Exnihiloest a écrit :ABC a écrit :...Le hasard caractérise le flou d'une prédiction, c'est à dire l'information qui manque pour que cette prédiction soit exacte et complète.
Cela suppose a priori le déterminisme.
Non. Ma phrase ne précise pas si cette information est l'information manquant pour faire une bonne prédiction ou l'information manquante, dans la prédiction faite, pour que cette prédiction soit bonne et complète. Les deux possibilités restent ouvertes de façon à ne pas ajouter l'hypothèse d'une notion de déterminisme (en plus très difficile à définir) à la définition du hasard.
Exnihiloest a écrit :En MQ ce n'est pas l'interprétation de Copenhague, pour laquelle le hasard est le fait de la nature, pas du manque d'information qu'on en aurait.
Le hasard est, par définition, un manque d'information Copenhague ou pas. Je reformule légèrement ce que j'avais dit. Le hasard c'est l'information manquant, dans un résultat prédit, pour qu'il contienne une description exacte et complète de ce qu'on a cherché à prédire. Peut-être faut-il rajouter: quand on a fait tout ce qu'on est capable de faire à ce jour dans ce but.
Avec cette définition, la maladresse de l'observateur ou l'imperfection des appareils et méthodes de mesure n'est pas exclue des sources de hasard. De toute façon, la notion de hasard "intrinsèque" n'a pas plus d'existence que la notion de propriété "intrinsèque". Comme toutes les propriétés que nous mesurons, il est de nature relationnelle et dépend de la classe d'observateurs considérée (observateurs caractérisés par leur myopie et la façon dont ils recueillent de l'information sur l'univers qui les entoure).
Exnihiloest a écrit : Si [l'évolution] de la fonction d'onde est bien déterministe, la valeur de l'observable issue de la mesure ne l'est pas. L'interprétation de Copenhague dénie finalement l'idée d'une réalité sous-jacente dont la connaissance nous permettrait de prédire le résultat de la mesure.
Par contre, c'est moins net avec la mesure faible. Le résultat de mesure faible est certes obtenu en moyennant les résultats de mesures d'un appareil de mesure interagissant faiblement avec les systèmes observés (et dit comme ça on ne voit pas de différence avec la mesure forte), mais il dépend moins du hasard (dit quantique) qu'un résultat de mesure forte car il dépend à la fois:
- d'une cause passée : le résultat de mesure forte précédant la mesure faible
- d'une cause future : le résultat de mesure forte future succédant à cette mesure faible
Cette double interaction, l'une allant du passé vers le future et l'autre allant du futur vers le passé, est mise en évidence en considérant l'effet combiné, sur les mesures faibles réalisées à un instant donné, de la présélection des résultats de mesures fortes réalisées antérieurement à ces mesure faibles et de la post sélection des résultats de mesures fortes réalisées postérieurement à ces mesures faibles.
Le hasard des résultats de mesure quantique apparait ainsi comme une conséquence de l'influence rétrocausale d'évènements futurs sur les évènements présents car ces évènements futurs ne nous sont pas encore connus. cf. Can a Future Choice Affect a Past Measurement's Outcome? Yakir Aharonov, Eliahu Cohen, Doron Grossman, Avshalom, C. Elitzur, Sep 2012
http://arxiv.org/abs/1206.6224
Voilà qui suggère peut-être une piste d'explication concernant le rôle important joué par le hasard dans les diverses pratiques supposées prédire l'avenir.
Exnihiloest a écrit : "le temps est ce que mesurent les horloges". Le temps nécessite l'apparition d'événements quantiques... Le corollaire, c'est que le temps émerge des événements quantiques.
En fait, non. L'écoulement irréversible du temps nécessite l'apparition d'évènements
classiques irréversibles (les mesures quantiques en font partie. Ce sont des évènements classiques et c'est pour cela qu'en émerge du hasard, de la non localité et une violation de l'unitarité des évolutions quantiques). Il s'agit d'évènements au cours desquels de l'information, dite non pertinente (vis à vis d'une classe d'observateurs caractérisée par la "myopie" de ses observateurs en mesure de communiquer et d'être d'accord sur ce qu'ils observent car partageant la même grille de lecture), s'échappe hors de portée d'une classe d'observateurs (observateurs pas forcément conscients. Une amibe doit pouvoir faire l'affaire).
L'information dite non pertinente est l'information qui permet de distinguer deux états quantiques distincts mais appartenant, du point de vue de l'observateur macroscopique, au même état macroscopique. Ce manque d'information, c'est l'entropie dite pertinente . C'est sur cette notion d'entropie pertinente que repose la notion d'écoulement irréversible du temps.
Exnihiloest a écrit :La RQM de Rovelli me semble aller dans le bon sens comme alternative à l'interprétation de Copenhague.
Et surtout, son hypothèse dite du temps thermique me semble être la bonne. Il n'y a pas d'écoulement irréversible objectif du temps et donc pas de big bang objectif et pas de principe de causalité objectif. Ces concepts sont de nature thermodynamique (donc effectivement relationnels car basés sur la notion d'entropie pertinente vis à vis d'une classe d'observateurs). cf. l'hypothèse du temps thermique:
- Emergence of time in quantum gravity: is time necessarily flowing ? Pierre Martinetti, Mar 2012 http://arxiv.org/abs/1203.4995.
- "Forget time", Carlo Rovelli, Mar 2009 http://arxiv.org/abs/0903.3832
- Diamonds's Temperature: Unruh effect for bounded trajectories and thermal time hypothesis, P. Martinetti, C. Rovelli, Feb 2004, http://arxiv.org/abs/gr-qc/0212074
- Von Neumann Algebra Automorphisms and Time-Thermodynamics Relation in General Covariant Quantum Theories, A. Connes, C. Rovelli, Jun 1994 http://arxiv.org/abs/gr-qc/9406019