LoutredeMer a écrit : 27 déc. 2017, 16:30
Je pense que si. Des bilans demandés non faits avec une promesse au départ cependant. Des "oui" quand les psys pensent et font "non". Une omerta pour les proches qui cherchent à savoir et à aider. On tourne en rond.... on tourne en rond.... Pas de synchronisation dans les services, des samu qui ne veulent pas se déplacer, aucun suivi. Des prises de RV à 2 mois alors qu'il y a urgence. Des généralistes qui prescrivent depuis des années des "tue lentement sans soigner" en s'en lavant les mains alors qu'ils devraient faire une coordination avec les spécialistes. Des chefs de service qui jouent l'Arlésienne. On ne leur parle jamais à ces "piliers du temple". Des psys qui devraient faire un suivi téléphonique, tiens, pourquoi pas, en prenant, eux, l'initiative de téléphoner au patient. Des crédits maigres qui fondent encore comme tu soulignes. Et un Etat qui démissionne. Et qui culpabilise les patients. (on le voit bien en ce moment où les chomeurs vont etre fliqués et brimés davantage, chomeurs par manque d'emploi que l'on culpabilise, c'est plus facile que de reconnaitre une débandade économique). C'est ce meme système qui envoie des malades mentaux en prison au lieu de l'hopital par exemple hein.
Des bilans, vous en aurez, des analyses de haut vol

. On vous fera des diagnostics en tout genre... C'est comme les bilans neuropsychologiques. Vous en aurez mais le suivi thérapeutique...
Pour les proches, il faut développer la psychoéducation familiale. Néanmoins, dans une approche systémique, on remettra en cause les psychismes des autres membres de la famille donc on tombe vite dans mes mécanismes de déni et le fameux membre familial symptôme d'un dysfonctionnement plus large et du au système familial. Donc la psychoéducation familiale a ses limites elle-aussi. Moi je suis pour dans la mesure du possible et dans la mesure d'une bonne analyse fonctionnelle au-delà des symptôme cibles.
Pour la synchronisation des services... il est vrai que la psychiatrie est toujours "moquée" par les services de médecines MCO "médecine, chirurgie et obstétrique". Donc pour la synchronisation... il y a de la psychiatrie de liaison, c'est déjà pas mal.
ça manque en effet de coordination entre les différents domaines de la médecine.
Pour les RDVs, la durée est inversement proportionnelle aux nombres de praticiens. Et on embauche surtout pour faire des actes avec la T2A (tarification à l'activité) mais pas pour la qualité

.
Pour les généralistes ou les psychiatres prescripteurs, on vous dira dans la confiance qu'il faut bien fidéliser le client. ça vous choque autant que moi mais je l'ai entendu plusieurs fois mais ce n'est pas une généralité, attention. Il y a tellement d'enjeu affectif et psychologique au travers de la petite pilule donné par le grand médecin qu'il est tentant et pour le patient et pour le médecin de donner la dose... que peu y résistent. Un bon médecin renverra vers un psychologue adapté ce qui signifie un travail de réseau pour que le généraliste connaissent telle ou telle pratique psycho-thérapeutique, les recommandations de la HAS... Bref, qu'il fasse son boulot. Certains le font très bien. Mais certains profitent pour écouter la plainte psychologique et ne pas faire les examens de routine (se lever, prendre le pouls, la tension, le stéthoscope...) et pour faire tourner la boutique sans trop forcer. Le remboursement des psychologues ne plait pas aux médecins car ils perdraient leur clientèle, soyons clairs.
A côté de ça, il y a d'excellents médecins psychothérapeutes qui se sont formés en dehors de leurs études de psychiatrie et qui ne cherchent qu'à guérir le patient sans aucune considération autour du fameux "faire tourner la boutique". Je ne veux pas généraliser mais l'envers du décor n'est pas toujours reluisant comme souvent.
Il y a des chefs de service qui continuent de faire de la clinique et ça c'est le top! Ils voient des patients en somme et gardent un pied dans la réalité.
Pour l'appel des patients par les psys... alors là, malheureusement, on ne le fait pas habituellement car il y a une liberté du patient à respecter. Sujet ô combien délicat que de savoir jusqu'où on va dans l'investissement auprès du patient. ça serait trop invasif et pas forcément thérapeutique que d'aller vers le patient à ce point. C'est lui qui vient vers nous en général. Après, c'est au cas par cas. Il est bien-sûr arrivé plusieurs fois qu'un patient soit appelé, tout dépend de sa pathologie, de l'état du moment et du contexte. Après chaque professionnel agit différemment. Il n'y a pas de règle. Après, il pourrait y avoir des règles plus définies sur cette question. A réfléchir. ça touche à la relation patient-soignant et c'est délicat. ça touche à la liberté du patient et à l'éthique. Bref, ça mériterait une discussion dédiée qu'à ce sujet.
Pour la culpabilité des patients... alors là ça dépend. Pour les burn-out où toute crise liée au contexte professionnel, la tendance est malheureusement la remise en question de la personne et non du service dans lequel il bosse ou l'entreprise. Si vous décompensez au travail, c'est de votre faute! Voilà le discours ambiant actuellement. C'est un vrai problème car le fait de culpabiliser le malade ne fait qu'empirer le problème car à 99% en psychiatrie les patients manquent de confiance en eux, alors les culpabiliser n'arrange pas le tableau.
Le contexte "travail" en France est insupportable et fragilise l'état mental des gens, c'est une honte à l'heure où la distribution du travail et de l'économie pourrait se faire de façon beaucoup plus harmonieuse et équitable...
Mais, et il y a un mais... bien souvent, les gens en burn-out ont des profils psychologiques où l'on retrouve un gros manque d'affirmation de soi donc il est "facile" de leur dire qu'ils ont une responsabilité dans leur douleur morale et c'est bien ça la difficulté de ce sujet... la responsabilité. M'enfin, si je m'étale, je vais repartir sur la responsabilité et la notion de libre-arbitre.
