Curieux_ a écrit : 25 juin 2019, 01:36Concrètement, peut-être que le temps n'existe pas...
Par définition, un effet qui existe est un effet observable (au moins un jour ou l'autre). Les effets du temps sont observables, donc le temps existe au sens de cette définition positiviste.
La notion d'existence a parfois une autre définition. On dit parfois qu'un mirage ou une hallucination n'existent pas. En toute rigueur c'est faux puisque mirage et hallucination sont observables. Dans un tel cas, un effet qualifié "d'effet qui n'existe pas" doit-être traduit par :
un effet dont l'interprétation est erronée (comme la cassure du couteau que je plonge dans l'eau quand, pris d'un sursaut de courage, je participe à la vaisselle).
Dans le cadre de cette deuxième définition de la notion de "non existence", l'interprétation erronée que nous attribuons parfois au temps (et d'ailleurs à la plupart des propriétés que nous observons et mesurons) est son caractère intrinsèque. Cette (probable) erreur d'interprétation correspond à l'interprétation dite réaliste. C'est l'interprétation réaliste du temps qui est en défaut et non l'existence du temps à proprement parler puisque ses effets sont observables.
L'écoulement du temps se caractérise par son caractère irréversible. L'irréversibilité d'un effet (comme la diffusion d'une goutte d'encre dans l'eau) correspond à une fuite d'information (dite pertinente) hors de portée d'un observateur (1). Pour tous les êtres vivants, qu'ils soient conscients ou non, la notion d'
entropie pertinente caractérisant cette information (le chaud, le froid, le salé, le sucré, l'acide, le basique, les longueurs d'onde caractérisant les couleurs, etc, etc...) est sensiblement la même, si bien que l'écoulement irréversible du temps (comme toutes les grandeurs physiques que nous observons) possède une existence, autrement dit une interprétation, identique. C'est la base base de l'intersubjectivité elle même essentielle en science (2).
(1) Au bout d'un certain temps, en raison de sa myopie d'observateur macroscopique, l'observateur du phénomène de diffusion de la goutte d'encre dans l'eau ne dispose plus de l'information sur la position initiale des molécules d'encre avant diffusion. L'état final correspond à ce que l'on appelle un état d'équilibre, c'est à dire un état ou, du point de vue de l'observateur macroscopique, plus rien ne change (en raison de sa myopie).
De l'information a donc été perdue par cet observateur en raison de sa myopie d'
observateur macroscopique. C'est en cela que consiste la notion d'évolution irréversible base de l'écoulement irréversible du temps.
Le temps n'est pas une entité métaphysique désincarnée qui existerait indépendamment des observateurs pour lesquels cette notion est pertinente. La notion de temps, comme toute grandeur physique, ne peut se passer de la prise en compte de l'interaction avec un observateur. En effet, les propriétés que nous observons et mesurons ne caractérisent pas intrinsèquement des objets ou phénomènes physiques, mais notre
interaction avec ces objets et phénomènes physiques.
(2) Science reposant une reproductibilité des effets découlant de la résistance des informations dites pertinentes aux agressions de l'environnement et aux prélèvements successifs de cette même information pertinente par des observateurs différents.