@ Jean7
Non Jean, tu te trompes. Je ne me tais pas.
J'ai déjà longuement exposé, et ce, suivant plusieurs axes.
Trois exemples qui indiquent que cette question (et non la notion de libre-arbitre) est mal posée et absurde
- La controverse de Valladolid
Texte magnifique écrit par Jean-Claude Carrière qui vient de nous quitter, porté à l'écran, avec Jean-Pierre Marielle, Jean Carmet et Jean Louis Trintignant, impériaux.
L'action historique se situe vers 1550.
Le thème étant : les indiens peuvent-ils être considérés comme des hommes et ont-ils une âme ?
Échanges passionnants, de haut niveau.
Le texte est devenu une référence, un classique.
On s'aperçoit que si on reste dans le même niveau de réflexion, dans le même référentiel, on n'en dort pas.
Si on n'agrandit pas le cercle en faisant intervenir d'autres éléments, la situation devient absurde puisqu'on finit par passer son temps à se plagier, à s'auto-référencer, à s'invectiver vainement.
- Stanley Milgram et ses expériences au sujet de la soumission à l'autorité.
Pour ceux qui ne connaissent pas, ou qui ont besoin de se remémorer, un extrait de ce très bon film classique, lui aussi, d'Henri Verneuil : "I... comme Icare".
https://vimeo.com/415520825
Où comment faire souffrir une personne inconnue qui ne vous a strictement rien fait.
Le cadre, la structure, les conditions, définissant l'action.
Il faut revoir cette séquence, attentivement.
Je défie quiconque, placé dans le rôle de l'expérimenteur, de ne pas céder.
Milgram a publié ses travaux avec ses conclusions en 1963. Ils ont été disséqués, contestés, décortiqués. On a refait des tas d'expériences.
L'une des plus récentes fut il y a quelques années dans une émission de télévision, "Le jeu de la mort", avec l'intervention de Jean-Noël Beauvois.
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Le_Jeu_ ... umentaire)
https://m.youtube.com/watch?v=y4vL89T4epI
Milgram cherchait à comprendre ce qui avait bien pu déterminer des individus ordinaires à devenir de parfaits exécutants inhumains (dénués de toute forme d'empathie) sous le régime nazi.
Le taux d'obéissance constaté par Milgram était de presque 63%.
Pour Le jeu de la mort, un simple jeu télévisé, rigoureusement organisé, 80%.
De nombreuses autres expériences, en variant les conditions, en changeant les paramètres, n'ont jamais conduit à observer un taux de soumission bas.
Où est-ce que je veux en venir ?
Tous les individus disposaient, en principe, de ce fameux libre-arbitre.
Comment se fait-il qu'ils se soient conduit ainsi ?
A faire souffrir, torturer, leur prochain, sans aucune justification possible, sauf celle d'obéir stupidement à un ordre?
Le libre-arbitre contre le déterminisme ?
Non. La question est mal posée, elle est absurde. (cf. La controverse de Valladolid). Elle n'a pas de raison d'être.
Après les expériences de Milgram dont les conclusions sont toujours d'actualité, et ce, pour très longtemps, peut-être à jamais, il n'y a pas de libre-arbitre, il n'existe tout simplement pas.
Même l'expression de la conscience en devient suspecte. On n'a jamais réussi à proposer mieux que Stanley Milgram.
Par contre, on a trop tendance à l'oublier.
De temps en temps, comme Henri Laborit et le concert de l'inhibition de l'action, ils ressurgissent, parce qu'on n'a pas, à ce jour, pu proposer mieux.
- ce qui nous conduit à un troisième point, avec une question qui pourrait être : l'homme est-il foncièrement bon?
Là encore, la question est mal posée, absurde, et conduira à ce qui caractérise les échanges autour de ce fameux libre-arbitre.
L'homme n'est pas bon, il a seulement les moyens de devenir moins mauvais.
Il n'a jamais été prévu pour être bon, ou mauvais. Il est, c'est tout, ça s'arrête là.
Mon raisonnement n'a pas varié d'un iota, au cours des différents billets. Je l'ai enrichi d'apports de connaissances, d'interrogations... Je me suis pris au jeu pour tenter d'affiner mes argumentations.
Je ne prétendrai aucunement avoir raison, ce serait là aussi une absurdité et une impasse.
Les dernières découvertes en matière de préhistoire, les nouveaux axes de recherche, semblent bien aller dans ce sens.
Le libre-arbitre, définitivement non. Par contre, l'individu dispose de la faculté de choix. Nous n'allons pas revenir et détailler, avec la notion de conscience, cela a été longuement fait.
Il suffit de se replonger dans La controverse de Valladolid, et surtout dans Stanley Milgram. Cela devrait suffire à calmer les ardeurs.
Ce qui conduit à devoir se méfier du langage, ce formidable outil, redoutable. Qui n'est en aucun cas une finalité, mais une extension, une expression de l'être humain. Le langage peut, beaucoup. Le meilleur comme le pire.
Si on n'apprend pas à en sortir, là aussi, on tourne en rond.
Les expériences de Milgram l'indiquent bien: elles ont dû contourner l'obstacle du langage.
Le langage a uniquement servi à asseoir les conditions d'expérimentation.
Stanley Milgram... la bête noire de beaucoup de "penseurs", chercheurs... Ce qu'il n'a jamais cherché à devenir. Il a simplement voulu savoir et apprendre. Il a entrepris les démarches qui le lui permettaient.
Il en est revenu subjugué.
Un magnifique film:
https://www.allocine.fr/film/fichefilm_ ... 30007.html
Pas du tout apprécié par certains médias, et pour cause.
Se pencher sur les travaux de Milgram, c'est commencer à remettre en cause les structures hiérarchiques de dominance.
Qui n'ont strictement rien à voir avec une quelconque idéologie.
Sur ce sujet, Milgram et Laborit se rejoignent et se complètent.
A l'issue de ce long "pavé", je ne vois pas ce que je pourrais ajouter de plus, si ce n'est encore recommencer une énième démonstration. J'ai dressé le constat, j'ai examiné les options.
Milgram me renvoie à Hannah Arendt.
Ils ont officié à la même période. Arendt avec Eichmann, la banalité du mal.
Je viens à l'instant de découvrir :
https://www.cairn.info/revue-le-philoso ... ge-233.htm
Comme quoi, on n'en finit jamais...
Le Point vient de sortir un hors-série consacré à Hannah Arendt. Excellente initiative, parce que plonger dans Arendt c'est également en prendre pour longtemps, sa pensée est riche, ardue. J'ai un livre qui contient de m'attendre.
C'est quand même autre chose que d'être comme un hamster en train de courir dans sa roue.
Le libre-arbitre, c'est un peu comme l'homéopathie.
"Tu le vois bien, j'en prends, ça marche!".
Il arrive un moment où la discussion n'est plus possible, où l'argumentation aussi construite et poussée soit-elle, n'est plus opérante. Les niveaux de réflexion ne se situent plus sur le même plan, il ne sert à rien de continuer. À moins de vouloir absolument avoir raison, s'amuser, se confronter... L'homéopathie est définitivement une pseudo-science, sans la moindre parcelle de rationalité et d'étayage scientifiques. Il reste son lot de croyants qui perdurera, envers et contre tout.
Tant qu'ils ne se livrent pas à des débordements et à du prosélytisme éhonté (cf. Edouard Broussalian...)...