2023-2030: sept petites années...jean7 a écrit : 12 déc. 2022, 08:43A-t-on une bonne vision des compétences qui seront nécessaires en 2030 des 80 000 personnes don tu parle ?LoutredeMer a écrit : 05 déc. 2022, 19:53 - Il faut embaucher 80000 personnes d'ici 2030 et on ne les aura pas...
Si oui, il n'est pas impossible de les avoir.
Compte-tenu des structures de formation qu'il faut créer, ou remettre en place, de la lenteur constamment procédurière de l'administration française, des formateurs, parce qu'avant de disposer de personnes opérationnelles, compétentes sur le terrain, il faut les former, avec du matériel sur lequel travailler, des possibilités de stages, ce qui suppose des entreprises pouvant accueillir,... ce n'est pas impossible, mais le chantier est titanesque.
Il faut des moyens, beaucoup, et une énorme volonté ainsi qu'un courage politiques. La désindustrialisation de la France c'est aussi cette réalité dont il faut tenir compte. Le travail manuel a été tellement dévalorisé qu'il est très difficile de trouver des jeunes motivés pour mettre les mains dans le cambouis.
Anecdote, qui remonte à trois ans: quand des formateurs (exemple en IUT, section génie civil) ne connaissent pas grand chose au béton, qu'il n'a jamais ou pratiquement jamais mis les pieds sur un chantier où on coule du béton, avec des contraintes liées à différents paramètres (nature géologique, aléas climatiques,...), qu'il dispose d'un savoir théorique mais pas pratique, comment veux-tu que le système tienne debout?
Ce sont les étudiants qui font remonter les informations, du moins ceux qui ont la possibilité, à ce niveau, ce n'est pas le cas de tout le monde, de faire un stage, sur un chantier, les pieds dans les bottes, au milieu d'autres ouvriers. Les formateurs évoqués connaissent le béton en laboratoire. Il y a une différence entre visiter un chantier durant une petite heure, et y passer au moins une journée complète en immersion. Elle est aussi là, la réalité.
Il ne s'agit pas de tirer sur les ambulances, mais de continuer à établir des constats. Il y a longtemps que les formateurs d'antan, à l'ancienne, ont tiré le signal d'alarme face à l'avalanche de réformes. La plupart sont partis à la retraite. Qualitativement, il y a eu une perte non compensée, une perte de la mémoire du travail, comme celle qui s'est produite dans les entreprises où toute une génération est partie emportant avec elle une autre forme de mémoire, celle de l'entreprise.
Dévalorisation, fermeture de centres de formation, sous-traitance, turn-over, intérim répété,... Dans ma région, c'est la pénurie de conducteurs qualifiés d'engins de chantier, pour le BTP.
On arrive à des situations absurdes, mais également logiques: je connais un chaudronnier, usineur sur métaux comme l'inox, qui circule d'entreprise en entreprise, de contrat en contrat, suivant les besoins. Son salaire est nettement plus intéressant avec cette formule qu'il a choisie, puisqu'il peut le négocier, ne rencontrant guère de concurrence au niveau de sa qualification. Ce qui revient à constater qu'il peut d'une certaine façon dicter ses conditions. Il y a pénurie de techniciens en chaudronnerie, et ce n'est certainement pas la technologie qui pourra remplacer l'humain, pour l'instant.