Dominique18 a écrit : 20 oct. 2021, 13:08Les dérives idéologiques
C'est un sujet important et difficile. Il rejoint un problème plus général et important par ses conséquences.
Nous avons
tous, à des degrés divers, la capacité de nous mentir à nous mêmes quand nous avons l'envie ou le presque besoin de croire quelque chose (1). Bien souvent, un noyage de poisson n'est pas seulement destiné à l'interlocuteur que l'on croit s'efforcer de convaincre (ou de vaincre ?) de quelque chose d'inexact ou (plus souvent) de seulement partiellement juste.
L'interlocuteur que l'on cherche alors à convaincre, dans un tel cas, c'est bien souvent...
...
soi-même...
...Et on y arrive.
Je signale ce point car il me semble qu'identifier un manque d'
impartialité, non pas chez les autres (ça, en général, ça n'est pas bien difficile) mais
chez soi-même, est très difficile. Or, dans la
période d'anthropocène actuelle, il me semble qu'identifier la difficulté d'équilibre/impartialité dans nos jugements de valeur et dans nos analyses, au moins sur les sujets importants (sur les préférences sportives ou musicales, ça ne me semble pas forcement bien grave) est très important pour avancer dans la résolution commune de nos problèmes de société...
...Et oui, il y a bien un lien avec les échanges que j'écoute sur ce fil (détacher la réponse du fil évite de conférer au présent post un caractère qui serait plus spécifiquement destiné à M. X qu'à M. Y)
(1) Comme par exemple le besoin de trouver des coupables à nos sujets de préoccupation ou de frustration. Cela nous offre (en apparence) deux avantages :
- cela nous allège du poids de notre part de responsabilité en tant qu'individu ou encore en tant que membre d'une catégorie d'appartenance X ou Y dans les difficultés auxquelles se trouve confrontée notre société actuelle,
.
- cela nous donne le sentiment d'une certaine supériorité morale. "Je suis dans la catégorie des gens biens" alors que les coupables, eux, sont au contraire dans la catégorie "des gens pas bien".
Chaque catégorie d'appartenance a sa
catégorie de coupables préférée. Il s'agit, le plus souvent, de la catégorie à laquelle nous avons le plus fort sentiment de non appartenance. Evidemment, cette catégorie de coupables présumés depend donc de notre catégorie d'appartenance. Selon le cas se sera :
- les fonctionnaires,
- les immigrés,
- les financiers,
- les syndicats,
- les policiers,
- les patrons,
- le peuple
- les profs,
- les hommes politiques,
- les intellectuels,
- l'intelligentsia de X ou de Y,
- les "écolos",
- les "fachos",
- les "gauchos"
- les "élites"...
les numéros x, y et z de cette liste (x, y et z dépendent bien sur de ma catégorie d'appartenance) font partie de la catégorie des "gens pas bien", les gens responsables présumés d'une partie non négligeable de nos problèmes de société.
Est-ce un souci ?
Oui, c'en est bien un.
La situation actuelle nous demande de faire front commun pour résoudre un certain nombre de difficultés très fortes et d'
instabilités diverses (avérées pour certaines, latentes pour d'autres) auxquelles notre société mondiale se trouve confrontée. Nous sommes trop
court termistes dans nos attentes/objectifs et, en plus, trop dans l'
attente que les coupables/responsables résolvent nos problèmes de société, des problèmes qui nous sont pourtant communs.
Avec
8 milliards d'êtres humains brulant la planète par les deux bouts, nous ne ne pouvons plus nous permettre de nous réfugier dans le confort consistant à considérer que
le coupable c'est toujours l'autre.
Ces problèmes découlent, en fait,
sans que nous en soyons toujours pleinement conscients, de nos
objectifs actuels, lesquels objectifs d'écoulent de nos
attentes, attentes elles-mêmes conséquence de nos
valeurs/motivations.
Ces objectifs/attentes/valeurs/motivations
- découlent du contexte dans lequel se trouve placée telle ou telle catégorie d'appartenance,
- et non de motivations de fond et de valeurs qui seraient fondamentalement différentes d'une catégorie à une autre,
- et encore moins de diffférences dans nos ADN respectifs. Nous avons le même ADN, celui propre à l'homo-sapiens sapiens, l'espèce (à ce jour) dominante.
La conviction que nos problèmes de société sont à 90% imputables à telle ou telle catégorie que nous nous sommes choisis de cataloguer comme
LA principale catégorie de coupables est presque une garantie d'immobilisme/statu quo...
...Or nous
devons avancer.