficile en effet, ainsi que le suggère aussi
kestaencordi en évoquant le test de Turing, ou
steph, en se référant aux neurosciences, d'envisager des machines concurrençant l'homme, ou devenant simplement des partenaires dignes de ce nom, tant que celles-ci seront dépourvues de conscience.
Mais, selon le postulat matérialiste, rien n'interdit qu'une telle chose advienne.
L'ordinateur pourrait alors se passer de nous pour se poser des questions, choisir des priorités, et définir ses propres objectifs.
Mais le ferait-il, et dans quel but ?
Si l'on observe le vivant, par exemple, on constate une propension des espèces, selon la définition communément admise, à « croître et multiplier ».
En considérant les individus des formes supérieures, on met aussi en évidence un ensemble de comportements qui peuvent se résumer en
une quête permanente de sensations et d'émotions, dans une dynamique expérientielle qui semble sans fin.
Dans une approche globale, on pourrait alors définir la vie comme étant moins une simple
pulsion à l'existence, qu'une sorte d'
aspiration à exister toujours davantage, ou plus exactement
à exister toujours différemment.
La biosphère semble appliquer un principe qui s'impose à peu près à tout ce que nous connaissons, y compris, malgré son nom, à « la matière inerte » : la loi du changement (chère aux
philosophes grecs comme aux
sages orientaux, aux
physiciens comme aux
sociologues, et bien sûr aux
psychologues).
L'évolution, finalement, ne serait donc pas, dans son fondement, une théorie concernant seulement les organismes vivant, mais, sous une forme ou une autre, tout ce qui existe.
Des ordinateurs devenu conscients se retrouveraient-ils donc, eux aussi, mus par cette sorte d'impulsion fondamentale ?
Être conscient, c'est vouloir. Encore faut-il avoir quelque-chose à vouloir.
Logiquement, un ordinateur conscient devrait souhaiter, comme tout le monde, continuer à exister.
Mais l'homme qui l'aura conçut, prévoira sans doute le moyen de le « neutraliser ».
D'où peut-être des situations délicates…
Les machines pensantes sont censées finir par nous dominer, car leur efficacité ne serait pas perturbée par les émotions.
Nous ne savons guère ce qu'est la conscience, mais nous identifions des réactions physiologiques liées aux émotions.
Nous rêvons d'ailleurs de recréer des phénomènes semblables dans des machines.
Est-ce que la conscience pourrait être le résultat de tels stimuli ?
Nous avons tendance spontanément à voir une relation entre « conscience » et « intelligence ».
Mais peut-être que le lien essentiel est entre « conscience » et « émotion ».
Cela, d'ailleurs, expliquerait un certains nombres de choses. Les comportements par exemple…
Il faudrait alors distinguer les causes des effets.
Les émotions, en effet, pourraient être des attributs ou propriétés de la conscience, des réactions de celle-ci, et non les phénomènes la suscitant.
Dans ce cas, ce seraient les sentiments qui pourraient apparaître spontanément dans des machines rendues ou devenues conscientes, et non l'inverse.
Quoiqu'il en soit, peut-on espérer que les machines se mettent alors à éprouver, par exemple, de l'empathie ?
Ces ordinateurs du futur seront-ils alors vraiment infaillibles, et soucieux des nécessités globales,
ou pourraient-ils céder, comme nous le faisons, à la tentation de satisfaire des désirs individuels et à court terme?
Y aura-t-il des machines idéalistes et d'autres avides, des patientes et des colériques, des mégalomanes et des modestes, etc. ?
Connaitront-elles comme nous la diversité des caractères et des ambitions ?
Pour l'instant, en tout cas, la supériorité du genre humain n'est pas remise en question.
Pourtant, à l'heure où nous nous demandons si les machines parviendront un jour à nous dominer…
beaucoup s'inquiètent du pouvoir qu'elles ont déjà sur nous.
Dans les histoires de science fiction, des héros viennent mettre fin à la tyrannie des machines.
Alors peut-être, finalement, qu'un tel libérateur serait déjà le bienvenu…