La guerre de l'information...
Et toujours des civils qui s(er)ont toujours pris en otages...
Débunkage...
LETTRE DES MÉDIAS. Les agences de presse et les médias ont diffusé la propagande du groupe terroriste Hamas, alors qu’on ne connaissait pas l’origine du tir qui a touché l’hôpital Al-Ahli à Gaza.
Par Olivier Ubertalli
Publié le 20/10/2023 à 20h42, mis à jour le 21/10/2023 à 10h52
Il est environ 19 heures, ce mardi 17 octobre, quand tombe la dépêche urgente de l'Agence France-Presse (AFP). Son titre : « Gaza : au moins 200 morts dans un raid israélien sur l'enceinte d'un hôpital (Hamas) ». Les trois premières lignes du texte relatent : « Au moins 200 personnes ont été tuées dans une frappe israélienne ayant touché l'enceinte d'un hôpital de la ville de Gaza, a rapporté mardi le ministère de la Santé du Hamas au pouvoir dans le territoire palestinien. »
Pourquoi l'AFP reprend le qualificatif « israélien » dans son titre alors qu'il s'agit d'une affirmation provenant d'un groupe terroriste, le Hamas ? N'y aurait-il pas dans cet écrit un manque de précaution journalistique ? D'autant que les journalistes et les rédacteurs en chef de l'agence de presse, à laquelle sont abonnés la quasi-totalité des journaux français et de nombreux services de l'État, ont pris le soin de remplacer le mot « frappe » du ministère de la Santé du Hamas par celui de « raid ». À la même heure, sa concurrente Reuters se montre plus mesurée dans le choix des mots : « Des centaines de morts dans une frappe sur un hôpital de Gaza, déclare le Hamas », titre-t-elle.
Le directeur de l’information de l’AFP
« L'AFP a contextualisé et sourcé l'information. Mais cela reste très complexe de travailler en temps réel dans la guerre de l'information à laquelle se livrent Palestiniens et Israéliens, se défend Phil Chetwynd, directeur de l'information de l'agence. L'hôpital Al-Ahli est situé dans une zone difficile d'accès. Il est impossible d'attendre des heures sans donner l'information. En outre, celle-ci provient du ministère de la Santé du Hamas qui est une branche administrative qui diffère de la branche politique de l'organisation. On cite d'ailleurs leurs estimations de victimes [environ 200 morts, NDLR] et non celle du Hamas [environ 500]. »
Vers 22 heures, le 17 octobre, après la réplique de l'armée israélienne – qui dément toute implication et accuse le Hamas, preuves à l'appui, d'être à l'origine du tir – l'AFP retire finalement le mot « israélien ». Trois longues heures se sont déjà écoulées. Si l'agence de presse l'avait fait dès le départ, en écrivant « Gaza : au moins 200 morts dans un raid sur l'enceinte d'un hôpital (Hamas) », l'agence créée en 1835 par Charles-Louis Havas n'aurait-elle pas évité un naufrage médiatique ? « Ce qui se passe sur les réseaux sociaux est hors de contrôle. C'est un vrai bordel. Ce ne sont pas les agences et les médias qui maîtrisent aujourd'hui la diffusion de l'information », déplore Phil Chetwynd, qui précise demander à ses équipes « d'écrire avec le maximum de prudence et de contexte ».
Effet boule de neige
La dépêche AFP de 19 heures et sa reprise sur les réseaux sociaux sans la mention indispensable « source Hamas » vont provoquer un effet boule de neige. Immédiatement, la machine médiatique s'emballe. Les sites Internet et les applications des médias du monde entier reçoivent en effet directement les dépêches de l'AFP – mais aussi de Reuters et AP – via des fils d'informations appelés RSS. Ces fils RSS (de l'anglais « Rich Site Summary » ou « Really Simple Syndication ») permettent de syndiquer les contenus Web. Les médias français, dont Le Point, reprennent la dépêche AFP telle quelle. Parfois, pour des raisons de bonne lecture, la source « Hamas » du titre de l'AFP disparaît. Elle se retrouve souvent dans le « chapô », le passage sous le titre, et/ou dans la première phrase de l'article.
Il ne faut pas oublier, en outre, que l'information de la « frappe » sur l'hôpital Al-Ahli se dissémine au sein des rédactions occidentales un peu avant 20 heures. À cette heure, les équipes de journalistes s'amincissent et les sites Internet sont plus alimentés en dépêches que durant la journée. « Nous avons d'abord écrit un article qui reprend les termes de la dépêche AFP. Nous l'avons amendé trois heures plus tard, avec les deux versions, celle du Hamas et celle du porte-parole de l'armée israélienne », détaille Dov Alfon, directeur de la rédaction de Libération. Le jeudi 19 octobre, le quotidien publie en une la photo d'un manifestant en colère au Caire brandissant l'image générée par intelligence artificielle d'un bébé sous les gravats. Les réseaux sociaux s'enflamment et accusent Libé de « fake news ». « Nous aurions probablement dû mentionner en légende le fait que l'homme brandissait une fausse image, mais la légende de l'agence AP ne l'a pas mentionné, soit par omission, soit par manque de temps, et nous de même. C'est évidemment regrettable », poursuit Dov Alfon.
Pour le journaliste franco-israélien, qui a l'expérience du conflit palestino-israélien, car il a été le patron du quotidien israélien Haaretz, « la seule erreur des médias français concernant la frappe sur l'hôpital de Gaza a été de reprendre comme argent comptant la version du Hamas pendant les deux premières heures ». « Tout le monde s'est ensuite repris en prenant les précautions nécessaires, contrairement à la BBC », estime-t-il. Selon Dov Alfon, la tragédie de l'hôpital de Gaza est « emblématique de la rapidité vers laquelle notre métier de journaliste a évolué. Quotidiens, magazines et radios travaillent désormais au même rythme qu'une agence de presse ».
Cette vitesse de diffusion, amplifiée par les réseaux sociaux, a également conduit des organisations ou des dirigeants politiques à réagir très vite. Trop vite. Peut-être aussi selon les positions. L'ONG Médecins sans frontières (MSF) a été l'une des premières à condamner « le récent bombardement de l'hôpital Al-Ahli ». Dans la soirée du mardi, le président Emmanuel Macron, sans se prononcer sur l'origine de la frappe, a souligné que « rien ne peut justifier de prendre des civils pour cibles. » Après Macron, d'autres se sont faits plus accusateurs. Dans ce registre, la palme de l'ignominie revient aux dirigeants de LFI. Jean-Luc Mélenchon dégaine sur Twitter : « Président, arrêtez le soutien inconditionnel à un gouvernement israélien qui commet des crimes de guerre aussi abominables. » Mathilde Panot surenchérit : « 500 civils innocents tués. L'armée israélienne a bombardé un hôpital. »
Trois jours plus tard, vendredi 20 octobre, on ne sait toujours pas le bilan exact de la « frappe » et leurs responsables. Et pourtant. Certains journaux ont donné une très importante caisse de résonance à l'événement et ont tardé à rectifier. Le Monde a choisi cette voie dans sa version papier bouclée le matin du 18 octobre et datée du jeudi 19 octobre. Le quotidien, qui a disposé de plusieurs heures pour prendre du recul, a publié en une la photo de corps entassés sous une tente blanche, avec cette légende : « À Gaza, une morgue improvisée à l'hôpital Al-Shifa, où ont été recueillis les corps des victimes de l'explosion de l'hôpital Al-Ahli, le 17 octobre. » Titre principal du journal : « À Gaza, le calvaire de la population. »
À l'étranger, l'un des journaux les plus influents de la planète, le quotidien américain New York Times, titre en une, mardi 17 octobre : « Une frappe israélienne fait des centaines de morts dans un hôpital, selon les Palestiniens », reprenant sans vérification l'accusation du Hamas et faisant un amalgame dangereux entre le Hamas et les Palestiniens. Vingt-quatre plus tard, le même New York Times retitre : « Les États-Unis et Israël accusent un groupe palestinien pour l'explosion d'un hôpital ».
À Londres, la BBC, qui refuse de qualifier de « groupe terroriste » le Hamas, a laissé couler le venin de l'insinuation. Après l'explosion, son correspondant Jon Donnison a déclaré à l'antenne qu'il ne voyait pas d'autre possibilité « étant donné l'ampleur de l'explosion, que ce soit une frappe aérienne israélienne ». Des commentaires qui ont provoqué un tollé outre-Manche. L'ancienne députée conservatrice Nadine Dorries a accusé la BBC d'être une « propagandiste » du Hamas. Dans un communiqué, la BBC a reconnu que Jon Donnison « avait eu tort de spéculer sur la cause de l'explosion de l'hôpital. » Un mea culpa bien tardif. Mais au moins, il a eu lieu. Ce n'est pas le cas pour bien d'autres médias. Entre-temps, une grande partie de l'opinion publique mondiale a pris pour véridique la version du Hamas. À Libération, Dov Alfon reconnaît : « Cette séquence nous pousse à être encore plus précautionneux à l'avenir. »



https://www.marianne.net/agora/humeurs/ ... e-darmanin
Ce qui n'excuse pas le faux-pas et l'impair de Gérald Darmanin qui, ministre de l'intérieur, devrait disposer d'une information haut de gamme....Karim Benzema aime se poser en victime et l’annonce de cette éventuelle future plainte s’inscrit dans cette tradition. Rappelons-nous la manière dont il avait accusé Didier Deschamps de « céder à la frange raciste » de la France en persistant à ne pas le sélectionner. Le sélectionneur national avait l’outrecuidance de ne pas avoir apprécié outre-mesure que son avant-centre se comporte comme un caïd avec son coéquipier de l’équipe de France, Matthieu Valbuena, ce qui a d’ailleurs valu à Karim Benzema une condamnation à un an de prison avec sursis. Gageons que les juges faisaient eux aussi partie de cette fameuse frange raciste de notre pays…
...Quelques jours après l’assassinat barbare de Samuel Paty, Karim Benzema ne trouvait rien de mieux que de « liker » une publication de Khabib Nurmagomedov, star du MMA (le sport de combat, pas la société d’assurances), lequel justifiait implicitement la sauvagerie vengeresse de l’assassin du professeur. Karim Benzema était d’ailleurs imité par d’autres internationaux français, et par un certain Youcef Atal, lequel joue aujourd’hui à Nice et a récidivé récemment dans l’outrance...
Se prendre les pieds dans le tapis pour un ministre de cette
importance, ça fait très mauvais effet.