Jean-Francois a écrit : Avez-vous cherché l'avis des géologues sur la formation de ce Lac? (....) "Plusieurs théories ont été émises sur la genèse du lac Victoria. (....) Un abaissement du terrain, dû à des mouvements tectoniques environnants, a formé cette cuvette circulaire à fond plat(....)".
Du concret, ça demande une démonstration plus étoffée, qui ne s'articule pas sur quelques faits choisis pour leur adéquation avec la solution qu'on entend prouver*, et qui n'est pas basée sur des "étapes magiques"* du style "le Lac est (approximativement) plat, donc il a été creusé par des trombes d'eau tombant du ciel**".
Salut Jean-François,
Vous avez raison ! Pour avancer, il nous faut prendre en compte tous les faits à notre disposition, et les lois de géophysique. Mais j'estime qu'"un abaissement de terrain, dû à des mouvements tectoniques environnant", comme ce qui se lit sous la plume de certains géologues est aussi hypothétique qu'un anneau de glaçons heurté par une nuée volcanique.
J'ai donc détaillé les deux propositions, ce qui permettra de discuter point par point.
Le lac Victoria s'étend dans la zone équatoriale de l'Afrique de l'est. Il présente des caractéristiques très particulières :
- C’est une véritable mer intérieure de par sa surface, 68 000 km². L'étendue est aussi vaste que l’Ecosse, mais sa profondeur est très faible : Elle n’excède pas 82 m et se maintient, en moyenne, autour de 40 m. A l’échelle, c’est une pellicule d’eau, puisqu’une piscine de 32 mètres de long pour 27,5 mètres de large présenterait. proportionnellement une profondeur de … . 4 millimètres. Généralement les lacs très étendus et de profondeur uniforme se rencontrent dans un paysage de plaine, comme la mer d'Aral, où sont significatifs d'un creusement par des glaciers, comme les lacs Erié, Winnipeg ou Balkash. Or le Lac Victoria s'étend dans une zone de hauts plateaux, au relief accidenté, et ni sa situation en bordure de l'équateur, ni un quelconque indice, comme des moraines, ne laissent pas supposer qu'il ait été creusé par un glacier.
- Sa forme est arrondie avec 320 km dans le sens nord-sud et 275 km dans le sens ouest-est. Cette configuration le distingue nettement de ses voisins les plus importants, qui se situent dans la vallée du rift : Le lac Nyassa s'allonge sur 580 km, pour une largeur de 30 à 80 km, et une profondeur de maximum de 706 m. Le Lac Tanganika affiche 670 km de long, sa largeur variant entre 22 et 72 km. Il est profond de 1 435 m.
- Son littoral qui s’étend sur plus de 7 000 km est extrêmement découpé.
- En émergent de nombreuses îles de granit dont la surface cumulée dépasse 6 000 km², sachant que le granit est un matériau généralement enfoui à des centaines de mètres sous la terre.
Le lac Victoria est donc atypique, et se pose naturellement la question de sa formation. Examinons deux possibilités :
1 Une formation lente et graduelle.
Certains géologues expliquent que le lac a pour origine un abaissement du terrain, du fait de mouvements tectoniques environnants, il y a environ 600 000 ans. Ensuite, le lac a subi une montée des eaux, en même temps que le fond se comblait de sédiments.
- Toutefois, une formation par enfoncement dans le sol n'explique pas l'émergence des îles de granit préalablement enfouies : Il aurait fallu que celles-ci reste en position, tandis que le matériau tout autour s'effondre, ce qui ne se conçoit pas géologiquement.
- De plus, si le lac s'était rempli petit à petit, du fait que les sédiments se déposent au fur et à mesure le long des côtes, le littoral aurait suivi une ligne continu, plutôt que d'être très découpé, comme c'est le cas.
- Enfin, les mouvements tectoniques de cette région du monde correspondent davantage à une déchirure de l'écorce terrestre, et donc à la formation de lacs très longs et très étroits, plutôt qu'arrondis.
Donc une formation lente et graduelle est invalidée par les caractéristiques du lac.
2 Un formation brutale par chute massive d'eau.
Conformément à l'exposé précédent,le Mont Kenya entre en éruption, et la nuée de débris qu’il rejette forme un barrage aux éléments de l’anneau. Les blocs de toutes tailles lancés à grande vitesse se fracassent dans un carambolage gigantesque en plein ciel. D’immenses nuages composés de grêlons et de gouttes d'eau se forment instantanément, puis faute de vitesse pour se maintenir en altitude amorcent la descente vers le sol, formant un immense jet qui plonge vers le sol. La masse fluide tombe en chute libre et l’impact sur le sol est d’une puissance prodigieuse. Des colonnes d’eau de plusieurs dizaines de mètres de diamètre tourbillonnant à grande vitesse heurtent la croûte terrestre et l’affouillent, arrachent les arbres, descellent, en les faisant rouler, les rochers qui se heurtent les uns les autres, éclatent et bondissent en tous sens. D’énormes vagues de boue, de rocs et de végétation enchevêtrées se dressent et déferlent vers les exutoires, entraînant un matériau considérable vers l’aval.
- Un tel processus explique le fait que lac ait un fond extraordinairement plat : En tombant sur le sol, les trombes d'eau qui tourbillonnent et circulent en tous sens, s'entremêlant, affouillent la zone profondément et sur une large surface. Sous l'impact des éléments déchaînés, une excavation se forme, mais très vite se remplit d'eau. Lorsque la couche liquide est suffisamment épaisse, l'affouillement en profondeur cesse, et ne subsiste plus que l'érosion en surface.
- Ajoutons que le creusement par chute massive d'eau permet de comprendre la présence de nombreuses îles de granit, roche très dure, qui résistait aux attaques des cascades, tandis que le matériau meuble qui l'enveloppait était emporté.
- Enfin, le littoral, s'il marque la limite du passage des trombes d'eau, est forcément très découpé.
Donc le lac Victoria serait la marque du Déluge.