Kraepelin a écrit : Il y a 50 ans, j'étais là et la société ne ressemblait absolument pas à ce que tu racontes et il a 100 ans, les femmes s'avaient lire écrire et compter alors que leur époux étaient presques tous analphabetes fonctionnels. Qui avait les moyen de convaincre qui?
Soyons clairs, je vais parler de l'instruction des femmes en France dans le passé, et non au Québec. Et principalement ce qui nous intéresse davantage : au 19ème siècle avec répercussions sur la première moitié du 20ème siècle et sur les années 1960-1990.De l'avis de l'école anthropologique à laquelle je "prête foi" , les différences de rôles et de droits, fonctionnelles dans la société rurale, seraient devenues dysfonctionnelles et archaïques dans la société industrielle.
En complément des infos d'Emanuelle, voici un mémoire de master 2 des archives HAL* du CNRS, qui en offre une bonne synthèse dans les pages 1 à 5. En voici les points essentiels :
*L'archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinee au depot et a la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publies ou non,
emanant des etablissements d'enseignement et de recherche francais ou etrangers, des laboratoires publics ou prives.
- Le mémoire s'intéresse au constat des scientifiques sur les inégalités de genre, alors que comme tu le soulignes, les filles font actuellement davantage d'études longues et réussissent mieux en général que les hommes, bien que leurs salaires en France restent inférieurs à ceux des hommes.
- Le mémoire met l'accent sur la mixité à l'école, importante pour une égalité de l'instruction, et qui était couramment absente jusqu'après les années 60 en France , puisque comme tu l'as précisé, aussi bien en France qu'au Québec, l'éducation des filles était principalement assurée par les religieuses.
- Au 16è siècle l'éducation religieuse des filles apparait comme un aspect de la Contre-Réforme , mouvement catholique qui fait face à la réforme protestante, avec le renforcement de la séparation filles-garcons à l'école. Education confortée au 17è siècle avec les les écoles de charité, ou le couvent, à part les pensionnats des grands ordres féminins pour l'élite. Le but en étant le mariage à la sortie avec un éducation en fonction.
- Au 18è siècle, Cette éducation ne change guère et consiste à lire et écrire (pour déchiffrer le catéchisme très souvent) et principalement coudre, broder, danser, changer, dessiner.. Les taches domestiques sont donc mises en exergue.
Condorcet , novateur en la matière pour préconiser l'égalité hommes-femmes, mais malheureusement peu suivi, pense surtout à l'éducation des enfants par les mères ce qui représente donc avant tout un devoir domestique. Il pense aussi à la survie des veuves, ce qui est une démarche féministe, mais appliqué au seul cas de femmes devant vivre seules.
- Au 19è siècle, la loi Guizot en 1833, instaure l'enseignement primaire uniquement pour les garcons. On note alors 50% de filles illettrées pour 25% de garcons.
- La loi Falloux en 1850 fait cependant ouvrir des écoles primaires pour les filles rendant obligatoire la création d'une école de filles dans toute commune de 800 habitants.
Remarques amusantes :
Dans les écoles de garçons, des femmes peuvent être admises à
enseigner à titre d’adjointes, sous la condition d’être épouse, sœur ou parente en ligne directe du directeur de l’école.
Il faut attendre les années 1960 pour que la mixité dans les écoles commence à se répandre (sauf cas de petits villages avec classe unique) etle conseil départemental peut, à titre provisoire, et par une décision toujours révocable :
1° permettre à un instituteur de diriger une école mixte, à la condition qu’il lui soit adjoint une maîtresse de travaux de couture
la Loi Habyen 1975, pour que la mixité dans les écoles devienne obligatoire et que donc la meme instruction soit accessible aux filles et aux garcons.
Suit la loi [url=http://www.lecanardrépublicain.net/spip.php?article288]Paul Bert[/url] en 1879 qui permet la création d'écoles normales féminines (pour devenir institutrice). Enfin, la loi Camille Séeen 1880, instaure les lycées de jeunes filles (enseignement secondaire).
Dans la pratique, une grand proportion de mères nées dans les années 1930-45, ont encore été à l'école des soeurs et cessaient les études en fin de 3ème ... Les Maisons familiales Rurales (MFR) étaient encore très répandues à la campagne en 1990 et sans mixité.(cuisine, couture, matières générales, catéchisme). Gérées par les soeurs jusque dans les années 1980 et donc le Diocèse, la plupart ont été converties en lycées professionnels agricoles privés gérés par le ministère de l'Agriculture et la mixité est apparue bien qu'avec une majorité de filles pour certaines, puisque les options étaient : auxiliaire social, secrétariat... Actuellement ces lycées (et collèges à partir de la 4ème technologique) offrent de nombreuses filières possibles, jusqu'au BTS (BAC + 2).