jroche a écrit : 03 avr. 2024, 13:13Je crois bien que les deux ont eu des velléités de revenir à l'éther, et que ça continue à embrouiller les débats.
En fait, l'embrouille vient d'une erreur d'interprétation de la RR assez fréquente.
La RR ne prouve pas l'inexistence de l'éther (1). Elle ne prouve pas, non plus, que le milieu de propagation des ondes n'a pas d'état de mouvement (de référentiel d'immobilité). La RR dit seulement que ce
référentiel d'immobilité de l'éther, s'il existe, n'est à ce jour
pas observable. Cet hypothétique référentiel d'immobilité de l'éther est donc inutile pour établir les transformations de Lorentz (2) (3).
Einstein a fini par retenir le choix positiviste, l'idée selon laquelle le milieu de propagation des ondes n'a pas d'état de mouvement puisque l'on ne peut pas observer cet hypothétique référentiel d'immobilité (4).
A noter que l'interprétation Lorentzienne de la RR, l'hypothèse selon laquelle existerait un référentiel d'immobilité inobservable (donc une simultanéité absolue, des longeurs absolues et des durées absolues mesurées dans ce référentiel privilégié) est très tentante. Elle offre l'avantage, notamment, de bien "comprendre" (i.e. ramener dans un cadre classique qui nous est familier) le paradoxe des jumeaux de Langevin (et aussi, par ailleurs, la nullité de l'expérience de Morley-Michelson).
En effet, quand on fait le calcul du temps d'aller-retour T d'un "photon de ping-pong" pour faire des aller-retours entre 2 miroirs reliés par une tige
- de longueur L0 quand l'ensemble tige et ses 2 miroirs (dite light clock) sont au repos dans un référentiel inertiel R
- de longueur plus courte L = L0(1-v²/c²)^0.5 quand cette light clock se déplace à vitesse v dans ce référentiel
on trouve bien que le tic tac de la light clock en mouvement à vitesse v est plus lent que le tic tac T0 = 2L0/c quand la light clock est immobile dans R (et que les longueurs, durées et simultanéité utilisées pour ce calcul sont celle du référentiel R).
On trouve T = L/(c-v) + L/(c+v) = T0/(1-v²/c²)^0.5 pour la light clock en mouvement à vitesse v. Le tic tac d'une light clock du jumeau de Langevin se déplaçant à vitesse v le long d'un cercle bat plus lentement que la light clock du jumeau de Langevin au repos dans le référentiel inertiel où est tracé ce cercle (on peut faire une animation pour mieux le voir).
Avec ce même type de calcul, on trouve que le temps T d'aller-retour de la lumière dans un Morley-Michelson en mouvement à vitesse v
- T = L/(c-v) + L/(c+v) "longitudinalement" le long du bras d'interféromètre parallèle au mouvement, donc raccourci par la contraction de Lorentz L = L0(1-v²/c²)^0.5
- Est le même que le temps T d'aller-retour de la lumière en faisant des zig-zag à vitessse c quand le bras de longueur L0 est orienté perpendiculairement au mouvement car alors (cT)² = (vT)² + L0² (Pythagore)
jroche a écrit : 03 avr. 2024, 13:13Pour être plus précis, ne permet pas de rejeter en bloc la RR donc le cheminement mathématique qui y a conduit. Parce que là au moins on les a eus et même pris en pleine poire, les résultats expérimentaux.
Et d'ailleurs tous les réusltats expérimentaux confirment la RR, jumeaux de Langevins inclus (cf le retard d'une horloge sur l'autre dans l'expérience de
Hafele et Keating).
(1) On a bien un milieu : le vide quantique du champ EM notamment, avec des propiétés de ce milieu que sont la vitesse c de propagation des ondes lumineuses dans le vide, la constante diélectrique du vide ainsi que la perméabilité magnétique du vide et l'équation qui les relie : mu0 epsilon0 c² = 1
(2) Les transformations des coordonnées spatio-temporelles lors d'un changement de référentiel inertiel doivent (condition nécessaire) laisser invariante l'équation de propagation des ondes lumineuses dans le vide. Cette condition
suffit pour établir ces transformations de façon unique. Les non physiciens abordent souvent la RR par ses conséquences : la relativité de la simultanéité, des longueurs et des durées. Pourquoi pas ? Mais si on en reste là, on reste perplexe.
Si on veut approfondir, il faut aborder la RR par le début : le respect du principe de relativité du mouvemet par les lois de l'électromagnétisme et l'établissement des transformations de Lorentz en quelques lignes de calcul (niveau deug de math ou de physique). On essaie d'expliquer ça à richard depuis plusieurs années sans succès parce qu'il est resté bloqué sur les présentations vulgarisées de la RR et, en fait, n'a pas envie de la comprendre. Il a réussi à se convaincre que les erreurs et incohérences qu'il rajoute en bidouillant la RR, sont une preuve qu'il a trouvé quelque chose de nouveau.
(3) L'existence de cet hypothétique référentiel d'immobilité est, par contre, envisagé par un petit nombre de physiciens réalistes (dont Jean Bricmont et Alain Aspect par exemple). Ils proposent d'interpréter comme une action instantanée à distance, physique, objective, le changement d'état d'une paire de particules de spin 1/2 en état
EPR corrélé dans l'
expérience d'Alain Aspect, l'expérience qui a prouvé expérimentalement
la violation des inégalités de Bell (violation prédite par la physique quantique).
(4) Point de vue positiviste : tant que je ne peux pas observer un objet ou un phénomène, je privilégie l'hypothèse selon laquelle cet objet ou ce phénomène n'existe pas, même quand une analogie tentante (ou un ensemble d'indices convergeants ou témoignages non reprodutibles) me suggère l'inverse.
Manié sans modération ce principe, le rasoir d'Occam, est susceptibe de couper le blé en herbe. Il freine la recherche de faits pouvant être suggérés par analogie (ou par des observations non reproductibles) s'avérant, finalement, réels mais seulement bien cachés. Exemple : l'hypothèse atomique qualifiée, par Mach, de métaphysique dans sa critique des travaux de Boltzmann en cinétique des gaz, une hypothèse atomique finalement validée par Einstein grâce à son étude du mouvement brownien.