Invité a écrit :Mikaël a écrit :Enfin, il ne faut pas confondre : "ne pas croire p" et "croire que p est faux".
Beaucoup de sceptiques ne croient pas que Dieu existe (c'est une absence de croyance), cela ne veut pas dire qu'ils croient que Dieu n'existe pas (ce qui serait une croyance négative)
Le premier cas n'appelle pas de justification, le second peut en appeler une, sauf s'il s'agit d'un acte de foi.
Miky
Ce serait donc le Robert, d'après ce que vous dites, qui confondrait les deux avec sa définition de ce qu'est un athée ?
"Athée: Personne qui
ne croit pas en Dieu, qui
nie l'existence de toute divinité."
"Athéisme: Doctrine de ceux qui
nient l'existence de Dieu"
C'est pas plutôt vous qui redéfinissez le termes à votre guise ?
La distinction agnostique et athée est pourtant très claire et utile. Et si on fait cette distinction, l'athéisme n'est pas loin d'être une croyance.
I.
L'athéisme, étymologiquement, est l'absence de croyance en Dieu, c'est-à-dire l'absence de théisme, le non-théisme ("a" : privatif - "théisme" : croyance en Dieu). Souvent, on confond l'athéisme avec la croyance en l'inexistence de Dieu, qu'il vaudrait mieux appeler (et qu'on appelle parfois) antithéisme. Souvent, le terme d'athéisme est gardé pour les deux positions et on nuancera entre un athéisme faible, négatif, implicite, et un athéisme fort, positif, explicite. Je trouve personnellement que c'est propre à nourrir la confusion... En effet, l'antithéisme (athéisme fort) est aussi éloigné de l'athéisme (athéisme faible) que ce dernier du théisme.
L'agnosticisme est un terme inventé par Thomas Huxley en 1869 par référence ironique au gnosticisme, cette secte chrétienne opposée à celle de Pierre et Paul et qui prétendait en savoir tant sur des sujets pour lesquels il confessait une totale ignorance. C'est la position selon laquelle on ne peut savoir si Dieu existe ou non, et d'une manière générale la position selon laquelle il n'y a pas de connaissance métaphysique possible.
Un agnostique n'est pas forcément un indécis. On peut donc être agnostique et théiste (fidéisme), agnostique et athée, agnostique et antithéiste. L'agnosticisme est en fait une sorte d'application du scepticisme aux questions métaphysiques.
De même que pour l'athéisme on distinguera un agnosticisme faible, négatif, implicite (agnosticisme proprement dit), qui est juste une absence de croyance en la capacité de l'esprit humain à aborder les questions métaphysiques et un agnosticisme fort, positif, explicite (ce que l'on pourrait appeler de l'antignosticisme, sur le modèle de l'antithéisme) qui est une croyance en l'incapacité de l'esprit humain à aborder les questions métaphysiques. Si elle revendique le statut de savoir, et a fortiori de savoir absolu, on confine au paradoxe... Pour autant, l'agnosticisme fort peut se justifier scientifiquement par la théorie de l'évolution : le cerveau que nous avons a été sélectionné pour ses qualités adaptatives, il n'y a pas de raisons pour que nos capacités cognitives puissent nous donner accès à la réalité ultime. Mais si nos capacités cognitives ne nous donnent pas accès à la réalité ultime, alors peut-être que la théorie de l'évolution est fausse ou incomplète, et donc l'agnosticisme fort n'est plus si assuré...
Le sceptique et l'agnostique s'opposent à ceux que l'on pourrait qualifier de "gnostique" (en faisant fi du sens originel du terme) au sujet des questions métaphysiques, par exemple ceux qui savent ou prétendent savoir que Dieu existe ou que Dieu n'existe pas. Encore qu'il y a deux manières de concevoir ce savoir ou prétendu savoir : en tant que connaissance relative ou en tant que connaissance absolue. Celui qui dirait que l'on sait que Dieu n'existe pas mais que cette connaissance est relative au cadre de pensée scientifique ne serait pas dans l'erreur. En effet, scientifiquement, Dieu n'existe pas, car ce n'est pas une hypothèse scientifique et quand cela en est une, elle est réfutée. De même, quelqu'un qui inventerait un nouveau cadre de pensée dans lequel il se trouverait que Dieu existe ne serait pas dans l'erreur, relativement à son cadre de référence (s'il l'utilise correctement). Ceux qui se trompent sont ceux qui prétendent détenir une preuve absolue de l'existence ou de l'inexistence de Dieu, et ceux qui utilisent la science de manière dévoyée pour lui faire appuyer des thèses que manifestement elle n'appuie pas, ou pas autant qu'ils le disent.
Ceci étant dit, choisissez votre camps !
Pour ma part, agnostique athée (au sens étymologique d'athée) me convient bien.
Miky