...j'attends toujours un exemple avéré de civilisation complexe maîtrisant l'écriture mais sans hiérarchie...
Un bel objet de recherche: écriture et structures hiérarchiques au sein d'une société.
Sur le plan préhistorique, de nombreuses questions, sans réponses, subsistent au niveau de l'art pariétal (et ce par rapport aux traces conservées. S'il en existe d'autres, elles n'ont pas été encore découvertes ou elles ont disparu. Dans ce deuxième cas, il apparaît presque certain (cf. la grotte Cosquer qui fut une découverte majeure pour les scientifiques) qu'un bon nombre de possibles traces aient été perdues à jamais du fait de la montée des eaux il y a au moins 10000 ans, de l'érosion marine qui a suivi, alors que les terres immergées étaient très vraisemblablement occupées par des populations).
Quelle(s) organisation(s), au sein du groupe d'individus composant la tribu ou le clan, permettait à certains de ses membres de s'adonner à ces représentations, dont un nombre conséquent symboliques *, en respectant quelles conditions ou circonstances ?
Ce qui suppose une cohésion, une coopération, au sein du groupe, ainsi qu'une division avec une hiérarchisation des tâches, un mode de fonctionnement. Et cela il y a xxx milliers d'années.
Dans l'art pariétal, il existe des récits, mais lesquels ?
L'accès à la symbolisation, l'émergence de la pensėe symbolique, c'est le stade qui précède l'écriture (en résumant grossièrement).
Les groupes hominidés, en incluant les néandertaliens que l'on connaît mieux, ne fonctionnaient pas de façon uniforme, homogène. Pour les dénissoviens, et d'autres hominidés, les préhistoriens ne savent pas, faute de matériel suffisamment disponible pouvant être étudié.
Au néolithique, avec la fixation de groupes de populations sur un territoire, des formes de hiérarchisation semblent ne faire aucun doute et ce avant l'apparition de l'écriture (par exemple, au niveau de sépultures, pour un même emplacement, territorial, dont un nombre atteste un état "luxueux et d'autres plus "modestes". On en ignore la raison exacte. Le scénario correspondant à une hiérarchisation avec des individus plus "importants" dont on ignore le rôle
au sein de la communauté).
Les représentations symboliques demeurent et deviennent plus sophistiquées. Il est cependant difficile d'attester d'une uniformisation des comportements, et dune homogénéité des populations. Il faut plutôt avoir en tête la disparité des groupes. (Les chasseurs-cueilleurs du littoral ont résisté très longtemps, conservant leurs habitudes, leur nomadisme, alors qu'à proximité, sur le même territoire, mais à l'intérieur des terres, d'autres groupes avaient choisi de se fixer au sol, ce qui sous-entend des organisations nécessairement différentes).
Le débat reste ouvert...
En ce qui concerne l'écriture, il faut distinguer écriture telle que les spécialistes l'entendent sur le plan linguistique et systèmes de communication, ce qui est différent.
Des questions ne sont toujours résolues...
...Il reste des débats en ce qui concerne l'écriture de l'Indus de l'âge du bronze de la civilisation de la vallée de l'Indus, le rongorongo de l'île de Pâques, et les symboles Vinča datés d'environ 5500 av. J.-C. Tous sont non déchiffrés et il est impossible de savoir s'ils représentent une écriture authentique, une proto-écriture ou autre chose.
L'écriture archaïque sumérienne (précunéiforme) et les hiéroglyphes égyptiens sont généralement considérés comme les premiers véritables systèmes d'écriture, tous deux émergeant de leurs systèmes de symboles proto-alphabètes ancestraux de 3400 à 3100 avant J.-C., avec les premiers textes cohérents datant du xxvie siècle av. J.-C. La civilisation proto-élamite développe son écriture durant la même période approximative[15].
...Les systèmes de communication symbolique se distinguent des systèmes d'écriture. Avec ces derniers, il est généralement nécessaire de connaître la langue parlée associée pour comprendre le texte. En revanche, les systèmes symboliques, tels que les panneaux d'information, la peinture, les cartes géographiques et les mathématiques, ne nécessitent souvent pas de connaissance préalable d'une langue parlée.
Chaque communauté humaine possède un langage, une caractéristique considérée comme une condition innée et déterminante de l'humanité. Cependant, le développement des systèmes d'écriture et leur supplantation partielle des systèmes traditionnels de communication orale s'avère être sporadique, inégale et lente. Une fois établis, les systèmes d'écriture dans l'ensemble changent plus lentement que leurs homologues parlés et conservent souvent des traits et des expressions qui n'existent plus dans la langue parlée.
Il existe trois critères d'écriture pour tous les systèmes d'écriture. Le premier est que l'écriture doit avoir un but ou une sorte de signification, il y a forcément un message communiqué dans le texte. Deuxièmement, tous les systèmes d'écriture sont composés d'une série de symboles qui peuvent être créés sur une sorte de surface, qu'elle soit physique ou numérique. Enfin, les symboles utilisés dans le système d'écriture doivent imiter la parole afin que la communication soit possible[16].
Le plus grand avantage de l'écriture est qu'elle fournit l'outil par lequel la société peut enregistrer des informations de manière cohérente et plus détaillée, ce qui ne pouvait pas être réalisé aussi bien auparavant par la parole. L'écriture permet aux sociétés de transmettre des informations ainsi que de partager et de préserver les connaissances...
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Histoir ... %A9criture
Relier système d'écriture et organisation hiérarchique d'une d'une société est possible, mais l'inverse semble l'être également, et ce suivant le stade de développement de ce qui est considéré comme écriture et en fonction de la connaissance que les spécialistes peuvent en avoir.
L'histoire est une discipline dynamique, non figée (cf. les dernières découvertes en préhistoire), qui peut receler bien des surprises... Il apparaît qu'on ne peut être affirmatif ni dans un sens, ni dans l'autre.
On ne peut que souligner l'importance, à ce titre, d'un ouvrage comme celui de Graeber et Wengrow, car il introduit d'autres scénarios possibles favorisant l'émergence de nouvelles interrogations et autres questionnements. Ce qui apparaît essentiel.
...Au lieu de présenter l’histoire humaine comme une grande ligne évolutionniste dont ils pourraient discerner la logique interne, les auteurs tracent une étoile à multiples bras. L’histoire des humains ressemblerait à un « carnaval de formes politiques » et « d’expérimentations sociales audacieuses ». Une grande fresque bariolée qui n’évite cependant pas quelques imprécisions, comme quand les auteurs affirment qu’avant que les philosophes des Lumières ne découvrent les sociétés amérindiennes, l’idée d’égalité était pour ainsi dire inexistante en Europe, ou alors seulement à l’état de « folklore ». C’est aller un peu vite sur l’histoire européenne, la Réforme protestante ou les idéaux qui circulaient pendant la guerre civile anglaise (1642-1651). En réalité, c’est dans l’histoire au temps long que les deux auteurs se révèlent les plus justes...
https://www.philomag.com/articles/graeb ... -des-temps
* les représentations peuvent être différentes nature, prendre différentes formes. Le pur figuratisme: un animal est représenté sans "déformation(s)" ou "interprétation(s)".
Autre représentation: un "homme-animal"? Homme avec une tête d'oiseau ? (Lascaux), homme-phoque? (Cosquer)
https://archeologie.culture.gouv.fr/arc ... te-cosquer