spin-up a écrit :
(...) mais juste un dereglement du temps biologique. Le genre de chose qui n'est pas surprenant sous l'effet de l'anesthesie.
Dois-je encore répéter qu'il n'y a pas besoin d'être sous anesthésiques pour vivre une EMI au sens strict (exemple: les cas de noyades) ou une EMI-like ?
Dois-je encore répéter que lors d'une EMI ou EMI-like, le cerveau peut être dans un état catastrophique ou dans un état parfaitement normal, avec toute la gamme intermédiaire ?
spin-up a écrit :
Avoir une perception d'etre "hors du temps", de ressentir le temps differemment ou de ne plus ressentir le temps ne signifie pas qu'on est hors du temps physique (autre dimension ou explication metaphysique du genre)
Le paradoxe relevé par le Dr Jourdan est comme il le dit:
Nos témoins déclarent pourtant, avec une belle unanimité, avoir vécu leur expérience hors du temps. Il y a là une contradiction flagrante car pour vivre quelque chose, il faut exister et donc, d’une manière ou d’une autre, durer. Comment disposer d’une quelconque durée si le temps, qui la définit, n’existe plus ? Peut-on exister, être conscient, l’espace d’un instant par définition infiniment petit ? Même le plus infime des instants est encore une notion de temps.
Cependant les expressions utilisées par les témoins laissent penser que durant leur expérience subsiste au minimum un présent leur permettant de continuer à exister, mais il est clair aussi que ce présent qui leur est propre n’est plus soumis à l'inexorabilité du temps qui passe.
Pour résoudre ce paradoxe, le Dr Jourdan fait une analogie avec la gravité:
"Pour essayer de comprendre cela, nous pourrions peut-être faire
une analogie avec la physique newtonienne, dans laquelle l’espace
semblait orienté du fait de l’existence d’un champ gravitationnel.
Pour un observateur ayant les pieds sur terre, obligé de nettoyer la confiture que sa tartine a laissée par terre, la différence entre haut et bas ne fait aucun doute.
Un astronaute, lui, pourra lâcher une bulle de sirop ou de vodka sans le moindre dégât aux parois de sa station spatiale. S’il ne lui a donné aucune impulsion, celle ci restera sagement à flotter devant lui. Qu’ils soient en chute libre, en mouvement uniforme dans l’espace intersidéral ou en orbite, pour la bulle et lui-même l’espace est parfaitement isotrope , toutes les directions étant de ce fait interchangeables. Ni lui ni la bulle ne subissent une quelconque force ou dissymétrie orientant l’espace. Hors d’une force gravitationnelle ou quand celle ci est parfaitement équilibrée par le mouvement orbital, -et en général en l’absence d’accélération- il n’y a plus ni haut ni bas, et la notion de verticale n’a plus d’existence.
L’astronaute en orbite et sa bulle sont pourtant dans le même univers que vous et moi, avec la différence qu’ils ne subissent plus la « flèche » de la gravitation, même si celle ci est inchangée pour nous.
Ils ne sont pas sortis de la verticale,
ils ne sont pas obligatoirement sortis d’un champ gravitationnel. Ces derniers continuent d’exister mais ils n’en subissent plus les effets. Si le vaisseau spatial comportait avant son décollage des inscriptions indiquant « haut » et « bas », elles existent toujours quand il se trouve dans l’espace. S’il le désire, l’astronaute peut toujours se diriger le long de cet axe, mais il n’y est plus contraint par la gravitation. Et à l’aide d’un télescope il peut toujours regarder sur terre et voir les pommes tomber.
Exactement comme nos témoins. Si lors de leur expérience ils voient une pomme tomber ou une infirmière passer un écarteur au chirurgien, il s’est écoulé un certain temps entre le début et la fin de ces événements.
Ils voient donc le temps de notre monde passer tout en déclarant ne pas lui être soumis. Mais comment envisager une situation où l’on ne soit plus contraint par la flèche du temps ?
Le fait que l’espace se soit révélé fondamentalement isotrope résulte à la fois d’une généralisation et d’une simplification. Il n’y a en effet aucune raison pour qu’existe une direction privilégiée de l’espace. Cela nous semble maintenant évident, mais pour le réaliser il a fallu nous affranchir de la gravitation. Dans le cadre de la relativité générale, cette dernière est comprise comme une courbure de l’espace-temps. C’est donc une propriété géométrique de ce dernier qui semblait localement orienter notre espace tridimensionnel, qui n’est qu’un sous-espace d’un continuum plus vaste et plus général.
Amusons-nous donc un peu, et usons d’un raisonnement qui, dans la méthode scientifique, porte souvent des fruits :
essayons de sortir de ce qui semble être un cas particulier, en simplifiant vers quelque chose de plus général.
Pour cela, nous allons faire un parallèle, en envisageant ceci :
il n’y a, dans l’absolu, aucune raison pour qu’existe une direction privilégiée du temps. Pourquoi notre espace-temps ne serait-il pas à son tour un sous-espace, une « section » à 4 dimensions d’un espace-temps-quelque-chose-de-plus élargi,
dans lequel ce que nous appelons le temps n’aurait pas de flèche particulière ? Nous pourrions alors envisager l’équivalent d’une « courbure » de cet espace-temps-bidule, qui donnerait au nôtre une orientation particulière, une anisotropie qui pour nous se traduirait par les notions de temps-qui-passe et de flèche du temps ?
Imaginons donc que cette dernière, son orientation du passé vers le futur, soit une propriété de notre espace-temps à 4 dimensions comparable à ce qu’était la « flèche » de la gravitation dans la physique de Newton. Habituellement, nous et notre présent semblons parcourir une trajectoire à sens unique orientée sur l’axe du temps, comme une tartine parcourt une trajectoire orientée dans une direction particulière de l’espace. Notre présent semble naître du futur pour disparaître immédiatement dans le passé, et l’on pourrait dire que nous tombons en permanence du passé vers le futur, comme la tartine tombe du haut vers le bas.
Pour peu que disparaisse la gravité qui semblait l’orienter, l’espace montre sa nature fondamentalement isotrope, horizontale, haut, bas, tout confondu…entraînant la caducité de la notion de verticale orientée.
De même, les notions de passé et de futur, qui sont précisément les repères du temps-qui-passe,
semblent disparaître si nous faisons l’hypothèse que l’univers « élargi » depuis lequel nos témoins « perçoivent » le nôtre puisse être (d’une certaine manière) isotrope pour la dimension dont la projection dans notre univers devient ce que nous appelons le temps : passé, présent, futur, tout confondu...
Ce qui, dans ces conditions, expliquerait que pour eux ce dernier n’ait plus de direction particulière.
Pendant leur expérience, le temps qu’ils « observent » en tant que tel n’a nullement cessé d’exister. Il a pour nos témoins cessé de « passer » dans une direction exclusive, devenant l’« éternel présent » dont ils parlent.
Ce qui est somme toute assez pratique pour leur permettre de continuer à exister, malgré quelques problèmes pour expliquer après coup ce qui ressemble à une contradiction flagrante :
-Aviez vous une notion de temps ?
Oui et non.
Oui parce que les événements se sont succédés. J’ai l’impression qu’ils ne sont pas tous arrivés en même temps.
Non parce que la notion de temps n’est pas la même. Il n’y a pas de hier, aujourd’hui et demain.
Je dirais que les événements sont instantanés mais que les émotions se succèdent. Et alors peut-être que je dis que les événements se succèdent parce que les émotions sont, elles, bien distinctes les unes des autres. Peut-être que cela n’a rien à voir avec le concept de temporalité de la vie ordinaire. (C.P.)
Le modèle que je propose repose sur une analogie géométrique, et j’espère que le lecteur aura bien mis un peu partout les « tout se passe comme si » dont je l’avais prié de le parsemer."
Deadline-dernière limite. Dr Jourdan.
@ spin-up:
Les EMI posent des questions à de nombreuses disciplines scientifiques. Pour les étudier réellement et correctement, les neurosciences ne suffisent pas.
Des compétences en physique sont nécessaires.
Peut-être comme le temps d'ailleurs. Une compréhension approfondie du temps nécessite probablement des échanges entre physiciens et neuroscientifiques. Je pense que les recherches des uns peuvent éclairer les recherches des autres. C'est ce qu'il me semble en tous cas.
"L'ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine, la haine conduit à la violence... Voilà l'équation". Averroès
« Il est absolument possible qu’au-delà de ce que perçoivent nos sens se cachent des mondes insoupçonnés. » Einstein