libre arbitre et neuroscience... Bulshit !?

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Dave
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Re: libre arbitre et neuroscience... Bulshit !?

#176

Message par Dave » 14 sept. 2015, 09:52

Mireille a écrit :Il n’en reste pas moins que ce raisonnement appuie fortement l’idée que quelque chose de notre conscience survit après la mort.
J'avoue que ça paraît être le cas. Mais, je vous assure à tous, ce raisonnement (peut-être en partie circulaire, je l'admets) n'était pas fait dans le but de faire augmenter la probabilité de vraisemblance du principe de la « conscience éternelle », mais seulement dans le but de montrer qu'il n'est pas nécessairement une impossibilité (logique, philosophique). Tu vois la nuance? De plus, ce principe n'est pas une chose « issue de » notre conscience actuelle qui survivrait à notre mort (ce n'est pas ce que je dis). C'est plutôt le principe même de la conscience éternelle (intemporelle) qui permettrait indéfiniment de nouvelles formes de « moi » (sans la nécessité d'un lien direct ou continuel avec un « moi » précédent). Une forme de conscience naissante (émergente) correspondra éventuellement à « toi » (aléatoirement). Ça se produira peut-être dans mille ans. Cela importe peu, puisque, le temps que « toi » est absent, cela correspond au néant qui, par définition, serait ce qui n'existe pas. Moins nous serions conscients, plus la durée psychologique serait petite.

Encore là, j'essaie juste de montrer que cette façon d'envisager la conscience est possible logiquement, mais qu'il est impossible de démontrer objectivement une quelconque probabilité d'existence en sa faveur (ou en sa défaveur). Personnellement, je ne vois que deux possibilités : celle que j'ai exprimée (le fait qu'il y a « toujours » quelque chose) ou l'éventuel néant absolu. Ce dernier n'est pas davantage corroboré par la science, car la conscience (actuellement, du moins) n'est toujours pas, par définition, un concept scientifique. De plus, je ne vois aucune utilité au concept de néant, mis à part le fait d'être subjectivement réconfortant. Le néant signifie enfin le fantasme de l'absence de toute souffrance (potentielle). Je ne fais que partager une vision du monde avec vous tous. Je ne cherche pas à convaincre quiconque.
Ce que tu dis ci-haut, je l'ai pensé et entretenu toute ma vie, je crois. Ma question est qu’est-ce que ça peut nous donner d’entretenir ce type de croyances?
Pour moi, il s'agit toujours de comprendre les choses à la base, et de ne pas entretenir une croyance pour elle-même. Personnellement, je trouve que cette idée fait ouvrir un tas de possibilités inenvisageable autrement. Ça permet de mieux penser l'unité (le monisme) de l'univers, de comprendre l'importance de l'équilibre, de la responsabilité, de l'illusion de l'égocentrisme individuel, etc. Toujours philosophiquement, ça permet d'obéir au principe de précaution. La conscience éternelle n'est pas vraiment une bonne nouvelle. Tu comprends? Elle nous fait réaliser l'importance de « régler » (indéfiniment) rapidement tous les problèmes globaux (pour faire diminuer les chances de les vivre ou revivre) qui se présentent à nous. Pour moi, c'est actuellement une évidence. En fait, j'ai déjà, plusieurs fois, répondu (en profondeur) à ta question qui, elle, demeure d'une extrême pertinence. Je t'invite à aller revoir certaines enfilades.
Mireille a écrit :
Dave a écrit :La science possède bel et bien des limites. La réalité scientifique n'est sûrement pas la réalité totale.
Qu’y aurait-il d’autre que ce que la science peut produire de connaissances pour expliquer la réalité à notre portée?
Je ne comprends pas très bien la pertinence de la question. La science ne sert pas vraiment à « expliquer » la réalité, elle sert idéalement à faire des prédictions. L'explication scientifique ne sera probablement jamais vraie. L'explication philosophique ne sera probablement jamais vraie également. L'explication demeure une interprétation en partie subjective de la réalité. Unir le mieux possible les deux formes d'explications (toujours en bien les distinguant) est une bonne chose à faire pour une évolution, espérons-le, meilleure. Même des œuvres littéraires, à la limite, peuvent être une forme d'explication du monde.

Il faut comprendre que toute explication est toujours limitée et conditionnée par ce que nous pouvons concevoir et ressentir. Comprenant la fatale incomplétude de la condition humaine, que doit-on faire? Être libre? Être libre de tout dogmatisme, libre de besoins matériels artificiels, avoir une disponibilité à autrui, être attentif à ce qui se passe et à notre façon d'être, lire abondamment, etc. La recherche d'une explication ultime est une fausse sécurité; il n'y en a pas. Il faut chercher de manière désintéressée, sans accorder d'importance à cet objectif idéalisé et en trouvant un plaisir dans la seule découverte de nouvelles choses. Sans forcément s'y résigner, il faut, selon moi, accepter que l'humain limité et borné que nous sommes n'ait pas accès à l'infini absolu qui serait la source de la réponse à toutes nos questions. C'est un peu ça, aussi, l'humilité.
Qu’est-ce qu’une créativité fondamentale?
Pour moi, c'est la supposition que, à la base, l'univers n'aurait aucune invariance, qu'il serait toujours « nouveau », changeant. Cette fois encore, ce n'était que pour donner un autre exemple de proposition infalsifiable. La science est une activité qui a comme principal objectif de trouver des invariants (lois, constantes, principes, etc.) à travers le changement. On dira alors que ce changement n'est qu'un changement apparent (une modification) d'une loi qui, elle, on le suppose, ne change pas. L'existence réelle de ces lois éternelles pouvant être indéfiniment élargies est une hypothèse (infalsifiable) très utile en science, d'autant plus qu'elles permettent le respect du principe de conservation de l'énergie qui, à une échelle très large, a toujours été vérifié.

J'associe (d'une manière très spéculative et personnelle; car un univers infini pourrait, je crois, être une spéculation suffisante) cette créativité fondamentale (intelligente) à la possibilité, pour l'univers, de trouver toujours un moins grand malheur. Selon moi, dans l'univers monisme (unifié à lui-même), si je souffre, alors une partie de l'univers souffre d'une certaine façon (surement très différente). Ce qui amène à postuler (si ce n'est pas déjà fait) un principe complémentaire au principe de précaution. Ce principe complémentaire est une façon d'exprimer l'espoir, en quelque sorte, mais surtout une façon optimiste et saine de penser la réalité. Ça, j'en ai aussi déjà parlé, chère Mireille.
Pourrais-tu me donner un exemple d'un concept métaphysique qui pourrait être pratiquement scientifique et utile?
J'en avais déjà donné un en exemple il y a un certain temps déjà. Je ne m'en souviens plus, car c'était relié à la recherche fondamentale en physique des particules et ce domaine est beaucoup trop compliqué pour mon petit cerveau. Il y a certaines théories métaphysiques très près de théories physiques (scientifiques) en ce sens qu'une petite modification (la technologie, ou la petite étincelle d'inspiration qui manquait pour le génie, si j'ose dire) de la théorie (ce n'est plus la même à ce moment-là) la rendra enfin réfutable, ce qui est l'un des objectifs de la science. Tôt ou tard, les découvertes scientifiques (même pointues) seront presque à coup sûr utiles.

Philosophie et science vont de pair. Par ailleurs, la philosophie a aussi, historiquement (avec la science bien sûr), permis une érosion bénéfique de systèmes religieux qui, selon moi, emprisonnent l'humain (qui devient de seconde main, un esclave pour des dirigeants) dans un dogmatisme abrutissant.

Aussi, pour revenir à ta question, je pensais aux expériences de pensée entre Einstein et Bohr qui, progressivement, ont permis, en partie, d'établir une théorie réfutable en ce qui concerne l'existence de variables cachées locales. Je pense qu'avec un peu de recherche, tu pourras trouver d'autres exemples (plus simples). Pour l'instant, rien d'autre ne me vient en tête.
Quel rapport fais-tu entre la « conscience éternelle » et l'éthique?
Je considère que c'est la même question que celle que tu m'as posée au début de ton message. J'y ai déjà répondu. Grosso modo, le « moi », étant une notion paradoxale, permet de penser qu'il y a une partie de moi en l'autre et, inversement, qu'il y a une partie de l'autre en moi. Si je ne pense qu'à mon bonheur individuel, j'oublie que mon environnement est aussi une partie de moi (lié à moi). Si le principe du « moi » éternel est vrai, alors je pourrai bien être celui qui naitra dans l'environnement que je n'ai pas su bien entretenir (dans une autre forme de « moi ») auparavant. Ce cas particulier semble peu probable, mais doit malheureusement être envisagé, selon moi, car il touche au principe de précaution (surtout dans l'idée d'une existence éternelle ou intemporelle).

Ainsi, l'idée éthique est envisagée ici comme étant l'extension indéfinie de l'égo qui le dilue par le fait même (et pas comme une extension qui le ferait « gonfler »). C'est la « compréhension » de faire partie d'un tout indissociable. Tout ce que je peux percevoir et ressentir est lié à moi, d'une certaine façon. Aider mon prochain (à être libre), c'est m'aider en même temps (à long terme), car mon prochain est une partie de moi. Encore une fois, surtout, ne perds pas de vue que je ne fais que partager ma vision cohérente (pour moi) des choses avec toi. Je ne voudrais pas que tu m'accuses d'essayer de te convaincre de l'adopter. C'est à toi de voir si tout cela a du sens, évidemment. Si tu y trouves une terrible contradiction, je compte sur toi pour me le faire savoir.
Où as-tu lu que la conscience était une totale illusion?
Certains membres ici semblent le croire. C'est l'idée de la conscience en tant qu'épiphénomène. Autrement dit, c'est la supposition que même s'il n'y avait pas de conscience, tout se déroulerait exactement de la même façon, puisque les lois et les conditions de la Nature seraient exactement les mêmes. Encore là, c'est une idée infalsifiable. Mais, elle me semble, personnellement, inutile (voire contradictoire) dans la vie quotidienne. Par contre, scientifiquement, cette idée a le mérite de régler le problème de l'explication ou de la définition de la conscience (forcément ici individuelle).

La conscience est, par essence, subjectivité. On peut voir la subjectivité comme une vue partielle, sensible ou personnelle du monde. En ce sens, elle exprime forcément une forme d'illusion qui serait toujours plus ou moins présente, bien que ça n'oblige aucunement à la penser comme étant « complètement » illusoire. C'est cette subjectivité intrinsèque qui empêcherait toute possibilité de définition parfaitement (ou suffisamment) objective de la conscience. Cette impossibilité d'objectivité peut faire penser à certaines personnes que la conscience n'est qu'une illusion. Mais, je dis que cette pensée-là est probablement illusoire.



Amicalement.

Dave
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Re: libre arbitre et neuroscience... Bulshit !?

#177

Message par Dave » 14 sept. 2015, 10:39

Bonjour Lulu Cypher!



J'aurais aimé que tu précises davantage ta position, car soit c'est moi, soit c'est toi qui es dans l'erreur. La bonne réponse est importante à savoir, je pense.



Je vais donner un exemple simple cette fois-ci.


Par exemple, la proposition « tous les humains ne sont pas éternels » est irréfutable (toujours dans le sens de Popper), puisqu'il faudrait attendre un temps infini pour réfuter cette proposition. Ce n'est donc pas une proposition scientifique.

Peut-être avec une technologie inimaginable (blindage théoriquement à toute épreuve, prévision parfaite des dangers proches, rafraîchissement du sentiment de nouveauté, accès immédiat à toute quantité d'énergie désirée ou nécessaire, etc.), un jour lointain, un humain particulier aura le sentiment de la certitude d'être éternel, puisqu'il vivra depuis dix-mille ans (disons). Mais, on ne pourra jamais constater qu'il soit vraiment éternel, car tout nombre (fini) réel n'est rien (en proportion) par rapport à l'infini. On ne peut pas observer l'éternité. Elle n'est pas une notion scientifique même si celle-ci est pourtant « compréhensible ».

Je suppose, dans le cadre d'une théorie, pour mieux définir le concept de l'« humain », que celui-ci demeure un humain lorsqu'il est issu d'un autre humain (par définition), et ce, même si des tendances irréversibles le font modifier progressivement dans sa forme et son apparence globale à travers les siècles (évolution) et qu'ils ne se tuent pas entre eux comme activité principale.

Est-ce que le fait de constater que « tous les humains qui sont morts n'ont pas vécu plus de 130 ans » (ou tout autre découverte scientifique) permet d'augmenter la probabilité de vraisemblance de la proposition en question? Est-ce que le fait d'observer scientifiquement des changements majeurs un peu partout (et dans l'univers) fait augmenter cette probabilité? Je ne le crois pas. Si, par définition, la notion d'« éternité » ne sera jamais une notion scientifique pour nous qui avons un commencement (ce qui est raisonnable de croire ou de prendre pour acquis), comment peut-on démontrer que des découvertes scientifiques peuvent avoir une influence objective sur cette probabilité sachant qu'elles ne peuvent que corroborer la proposition?

Je sais, c'est contre-intuitif, et je peux me tromper. Mais, logiquement, me tromper me semble encore moins envisageable (pour l'instant, du moins). En tout cas, je cherche vraiment en quoi j'aurais tort et je n'arrive pas à le voir.


En fait, il est difficile d'extrapoler (parfaitement) ce qui arrivera dans le futur et un événement tout à fait inattendu peut survenir à tout moment. Ainsi, au contraire, logiquement, n'est-ce pas uniquement le raisonnement logique, le travail philosophique, l'imagination et la simple observation libre de notre compréhension de la mortalité (sans l'aide de l'expérience et de la découverte scientifique) qui permettent de donner une probabilité (extrêmement près de 100 %, d'après moi) « subjective » de véracité à la proposition (selon une définition supposée et précisée de l'humain)?


On pourrait, par exemple, trouver une incompatibilité logique entre une quelconque forme fixée (dans une définition), mouvante (dans la réalité) et délimitée et la probabilité infime qu'elle persiste éternellement. L'univers est-il toujours changeant? Philosophiquement, on peut le penser. À l'exception de l'univers lui-même, peut-il y avoir un objet éternel? Existe-t-il une contradiction (potentiellement) fatale à l'intérieur même du concept d'éternité? L'éternité, c'est plus que long, c'est infini. Ce qui a un début a-t-il forcément une fin? Le temps lui-même a-t-il une fin? Etc.


Est-ce que tu comprends où je veux en venir?



Par ailleurs, Popper a lui-même reconnu l'utilité essentielle du questionnement (du développement) métaphysique pour l'activité scientifique. La théorie doit former un ensemble cohérent de propositions compréhensibles et une seule de ces propositions doit être réfutable pour que la théorie soit réfutable.

Quand je lis que les « jeux » intellectuels ne sont pas utiles, car ils ne sont prétendument pas ancrés dans la réalité utile et concrète, je trouve que c'est absurde et que ça fait perdre de la crédibilité à ceux qui supportent une telle affirmation. La pensée fait partie de la réalité et bien la former est primordial. L'application utile de la science n'empêche pas de perfectionner ce qu'elle constitue. Les deux vont de pair. La philosophie est un point de départ et fait partie de toute recherche fondamentale. Il ne faudrait pas tomber dans le « piège » du scientisme.

Dave
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Re: libre arbitre et neuroscience... Bulshit !?

#178

Message par Dave » 14 sept. 2015, 10:53

Salut Jean!



Tu dis :
En remplaçant « il ne faut pas utiliser » par « il est préférable d'éviter d'utiliser », je suis 100 % d'accord!
Je crois que tu as raison finalement. Bien que la philosophie et la science soient deux disciplines distinctes, il n'en demeure pas moi qu'il est difficile (voire impossible) de pouvoir séparer complètement les deux disciplines. Il reste toujours un peu de philosophie dans la science et toujours un peu de science dans la philosophie. Ça impliquerait que ta réponse un peu plus nuancée que la mienne serait, en réalité, plus logique que la mienne!

En tout cas, merci pour ces éclairs de lucidité.


Cordialement.

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kestaencordi
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#179

Message par kestaencordi » 14 sept. 2015, 12:29

Dave a écrit : Quand je lis que les « jeux » intellectuels ne sont pas utiles, car ils ne sont prétendument pas ancrés dans la réalité utile et concrète, je trouve que c'est absurde et que ça fait perdre de la crédibilité à ceux qui supportent une telle affirmation. La pensée fait partie de la réalité et bien la former est primordial. L'application utile de la science n'empêche pas de perfectionner ce qu'elle constitue. Les deux vont de pair. La philosophie est un point de départ et fait partie de toute recherche fondamentale. Il ne faudrait pas tomber dans le « piège » du scientisme.

faudrait pas oublier que la discussion part du libre arbitre vu pas les neurosciences.

en quoi les jeux intellectuels qui place en le vivant un libre arbitre d'origine métaphysique sert la science?

en quoi une idée si peu vraisemblable peut être utile au neurosciences?
Victoriae mundis et mundis lacrima.
ça ne veut absolument rien dire, mais je trouve que c’est assez dans le ton.

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#180

Message par kestaencordi » 14 sept. 2015, 12:39

Dave a écrit : comment peut-on démontrer que des découvertes scientifiques peuvent avoir une influence objective sur cette probabilité sachant qu'elles ne peuvent que corroborer la proposition?

Je sais, c'est contre-intuitif, et je peux me tromper. Mais, logiquement, me tromper me semble encore moins envisageable (pour l'instant, du moins). En tout cas, je cherche vraiment en quoi j'aurais tort et je n'arrive pas à le voir.
une parfaite connaissance de la génétique.
Il ne faudrait pas tomber dans le « piège » du scientisme.
vous parlez de ca?

''Opinion philosophique, de la fin du XIXe s., qui affirme que la science nous fait connaître la totalité des choses qui existent et que cette connaissance suffit à satisfaire toutes les aspirations humaines. (C'est une forme du positivisme.)''
Victoriae mundis et mundis lacrima.
ça ne veut absolument rien dire, mais je trouve que c’est assez dans le ton.

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Re: libre arbitre et neuroscience... Bulshit !?

#181

Message par Lulu Cypher » 14 sept. 2015, 18:16

Dave a écrit : J'aurais aimé que tu précises davantage ta position, car soit c'est moi, soit c'est toi qui es dans l'erreur. La bonne réponse est importante à savoir, je pense.
Honnêtement je ne pense pas que nous soyons si opposés que ça ... les seul points sur lesquels je m'objecte sont sur l'emploi d'absolu dichotomique dans ta position ... je pense que quelques précisions/nuances pourraient faire converger la théorie et la "réalité" de nos constats.
Dave a écrit : Je vais donner un exemple simple cette fois-ci.
Par exemple, la proposition « tous les humains ne sont pas éternels » est irréfutable (toujours dans le sens de Popper), puisqu'il faudrait attendre un temps infini pour réfuter cette proposition. Ce n'est donc pas une proposition scientifique.
Ah ? Personnellement (mais ça doit être par incompréhension de ma part) tes propositions les plus simples me paraissent ... sujettes à précisions.
j'aurais préféré "Aucun humain n'est éternel" ou "certains humains peuvent être éternels" ... la notion de double négation me provoque toujours un blocage suivi d'une alarme sur le fait qu'on essaye de m'en passer une tite vite ;) ... désolé

Si je pars du principe : "certains humains peuvent naitre et vivre jusqu'à la fin des temps" (puisque par définition, et pour pinailler, on ne peut accoler humain et éternel qui est un état physique indépendant du temps et n’ayant donc ni début, ni fin ... ce qui contredit déjà, ne serait-ce que par la naissance la définition d'éternité).
C'est une proposition infalsifiable nous sommes d'accord qui pour moi a une probabilité d'existence soit de 0% soit de 100%.
Dave a écrit : Si, par définition, la notion d'« éternité » ne sera jamais une notion scientifique pour nous qui avons un commencement (ce qui est raisonnable de croire ou de prendre pour acquis), comment peut-on démontrer que des découvertes scientifiques peuvent avoir une influence objective sur cette probabilité sachant qu'elles ne peuvent que corroborer la proposition?
Le mot "éternité" n'est en effet pas (à ma connaissance) utilisé en science ... le mot infini oui.
En fait le noeud du problème, de notre pseudo différent est de penser que le rôle (ou même l'un des rôles) de la science est de s'attaquer volontairement à notamment toute affirmation infalsifiable.
En fait je pense que la science se fout royalement de l'infalsifiabilité de ce qui ne rentre pas dans son champ d'expertise. Si je fais une analogie à 2 balles je considère la champ des savoirs potentiels comme une surface infinie sur laquelle on voit apparaitre des "plots" correspondant chacun à un fait probant, un résultat de recherche démontré, théories plausibles, modèles, conjectures ... et ce "remplissage" semble (et je pense que d'un point de vue macroscopique c'est vraiment le cas) être effectué au hasard (ou tout du moins selon un modèle chaotique indiscernable du hasard).

Et ce "remplissage" (qui n'est pas que scientifique mais je ne me préoccupe que des découvertes scientifiques puisque c'est une des conditions de ton propos) tombe parfois dans le champ d'une proposition infalsifiable des fois non. Et pour reprendre mon propos :
la science, par ses avancées occupe petit à petit les espaces occupés par les dieux des lacunes. Lorsque toutes les propriétés infalsifiables qui définissent intégralement le Dieu d'une lacune seront remplacées par des faits probants et reproductibles alors la probabilité de l'existence de ce Dieu des lacunes ne sera plus de 0% ou de 100% mais de 0% ce qui me partait être de l'ordre du truisme.
Donc, amha, on se trouve en face des cas suivants :
  • Une découverte (ou somme de découvertes) scientifique(s) peut influer sur la probabilité d'existence d'une proposition irréfutable.
  • Une découverte (ou somme de découvertes) scientifique(s) peut ne pas influer sur la probabilité d'existence d'une proposition irréfutable.
  • Un raisonnement logique étayé ou une théorie plausible non issu de la science peut influer sur la probabilité d'existence d'une proposition irréfutable.
  • Un raisonnement logique étayé ou une théorie plausible non issu de la science peut ne pas influer sur la probabilité d'existence d'une proposition irréfutable.
En fait s'il est impossible de vérifier à la fin des temps la validité de la proposition "certains humains peuvent naitre et vivre jusqu'à la fin des temps", il ne me parait pas fortuit ni impensable de penser et démontrer scientifiquement que tout ce qui existe dans un univers, a priori éternel ne l'est pas. Je ne voudrais pas parler trop de physique (puisque je suis une truffe dans ce domaine) mais il me semble qu'un univers en inflation continue mais possédant une entropie constante ne peut conduire qu'à une modification de ce qui le compose (ce qui fait qu'un composant à priori éternel parait peu plausible) .

Finalement valider la proposition contraire devrait être plus facile

Si je prends l'exemple : "Dieu a créé la vie (car il est impossible que la vie naisse naturellement de l'inerte)" ... a priori proposition infalsifiable
Je peux attaquer sur minimalement suivants 2 angles :
  • Soit attaquer le côté infalsifiable de l'existence de Dieu
  • Soit démontrer que l'on n'a pas besoin de l'hypothèse de Dieu pour démontrer l'apparition de la vie de manière naturelle
Penser que la science privilégie l'une des 2 pistes est à mon avis un piège ... la science cherche juste a savoir comment la vie est apparue POINT ... si au passage elle égratigne l'infalsifiabilité d'une autre proposition tant pis ou tant mieux.
Dave a écrit : Par ailleurs, Popper a lui-même reconnu l'utilité essentielle du questionnement (du développement) métaphysique pour l'activité scientifique. La théorie doit former un ensemble cohérent de propositions compréhensibles et une seule de ces propositions doit être réfutable pour que la théorie soit réfutable.
Quand je lis que les « jeux » intellectuels ne sont pas utiles, car ils ne sont prétendument pas ancrés dans la réalité utile et concrète, je trouve que c'est absurde et que ça fait perdre de la crédibilité à ceux qui supportent une telle affirmation. La pensée fait partie de la réalité et bien la former est primordial. L'application utile de la science n'empêche pas de perfectionner ce qu'elle constitue. Les deux vont de pair. La philosophie est un point de départ et fait partie de toute recherche fondamentale. Il ne faudrait pas tomber dans le « piège » du scientisme.
Si tu m'as mal compris c'est que je me suis surement mal exprimé. Je ne suis pas scientiste.
Dans un premier temps "jeux intellectuel" ne possède visiblement pas pour toi le même sens que pour moi : tu l'entends de manière péjorative ... moi non. Le jeux, dans l'ensemble du règne animal est l'apprentissage de la vie et le jeux intellectuel est celui qui muscle les concepts (une sorte de "méditraction") ... je m'adonne entre autre à de l'analyse rétrograde dont l'application pratique est patente. De même je considère ce forum comme un jeu intellectuel.
La philosophie de manière générale reste pour moi ce que j'ai dit, c'est à dire : l'apprentissage de la pensée et elle contribue par sa propre activité à l'émergence d'hypothèses élargissant l'horizon des connaissances. Elle est donc à ce titre une source ... un point de départ comme tu dis, pour pas mal de domaines. Mais je pourrais tenir des propos à peu près semblables pour l'art, la technologie etc ...
Ce qui m'a par contre toujours dérangé c'est qu'un philosophe (ou un pseudo philosophe ... je généralise hein ... je ne parle pas de toi) puisse "surconsidérer" sa propre activité et les conséquences supposément positives de cette activité par rapport à toutes les autres activités humaines.

Et Dieu dit : « que Darwin soit »
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Les animaux sont moins intolérants que nous : un cochon affamé mangera du musulman (P. Desproges)
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Attention ce post est susceptible (lui-aussi) de contenir des traces d'humour. L'auteur tient à signaler qu'il décline toute responsabilité quant aux conséquences de leurs mésinterprétations.

Mireille

Re: libre arbitre et neuroscience... Bulshit !?

#182

Message par Mireille » 15 sept. 2015, 23:24

Dave a écrit :
Mireille a écrit :Il n’en reste pas moins que ce raisonnement appuie fortement l’idée que quelque chose de notre conscience survit après la mort.
J'avoue que ça paraît être le cas. Mais, je vous assure à tous, ce raisonnement (peut-être en partie circulaire, je l'admets) n'était pas fait dans le but de faire augmenter la probabilité de vraisemblance du principe de la « conscience éternelle », mais seulement dans le but de montrer qu'il n'est pas nécessairement une impossibilité (logique, philosophique). Tu vois la nuance? De plus, ce principe n'est pas une chose « issue de » notre conscience actuelle qui survivrait à notre mort (ce n'est pas ce que je dis). C'est plutôt le principe même de la conscience éternelle (intemporelle) qui permettrait indéfiniment de nouvelles formes de « moi » (sans la nécessité d'un lien direct ou continuel avec un « moi » précédent). Une forme de conscience naissante (émergente) correspondra éventuellement à « toi » (aléatoirement). Ça se produira peut-être dans mille ans. Cela importe peu, puisque, le temps que « toi » est absent, cela correspond au néant qui, par définition, serait ce qui n'existe pas. Moins nous serions conscients, plus la durée psychologique serait petite..
Bonjour Dave,

En fin de compte ce que tu veux dire dans ton premier paragraphe, c'est juste que si l'univers ne s'éteint pas, c'est que quelque chose de nous renaîtra quelque part dans le temps, dans une autre forme. Je ne sais pas si quelque chose peut être entièrement détruit, j'imagine que tout se transforme.

Tu sais, j'aimerais bien que quelque chose de moi, ce qui a pris le plus de plaisir dans cette vie ou était le plus harmonieux, puisse survivre à ma mort. Malheureusement, personne ne sait si une mémoire plus vaste emmagasine ce type d'information. Il y a bien sûr ceux qui disent qu'il existe un champ informationnel dans l'univers, mais il semble que je ne sois pas en mesure de comprendre cela et donc de juger de cette possibilité.

Que voulais-tu dire ici : "Moins nous serions conscients, plus la durée psychologique serait petite"

Dave a écrit :Pour moi, il s'agit toujours de comprendre les choses à la base, et de ne pas entretenir une croyance pour elle-même. Personnellement, je trouve que cette idée fait ouvrir un tas de possibilités inenvisageable autrement. Ça permet de mieux penser l'unité (le monisme) de l'univers, de comprendre l'importance de l'équilibre, de la responsabilité, de l'illusion de l'égocentrisme individuel, etc. Toujours philosophiquement, ça permet d'obéir au principe de précaution. La conscience éternelle n'est pas vraiment une bonne nouvelle. Tu comprends? Elle nous fait réaliser l'importance de « régler » (indéfiniment) rapidement tous les problèmes globaux (pour faire diminuer les chances de les vivre ou revivre) qui se présentent à nous. Pour moi, c'est actuellement une évidence. En fait, j'ai déjà, plusieurs fois, répondu (en profondeur) à ta question qui, elle, demeure d'une extrême pertinence. Je t'invite à aller revoir certaines enfilades.
En même temps, cette croyance peut aussi nous faire vivre une culpabilité à très long terme. On ne peut pas malheureusement changer certains choses, même dans nos propres vies. Il faut parfois trouver des compromis dans le ici et maintenant et ne pas transporte ça en soi. Moi, tu vois, j'apprends à ne pas me sentir responsable de tout. Exemple, je mange encore de la viande même si je connais toute la cruauté que les animaux qui me nourrissent subissent. La meilleure chose que j'ai trouvé c'est de remercier dans mon cœur aux repas, quand j'y pense, le petit animal qui participe à la poursuite de ma vie. Et pour ceux qui m'ont causé du mal quelque part, et bien je veux leur pardonner, mais non pas pour avoir bonne conscience, mais parce que je veux bien, ça me parait plus honnête vu de cette manière. Même chose en sens inverse, je me pardonne de mon inconscience et essai de faire le moins de mal possible, même si parfois :twisted:
Dave a écrit :La recherche d'une explication ultime est une fausse sécurité; il n'y en a pas. Il faut chercher de manière désintéressée, sans accorder d'importance à cet objectif idéalisé et en trouvant un plaisir dans la seule découverte de nouvelles choses. Sans forcément s'y résigner, il faut, selon moi, accepter que l'humain limité et borné que nous sommes n'ait pas accès à l'infini absolu qui serait la source de la réponse à toutes nos questions. C'est un peu ça, aussi, l'humilité.
J'adore cette manière de voir.
Dave a écrit : La science ne sert pas vraiment à « expliquer » la réalité, elle sert idéalement à faire des prédictions.
Je ne comprends pas que tu dises que la science ne serve pas à expliquer la réalité, c'est justement par ce qu'elle en a compris que tant de beaux livres de science ont été écrits.
Dave a écrit :Cette fois encore, ce n'était que pour donner un autre exemple de proposition infalsifiable.
Je ne sais pas ce que ça veut dire une proposition infalsifiable.
Dave a écrit :si je souffre, alors une partie de l'univers souffre d'une certaine façon (surement très différente). Ce qui amène à postuler (si ce n'est pas déjà fait) un principe complémentaire au principe de précaution. Ce principe complémentaire est une façon d'exprimer l'espoir, en quelque sorte, mais surtout une façon optimiste et saine de penser la réalité. Ça, j'en ai aussi déjà parlé, chère Mireille.
Peux-tu encore m'en parler, Dave. En particulier ce principe de précaution.
Dave a écrit :Par ailleurs, la philosophie a aussi, historiquement (avec la science bien sûr), permis une érosion bénéfique de systèmes religieux qui, selon moi, emprisonnent l'humain (qui devient de seconde main, un esclave pour des dirigeants) dans un dogmatisme abrutissant
J'aurais bien aimé que tu me donnes un exemple ou un endroit où lire sur cette apport de la philosophie à la science dans cette lutte.
Dave a écrit :
Mireille a écrit :Quel rapport fais-tu entre la « conscience éternelle » et l'éthique?
Je considère que c'est la même question que celle que tu m'as posée au début de ton message. J'y ai déjà répondu. Grosso modo, le « moi », étant une notion paradoxale, permet de penser qu'il y a une partie de moi en l'autre et, inversement, qu'il y a une partie de l'autre en moi. Si je ne pense qu'à mon bonheur individuel, j'oublie que mon environnement est aussi une partie de moi (lié à moi). Si le principe du « moi » éternel est vrai, alors je pourrai bien être celui qui naitra dans l'environnement que je n'ai pas su bien entretenir (dans une autre forme de « moi ») auparavant. Ce cas particulier semble peu probable, mais doit malheureusement être envisagé, selon moi, car il touche au principe de précaution (surtout dans l'idée d'une existence éternelle ou intemporelle).

Ainsi, l'idée éthique est envisagée ici comme étant l'extension indéfinie de l'égo qui le dilue par le fait même (et pas comme une extension qui le ferait « gonfler »). C'est la « compréhension » de faire partie d'un tout indissociable. Tout ce que je peux percevoir et ressentir est lié à moi, d'une certaine façon. Aider mon prochain (à être libre), c'est m'aider en même temps (à long terme), car mon prochain est une partie de moi. Encore une fois, surtout, ne perds pas de vue que je ne fais que partager ma vision cohérente (pour moi) des choses avec toi. Je ne voudrais pas que tu m'accuses d'essayer de te convaincre de l'adopter. C'est à toi de voir si tout cela a du sens, évidemment. Si tu y trouves une terrible contradiction, je compte sur toi pour me le faire savoir. .
Au contraire, j'apprécie de te lire et échanger avec toi Dave. C'est ma partie préférée de ta réponse, dont je te remercie d'ailleurs d'avoir pris le temps de me répondre.

Dave
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#183

Message par Dave » 17 sept. 2015, 08:33

Mireille a écrit :Tu sais, j'aimerais bien que quelque chose de moi, ce qui a pris le plus de plaisir dans cette vie ou était le plus harmonieux, puisse survivre à ma mort.
Comme la plupart, je comprends bien ce sentiment. Je me dis que si j'ai aidé à perpétuer un certain bonheur constructif à mon prochain, j'aurai laissé quelque chose de « moi » que je retrouverai peut-être grâce à un environnement plus harmonieux (sans savoir que j'y ai déjà contribué, mais ce n'est pas grave) lorsque je serai quelqu'un d'autre.
Que voulais-tu dire ici : « Moins nous serions conscients, plus la durée psychologique serait petite ».
Par exemple, lorsque nous dormons, le temps semble être passé plus vite du fait que nous en étions moins conscients. Selon moi, on peut alors pousser l'idée plus loin en imaginant que le temps que nous ne sommes « rien » passe en un instant. Si une autre forme de « moi » survient, le temps passé à n'être rien ne serait qu'un instant, qu'une durée inexistante. C'est lié à l'idée que le néant n'existerait pas.
En même temps, cette croyance peut aussi nous faire vivre une culpabilité à très long terme.
Si, pour toi, l'importance d'être bienveillante à son prochain (à son environnement) est une chose parfaitement évidente, l'entretien de la croyance en la « conscience éternelle » n'est pas vraiment nécessaire. Au contraire, pourquoi prendre du temps à penser à cette conscience éternelle (universelle)? Pourquoi entretenir cette croyance si, en réalité, cette importance de bienveillance fait partie de ce que tu es? La plupart des gens, à mon avis, ont naturellement cette bienveillance envers l'autre. Nous payons souvent pour une minorité de gens qui n'ont aucune conscience morale. Cela, si nous le voyons, nous devons, dans la mesure du possible, le dénoncer constamment. La possibilité d'une telle conscience (éternelle) ne devient qu'une forme d'argumentation philosophique pour contrer cette minorité de gens (insouciants) qui justifieraient leur sentiment de dominance sur la conviction (inconsciente?) que la science a vraiment démontré qu'il n'y a absolument plus rien après notre mort, ce qui est faux, évidemment.

Si nous comprenons parfaitement (de tout son être, pas seulement intellectuellement) que nous faisons partie d'un « tout » inséparable (et que notre bonheur se doit d'être pensé dans une forme d'harmonie plus large que notre seule petite personne), alors pourquoi serait-il utile d'entretenir la pensée qu'il y a toujours quelque chose? Lorsque nous comprenons suffisamment bien (clairement) une chose, on peut cesser d'y penser (ou d'y croire) et ainsi, avoir une plus grande disponibilité à d'autres choses.


Pour ce qui est de la culpabilité, je pense que c'est une perte de temps que de la ressentir fréquemment et qu'elle nous empêche aussi de comprendre le conflit intérieur qui la produit. La perfection n'est pas de ce monde, nous avons tous des contradictions. Observer attentivement ces contradictions me semble plus important que d'essayer de les éliminer ou de s'en débarrasser à tout prix. C'est surtout à travers la compréhension claire, sensible et soutenue de nos conflits qu'il y a une possibilité de libération, de déconditionnement ou d'affranchissement.

Parfois, nous sommes tellement enfoncés dans nos habitudes, qu'il devient difficile de changer la moindre d'entre elles. À cause d'elles, on manque probablement d'énergie, d'honnêteté (envers nous-mêmes) et de volonté afin de changer ces habitudes (que l'on juge indignes). Il s'ensuit qu'un cercle vicieux apparait. Ainsi, nous ne sommes pas si différents de ces habitudes. Nous ne sommes pas vraiment différents de notre façon d'être.
La meilleure chose que j'ai trouvée, c'est de remercier dans mon cœur aux repas, quand j'y pense, le petit animal qui participe à la poursuite de ma vie.
Ça peut être une façon minimale de conscientiser le problème, mais ce n'est pas vraiment, à mon sens, ce qui permet une compréhension des (subtils) facteurs qui engendrent ce conflit. Aussi, il est difficile de savoir dans quelle mesure l'animal souffre. Ça demeure encore assez subjectif malgré les études, bien que je ne doute pas qu'il souffre vraiment.
Je ne comprends pas que tu dises que la science ne serve pas à expliquer la réalité, c'est justement par ce qu'elle en a compris que tant de beaux livres de science ont été écrits.
Oui! Par contre, je pense que plusieurs explications scientifiques reposent sur des concepts qui ne seraient pas forcément nécessaires si nous avions assez de puissance de calcul pour faire des prévisions (statistiques) plus précises. L'explication repose aussi sur le fait de notre ignorance. La science n'a pas le choix d'expliquer la réalité afin d'utiliser des concepts qui simplifient celle-ci (au prix inévitable d'une imprécision fondamentale) et qu'on utilise pour les modèles prédictifs. À savoir si l'explication de la réalité doit être l'une des missions de la science, je pense que c'est laissé à la discrétion de chacun. Si la science explique tout (c'est-à-dire si elle donne une « réponse » à tout), mais qu'elle ne peut rien vraiment prédire, alors ce n'est plus de la science, mais plutôt de la philosophie ou du je ne sais quoi.
Je ne sais pas ce que ça veut dire une proposition infalsifiable.
Je devrais plutôt dire une « théorie infalsifiable ». J'emploie le terme « infalsifiable » dans le sens d'« irréfutable » (au sens de Karl Popper). Tu as déjà fait une recherche sur cette notion, si je me souviens bien.
Peux-tu encore m'en parler, Dave. En particulier ce principe de précaution.
C'est simplement de se dire que ça sera difficile de régler les conflits, en général. Il vaut mieux travailler fort à construire un bonheur (ou plutôt un moins grand malheur) collectif durable au lieu de penser qu'il est facile de l'avoir et de le garder (du fait que nous l'aurions en ce moment). Comprendre profondément les choses est difficile et laborieux, mais essentiel.

Je pense qu'il s'agit de chercher un équilibre (même si l'on ne sait pas où il se situe vraiment) harmonieux entre ces deux principes (qui s'opposent). Si ma vie est basée sur la croyance du néant absolu (à ma mort), ce n'est pas vraiment compatible avec ce principe, ce qui devient un pari risqué (à long terme).
J'aurais bien aimé que tu me donnes un exemple ou un endroit où lire sur cet apport de la philosophie à la science dans cette lutte.
On peut lire l'histoire de Galilée, par exemple. Tu peux surement demander à une bibliothécaire (ou des habitués du forum) de te trouver d'autres références qui concernent principalement tes intérêts. Malheureusement, j'ai tendance à oublier d'où proviennent mes lectures.

Mais, juste en y réfléchissant, n'est-il pas évident que la science (et la philosophie) aide à lutter contre l'obscurantisme? Bien sûr, je ne parle pas ici d'une philosophie sophistique qui chercherait à convaincre d'idées ridicules comme un « Dieu » punisseur, « supérieur » et séparé de toute la réalité de nos vies.



Au plaisir!

Dave
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#184

Message par Dave » 17 sept. 2015, 09:14

Bonjour Lulu Cypher!


Lulu Cypher a écrit :Personnellement (mais ça doit être par incompréhension de ma part), tes propositions les plus simples me paraissent... sujettes à précisions.
Je pense que j'aurais simplement dû dire « tous les humains sont mortels » ou « toute forme de vie naissante est mortelle ».
Le mot « éternité » n'est, en effet, pas (à ma connaissance) utilisé en science... le mot infini oui.
Dans certains modèles (explicatifs ou prédictifs), une notion (mathématique) d'infini apparait, mais elle n'est évidemment pas liée à la découverte d'une mesure ou à l'observation. Par exemple, je ne pourrai jamais vérifier que l'univers est infini.
Une découverte (ou somme de découvertes) scientifique(s) peut influer sur la probabilité d'existence d'une proposition irréfutable.
Je cherche toujours à comprendre « comment » cela est significativement possible. Comment le domaine scientifique peut-il se prononcer significativement sur un domaine non scientifique?
Il ne me parait pas fortuit ni impensable de penser et démontrer scientifiquement (donc par l'observation!) que tout ce qui existe dans un univers, à priori, éternel ne l'est pas. Je ne voudrais pas parler trop de physique (puisque je suis une truffe dans ce domaine), mais il me semble qu'un univers en inflation continue possédant une entropie constante ne peut conduire qu'à une modification de ce qui le compose (ce qui fait qu'un composant à priori éternel parait peu plausible).
Pour l'instant! J'ai l'impression que tu confonds « univers actuellement observable » avec « univers entier ». Comment peut-on savoir que l'on a découvert tout ce qui existe dans l'univers? Même si sa partie visible est finie (et non bornée) ou changeante, qu'est-ce qui nous prouverait (par l'observation) qu'il n'y a pas un autre principe (pas encore connu) plus vaste qui permettrait d'envisager la possibilité d'une immortalité d'une forme particulière? C'est bien l'incomplétude inévitable de la connaissance scientifique qui rend la notion « d'immortalité » non scientifique. On ne peut pas vérifier que les lois actuellement découvertes sont « éternellement » des constantes fondamentales. Donc, les arguments en faveur de la « non-immortalité de tous les humains » se doivent d'être largement philosophiques et non significativement scientifiques. Non?
Si je prends l'exemple : « Dieu a créé la vie (car il est impossible que la vie naisse naturellement de l'inerte) »... a priori proposition infalsifiable...
Cette proposition n'est pas nécessairement infalsifiable. Ça dépend, entre autres, de ce qu'on appellera « une forme vivante » en particulier. Il n'est pas impossible, à priori, que, un jour, nous arrivions à créer une forme vivante particulière à partir de ce qui est considéré comme étant non vivant.
Soit attaquer le côté infalsifiable de l'existence de Dieu.
Pourquoi? Comment la science peut-elle attaquer ce qui n'est pas dans son champ d'expertise?
Soit démontrer que l'on n'a pas besoin de l'hypothèse de Dieu pour démontrer l'apparition de la vie de manière naturelle.
Dans ce cas, « Dieu » est un terme pour dire qu'il est absolument impossible de comprendre l'origine de la vie. « Dieu » ne serait donc pas nécessairement un terme lié à une chose infalsifiable. On peut très bien penser que, un jour, on aura raisonnablement compris les mécanismes pour passer d'une chose non vivante à une chose vivante. Il s'agit de construire et élaborer une théorie suffisamment complète, claire (compréhensible) pour ensuite voir si elle est scientifique ou non. Si, par exemple, on ajoute une précision théorique, ce n'est plus la même théorie que précédemment. Mon argumentation ne considère, à priori, que les théories raisonnablement compréhensives (collectivement). Évidemment, on ne peut rien conclure de la falsifiabilité (ou non) d'une chose trop vague, mal définie. « Dieu » est un terme vraiment trop vague, en général.
Penser que la science privilégie l'une des 2 pistes est à mon avis un piège... la science cherche juste à savoir comment la vie est apparue, POINT.
Ah! D'accord, oui! Tout à fait!
Si au passage elle égratigne l'infalsifiabilité d'une autre proposition, tant pis ou tant mieux.
En tout cas, ce n'est pas les découvertes scientifiques comme telles qui « égratigneraient » le caractère irréfutable d'une théorie, mais plutôt le travail de théorisation lui-même.
Ce qui m'a par contre toujours dérangé, c'est qu'un philosophe (ou un pseudo philosophe... je généralise hein... je ne parle pas de toi) puisse « surconsidérer » sa propre activité et les conséquences supposément positives de cette activité par rapport à toutes les autres activités humaines.
Oui, tout à fait! Je suis entièrement d'accord avec toi sur ce point. Chaque chose (domaine d'étude ou de création) à son utilité à sa manière.

Dave
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#185

Message par Dave » 17 sept. 2015, 09:40

Salut Kestaencordi!


Kestaencordi a écrit :En quoi les jeux intellectuels qui placent en le vivant un libre arbitre d'origine métaphysique servent la science?
C'est bien la question « intellectuelle » que je me posais. En lisant la présentation écrite qui semble être un résumé d'une présentation orale (donc, je ne fais aucune critique sur ce que l'auteur aurait voulu dire en réalité), je constate que les résultats scientifiques présentés sont très peu expliqués et approfondis. L'accent y est plutôt mis sur une réflexion philosophique du libre arbitre (entre autres, sa définition objective) que sur une réflexion scientifique. Si l'on y pense, c'est bien naturel, car le libre arbitre n'est pas, par nature, une notion scientifique.

J'évoquais l'expression « impression de libre arbitre (ou de volonté) » pour montrer justement le caractère tout à fait subjectif (par le terme « impression ») et donc non scientifique de la notion de libre arbitre. L'idée est que, peu importe les résultats scientifiques, il y aurait toujours un moyen d'imaginer sauver le libre arbitre. La présentation semble suggérer, au contraire, que la science pourra trancher, un jour, la question de l'existence (ou non) de cette notion métaphysique (comme tu le mentionnes).

La biologie n'a pas eu besoin d'une définition objective du « vivant » pour s'épanouir. Les probabilités n'ont pas eu besoin d'une définition « objective » du hasard pour se développer. La physique n'a pas eu besoin d'une définition objective de la « matérialité » pour s'épanouir. Au contraire, c'est en se disposant de ces questions que ces domaines ont prospéré davantage. Ainsi, il sera plus utile aux neurosciences de ne pas lui donner le mandat de trouver une définition objective de la « conscience » (ou du « libre arbitre ») pour son épanouissement.

Ici, le jeu intellectuel que je voulais exprimer brièvement était justement de comprendre l'ambiguïté que peut soulever le fait de présenter la neuroscience en parallèle avec la notion de « libre arbitre » pour essayer, finalement, de concilier les deux. Ça n'aide pas à la compréhension de ce que la science doit s'occuper.
En quoi une idée si peu vraisemblable peut-elle être utile aux neurosciences?
Pourquoi l'existence du libre arbitre serait-elle peu probable? Mais, je suis d'accord pour dire que cette idée n'est pas utile aux neurosciences. Personnellement, je pense qu'une « liberté » est envisageable dans le sens d'une harmonie globale qui dépasse la seule conscience individuelle. Mais, là, ça devient une question philosophique. Je ne vais pas m'empêtrer dans cette voie ici.
Une parfaite connaissance de la génétique.
Encore là, la notion de perfection n'existe pas vraiment en science. La proposition « je peux effectuer une mesure réelle parfaite » n'est pas une proposition scientifique. L'instrument de mesure possède toujours sa propre limite de précision. Aussi, il faudrait un temps infini pour trouver les mesures exactes des processus génétiques (et autres) ou pour démontrer sa perfection. Chaque mesure contient une incertitude tandis qu'un nombre réel possède une infinité de décimales (probablement non périodique). Pour que l'immortalité soit une notion scientifique, il faudrait pouvoir prédire l'évolution d'une chose pendant un temps infini. Ce n'est pas, par définition, quelque chose de scientifique.
vous parlez de ca?

''Opinion philosophique, de la fin du XIXe s., qui affirme que la science nous fait connaître la totalité des choses qui existent et que cette connaissance suffit à satisfaire toutes les aspirations humaines. (C'est une forme du positivisme.)''
Oui!


J'ai trouvé une vidéo qui parle, entre autres, de la notion de « hasard », si ça t'intéresse.

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#186

Message par Lulu Cypher » 17 sept. 2015, 22:26

Bonjour Dave,

Éliminons les points d'accord en premier ;)

Chaque domaine d'étude ou de création est utile à la construction des connaissances.
Dave a écrit :
Lulu Cypher a écrit : Si je prends l'exemple : « Dieu a créé la vie (car il est impossible que la vie naisse naturellement de l'inerte) »... a priori proposition infalsifiable...
Cette proposition n'est pas nécessairement infalsifiable. Ça dépend, entre autres, de ce qu'on appellera « une forme vivante » en particulier. Il n'est pas impossible, à priori, que, un jour, nous arrivions à créer une forme vivante particulière à partir de ce qui est considéré comme étant non vivant.
Lulu Cypher a écrit : Penser que la science privilégie l'une des 2 pistes est à mon avis un piège... la science cherche juste à savoir comment la vie est apparue, POINT.
Ah! D'accord, oui! Tout à fait!
Juste une précision ... ne nous battons pas sur ce que je n'ai pas dit ça va gagner du temps. la proposition infalsifiable est ce qui est en rouge ... ce qui est entre parenthèses n'est que la justification du croyant.

Donc ce qui reste est "en quoi le résultat d'une découverte scientifique réfutable peut influer sur l'irréfutable".
Dave a écrit :
Une découverte (ou somme de découvertes) scientifique(s) peut influer sur la probabilité d'existence d'une proposition irréfutable.
Je cherche toujours à comprendre « comment » cela est significativement possible. Comment le domaine scientifique peut-il se prononcer significativement sur un domaine non scientifique?
Le domaine scientifique ne se prononce pas sur le domaine scientifique mais en quoi est il surprenant de penser que les résultats de la science viennent occuper le même espace (totalement ou partiellement) que celui de proposition irréfutables. L'exemple de Jean-François en est une bonne illustration actuelle ... les connaissances scientifiques justifiant la génération de la foudre remplacent le même espace de connaissance que la proposition irréfutable "Zeus génère la foudre" et par la même fait évoluer la probabilité de l'existence de cette proposition en la rendant = 0%.

Comment pourrais-je prendre un exemple plus simple ... j'avoue avoir du mal .... celui de l’abiogenèse est exactement identique ... pour prendre une analogie à 2 balles vois le monde de l'irréfutable et celui du réfutable comme 2 joueurs de "Risk" qui jouent chacun une partie indépendamment l'un de l'autre mais sur le même plateau de jeu ... à deux petites exceptions près ... quand le pion du réfutable remplace le pion de l'irréfutable sur le plateau il le fait disparaitre ... et le plateau et la partie sont infinis.
Dave a écrit :
Si au passage elle égratigne l'infalsifiabilité d'une autre proposition, tant pis ou tant mieux.
En tout cas, ce n'est pas les découvertes scientifiques comme telles qui « égratigneraient » le caractère irréfutable d'une théorie, mais plutôt le travail de théorisation lui-même.
Pas forcément cf. plus haut
Dave a écrit : Pour l'instant! J'ai l'impression que tu confonds « univers actuellement observable » avec « univers entier ». Comment peut-on savoir que l'on a découvert tout ce qui existe dans l'univers?
Je ne confonds pas les deux je pose une hypothèse qui elle même est que l'hypothèse d'un univers homogène, régis par les mêmes lois est plus plausible que l'inverse ... en fait si je ne pose pas cette hypothèse toute discussion est vaine puisqu'elle ouvre la porte toute grande à l'équivalence de toutes les théories sous prétexte qu'on ne sait pas forcément tout ... en fait c'est le fameux "tout vaut tout" ce qui serait a mon avis un peu absurde.

Et Dieu dit : « que Darwin soit »
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#187

Message par kestaencordi » 18 sept. 2015, 04:55

Dave a écrit :Salut Kestaencordi!


Kestaencordi a écrit :En quoi les jeux intellectuels qui placent en le vivant un libre arbitre d'origine métaphysique servent la science?
C'est bien la question « intellectuelle » que je me posais. En lisant la présentation écrite qui semble être un résumé d'une présentation orale (donc, je ne fais aucune critique sur ce que l'auteur aurait voulu dire en réalité), je constate que les résultats scientifiques présentés sont très peu expliqués et approfondis. L'accent y est plutôt mis sur une réflexion philosophique du libre arbitre (entre autres, sa définition objective) que sur une réflexion scientifique. Si l'on y pense, c'est bien naturel, car le libre arbitre n'est pas, par nature, une notion scientifique.
pas une notion scientifique non, mais peut être aborder par la science, peut-être même redéfini par les neurosciences.
J'évoquais l'expression « impression de libre arbitre (ou de volonté) » pour montrer justement le caractère tout à fait subjectif (par le terme « impression ») et donc non scientifique de la notion de libre arbitre. L'idée est que, peu importe les résultats scientifiques, il y aurait toujours un moyen d'imaginer sauver le libre arbitre. La présentation semble suggérer, au contraire, que la science pourra trancher, un jour, la question de l'existence (ou non) de cette notion métaphysique (comme tu le mentionnes).
les émotion, et impressions peuvent très bien être aborder par la science et même éventuellement expliqué. bien mieux que ne le ferait la métaphysique ... qui finalement n'explique rien.
La biologie n'a pas eu besoin d'une définition objective du « vivant » pour s'épanouir. Les probabilités n'ont pas eu besoin d'une définition « objective » du hasard pour se développer. La physique n'a pas eu besoin d'une définition objective de la « matérialité » pour s'épanouir. Au contraire, c'est en se disposant de ces questions que ces domaines ont prospéré davantage. Ainsi, il sera plus utile aux neurosciences de ne pas lui donner le mandat de trouver une définition objective de la « conscience » (ou du « libre arbitre ») pour son épanouissement.
pas d'accord du tout. redéfinir la ''conscience'' est un des principaux défi des neurosciences. donner a se mot qui n'a aucun sens 1 sens. et expliquer ses mécanismes y'a beaucoup de travail de fait déjà. et rien jusqu'a maintenant ne penche en faveur d'un dualisme.


kesta:
En quoi une idée si peu vraisemblable peut-elle être utile aux neurosciences?
Pourquoi l'existence du libre arbitre serait-elle peu probable? Mais, je suis d'accord pour dire que cette idée n'est pas utile aux neurosciences. Personnellement, je pense qu'une « liberté » est envisageable dans le sens d'une harmonie globale qui dépasse la seule conscience individuelle. Mais, là, ça devient une question philosophique. Je ne vais pas m'empêtrer dans cette voie ici.
je parle d'un libre arbitre dualiste.

kesta:
Une parfaite connaissance de la génétique.
Encore là, la notion de perfection n'existe pas vraiment en science. La proposition « je peux effectuer une mesure réelle parfaite » n'est pas une proposition scientifique. L'instrument de mesure possède toujours sa propre limite de précision. Aussi, il faudrait un temps infini pour trouver les mesures exactes des processus génétiques (et autres) ou pour démontrer sa perfection.
je pense que vous abordez pas le problème de la bonne façon. ce n'est pas la mesure qui poserait problème on décode déjà le génome avec précision. la difficulté viendra de considérer toutes les possibilités, combinaison possible et de vérifier les résultat. ca prendra quelque décennie??? encore.

la longévité est programmé dans nos gêne.

kesta:
vous parlez de ca?

''Opinion philosophique, de la fin du XIXe s., qui affirme que la science nous fait connaître la totalité des choses qui existent et que cette connaissance suffit à satisfaire toutes les aspirations humaines. (C'est une forme du positivisme.)''
Oui!
ben le scientisme est une opinion philosophique... pas scientifique. votre mise en garde devient : attention de ne pas se perdre dans la philo.

J'ai trouvé une vidéo qui parle, entre autres, de la notion de « hasard », si ça t'intéresse.
des que j'ai le temps.
Victoriae mundis et mundis lacrima.
ça ne veut absolument rien dire, mais je trouve que c’est assez dans le ton.

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#188

Message par unptitgab » 18 sept. 2015, 07:49

Certes la science ne peut s'occuper du libre arbitre, mais comme tout concept métaphysique ce fait sur une explication du réel, pour le libre arbitre les notions de bien et de mal, la prise de décision, les convictions... Ces sujets peuvent être étudiés par les neurosciences et expliquer les causes. Si un concept est vidé de ce qui le tenait a-t-il encore lieu d'être?
"Quand elle devient « pure » de toute expérience sensorielle, la raison déraisonne. Elle prétend prouver l’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme. Cette folie s’appelle métaphysique. Le métaphysicien est un savant fou. Il veut tout prouver, il ne montre que son insanité." Jean-Baptiste Botul

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#189

Message par jean7 » 18 sept. 2015, 17:40

unptitgab a écrit :Certes la science ne peut s'occuper du libre arbitre, mais comme tout concept métaphysique ce fait sur une explication du réel, pour le libre arbitre les notions de bien et de mal, la prise de décision, les convictions... Ces sujets peuvent être étudiés par les neurosciences et expliquer les causes. Si un concept est vidé de ce qui le tenait a-t-il encore lieu d'être?
Ha, pourquoi sur du réel ?
Et puis tous le réel n'est pas affaire de science.
Dernière modification par jean7 le 19 sept. 2015, 01:49, modifié 1 fois.
Le libre arbitre est à la causalité ce que le corps est à la physique

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#190

Message par unptitgab » 18 sept. 2015, 18:39

Jean, à moins de croire que les concepts métaphysiques soient d'inspiration divine, ils sont imaginés par des humains vivants dans un monde où des événements se passent, se vivent, finalement les concepts métaphysiques ne sont rien d'autre que des explications imaginatives de ces événements. C'est pourquoi j'ai écrit que si les événements sont expliqués grâce à la science de manière rationnelle, le concept métaphysique n'a plus lieu d'exister si tout ce qu'il était censé englobé est explicable sans lui.
"Quand elle devient « pure » de toute expérience sensorielle, la raison déraisonne. Elle prétend prouver l’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme. Cette folie s’appelle métaphysique. Le métaphysicien est un savant fou. Il veut tout prouver, il ne montre que son insanité." Jean-Baptiste Botul

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#191

Message par kestaencordi » 18 sept. 2015, 18:43

jean7 a écrit : Et puis tous le réel n'es pas affaire de science.
comme quoi?
Victoriae mundis et mundis lacrima.
ça ne veut absolument rien dire, mais je trouve que c’est assez dans le ton.

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#192

Message par Lulu Cypher » 18 sept. 2015, 18:48

kestaencordi a écrit :
jean7 a écrit : Et puis tous le réel n'es pas affaire de science.
comme quoi?
L'art ?

Et Dieu dit : « que Darwin soit »
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Les animaux sont moins intolérants que nous : un cochon affamé mangera du musulman (P. Desproges)
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Attention ce post est susceptible (lui-aussi) de contenir des traces d'humour. L'auteur tient à signaler qu'il décline toute responsabilité quant aux conséquences de leurs mésinterprétations.

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Re: libre arbitre et neuroscience... Bulshit !?

#193

Message par kestaencordi » 18 sept. 2015, 19:32

Lulu Cypher a écrit :
kestaencordi a écrit :
jean7 a écrit : Et puis tous le réel n'es pas affaire de science.
comme quoi?
L'art ?
les artistes comme les gourous aimeraient bien échapper a la bête. mais je pense pas qu'ils puissent.

l'art comme la musique utilise des instruments très technique. la peinture, le cinéma etc... aussi.
la seul chose que je vois qui ''s’éloigne'' de la science en art est l’émotion vécu par l'artiste ou ses amateurs. mais les émotions sont aussi affaire de science.

le beau, le laid ne peuvent être décrit objectivement mais le processus qui mène un individu a porter un jugement sur une œuvre lui peut l’être. comme tout les processus mentaux.
Victoriae mundis et mundis lacrima.
ça ne veut absolument rien dire, mais je trouve que c’est assez dans le ton.

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Re: libre arbitre et neuroscience... Bulshit !?

#194

Message par Lulu Cypher » 18 sept. 2015, 20:05

kestaencordi a écrit : les artistes comme les gourous aimeraient bien échapper a la bête. mais je pense pas qu'ils puissent.
l'art comme la musique utilise des instruments très technique. la peinture, le cinéma etc... aussi.
la seul chose que je vois qui ''s’éloigne'' de la science en art est l’émotion vécu par l'artiste ou ses amateurs. mais les émotions sont aussi affaire de science.
le beau, le laid ne peuvent être décrit objectivement mais le processus qui mène un individu a porter un jugement sur une œuvre lui peut l’être. comme tout les processus mentaux.
En fait je comprends très bien ton point et peut-être pourrait-on finalement réduire tout aux 4 forces fondamentales et aux particules subatomiques.
Bon bien sur il y a quelques comportements émergents macroscopiques qui en découlent ça serait ballot de les mettre sous le tapis.

Je pense que dans ce post tu adoptes une attitude uniquement réductionniste .... réductrice. En l'occurrence, différencier ce qui peut être artistique de ce qui ne l'est pas, ce qui est, pour une majorité, beau de ce qui ne l'est pas, sont bien sur des notions subjectives qui au niveau individuel pourraient sans doute être scientifiquement expliquées en étudiant ce qui compose un individu ... mais qu'en est il de comportements émergents qui dépassent l'individu ?

Je ne voudrais pas confondre la science en tant qu'outil d'explication du réel et la science comme finalité. Ne pourrais-tu imaginer que l'on puisse se servir de l'art pour expliquer un mouvement sociétal ? Une souffrance collective ?

Allons même un cran plus loin l'expression d'une croyance peut se justifier pour combler une peur individuelle ou collective, ou pour maitriser un individu, un groupe, une peuple, une culture et cette même croyance peut être un outils explicatif d'une situation ... et pourtant si je reprends ton raisonnement si tout est science parce que finalement tout peut se décomposer en éléments analysables scientifiquement alors une croyance (pour peut qu'on soit scientiste) qui est issue de pensées, d'idées, de concepts est issue de réaction physico-chimiques ce qui pourrait se résumer en :
Pour un scientiste : "Dieu est une connaissance scientifique" .... arrrrrrrrrghhhhhh mon moi-même (bon j'ai sauté 2 à 3 étapes .... mais ça revient un peu à ça quand même)

Et Dieu dit : « que Darwin soit »
------------------------------
Les animaux sont moins intolérants que nous : un cochon affamé mangera du musulman (P. Desproges)
------------------------------
Attention ce post est susceptible (lui-aussi) de contenir des traces d'humour. L'auteur tient à signaler qu'il décline toute responsabilité quant aux conséquences de leurs mésinterprétations.

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Re: libre arbitre et neuroscience... Bulshit !?

#195

Message par Lulu Cypher » 18 sept. 2015, 20:34

unptitgab a écrit :Certes la science ne peut s'occuper du libre arbitre, mais comme tout concept métaphysique ce fait sur une explication du réel, pour le libre arbitre les notions de bien et de mal, la prise de décision, les convictions... Ces sujets peuvent être étudiés par les neurosciences et expliquer les causes. Si un concept est vidé de ce qui le tenait a-t-il encore lieu d'être?
La science ne se préoccupe pas du concept métaphysique ou philosophique du "libre arbitre" mais la science s'occupe de la naissance et de l'expression de nos actions, de connaitre les moyens de valuer ce que nous mémorisons, de connaitre et comprendre comment sont stockées ces informations, comment elles sont évaluées, par quel mécanisme elles sont régulées, quels sont les stimuli "entrant" qui les génère etc ... le fait que de manière non-scientifique on associe ces données au concept de "libre arbitre" n'est qu'une surinterp^tation externe à la volonté de la science.

En fait arrêtons de mélanger et comparer des mécanismes d'appréhension des problèmes différents sous prétexte que leurs expression est susceptible d'occuper les mêmes "locus" de connaissance.

Je ne sais pas si je suis clair :oops:

Et Dieu dit : « que Darwin soit »
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Dave
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Re: libre arbitre et neuroscience... Bulshit !?

#196

Message par Dave » 19 sept. 2015, 00:43

Salut Lulu Cypher!



Tout d'abord, je te remercie pour ta réponse. Elle est intéressante. Je ne sais pas si tu as lu entièrement l'enfilade, mais, de mon côté, je tenterai d'être un peu plus précis à nouveau. Peut-être que nous aurons l'occasion d'élargir notre compréhension de ce que permet la science.


Tu sembles dire que la proposition « Dieu a créé la vie. » (1) est une proposition irréfutable. En fait, ce que j'essaie de dire, c'est qu'il ne s'agit pas ici de considérer le caractère réfutable (ou non) d'une proposition en elle-même. En effet, je suppose que nous dialoguons avec une autre personne (celle qui soutient une telle affirmation). Si nous lui disons d'emblée que la proposition (1) est irréfutable et que les connaissances scientifiques ne font que diminuer constamment la vraisemblance de l'existence de ce « Dieu », alors ce n'est plus un dialogue. Il s'agit donc de considérer l'irréfutabilité (ou non) de la proposition en tenant compte de sa signification particulière (établie par cette personne) et non en tenant compte uniquement de sa forme langagière.

Une proposition seule peut avoir beaucoup de signification possible. C'est pour cela que j'ai mentionné l'importance de supposer la proposition à l'intérieur d'une théorie (d'a priori) plus large qui permettra alors de préciser suffisamment sa signification pour la rendre compréhensible. Si l'on se contente de la seule proposition (1), on ne peut rien conclure de l'irréfutabilité (ou non) de celle-ci, puisqu'elle reste trop vague, indéfinie. Elle sera irréfutable par défaut, si j'ose dire. Il faudra donc poser des questions à l'auteur pour qu'il précise le cadre théorique et, par le fait même, la signification précise de sa proposition, au lieu de compromettre prématurément le dialogue. Les deux parties auront plus de chance de comprendre (l'autre), ou d'apprendre une (nouvelle) chose ou une subtilité éclairante. Faire sentir à quelqu'un qu'il est idiot n'est pas, en général, constructif.

Ainsi, après suffisamment d'éclaircissements, nous pourrons mieux nous prononcer sur le caractère scientifique (ou non) de la proposition en question (son degré de scientificité). Si nous concluons du caractère irréfutable de la proposition du seul fait de son ambiguïté, de son imprécision, alors nous nous dispensons de comprendre sa signification (ce qui n'est pas toujours une mauvaise chose lorsque l'auteur est clairement de mauvaise foi ou lorsqu'il ne comprend rien à rien, j'en conviens). Il s'agit donc ici de comprendre ce qu'on entend par « Dieu », par « créé » et par « vie ». Si l'on considère uniquement la forme de la proposition (1), il y a plusieurs significations irréfutables possibles. En voici quelques-unes qui me viennent à l'esprit.

- Tous les mécanismes qui régissent la vie (ou autre chose) sont indirectement liés à une créativité fondamentale (ou une chose inconnaissable).
- La vie consciente est irréductible à une chose totalement inconsciente.
- Un sentiment de mystère persiste.
- Une question persiste.

Voici aussi quelques significations réfutables possibles.

- Les formes de vie sont des phénomènes directement (totalement) liés à un créateur.
- Il n'existe pas de mécanismes qui permettent de passer de ce que l'on considère comme étant non vivant à ce que l'on considère comme étant vivant.
- Il n'existe pas de mécanismes qui permettent de passer de ce que l'on considère comme étant inconscient à ce que l'on considère comme étant conscient.


Il s'agit alors de voir la signification à laquelle la personne fait référence. Si la signification est dans le domaine de ce qui est réfutable, alors il pourra, un jour, se détordre d'une idée folle si ce n'est déjà fait (possible).

Si la signification est dans le domaine de ce qui est complètement irréfutable (par construction), alors il faut lui dire que la science ne peut rien démontrer sur ce cas et que c'est une croyance personnelle qu'il entretient. L'idée est d'aider l'autre (et nous-mêmes) à former notre logique, notre cohérence, et non à lui montrer qu'il est idiot et complètement dans le champ. À ce moment-là, on est donc dans le domaine de la métaphysique et la proposition « il n'existe pas de créateur » est, à priori, tout aussi valable que la proposition contraire. Les arguments doivent être largement de l'ordre de la logique et de définitions conceptuelles non scientifiques (très générales, catégoriques). Si la philosophie trop déconnectée de la réalité tangible ne nous intéresse aucunement, alors on lui dira simplement qu'il entretient une croyance personnelle infalsifiable et que discuter de cette croyance ne nous intéresse pas.

Lulu Cypher a écrit :Je ne confonds pas les deux. Je pose une hypothèse qui, elle-même, est que l'hypothèse d'un univers homogène, régi par les mêmes lois, est plus plausible que l'inverse... en fait si je ne pose pas cette hypothèse, toute discussion est vaine puisqu'elle ouvre la porte toute grande à l'équivalence de toutes les théories sous prétexte qu'on ne sait pas forcément tout... en fait, c'est le fameux « tout vaut tout », ce qui serait, à mon avis, un peu absurde.
Je ne suis pas convaincu. Ça ne change rien au fait que c'est par une observation réelle que l'hypothèse est scientifique (ou non). Puisqu'on ne peut pas observer l'infini (l'éternité), cette hypothèse demeure non scientifique.

Il n'y a aucun argument scientifique qui permet de croire que les lois fondamentales découvertes jusqu'à aujourd'hui sont vraiment « fondamentales », de toute éternité. Ce qui nous parait comme une constante (une loi, une valeur, une méta-loi, etc.) ne l'est pas forcément de toute éternité. Quand tu affirmes « plausible », ce n'est qu'une croyance invérifiable. D'ailleurs, historiquement, la science a souvent avancé du fait que ce qu'elle considérait comme étant une constante était, en réalité, une variable. Encore aujourd'hui, si je considère la constante gravitationnelle « G », par exemple, on ne sait pas si elle est vraiment une constante (ou si elle varie dans le temps « astronomique »). Ne pas poser une telle hypothèse n'ouvre pas la porte au fameux « tout vaut tout ». Je crois que tu mêles trop « philosophie » et « science ».

Si mon hypothèse est scientifique, alors elle sera réfutée (ou non). Sinon, ce sont des arguments philosophiques qui donneront la vraisemblance (forcément « subjective ») de l'hypothèse complètement non scientifique. En fait, pour être plus nuancé, je dirais que les résultats scientifiques servent d'arguments philosophiques (et non scientifiques!) particuliers (souvent noyés dans l'ensemble des arguments philosophiques parfois opposés) pour les hypothèses complètement infalsifiables.


Maintenant, revenons à l'image du « plateau » infini. Voici comment je vois ça. Au début, sur ce plateau, nous plaçons des pions gris, c'est-à-dire un ensemble théorique qui n'est pas suffisamment bien défini et clair pour être catégorisé dans ce qui est réfutable (ou non). Au pire, nous conviendrons du caractère irréfutable (par défaut) de tels pions. Lorsque le pion est posé (peu importe sa couleur, sauf peut-être la couleur grise), il ne change pas durant toute la partie. Autour de lui, nous poserons des pions blancs, c'est-à-dire des ensembles théoriques voisins du pion gris cette fois suffisamment bien définis pour être réfutables. Nous poserons également des pions noirs qui seront, de la même manière, irréfutables cette fois-ci. Dans cette vision, je m'aperçois que les pions blancs ne prennent pas la place à des pions noirs. C'est justement l'idée que ce qui est réfutable n'a rien à voir avec ce qui est irréfutable. Autrement dit, la science n'a rien à voir avec la non-science.

Durant la partie infinie, il y aura toujours de plus en plus de pions blancs et toujours de plus en plus de pions noirs, l'un ne prenant pas la place de l'autre. Évidemment, les pions blancs sont beaucoup plus intéressants que les pions noirs, mais l'élaboration de pions noirs est parfois utile (voire primordial) à l'élaboration des pions blancs. C'est probablement le désintéressement (tout à fait normal) des pions noirs qui nous fait penser que les pions blancs prennent réellement leur espace. C'est probablement aussi le fait qu'un même élément (proposition) apparaisse dans plusieurs pions (noirs et blancs) qui nous fait penser cela. On peut aussi penser au fait que les pions noirs élaborés au bord du plateau (aux limites de la recherche fondamentale) ne sont pas imaginés (ou conçus) par la population normale (qui ne connait pas ce domaine). Ainsi, ça expliquerait notre impression que la science répond à de grandes questions (qui semblent être compréhensibles pour la population normale) sans faire apparaitre de nouveaux questionnements. En effet, la nouvelle question produite par la réponse précédente est toujours de plus en plus éloignée de notre compréhension partagée du monde. Pour le commun des mortels, ce n'est pas vraiment une question qui existe.
Lorsque toutes les propriétés infalsifiables qui définissent intégralement le Dieu d'une lacune seront remplacées (comment?) par des faits probants et reproductibles alors la probabilité de l'existence de ce Dieu des lacunes ne sera plus de 0 % ou de 100 %, mais de 0 %, ce qui me parait être de l'ordre du truisme.
Quelles propriétés prétendument infalsifiables? Tu dis « lorsque », mais ça n'arrivera surement pas pour l'ensemble de tous ces Dieux, à un même instant. Le Dieu d'une lacune n'est pas un Dieu infalsifiable lorsqu'il est défini comme étant le mystère inexplicable qui serait totalement et directement lié à l'explication d'un phénomène particulier pourtant tout à fait concret. Par contre, l'existence de ces dieux-là est infalsifiable.

Une théorie suffisamment compréhensible est soit réfutable, soit irréfutable. Cette même théorie ne peut pas être à la fois irréfutable et « devenir » (être) réfutable. De plus, mon propos faisait référence qu'aux théories complètement irréfutables. Le terme « Dieu » possède beaucoup de significations, mais ça ne veut pas dire que, forcément, toutes ses significations sont issues du domaine de ce qui est irréfutable.


Voilà où j'en suis, pour le moment.
Cordialement.

P.S. J'ai mis en rouge ce que j'ai édité.
Dernière modification par Dave le 19 sept. 2015, 03:16, modifié 2 fois.

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Re: libre arbitre et neuroscience... Bulshit !?

#197

Message par Dave » 19 sept. 2015, 00:54

Kestaencordi a écrit :Les émotions et les impressions peuvent très bien être abordées par la science et même éventuellement expliquées bien mieux que ne le ferait la métaphysique... qui finalement n'explique rien.
Pas vraiment! Tu mets artificiellement « science » et « métaphysique » en opposition, alors qu'ils se complètent. C'est dommage de nier la grande intelligence qui peut être liée à la métaphysique et le lien qu'elle entretient avec la science.
La longévité est programmée dans nos gènes.
Non! Sa durée relative dépend de l'environnement dans lequel nous sommes plongés. Il faudrait alors calculer une infinité de possibilités pour envisager l'immortalité d'une forme vivante quelconque. Ce n'est plus de la science. C'est, entre autres, le fait d'une absence de réponse scientifique définitive qui permet de penser que les notions, par nature, subjectives ne sont jamais définitivement réglées. Pour moi, ça me semble d'une grande évidence.

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Re: libre arbitre et neuroscience... Bulshit !?

#198

Message par Lulu Cypher » 19 sept. 2015, 01:03

Salut Dave,

C'est chien ça m'envoyer tout ça juste un vendredi soir :mrgreen:

Faudra attendre un peu ;)

Bon WE

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Re: libre arbitre et neuroscience... Bulshit !?

#199

Message par jean7 » 19 sept. 2015, 02:28

unptitgab a écrit :Jean, à moins de croire que les concepts métaphysiques soient d'inspiration divine, ils sont imaginés par des humains vivants dans un monde où des événements se passent, se vivent, finalement les concepts métaphysiques ne sont rien d'autre que des explications imaginatives de ces événements. C'est pourquoi j'ai écrit que si les événements sont expliqués grâce à la science de manière rationnelle, le concept métaphysique n'a plus lieu d'exister si tout ce qu'il était censé englobé est explicable sans lui.
Compris.

Et globalement d'accord, mais,sans aller trop vite en besogne.
Je veux dire que tant qu'on a pas éclaircit toute les phénomènes par la science, il est trop tôt pour que la science s'approprie les mots des concepts métaphysiques. Voir même, je pense qu'il est largement préférable et plus logique qu'elle ne le fasse jamais.

Pourquoi ?
- Il y a des raisons effectivement trop politiques que j'avais évoqué (j'ai parlé un peu vite de stratégie) : un conflit entre le sens commun et les conclusions de la "bande au professeurs Nimbus", c'est inventer une nouvelle sorte de guerre de religion. L'inconvénient des guerres, c'est leur coût, l'incertitude du résultat et la création de poches de résistance.
- Sur le plan de l'évolution des connaissances, n'est-il pas plus logique de considérer que la science, générant des conclusions rigoureuses d'expériences reproductibles, des théories, et même ses propres concepts, leur affecte une terminologie adéquate et nouvelle. Le darwinisme se chargeant avec son copain le temps de reléguer aux oubliettes les concepts désuets et inefficaces au profit de ce qui marche le mieux ?
- A contrario, la science ne partant pas (en général, je ne vois pas de cas... à moins de considérer 25 décembre comme un scientifique...) d'un concept métaphasique pour le "détordre" ou le consolider, il est illogique de prétendre que c'est le concept métaphysique lui-même qui a été éclairci. Il y a clairement deux objets distincts. Dans le cas libre arbitre et neurosciences, c'est extrêmement frappant. Les neurosciences construisent un ensemble de connaissances. C'est de la création, de l’émergence. En aucun cas ils ne font évoluer le concepts métaphysique, tout simplement parce qu'il ne sert pas de point de départ de leurs recherches.

Faire du neuf avec du vieux, de n'est pas vraiment comme ça qu'on avance. Laissons cette démarche aux créationnistes. Ils se prendront les pieds dans le tapis de leurs contradiction.
Le libre arbitre est à la causalité ce que le corps est à la physique

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Re: libre arbitre et neuroscience... Bulshit !?

#200

Message par mcmachin » 19 sept. 2015, 02:37

Bonjour,
Ca fait plaisir de voir des gens combatifs.

Je savais pas que les zététiciens réfutaient le libre arbitre.

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