Jean-Francois a écrit :
Je ne vois pas en quoi l'exemple que tu donnes montre que c'est la pensée qui modifie les réactions. D'après ce que je comprends, le but de l'exercice était de montrer que les sujets étaient capable de contrôler leur émotions* et il montre que cela passe(rait) par un contrôle de l'activité neurale.
Je ne nie pas que ce soit possible, je dis que ce n'est pas "des pensées" (immatérielles) qui contrôlent l'activité cérébrale.
Bonjour Jean-François,
Avant de poursuivre la discussion, je voulais vraiment m'assurer que ce que disait M. B. était bien que la pensée modifiait les réactions. J’ai relevé cette citation qui justifie mon interprétation, je le cite : « Ce n’est pas seulement l’acquisition de connaissances qui a un impact sur la neuroplasticité, la recherche a également montré que des changements dans les pensées et les émotions ont le pouvoir de transformer le cerveau.
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Suite au premier exemple que j’ai apporté (pour rappel, il s’agissait d’une expérience ou 20 femmes ont été capables de diminuer leur sentiment de tristesse évoqué par des extraits de films ou étaient montrés la mort d’une personne aimée), tu disais ne pas voir en quoi l'exemple donné montrait que c'était la pensée qui modifiait les réactions du groupe de femmes. Si ce groupe de chercheurs a été en mesure de « corréler ce changement dans l’état subjectif avec une réduction de l’activité des zones du cerveau impliquées dans la tristesse », cela ne veut-t-il pas dire que leurs pensées ont pris le dessus sur leurs émotions dans leur corps ? Pour reprendre le contrôle sur un état d’esprit, il faut bien qu’il soit pensé cet état, à moins que l’on puisse contrôler ses émotions sans l’aide de la pensée, mais ça me surprendrait.
Une autre de leurs « études d’imagerie cérébrale suggèrent qu’il est effectivement possible d’influencer rapidement la chimie cérébrale relative aux émotions et à l’humeur, ainsi que les régions du cerveau impliquées dans les réactions émotionnelles ». Pour ce faire ils ont demandés à des acteurs « de vivre des états temporaires de tristesse et de joie au moyen d’une auto-induction. On leur suggéra de revivre des émotions intenses et authentiques associés à des souvenirs autobiographiques spécifiques. Les acteurs passèrent des scans pour chacune des deux émotions lors de journées différentes (un jour pour la tristesse, un autre pour la joie). Après chaque session de scanographie, on leur demanda d’évaluer l’intensité des émotions dont ils avaient fait l’expérience sur une échelle subjective.
Tous les acteurs indiquèrent avoir vécu profondément les états émotionnels visés , et les résultats de la TEP reflétèrent ces perceptions subjectives de différentes manières : ainsi le niveau de tristesse ressenti fut corrélé avec une réduction de la production de sérotonime …
2»
Si j’ai bien compris, il semble bien que nous ayons un contrôle sur notre production de sérotonime dans une région ou une autre du cerveau en nous remémorant des événements marquants heureux ou malheureux. Comment pourrions-nous vivre une émotion qui agit sur notre corps si nous ne pouvons pas avant à l’aide de notre pensée nous remémorer l’événement ?
Il a aussi fait une étude sur un groupe de femmes souffrant d’arachnophobie. Je résume : Ils ont fait un scan à l’aide de l’IRMf qui révélèrent que leur réaction émotionnelle était associé à une forte activation de la formation hippocampique. Une semaine après ces femmes ont commencés une thérapie (éducation et exposition progressive de ces belles petites bibittes). Au bout de 4 semaines elles furent capables de toucher une tarentule géant (ce qui était très bien puisqu’au départ elles ne supportaient même pas de voir en image des araignées). Une semaine après la fin de la thérapie soit la 5ième semaine, ils les ont scannées pendant qu’elles écoutaient un film avec des araiignées et elles n’eurent pas peur et les scans ne montraient plus aucune activation de formation hippocampique.
Dans cette expérience si les pensées n’interviennent pas, ici sous la forme d’une thérapie de groupe, dirais-tu que l’exposition seule aurait suffi à donner ce résultat ?
Est-ce que se maîtriser dans une situation, donc prendre le contrôle sur une situation dans notre environnement que l’on soit aidé ou pas à le faire ne signifie-t-il pas que nos pensées produisent un effet sur notre système ? D’après ce que j’ai lu dans le chapitre qu’il consacre à l’effet placebo il semble que les croyances jouent un rôle dans notre guérison et peut même en mener à la mort.
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Sur un autre chapitre de notre discussion ...
Je te cite : "Très honnêtement, je ne vois vraiment pas pourquoi il faudrait que l'âme s'incarne pour "changer de niveau de conscience". Surtout si c'est pour en arriver à "un corps éthérique".
C'est parce qu'on nous avait dit que les animaux n'avaient pas d'égo, qu'ils évoluaient mais collectivement contrairement à nous qui évoluions individuellement. A la seule exception que si on avait aimé suffisamment un animal, qu'on participait à la formation de son âme puisqu'il développait à notre contact une personnalité.
Tu disais ne pas vraiment être capable de visualiser des trucs, c'est sans intérêt ou si peu. Personnellement, je trouve que c'est un embarras plus qu'autre chose.
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1. Beauregard 2013, Les pouvoirs de la conscience, p.69
2. Idem p. 72, 73.