Kraepelin a écrit : 06 avr. 2018, 07:21Si je vois de bonnes raisons de contester les délais des prescription, je vois aussi de bonnes raisons de les maintenir.
Les délais de prescription sont injustes lorsque les victimes étaient si jeunes qu'il faut de années de maturité avant que certaines d'entre elles soient capable de dénoncer.
Les délais de prescription sont bien moins injustes lorsqu'ils protègent des personnes devenues vulnérables en raison de l'âge à propos d'actes présumés qui remontent à si longtemps que les témoins qui auraient pu les disculper sont mort et les preuves matérielles disparues.
Dans un contexte enflammé, les procès pour violence sexuelle peuvent devenir des loteries auxquelles participent, au hasard, des fausses victimes qui veulent faire un coup d'argent ou simplement attirer l'attention sur elles (Munchausen). Il y a eu un beau cas de frère des écoles chrétiennes accusé à tord il y a quelques années. Les témoins adultes de cette époque étaient tous morts ou séniles. Heureusement pour lui, l'accusation prétendait des crimes commis à une époque bien précise. Le décompte de l'âge du frère a rapidement révélé, qu'à cette époque, il n'était pas frère. Il n'avait lui-même que 16 ans et habitait encore chez ses parents. C'est pour ça que j'aurai aimé avoir les arguments des communautés.
+1
La question est d'autant plus difficile que le changement de mentalités nécessaire à des actions de justice suffisamment promptes pour éviter les dégâts du temps est loin d'être survenu.
Nous en sommes encore à une époque où, face à un signe ou un témoignage
crédibles d'abus, trop d'adultes hésitent, tergiversent, temporisent, en gros ne remplissent pas leur rôle d'adultes protecteurs, par peur d'être impliqués, de s'aliéner des relations (amis ou famille), du ridicule, de représailles, par flemme, par méfiance envers les enfants ("qui sont affabulateurs par nature" selon tout un folklore), par adhérence à la maxime "mieux vaut un bon arrangement qu'un mauvais procès" (et comment saurait-on si le procès sera bon ou non sans l'engager ?), par conformisme ou soumission à l'autorité ("un prof, un pasteur, un "de la haute", franchement, comment mettre leur intégrité en doute ?"
J'ai été témoin de 3 cas (dont un qui relève de la simple maltraitante non sexuelle) où la parole et/ou l'intérêt d'enfants n'a pas été prise en compte. Il est maintenant trop tard pour obtenir justice et réparation même en tenant compte des généreux délais de prescription en Suisse, faute de disposer des éléments et témoignages nécessaires, sans compter qu'il est à peu près certain que les prédateurs en question ont pu faire d'autres victimes. Tout ceci parce que certains parents ont tergiversé et/ou se sont laissés influencer plutôt que de réagir auprès de la justice immédiatement et que d'autres ont tout fait pour enterrer l'histoire afin de ne pas déranger leur petit confort (confrontation avec la famille ou éviction de prétendus amis).
A signaler que dans les 3 cas, les "coupables", prédateurs et adultes ayant abdiqué leurs responsabilités, sont presque toute de respectés piliers de leurs communautés sociales et religieuses respectives, et ne se privent pas de me jeter mon athéisme (et dans le cas d'une des victimes, le sien) à la tête lorsque je mentionne le problème ...
"As democracy is perfected, the office of President represents, more and more closely, the inner soul of the people. On some great and glorious day, the plain folks of the land will reach their heart's desire at last and the White House will be adorned by a downright moron." - H. L. Mencken