Dany a écrit : 04 mai 2021, 13:04
Jean-Gabriel Ganascia, la source de Thierry a écrit :"Il s'ensuit que notre esprit pourrait poursuivre sa vie sur des ordinateurs, indépendamment des supports physiologiques sur lesquels il naquit et se développa. En conséquence, l'esprit existerait séparément et de façon totalement dissociée de la matière. ... blabla... donc dualisme"
Ca reste moniste. Là, l'esprit a toujours besoin d'un support matériel, quel qu'il soit... il n'existe à aucun moment
"séparément et de façon totalement dissociée de la matière".
Yep !
J'ai un peu trippé.
Puis je me voulais un peu provocateur.
Ceci dit le mec s'adresse à des "singularistes durs" (c'est éventuellement un épouvantail de sa part, parce que je ne suis pas sûr que ces gens-là existent vraiment, à part peut-être dans les medias... en même temps, des déterministes durs, ça existe a priori donc bon..

)
Mais quand on considère que "la conscience" pourrait naître d'un simple processus informatique (sur la base d'un support matériel certes), on fait fi du corps humain (sensations, émotions, toussa..)
C'est en cela qu'on peut y voir un certain dualisme à mon avis.
On sépare nettement l'esprit du corps.
Mais oui, je ne suis pas très fier de ce petit extrait.
Thierry a écrit :J'ai également retenu l'expérience de pensée dite de
"la chambre chinoise", entre autres (je trouve ça intéressant vu que ça valide mes préconceptions sur le sujet

)
Ca ne valide pas tant que ça
(si tu as lu les objections).
L'objection est la même que pour le déterminisme absolu de Laplace. La masse d'information nécessaire à rassembler pour caractériser toutes ces règles syntaxiques est hors de portée.
Pourquoi pas (je pense que je te suis) mais du coup je te réfère au second extrait que j'ai posté (encore et encore) :
Or, les machines ne modifient pas d'elles-mêmes le langage dans lequel s'expriment les observations qui alimentent leurs mécanismes d'apprentissage et les connaissances qu'elles construisent.
Elles ne parviennent ni à étendre ce langage, ni à le restreindre lorsqu'il se révèle trop riche. Il y eut bien quelques tentatives, que ce soit avec la programmation logique inductive, dans les années 1990, ou plus récemment avec l'apprentissage profond, mais les maigres résultats ne sauraient convaincre. Il faut dire que ces transformations de langage s'avèrent extrêmement délicates, même pour les hommes. Cela s'apparente aux difficultés que l'on rencontre dans la découverte scientifique. La science qualifiée de « normale » par Thomas Kuhn, parce qu'elle énonce des lois
dans un cadre conceptuel fixe, se trouve parfois limitée par les restrictions du langage imposé par ce cadre conceptuel.
Alors d'accord, je sais que tout ça n'est pas très original, et que Kuhn n'est pas forcément apprécié de la "communauté scientifique" en raison de ses écrits parfois beaucoup trop relativistes, mais j'ai du mal à laisser cet argument de côté.
D'autant que pour le moment, ça colle exactement avec les limites des IA.
Pour l'avenir on verra bien, mais encore une fois : la puissance de calcul c'est bien beau, mais cette puissance de calcul au jour d'aujourd'hui nous permet uniquement de mettre en évidence des corrélations entre, grosso modo, des variables quantifiables - discrètes également - mais conceptualisées puis formalisées à l'avance par l'humain.
Peut-être que le déterminisme laplacien est la bonne réponse, mais encore faut-il que l'humain arrive à programmer les machines pour le mettre en évidence (et pour ça, "bon courage !"

)
Bref, dans les 2 cas de figures, on spécule beaucoup trop je trouve (dans un cas de figure plus que dans l'autre à mon avis, mais in fine je reconnais que je n'en sais rien).
C'est un peu vache de ma part, mais je me demande si le "rasoir d'Ockham" en dernier lieu ne devrait pas nous pousser à fermer nos gueules.
Note aussi que la chambre chinoise, ce n'est pas une démonstration, c'est juste... on ne sait pas quoi.
C'est une "expérience de pensée", chose que tu affectionnes, et comme toutes les expériences de pensée ce n'est au final qu'une analogie, qui ne prouve strictement rien, clairement.
Ca montre(rait) qu'il est impossible de savoir si ce qu'on a en face de soi a "une conscience", bien sûr. Mais ça vaut aussi si on a un humain en face de soi...
Yes, j'ai regardé la vidéo qu'a postée Igor (@Igor : j'avais pas grand-chose à y redire, simplement).
On nage dans la philo.
Très bien, ça m'instruit !
Mais tout ça me semble très éloigné de cette fameuse "démarche scientifique".
Puis ça ne me semble pas très pragmatique : car tu sais très bien que tes interlocuteurs ressentent à peu près les mêmes choses que toi. Mais je t'en prie, parle métaphysique c'est intéressant, perso j'y vois encore comme un paradoxe avec le discours général ici mais pas de souci me concernant.