Jean-Francois a écrit : 23 sept. 2020, 03:19
Nicolas78 a écrit : 22 sept. 2020, 17:05C'est trompeur, fallacieux: on décrit la marche en décrivant le corps. Et ce n'est pas en insistant sur "juste le corps" que tu changeras grand-chose à cet état de fait. Cela parce qu'il est impossible de décrire la marche sans décrire le corps.
Et il ne me parait pas possible de comprendre la marche en décrivant que le corps comme un objet propre tangible. Il faut introduire des choses qui sont abstraites, et expliquer des forces comme la gravité
En science, on circonscrit le cadre des questions afin d'obtenir des réponses. Parce que chercher à tenir compte de tous les paramètres qui pourraient éventuellement agir sur un phénomène ne permet pas d'isoler ceux qui agissent vraiment. (Sans compter qu'on ne connait pas tous les paramètres, difficile de tenir compte de ce qu'on ignore.) On cherche à déterminer ceux qui sont primordiaux pour comprendre ce phénomène. Cela fait que ton "il faut" n'est pas très vrai: on peut très bien observer et décrire la marche sans tenir compte de la gravité.
Cela parce que, en quelque sorte, la gravité est "incluse" dans les mouvements du corps. (Il n'y aurait de toute façon pas de marche sans gravité.) Lorsqu'on décrit ces mouvements (angles, phases de contraction, etc.), on tient indirectement compte de la gravité. Sur les photos du chat que j'ai montrée: la gravité agit sur le chat de manière similaire entre la première et la dernière photo. Il n'y a pas besoin de le préciser pour qu'on comprenne que le chat marche.
Par ailleurs, il était question de "décrire" et non forcément de "comprendre". Sauf qu'on peut autant décrire que comprendre la marche sans passer par la gravité. Évidemment, si on veut raffiner l'explication en élargissant la question, on peut ajouter la gravité* (ou la biomécanique comparative, ou la génétique). Mais si on veut décrire la marche, c'est du corps qu'il faut partir. Pas des potentielles manières de complexifier le problème en fonction de paramètres plus ou moins** pertinents et abstraits.
Jean-François
* On
doit même le faire si on cherche à comprendre les transferts de masses lors des différentes phases du mouvement, l'influence vestibulaire, ou si on compare les manières dont on marche sur Terre et sur la Lune. Mais ce sont d'autres cadres paradigmatiques.
** Comme une description de "tous les atomes du corps". Comme si ne pas pouvoir donner une telle description empêchait de comprendre la marche. Alors que c'est une restriction un peu sur le mode "si on ne sait pas tout, on ne sait rien".
C'est vrai dans le sens ou la gravité est "instinctivement" décrite et appliquée dans la marche, la notre, et quand on voit les autres. Sans qu'on est forcement besoin d'expliquer.
Pour
expliquer pleinement le phénomène j'avoues avoir du mal a me dire que la gravité serait un détail. Pas plus qu'expliquer l'évolution a travers la transmissions des gènes alors que l'hérédité est une évidence qui n'a pas vraiment besoin d'explication pour être admise (l'humain sélectionne les animaux depuis bien plus loin que l'explication scientifique de l'évolution, il observe aussi les hérédités visibles chez les individus de manière très "évidente" depuis autant de temps j'imagine).
Cependant tu a compris ma posture, elle est simplement constructiviste. Le corps existe sans besoin qu'on ne l'explique. On peut le décrire un minima sans avoir besoin de le comprendre. Mais pour le comprendre scientifiquement (un minima), l'analyser, il faut des outils et un langage abstrait qui n'existe pas indépendamment de nous, qui n'a aucune existence tangible, mais une existence abstraite. Contrairement a notre corps.
Tu comprendra cependant que ma position est très loin de considérer que l'étude des phénomènes/process ou interactions entre la matière, leurs description et leurs explications puissent faire passer les objets (corps) au second plan. C'est pas du tout le cas.
Pour faire une analogie simpliste : Faire cela serait pour moi comme enlever l'uranium d'une centrale nucléaire, en se disant que ca va fonctionner quand même, au moins un peu...(bha nan).
Par ailleurs, on focus sur la marche, mais pour comprendre et
expliquer (pas intuitivement) comment un corps tombe par exemple, il ne suffit pas de décrire le corps.
Tu va me dire que c'est une tentative de dévier le sujet (la marche), mais c'est une démonstration simple de la cohérence du constructivisme que je défend. Je ne dit pas que ce constructivisme est un "process" tangible, c'est un simple rapport (épistémologique) a la réalité, qui est surement discutable, et que je ne considère pas (en plus) comme l'unique posture épistémologique cohérente et pratique.
Tout ce qui compose une explication scientifique, et ce qui permet de le faire, n'a pas nécessairement d'existence propre. Les seules choses existantes, ce sont les "objets" et leurs interactions. Les explications des interactions n'existent pas en dehors de la culture humaine (scientifique ou non). Si l'humain disparait, toutes ces explications disparaissent aussi. Mais pas les objets ni les interactions entre eux.
Sinon je trouve dommage que tu veuille pas parler des effets psychosomatiques, car du coup je me met a douter qu'une analyse de l'environnement couplé a une croyance puisse avoir l'effet qu'ont prête a certaines personnes, notamment les "électrosensibles". Comment expliquer ce phénomène par un effet somatique (et non "psychosomatique) qui ne passerait donc pas par une "analyse" consciente et subjective d'une situation (réelle mais aussi imaginée, puisque les électrosensibles sont sensibles quand ils "savent" qu'ils sont bombardé d'ondes, même quand l'objet qui est sensé envoyer les dites ondes ne fonctionne pas...).
A moins d'avoir accordé a ces gens des sensations et symptômes qui n'existent pas vraiment, ce que je suis prêt a entendre aussi (pour des raisons de ligne éditoriale et/ou de vulgarisation scientifique douteuse). L'idée selon la quelle ces symptômes puisse résulter d'une réaction "psychosomatique", cad causale a l'activation des zones cérébrales responsables de la conscience me semble cependant tout a fait banale et en rien ambigu.