Florence a écrit : 31 oct. 2019, 14:55Sérieusement, il y a toujours une division du travail, entre âges, sexes, degrés d'expérience, de connaissances de l'environnement, des traditions, des savoir-faire, selon la position plus ou moins élevée dans le groupe, en fonction des capacités (le gars qui a deux mains gauches fait fabriquer ses nasses à poisson par un type capable de faire des noeuds sans se coincer les doigts dedans, la nana myope ne se charge pas de ramasser elle-même les champignons, etc.), et c'est toujours accompagné de conflits autour de la valeur accordée à telle ou telle tâche par celui qui l'exécute ("
ma nasse vaut au moins 3 poissons de 40 cm" - "Voleur, ta nasse fuit et en plus je t'avais donné les champignons cueillis par ma femme!")
D'autre part, il y a toujours un équivalent "argent": à un moment donné, obtenir quelque chose lorsqu'un objet considéré comme équivalent n'est pas disponible - pour des raisons diverses - demande un substitut, qui fonctionne exactement comme toute monnaie, à savoir il représentera une promesse ou un moyen d'échange ultérieur. Cela peut être des coquillages (les cauris qu'on retrouve partout dans le Pacifique et en Afrique), des perles de verre (les sites archéologiques néolithiques en Europe en sont pleins et o n sait qu'elles étaient produites dans une région spécifique d'Italie et servaient de monnaies d'échanges aux populations semi-nomades de l'époque), des plumes décoratives (et, bien avant que les Européens ne débarquent en Papouasie-Nouvelle Guinée, on trouve des traces et des récits de tueries et de guerres liées à des disputes sur la valeur des diverses monnaies d'échange, par exemple).
Si l’on devait développer et entrer dans les détails, c’est exactement à cause de ce que résume Florence (
mais que nous sommes plusieurs à avoir évoqué ici et là depuis 2 semaines) que n’importe quel type de communisme idéal est extrêmement difficile à appliquer en pratique sans qu’il ne se corrompe et d’où pourquoi les systèmes qui se répandent le plus et persistent tendent à se calquer sur ce qui est déjà présent et effectif, à la base, au sein de toute interaction en communauté. Et c’est pourquoi je disais que le capitalisme n’est que le reflet de ce que nous sommes, car il n’est qu’une sophistication de tout ce qui est énuméré par Florence.
De plus, comme je l’ai abordé dans un long pavé précédant, le fait que — à toute époque et dans tous les cas sans, exception — certains produits et services sont directement liés à des besoins primaires et vitaux (
nourriture, vêtement, habitation, etc.) et que d’autres sont des « objets » de convoitise créer naturellement les « outils du pouvoir » dont certains (
forcément, puisqu’il n’y pas que des « gentils ») tenterons d’exploiter et d’accumuler afin de pouvoir user de la « valeur~pouvoir » et, du même coup, exercer une « certaine emprise » puisque convoité par plusieurs.
Un exemple factuel qui démontre que l’encadrement (
même très rigide) et le système n’empêchent aucunement ce « flux d’interactions » de procéder est la prison! Parce qu’on peut voir les prisions comme un espèce de « communisme étatique extrême » où tous sont logé, nourris et vêtis
également et «
gratuitement » et où tous sont « égaux », n’ayant plus de hiérarchie ni de classe en prison. Or, qu’est-ce qui se passe? Un microcosme correspondant exactement à ce qui se passe à l’extérieur finit par se créer : des classes, des castes, des clans, des gardiens finissant par se faire corrompre, du troc d’objets, de la prostitution, des viols, des meurtres, etc. Bien sûr, l’on sera tenté de rétorquer que, dans cet exemple précis, la frustration et l’absence de liberté exacerbent les envies et pulsions qui fait que « la vapeur finit par faire sauter la marmite » (
ce qui est exact), sauf que les propensions humaines étant toujours les mêmes depuis toujours, ainsi que les besoins et ce qui est convoité, les divers encadrements et systèmes ne peuvent rien produire d’autre que de sophistiquer et favoriser (
ou contraindre avec rigidité), dans la forme et l’expression, les diverses résultantes produites de par l’interaction de plusieurs sujets humains devant interagir ensembles, le tout, avec plus ou moins de rigidité/liberté.
Mais les besoins, les pulsions, l’envie, la convoitise, les diverses impressions et sentiments (
d’inégalité, entre autres) étant toujours et systématiquement présents (
mais pas à parts égales) et effectifs en chaque humain, doivent (
et cherchent, c’est un fait indéniable, à) se manifester, d’une façon ou d’une autre.
Si le communisme idéal semble ne jamais avoir existé, c’est parce que même s’il était mis en place, tout comme une prison, tout comme n’importe quel autre système d’encadrement social qui existe et/ou a existé, il se « dés-idéaliserait » de toute façon de lui-même pour devenir, en pratique, imparfait comme tout autre système. C’est une fatalité puisque la cause de tous les problèmes de l’homme n’est autre que ses propres propensions. Propensions qui diffèrent en nombre et en degré chez tout un chacun, ce qui fait qu’en groupe, il y a donc toujours et inexorablement divergence, sentiment d’inégalité, envie, convoitise, conflit, traîtrise, corruptions, usage de force, de pouvoir, etc.
La seule chose à faire (
et c’est ce qui résulte de l’histoire/évolution de toute façon), c’est de tenter de trouver où est la position idéale du curseur entre rigidités/liberté tout en étant conscient qu’aucun système ne pourra jamais annihiler les propensions de ses « sujets ». Il ne s’agit donc que de « pallier », d’atténuer les propensions s’exprimant de façon brute en sophistiquant le plus possible les « véhicules d’expressions » tout en créant divers rapports de forces favorisant le maximum d’équilibre entre toutes les différences.
Et ça, c’est que tout esprit relativement brillant et lucide réalise et conclut quand il réussit à sortir de sa phase de déception et de souhaits idéalistes et accepte de concevoir le monde tel qu’il est et de lui trouver des « solutions » en prenant en compte ce qu’est et font les humains, avec les propensions (
et aptitudes) inégales de tout un chacun (
au sein de nombreuse autres problématiques, qui plus est).
Et c’est aussi pourquoi un politicien
lucide (
ou « homme de pouvoir ») bossant réellement (
ou plus que d'autres) pour le bien de la communauté (
avec ses propres propensions et intérêts, puisqu’étant lui aussi humain) ne sera de toute façon jamais populaire et aimé de tous, car le peuple, de façon générale, lui, demande et rêve en fonction « d’idéaux » et surtout des propres petits intérêts perso de tout un chacun.
Bref, sortir du piège, de la phase enfantine des idéaux utopiques, c’est voir la réalité pour ce qu’elle est et cesser de rêvasser à des idéaux irréalisables et à des solutions magiques. Et, à un autre niveau, c’est la même chose concernant ceux qui préfèrent croire et ceux qui se concentrent sur ce que la science démontre qu’on peut faire avec ce que l’on connait et sait qui
fonctionnent. Tant que les hommes ont focalisé sur ce qu’ils avaient envie de croire que la vie et la nature étaient, ils ne pouvaient manipuler les causes et les effets, mais dès que certains ont commencé à focaliser leur attention uniquement sur ce qui est et comment ça procède, alors ils ont pu débuter à manipuler les causes et les effets.
Autrement dit, l’on peut demeurer toute sa vie une espèce « d’enfant/croyant » qui crie à tous «
yaka fokon ce serait tellement mieux »/«
l’amour universel, Dieu, les esprits bla-bla-bla » ou bien commencer à voir les choses telles qu’elles sont et faire avec du mieux qu’il est possible.
Et moi j’ai fini par réaliser que le système « oligarchico-capitalo-pseudo-démocratique », n’est pas idéal (
ni ce que je déciderais de créer si j’avais une baguette magique, mais ça n'existe pas la magie!!!!), mais est le moins pire système possible, jusqu'à présent, considérant qu’on doit tenir compte des sujets et de leurs différentes propensions, aptitudes, croyances, etc. Outre le temps que je dois consacrer à ma survie, je suis libre de faire ce que je veux et je vis dans un luxe que même un roi des siècles passés n’avait accès.
Oui, l’on doit vendre son temps de travail, mais il est tout à fait possible de très bien gagner sa vie, de choisir un domaine qui nous intéresse et même de créer sa propre entreprise (
il y a des exemples à foison). Et même dans un monde idéal, l’on devrait faire des tâches ingrates et bosser. À la limite, seul dans les bois, l’on devrait s’efforcer à (
« vendre son temps de travail » aux animaux/végétaux pour qu'ils nous donnent en retour, de leur vie, la possibilité de) se nourrir et survivre chaque jour. Donc, d’une façon ou d’une autre, faut réaliser que le
simple fait de vivre implique de devoir faire des efforts et de bosser, d’une façon ou d’une autre! L'on ne s'en sort pas! Aucun système ni aucune façon de vivre ne permettent de seulement dormir et s’amuser dès le départ (
sauf à être héritier, mais rien n’est juste, même dans la nature. Encore un truc qu’on doit accepter et réaliser tôt ou tard).
La simple paresse et la simple envie de ne pas vouloir se lever le cul pour survire suffit à rendre attrayant les systèmes utopiques et donc à rêvasser à ces derniers au lieu d’affronter le monde et la vie et fournir l’énergie et le temps nécessaire à toute survie. C'est un piège!
Maintenant, est-ce que le système actuel peut se poursuivre indéfiniment? Ca, c’est autre sujet, tout comme les ressources, notre effet sur l’environnement, etc. N’en serions-nous arrivés au même point, tôt ou tard, avec un autre type de système? À moins de limiter les naissances, forcément, tôt ou tard, l’humanité, si ce n’est qu’à cause de sa surpopulation en rapport avec les ressources de la planète aurait été confronté aux mêmes problèmes. Parce que l'humain — à partir d’un certain nombre — est semblable à un parasite qui se multiplie sans cesse consommant toutes les ressources de son hôte, capitalisme ou non.
La vie est imparfaite, injuste, pas facile, demande de dépenser temps et énergie pour survivre et, très souvent, est une chienne de salope!
Bienvenue dans le monde des adultes lucides!
