Née en 1980 dans le sud de la France, Sophie Mazet a fait ses classes préparatoires littéraires à Toulouse avant d’intégrer l’École normale supérieure de Cachan. Agrégée d’anglais, elle choisit de se consacrer à l’enseignement secondaire et donne des cours depuis 2007 dans un lycée de Seine-Saint-Denis classé ZEP. Depuis 2011, elle y anime un atelier d’« initiation à l’esprit critique » dont elle a tiré la matière de son Manuel d’autodéfense intellectuelle, publié en 2015 chez Robert Laffont, réédité en poche dans la collection « Documento ». Le ministère de l’Éducation nationale lui a remis les Palmes académiques et sa démarche a fait de nombreux émules.
Son approche pédagogique est reconnue par l'institution, mais pas suffisamment diffusée, encouragée et relayée.Quelle est votre méthode ?
Elle comprend une partie de cours magistral et une autre de travaux pratiques. Par exemple, je commence par leur transmettre des connaissances sur la rhétorique et les arguments fallacieux, sur la sophistique. Puis, on organise un faux procès : les élèves sont les avocats, leur but est de faire acquitter leur client avec une plaidoirie emplie d’arguments le plus fallacieux possible. Je prends la place du juge : le gagnant est celui qui a réussi à caser le plus d’arguments de ce genre. J’organise aussi un cours sur l’embrigadement et les sectes, à la suite duquel ils doivent créer leur propre secte et m’expliquer comment ils vont recruter, en utilisant les éléments du cours. Ou encore un cours sur le complotisme. Comme les francs-maçons peuvent servir de boucs émissaires dans diverses théories du complot, j’ai proposé une visite au Musée de la franc-maçonnerie, à Paris, où nous avons été reçus par un super conservateur. Il a expliqué aux élèves le fonctionnement des loges en comparant les grades à ceux d’un club de foot.
Quand elle n'est pas ignorée par certains acteurs... à l'intérieur de la même institution...
Elle s'en explique dans une vidéo:
https://www.youtube.com/watch?v=vvhcCqhoeTU
Où on découvre, que contrairement aux idées (et poncifs) reçus, les élèves peuvent être heureux de penser, avec un regard critique porté sur le monde et les medias environnants. A condition de leur proposer quelque chose de motivant.
https://youtu.be/zC6cj4Z9atU
Elle a réussi à faire venir ou à aller à la rencontre de Catherine Kintzler, Rudy Reichstadt, Gilles Kepel...
Un film-documentaire a été réalisé sur l'approche pédagogique de Sophie Mazet, "Le vrai du faux", en 2017 et diffusé sur une chaîne de télévision publique.
Ca fait du bien de regarder ce type d'initiatives constructives, conçu pour et avec les générations futures.
https://www.facebook.com/20213600981098 ... ideos_card
Quelques vidéos du documentaire:
https://www.facebook.com/pg/levraidufau ... e_internal
Il en faut de l'audace, du courage, de la volonté, de l'abnégation et de la pugnacité pour faire avancer les choses:
L'interview complète du Figaro:Pourquoi ne pas dupliquer ce type d’ateliers ailleurs ?
Quand Najat Vallaud-Belkacem a été ministre de l’Éducation nationale (de 2014 à 2017, Ndlr), son ministère a créé un groupe de travail. Mais je précise que moi, je me suis autoformée en passant des mois à la BnF à lire des livres sur tous ces sujets. Ce que je fais est très personnel et repose aussi beaucoup sur l’humour. Ce n’est pas facile à retranscrire. Ce groupe avait malgré tout réussi à intégrer des choses dans différentes disciplines, en particulier sur le conspirationnisme. Et puis Jean-Michel Blanquer a dissous le groupe, ça ne l’intéressait pas.
https://madame.lefigaro.fr/enfants/soph ... 120-183492