jean7 a écrit :Dans tes raisonnements, tu refuse à priori l'existence de la jeep.
Tu passe directement et indistinctement de l'avalanche globale aux pièces de son moteur et cellules biologiques de son pilote.
Enfin il me semble.
Ce n'est pas que ta vision soit fausse.
C'est que selon moi elle n'est pas acceptable pour parler du libre arbitre dont le sens est lié au contexte restreint suivant : libre arbitre de l'individu.
Ton image est une allégorie, bien sûr. Et une allégorie a toujours l'inconvénient de ne pas être captée de la même manière par tout le monde.
L'avalanche représenterait pour moi nos déterminants. Mais nos déterminants attachés à la vie, la biologie, environnementaux, sociétaux. Le déterminisme laplacien, c'est un autre débat.
Nos déterminants biologiques, génétiques, sociétaux,... au sens très élargi, parce que ça comprend le développement de nos réseaux neuronaux, de nos schémas mentaux, depuis la conception vers une configuration qui va nous être imposée d'abord par la génétique et puis par n'importe quel contact avec des éléments extérieurs durant toute son existence.
Par exemple, n'importe quel individu qui approche un nouveau-né lui impose déjà une foule de déterminants qui vont peser sur ses décisions pendant toute sa vie. Et ça comprend l'apprentissage du langage, qui crée lui-même en nous des schémas mentaux orientés. Ce qui fait qu'être seulement capable d'interagir en société, c'est le résultat d'un nombre incalculable de contraintes. Et ça comprend nos inclinations et nos goût : tu penses être libre en dégustant une glace à la fraise, "tu le fais, parce que tu aimes ça", mais ton amour pour la glace à la fraise est le résultat d'une contrainte, pas d'une liberté.
A ce stade d'ailleurs, on remarque que la notion même de "Liberté" est caduque. Si la Liberté, c'est faire ce qu'on aime, ce qu'on veut, ce qu'on désire, il y a déjà un grave problème parce que ce qu'on aime, ce qu'on désire, nous a été imposé par des contraintes nées, entre autres, de l'interaction avec nos semblables.
Notre concept de Liberté (ce que ces mots veulent dire pour nous) s'est forgé sous la contrainte. On nous a imposé notre amour pour la Liberté
("on" n'étant pas quelqu'un en particulier dans un but quelconque, attention aux mots). Comme le sportif qui s'entraîne se détermine lui même, nous nous déterminons les uns les autres à penser ce que nous pensons, depuis le début de notre existence.
C'est ça, l'avalanche... et l'avalanche, c'est en même temps l'individu. Il n'y a pas de jeep.
La masse roulante de nos déterminants et de nos décisions (décisions qui génèrent elles-mêmes à chaque coup une foule de nouveaux déterminants) ne s'arrête, pour l'individu, qu'à notre mort. Mais avant ça, notre masse roulante a ajouté des contraintes et alimenté la masse roulante encore plus vaste des déterminants de notre société (c'est une version un peu plus spéciale de l'adage qui se veut rassurant : "quelque chose de nous reste !").
Voilà. Alors, si tu trouves que cette vision des choses est pessimiste et plutôt démoralisante, dis toi bien que l'impression subjective qui naît dans ton cerveau à l'évocation des mots "pessimiste" et "démoralisante" est aussi le résultats d'une longue chaînes de contraintes qui te sont imposées par la génétiques, l'environnement et surtout par tes semblables.
Ca console un peu.