Choisir de laisser en vie une vache et qu'on ne lui enlève pas ses veaux, permettrait de vivre de façon plus équitable et respectueuse avec ces domestiques. Il y a des alternatives plus justes. Je pourrais y revenir plus tard.
Je ne suis pas du genre à interdire le choix des parents, qu'on soit clair, je n'ai jamais agi (voter, pétition...) en faveur de l'interdiction de l'avortement. Il ne s'agit pas de revenir sur la loi Veil mais de l'appliquer car on est loin de ce que cette dame a dit. Son texte était clair et juste. L'attitude devant ce texte est selon moi bien trop laxiste.
Faire le choix de donner naissance à l'oeuf fécondé (embryon, foetus... bref, une vie humaine déjà lancée et viable encore au moment du choix) ou de l'abattre, n'est pas un bon choix de toute façon, c'est un choix potentiellement
extrêmement traumatisant pour les malheureux parents qui doivent le faire. Car ce phénomène d'émergence de l'oeuf est du à un autre choix situé plus tôt dans l'ordre chronologique.
Faire l'amour (donc ici j'exclue tout les cas de viol où là, à autre condition, autre débat sur l'avortement) est un choix qui si des précautions ne sont pas prises donne naturellement lieu à une probabilité (donc un risque si on ne le souhaite pas) de créer un futur être humain. Et de mon point de vue, donner la vie est aussi grave (entendez ici le mot grave comme sérieux et pas forcément négatif, sérieux dans le sens d'assumer les conséquences irrévocables d'un acte) que donner la mort car les conséquences sont lourdes puisque dans les deux cas vous provoquez la douleur chez un autre individu.
Chez le mort, ce n'est pas lui qui souffre car l'être est mort mais pour l'entourage, ça sera une souffrance.
Chez l'être à venir, la vie n'étant pas un long fleuve tranquille vous avez conscience qu'il y a aura de la douleur à un moment ou à un autre. Il faut assumer le choix de créer l'enfant ou de le détruire.
Donc en définitive, la solution est davantage dans l'avant naissance de l'oeuf et pas dans l'avant naissance de l'enfant. Ce qui implique une autre vision de l'acte d'amour. Les ultra-cathos sont dans cette démarche extrême de pro-vie et de pro-limitation de l'acte d'amour voire interdiction pour ceux qui s'engagent dans les Ordres

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Et leur logique existe même si, parce qu'il y a quelques extrémistes, on reproche le côté pro-vie alors qu'à un certain niveau, le raisonnement est intéressant. Je ne suis pas en train de faire l'éloge de l'église catholique, entendons-nous bien. Je pointe simplement que dans les idées véhiculées certaines me paraissent avoir un intérêt pour donner matière à réfléchir.
En effet, je fais peut-être un appel à la nature un peu sophistique (à vous d'en juger) mais les femmes sont par pulsions normales tiraillées entre le souhait d'enfanter (qui est puissant) et les contraintes dans lesquelles elles sont (non volonté du mari, le boulot, les contraintes aussi de l'enfant en lui-même et de la grossesse,...). Ces déterminants sont présents et poussent à des choix qui ont un impact sur le petit à naître qui est devenu considéré comme trop léger,
je trouve. Il y a peut-être une autre façon d'entrevoir la sexualité et ses conséquences, la création, la famille, la place du père et de la mère (leur rapport au travail)...
Les moyens de contraceptions sont là. Selon un certain angle de vue, on peut se demander pourquoi on a encore des avortements pour "erreur" de laisser-aller ou erreur de conscience des conséquences. A la base de cette loi, les conditions étaient strictes et l'exception devait être la règle. Ils avaient prévu de l'exceptionnel avec cette loi et les chiffres ne montrent pas ça.
Donc, il y a un problème selon moi. Manque d'information? Manque de maturité (conscience)? Manque de discussion? Instabilité psychologique (modèle bio-psycho-social)? Ou excès et dérives (pour ne pas paraphraser les plus déprimés tel que Michel Onfray qui parle de décadence...) d'une société de consommation qui pense tout en terme d'acquisition et de rejet ET qui se shoote à la simplicité, à l'évitement des responsabilités, au plaisir sans lendemain (encore que faire appel au transhumanisme évite de trop se responsabiliser finalement, ouf!) et autre fantasme qui ne tiennent pas vraiment longtemps dans la réalité... Bon, là, j'avoue que je suis très dur avec les êtres humains (je me mets dans le lot) mais assouplissez-moi!

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En effet, car avorter
est peut être un traumatisme également pour la mère (le père au XXI°s. ne signe toujours pas en son nom... la mère se démerde... tiens, qui qu'a parlé d'égalité...) qui a beau s'arranger avec son mental et se taper des années de psychothérapies pour se soulager et comprendre cet acte, une partie de son cerveau a une inscription de quelque chose qui ne va pas dans l'ordre de ces fonctions primordiales : la reproduction et la survie de l'espèce. Ces pulsions archaïques, on se les trimbale tout le temps.
Il existe des psychologues pour faire digérer l'acte dans les centres hospitaliers... Rien ne vous choque? On souhaite régler un problème et on en crée un autre qui n'est pas, de mon point de vue, mieux.
Avorter c'est quand même faire le pari que la vie à venir ne vaut pas la peine d'être vécu et/ou que notre souffrance à élever l'enfant sera insupportable... Tuer un être humain (pour moi, un être humain c'est aussi un oeuf et inversement... un membre de notre espèce) sur la base de prédiction négative... J'aime pas trop cette philosophie de vie. La preuve, chez les trisomiques 21, la plupart revendique le sens et l'intérêt de leur vie... alors que les prédictions sont mauvaises (erronément) encore lorsque l'on (les gynécos) vous parle de cette particularité génétique.
Pareil pour le LIS (même si effectivement, ce ne sont
pas tous les LIS qui ont une qualité de vie honorable, il y a en a quand même une bonne partie), dans cette logique du "il y a un risque qu'il souffre ou que nous souffrons" alors on abat les LIS aussi... Drôle de vision...
Pour moi, la vraie solution n'est pas dans l'avortement mais dans l'avant, l'acte sexuel. Tout part de là. Si on resacralisait
un peu l'acte d'échange (relationnel, sexuel pour le sujet qui nous intéresse ici) entre être humain sans tomber dans certains excès du passé et qu'on vidangeait beaucoup cette horreur qu'est la société de consommation (matérialisme au sens de l’objet) et de plaisir (sorti de mes doigts sur le clavier, le mot plaisir est
presque antinomique de paix intérieure, de bonheur, je provoque un poil mais c'est un idéal à poncer dans les coins probablement...), on serait peut être davantage minimaliste, recentrés sur les échanges humains relationnels (discussion, partage des émotions, contact physique, sensualité...) ET alors l'acte sexuel serait moins galvaudé, plus rare et de meilleur qualité. Je pense qu'on ne peut pas jouir d'une sexualité sans mettre cet acte à un niveau particulier avec toutes les précautions associées (MST, conséquences affectives (on ne joue pas avec l'ocytocine comme on joue avec un cure-dent) et psychologiques, conséquences biologiques (naissance possible), économiques (que me coûte vraiment cet acte), sociales, familiales...).
C'est ma vision à un temps t et je ne suis pas pour l'interdiction... je suis pour des modifications en amont. Je n'ai pas de logique punitive (ce que serait le fait d'illégaliser cet acte) même si ma vision est souvent perçue comme extrême ou d'un autre temps ou d'un autre monde. Cette réflexion sur le respect du vivant et du bien commun est extrêmement complexe et c'est pour cela que je m'en tiens aux idées et pas aux actions. Pour moi, l'humain actuel dans nos sociétés à nous abuse de nombreuses choses mais à un point qui fait souvent retourner les tripes donc, l'idée de la sacralisation, ce n'est pas une idée divine, c'est une idée minimaliste (une philosophie du genre "less is more") qui va avec bien d'autres façons d'appréhender le monde. Comme la nourriture, les objets, les animaux, les plantes, l'argent, les relations sociales... de la mesure par pitié!
Réac', conservateur, extrémiste... ou jenesaisquel adjectif peut s'appliquer à mon propos mais c'est soit parce que je m'exprime mal soit parce il existe un mal à voir la relativité de mon idée. Je ne souhaite pas un retour en arrière, je souhaite une réflexion tenant en compte l'ensemble des points de vue même les plus éloignés, les plus a priori extrêmes, les plus anciens... Bref, que chacun s'exprime librement, après FIGHT!
Je ne cherche en aucun cas à culpabiliser les personnes ayant réalisé cet acte car les déterminants les y ayant conduit sont ultra-nombreux et inconscients la plupart du temps. Il s'agit d'aider les personnes à ne pas se mettre dans une situation regrettable et que pour cela il faut trouver où sont nos responsabilités à tous et en garder une part pour le facteur inconnu (la malchance, le fatalisme, le hasard...).
C'est un vrai phénomène de société, ce n'est pas qu'une histoire individuelle.
Petits quotes pour appuyer mes idées :
La loi Veil de 1975 demandait que la femme enceinte soit dans une « situation de détresse ». Depuis la loi du 04 août 2014 sur l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, cette condition n’est plus nécessaire. La justification apportée est de permettre à la femme de disposer librement et pleinement de son corps.
Pour moi, ce qui est en train de grandir dans son corps, n'est pas son corps... C'est un autre corps.
L’altération de la loi Veil
Avant l’adoption de la loi de 1975 sur l’IVG et lors de son discours devant les députés de l’Assemblée Nationale, Simone Veil avait déclaré : « je le dis avec toute ma conviction : l’avortement doit rester l’exception, l’ultime recours pour des situations sans issue. Mais comment le tolérer sans qu’il perde ce caractère d’exception, sans que la société paraisse l’encourager ? »
Aujourd’hui la réalité est autre, le nombre d’IVG est d’environ 220 000 par an. 1 femme sur 5, en France, devrait avoir recours à l’IVG.
L’IVG semble devenir un moyen de contraception comme un autre.
On pourrait, en créant une division, parler d’une contraception curative pour l’IVG où l’embryon/fœtus est déjà constitué. Cela en opposition avec les contraceptions préventives (préservatifs, pilules, stérilets,…) où l’embryon/fœtus n’est pas encore constitué.
Dites-moi que le chiffre d'une sur 5 est faux. J'aimerais me tromper. Je ne pense pas que Veil souhaitait cela. Il y a eu abus d'une loi qui était clairement nécessaire pourtant.
Conclusion
L’altération de la loi Veil est une réalité. D’une pratique d’exception, l’avortement devient une pratique courante. Cela au grand désarroi de Simone Veil, elle-même.
La suppression de la loi sur l’IVG ou le fait d’accorder la personnalité juridique au fœtus n’est pas une solution.
Des solutions existent. A commencer par la prévention, il faut informer les jeunes sur les techniques de contraception préventive. La contraception curative doit redevenir l’exception, la contraception préventive doit devenir le principe.
Ensuite, il faut, également, rééquilibrer les rôles du père et de la mère lors du choix de garder et/ou de reconnaître un enfant.
Actuellement, et bien que la peine de mort soit abolie depuis 1981 en France, 230 000 être vivants sont supprimés tous les ans.
On ne peut pas continuer à recevoir les avantages des relations sexuelles tout en rejetant les inconvénients.
L’IVG ne doit pas devenir une solution de facilité.
Source
Deux notes tout de même ici:
- la 1° sur le 1° passage en italique, extrêmement simpliste selon moi. Le problème est largement plus complexe àmha.
- la 2° sur le 2° passage, le "facilité" me racle les oreilles. C'est extrêmement difficile à vivre comme acte. C'est bien pour ça que je suis pour une forte (très forte) diminution de l'IVG, en fait, comme dans le texte original.