PhD Smith a écrit : 16 mars 2021, 03:03
Oui. On a donc "Scribe, scribe, rescribe, ora, labora et invenies".
Bien vu pour le rapprochement entre Geller et Girard.
Avec une connaissance fine de l'époque (française), des médias qui pouvaient proposer aux auditeurs ou téléspectateurs de bonnes tranches de paranormal, on peut comprendre le pedigree fictif de Girard, taillé sur mesure.
Pour le latin, c'est très instructif, je joue joker.
Je suis complètement largué... Dommage, j'aimais bien, très formateur pour l'esprit.
Quand on se replonge dans les archives, télévisées ou radiophoniques, c'est la caverne d'ali-baba. Pas pour rien que des collections de livres ont pu exister, avec la récupération hétéroclite d'écrits, comme ceux de....Lobslang Rampa (éditions J'ai Lu, livres de poches, couverture rouge, avec un titre de collection "L'aventure mystérieuse").
https://www.babelio.com/editeur/808/Jai ... ysterieuse
On trouve tous les grands "classiques".
Cette collection a marché du feu de dieu sur le plan éditorial, avec la présence de journaux et de revues dans le même style.
Parallèlement, existaient de superbes collections d'ouvrages de science-fiction et d'anticipation, avec également les grands incontournables, des textes de qualité. L'heure était au mystère, frelaté d'un côté, nettement plus intéressant de l'autre. (cf. Asimov, van Vogt, K. Dick...).
Il existait un cadre, une atmosphère prédisposants.
Beaucoup de choses tournaient autour de "l'esprit", des pouvoirs du cerveau, mais pas que..
Comme la recherche scientifique était encore bien "balbutiante", ou du moins pas aussi poussée à ce niveau, car elle ne disposait pas encore d'une technologie suffisante pour continuer à progresser (premier scanner inventé en 1972, mise en circulation et utilisation courante vers la fin des années 70), la voie était ouverte sans trop de prises de risques, quant à une contestation éventuelle.
Un tapis rouge pour les Illusionnistes, la plupart respectables, et les charlatans comme Girard.
On rajoutera les émissions de radio avec les grandes heures de la psychanalyse, entre autres, très écoutées. Il y avait bien d'autres "rendez-vous".
Quand un Henri Broch a débarqué dans la fourmilière, avec un peu plus tard un Gérard Majax comme acolyte, préoccupé par l'éthique dans sa profession, des frictions se sont produites, avec une certaine violence dans les propos des imposteurs tenants du titre.
Il faut auss ien avoir à l'esprit que le marché était porteur et juteux, en parts, et en termes financiers.
Certains se sont laissés aller à des dérives, en abusant outre mesure, de la crédulité des personnes : Girard, Webb...par exemple, et sont passés devant le tribunal.
(cf, article de Porte dans le Monde, Abel Chemoul l'a rappelé).
Le rêve, le mystère, l'au-delà, les forces obscures à l'œuvre... toujours...
L'aventure mystérieuse...
La bête du Gévaudan est un classique de l'entourloupe, qui continue de produire quelques effets, atténués, avec le temps. Certains s'en servent toujours comme référence et n'en démordent pas. Il suffit pourtant de se rendre sur place en Lozère, et de faire son enquête.
Le texte (1936) est l'un des grands témoignages de l'enfumage, à connaître toutefois, pour pouvoir comparer aux dernières avancées en la matière.
Parce que si on reste sur les forums...
viewtopic.php?f=16&t=5427&hilit=g%C3%A9vaudan
Cet aparté pour préciser l'impact, le "climat" général, de ce type de document sur des esprits où le fonctionnement à base de croyances l'emporte sur l'esprit critique. On retrouve toujours ce besoin de croire au merveilleux, à l'extra-ordinaire.
On pourrait également s'attarder sur le contexte socio-politique de l'époque, particulier : d'une société figée, ringarde, attachée à des valeurs traditionnelles, il y eut une ouverture provoquée à partir de1981, dans la société française. Des laboratoires d'idées ont vu le jour, avec des réussites mais aussi de superbes égarements.
Le contexte propice, ou facilitateur, ayant été précisé, le Girard a pu s'ébattre en toute liberté, avec une félicité et une jubilation, pendant de longs moments.
On pourrait dire que c'est une histoire de la crédulité, de l'enfumage également, qui se poursuit, parfaitement observée et documentée (Broch, évidemment, le précurseur, Monvoisin...). Nous en sommes arrivés à la "médecine quantique", par exemple...
Les salons divers et variés dont le contenu relève d'un bazar hétéroclite, continuent leur petit bonhomme de chemin.
A peine freinés par le covid et les restrictions afférentes, internet pallie partiellement l'absence sur le terrain.
De Girard à je ne sais quoi "d'exotique" dans cette voie, il existe toujours de quoi exercer son esprit critique.
C'est ainsi, et aux dernières nouvelles, ce n'est pas prêt de disparaître. On peut prétendre, sans trop se tromper, que c'est un fonctionnement inhérent à l'espèce humaine (cf. Gérald Bronner: "Apocalypse Cognitive", "La démocratie des crédules", Denis Caroti
https://cortecs.org/author/denis-caroti/, ...).
Par contre, rien ne s'oppose au scepticisme et à l'exercice de son esprit critique.