Un autre lien, fourni par palma34 (et Cartaphilus) : L'étude de Hróbjartsson et Gøtzsche :
http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NE ... articleTop
C'est une méta analyse. C'est à dire que les deux auteurs ont compilé toute une série d'études et ont essayé de chiffrer l'efficacité de l'effet placebo. Tout cela selon leur sensibilité, évidemment. A priori (avant de lire la conclusion, en tous cas), on les supposera honnêtes, mais c'est déjà une source possible de biais :
All potentially eligible trial reports were read in full by both authors. Disagreements concerning eligibility were resolved by discussion.
Tous les rapports du procès potentiellement admissibles ont été lus dans leur intégralité par les deux auteurs. Concernant l’éligibilité les désaccords ont été résolus par discussion.
Bref, ils se sont mis d'accord entre eux deux.
Et quelles sont ces études ?
Tout simplement des essais randomisés de molécules diverses préalables à leur mise sur le marché. Il ont pris ce qu'on appelle communément le "groupe placebo" (le groupe témoin) et regardé les scores pour en conclure que le taux de réussite d'un placebo est négligeable.
Mais, le déclenchement d'un effet placebo nécessitant un contexte personnalisé et scénarisé, on comprend facilement que les scores atteint par le soi disant "groupe placebo" dans ces études monotones et routinières soient décevants.
Notez bien, les auteurs en parlent quand même dans la discussion et émettent les réserves d'usage. le problème, c'est que les gens pour qui l'effet placebo ce n'est que du zozotérisme omettent d'en parler et mettent juste l'emphase sur la conclusion, qui semble un peu trop définitive... et en particulier dans la dernière phrase, quand les auteurs s'avancent au delà du domaine de leur étude :
In conclusion, we found little evidence that placebos in general have powerful clinical effects. Placebos had no significant pooled effect on subjective or objective binary or continuous objective outcomes. We found significant effects of placebo on continuous subjective outcomes and for the treatment of pain but also bias related to larger effects in small trials. The use of placebo outside the aegis of a controlled, properly designed clinical trial cannot be recommended.
En conclusion, nous avons trouvé peu de preuves que les placebos en général ont de puissants effets cliniques. Les placebos n'ont eut aucun effet significatif sur les résultats subjectifs ou objectifs binaires. Nous avons constaté des effets significatifs du placebo sur des résultats subjectifs et pour le traitement de la douleur, mais également un biais liés à une plus grande polarisation sur les petits essais. L’utilisation d'un placebo à l’exclusion des tests cliniques ne peut pas être recommandé.
Cette phrase soulignée (par moi) ne laisse pas planer beaucoup de doutes sur l'idéologie des auteurs.
Est il vraiment encore nécessaire de rappeler que tout le monde est d'accord pour dire qu'une "substance placebo" en tant que telle, ça n'existe pas ?
Tout dépend de la manière dont elle est administrée, du lien privilégié et du dialogue personnalisé avec le médecin, de l'attente et des espoirs du patient,...
Cette étude est fallacieuse, elle ne peut être prise en référence comme un essai de quantification de l'efficacité de l'effet placebo puisqu'elle en nie la définition même.
En réalité on est encore dans le flou de la sémantique. Parce que Hróbjartsson et Gøtzsche n'ont pas testé les "groupes placebo" de ces études banales et routinières, ils ont testé les "groupes témoin". C'est tout à fait différent.
Il est impropre de parler de "groupe placebo" dans ce genre de tests randomisés... tout simplement parce que les conditions pour que
l'effet placebo apparaisse ne sont pas réunies et c'est d'ailleurs bien ce qu'on cherche dans les tests d'essais cliniques, avoir un groupe témoin le plus neutre possible. Ce sont donc deux sujets différents.