jean7 a écrit :Il n’y a pas de langage universel. Le rolling eyes ne crée pas une liaison télépathique offrant une lecture absolue, évidente et garantie exacte du seul sens qu’on doit comprendre du propos qu’il modère. Il ne crée pas une sorte de "parole divine" qu’il serait hérétique d’envisager d’interpréter autrement.
Dans une certaine mesure, je suis d’accord. Nous ne pouvons anticiper et garantir que tous interpréteront comme il se doit (
selon l’intention de « l’émetteur »). Par contre, le «
rolling eyes » n’est peut-être pas le meilleur exemple pour servir ce propos, car, justement, il y a bel et bien des gestes (
et du non-verbale/micro-expressions) qui sont quasi universels (
concernant la culture humaine, entendons-nous. Kraepelin/PsychoSophe pourront confirmer/infirmer) et je crois que le «
rolling eyes » est interprété sensiblement pareil dans la grande majorité des cultures. Mais bon, passons puisqu’il ne concerne pas l’exemple précis de la vidéo.
Là où je te rejoins, c’est dans un cadre d’éthique/responsabilité individuelle, face à
nous-mêmes. Si je sais que mes propos (
mon gag) pourront, peut-être, être mésinterprétés par certains individus — malgré mon intention —, je dois en tenir compte dans le sens d’assumer ce qu’il m’est possible d’anticiper/craindre. Si je suis incapable d’assumer la réaction et l’éventualité que le « prix » puisse dépasser l’avantage du plaisir de la rigolade, ben aussi bien m’abstenir. Sauf qu’il n’est pas tjrs possible d’anticiper l’ampleur des potentielles mésinterprétations et des possibles proportions que cela pourrait prendre dans les médias (
à l'ère des réseaux sociaux), exactement et précisément pour les mêmes raisons que tu soulignes : rien qui garanti une lecture absolue, évidente et exacte du seul sens qu’on doit comprendre un propos, malgré que le contexte puisse favoriser une interprétation ou une autre. Du coup (
en demeurant dans ce cadre moral/éthique/responsabilisation individuel, avant même d’aborder l’aspect légal et la justice), tu conviendras avec moi que la responsabilité doit équitablement être partagée entre « les deux camps » : si l’émetteur doit se poser des questions
avant de faire sa blague, le récepteur doit, lui, se poser des questions
après l’avoir entendu (
offensé ou non). Si ce dernier ne tente pas de voir s’il a matière à relativiser le tout à cause du contexte, il est aussi « fautif » et irresponsable que l’individu qui ne prend pas soin de mesurer un minimum l’effet potentiel que peuvent avoir ses propos. Et dans cas, souligner que «
c’est difficile à évaluer » n’avantage aucun des 2 camps, car ce l’est tout autant pour les deux. Conséquemment, la difficulté ne constitue pas un argument en faveur des récepteurs, comme tu sembles vouloir le suggérer. Elle l’est tout autant pour l’émetteur. Du coup, en tant qu’émmeteur, dois-ton s’abstenir au moindre doute? Perso, je ne pense pas. C’est plus un «
guess » du type : «
est-ce la majorité qui vont comprendre? » et si c’est oui,
go for it!
jean7 a écrit :Ben c’est là que je ne suis plus tout à fait d’accord.
"mauvaise blague" n’est pas un gage d’absence de tort direct et concret. D’autre part, un tort peut être direct et concret mais pas instantané. Comment traiter par ailleurs la question des torts cumulatifs ? Exemple, la même mauvaise blague répétée par tous les internautes.
Question pertinente (
mais je t’ai ouvert la porte et déroulé le tapis, tu m’en dois une!). En effet, la répétition et la possible récupération à grande échelle de certains types de blagues, au départ inoffensives et sans mauvaises intentions, peuvent certainement contribuer, à la longue, à impacter une culture dans une certaine mesure (
mais bon, comme on le voit dans le sujet sur la culture du viol, ce n’est pas simple). N’avons qu’a penser à des jeunes, dans la cour d’école, qui pourront reprendre et exploiter, méchamment cette fois et dans le but de blesser des petits camarades, certains types de blagues et propos entendu et vu ici et là. Je suis d’accord, mais l’on fait quoi?
En même temps, il y a aussi des films traitant d’histoires de génocides, de racismes, d’exterminations, de guerres, de
serial killers, de viols, de suicides, braquages, etc. Tous les propos, les pensées, les paroles tenus par les « méchants personnages »/acteurs et les images (
des plus réalistes) peuvent également influencer et être récupérés/exploités par n’importe qui ayant un QI d’huitre, peu de valeurs, d’éducation et d’instruction. Et que fait-on concernant les scènes XXX de «
gangbang/abuse/hardcore » susceptible de donner une mauvaise perception/influence de la sexualité aux jeunes (
voir le sujet connexe sur le forum)?

À partir du moment où il y a un contexte (
show d’humour, plaisanterie, film, théâtre, scène XXX 18+, etc.), je ne vois pas comment l’on peut régler ce genre de question sans tombé dans l’arbitraire, le « totalitarisme » et empiéter sur la liberté d’expression. Il sera tjrs impossible de satisfaire tout le monde. L’on a choisi le moindre mal où il faut démontrer et prouver l’intention de nuire et des conséquences,
ayant eux lieu.
jean7 a écrit :Chacun pourrait argumenter "j’ai rien fait de mal, c’est ridicule, c’est une blague, c’est ma liberté d’expression" et au final les conséquences pourraient être des torts directs et concret.
Faut quand même (
même si je t’ai dit comprendre tes craintes au-dessus) discerner et différencier le « tort concret » de l’individu juif, noir, petit, obèse, aveugle, P. Ex., qui se sent offensé par une blague ou de l’enfant qui se fera traiter de nom dans la cour d’école (
parce que certains enfants étant « non éduqué » par des parents irresponsables ou racistes/homophobes. Il n'y a pas que la culture qui a incidence, hein) des véritables appels à la haine et à la violence. Si je fais une vidéo sérieuse* sur YT appelant à mépriser et tuer tous les homos/juifs (
avec des pseudo-arguments convainquant des « beaufs »), ça n’a pas du tout la même portée. C’est sans commune mesure voyons, jean7!
jean7 a écrit :Enfin il n’y a pas d’étanchéité absolue ou évidente entre mauvaise blague et "appels à la haine, à la violence, la diffamation et le harcèlement "
Là, c’est moi qui ne suis pas du tout d’accord! Tu fais erreur ou bien t’es biaisé parce que t’es personnellement touché par le cas de cette vidéo (
t’es juif par le plus grand des hasards?). Si tu n’es pas capable de voir la nuance (
euphémisme) entre, P. Ex., un
sketch comme celui d’Yvon Deschamps (
mis en lien par Kraepelin plus haut) causant de «
nigger black » et les propos tenus par le KKK, tu as un sérieux problème.

Bon, OK, il existe peut-être quelques exceptions pouvant créer un certain doute/ambiguïté, concernant des individus comme Dieudonné, P. ex., mais vu ses affiliations, amis, et propos ambigus qu'il tient lors d'interviews, etc., ça le différencie déjà clairement d’un «
noname lambda » qui fait une bourde sur YT ou d’un Yvon Deschamps dont l’ironie (
forme d’esprit qui consiste à se moquer en disant le contraire de ce que l’on veut faire entendre) était sa marque de commerce et dont les multiples interviews dissipent tout doute (
même pour ceux qui ne pigeaient pas du premier coup). Faut quand-même pas exagérer!
jean7 a écrit :Et j’insiste, je ne vois rien d’anormal à ce que l’auto-attribution du label "blague" ne mette pas à l’abri de poursuite judiciaire, qui est in fine la voie la plus pacifique disponible pour évaluer ou désamorcer des conflits plus graves.
Moi non plus! Mais dans le cas présent, c’est le
jugement qui pose problème. Et, oui, nous n’étions pas là pour assister au procès (
tu as raison), mais habituellement, quand un juge prononce un jugement, il partage les motifs, les preuves et éléments ayant conduit à son jugement. Sauf que là, rien! Et sur ce point, je comprends Uno, car ça revient alors à condamner uniquement sur la base d’une appréciation subjective/arbitraire de la blague (
fût-elle d’aussi mauvais gout qu’on puisse la trouver). Et ça, ce n’est pas le rôle que doit revêtir le système de justice.
jean7 a écrit :S’il n’y a rien, il ne faut pas condamner.
D’accord, mais qui a-t-il dans ce cas présent — comme éléments — permettant au juge de le condamner? Éléments qui ne s’appliquent pas à toute autre forme de blagues de mauvais gout? En quoi, P. Ex., un obèse/non-voyant qui se sent offensé par une blague sur les gros/aveugles est plus ou moins « touché concrètement » que par un juif qui a pu être offensé par cette blague? Dans les faits concrets, mis à par le sentiment généré, rien ne diffère. Il n'y a pas d'autres conséquences!
jean7 a écrit :J’ai dis quelque chose à un instant qui puisse sincèrement faire croire que je pense le contraire...
Un peu quand même :
jean7 a écrit : 03 avr. 2018, 16:51
[...] Donc vous acceptez tacitement qu’un tribunal puisse condamner quelqu’un pour une mauvaise blague.
Dans le principe,
oui, j’admets qu’un tribunal puisse condamner quelqu’un pour une mauvaise blague.
C’est surtout ce point qui me fait tiquer. Pour le reste, je comprends ton avis même si je ne la partage pas. Tu m'apparais juste trop rigide sur ce sujet et manquer d'arguments.
Note : cette phrase « Si je fais une vidéo sérieuse sur YT appelant à mépriser et tuer tous les homos/juifs » est au conditionnel et sert d'exemple dans le cadre d'un débat sur le forum des SdQc. En aucun cas je fais des vidéos de cette nature et en aucun cas je n'encourage à mépriser et tuer qui que ce soit (au cas où le contexte ne serait pas suffisant pour certains). 