uno a écrit : 02 avr. 2024, 11:19
Aucun problème pour l'inférence, mais non par hiérarchie, je n'entends pas inégalités économiques marqués, c'est-à-dire plus concrètement une élite extrêmement riche et des masses très pauvres en comparaison. À ce titre faute d'avoir le temps de lire actuellement le livre,
j'ai trouvé une critique détaillée de la part d'un anthropologue, critique ni positive, ni négative mais équilibrée de l'ouvrage cité ici par Nikola.
Donc si je comprends bien, par niveau de hiérarchisation, tu comprends uniquement la complexité et la stratification des rapports humains
dans les processus décisionnels.
Merci pour la critique. Je t'avoue que j'en partage certains points, ayant trouvé certaines démonstrations du livre relativement bancales (notamment lorsque les auteurs invoquent le concept de schismogenèse culturelle pour expliquer la plupart des différences entre les peuples du nord- et sud-ouest de l'Amérique du Nord, ou lorsqu'ils remettent en question l'interprétation des différences de qualité et de taille des habitations dans des villes de la vallée de l'Indus en tant que témoin d'une stratification sociale).
Mais comme le souligne André Gingrich dans sa critique, même si l'hypothèse de résidents libres s'associant est une hypothèse valide, elle demeure une hypothèse.
Une hypothèse plutôt solide d'après ce que j'ai pu en lire. Un rapport de pouvoir univoque se traduit presque toujours par des inégalités matérielles marquées, donc une inhomogénéité des conditions de vie, ce que l'on peut généralement constater par l'analyse des sites archéologiques.
La hiérarchie sociale au Moyen-Âge était plus forte sur le plan légal et moral. Dans le sens que les stratifications étaient considéré comme naturelles et immuables, tu nais noble tes descendants seront nobles, tu nais serf, tes descendants seront serfs. En cela oui tu as raison la stratification de l'époque était plus forte. Par contraste aujourd'hui la stratification est moins forte au sens légal et la mobilité sociale est possible, en revanche cette stratification contemporaine est plus vertigineuse, complexe qu'elle ne l'était. Les inégalités économiques entre classes supérieures et inférieures sont gigantesques. Et la hiérarchisation est bien plus élaborés avec un nombre bien plus élevé «d’étages» hiérarchiques ente les différentes classes sociales, professions et catégories socio-culturelles de nos populations. C'est de cela que je voulais parler, ce qui ne rend pas moins pertinente ta critique.
Tu mélanges ici inégalités socio-économiques et rapports de pouvoir administratif décisionnels, en contradiction avec ce (que je crois avoir compris que) tu énonces plus haut dans ton message. Je ne pense pas qu'un cadre ait un ascendant décisionnel sur un ouvrier hors d'un contexte strictement professionnel, et encore, il sera sévèrement contraint par les règles de l'entreprise.
Le gradient de statut social par rapport au centile de revenu est en effet plus faible de nos jours, avec une classe moyenne importante, mais les étages que tu décris sont des constructions théoriques et la multiplication de leur nombre découle principalement d'une volonté (contingente) de classifier les observations pour les rendre interprétables. Donc même la stratification matérielle, hors de toute notion de coordination décisionnelle, n'est pas amha plus importante aujourd'hui qu'au Moyen-Âge, ou surtout à la fin du XIXe siècle pour lequel on dispose de données qui démontrent
exactement l'inverse.
Je t'accorde bien sûr que la hiérarchisation au sens de "subdivision administrative et coordination à grande échelle" est en effet plus élaborée aujourd'hui.
On remarque d'ailleurs sur le dernier lien, que se sont les ouvriers et les chômeurs qui votent le plus pour le RN. Mais il est claire que la hausse constante de Marine Le Pen dans les sondages montrent que d'autres catégories sociales pourront éventuellement se tourner à terme vers le RN, et cela sera bien sûr fonction de la situation économique de ces diverses catégories mais aussi de leur rapports avec les conséquences de l'immigration et des changements sécuritaires et culturelles que celle-ci génère inéluctablement au fur et à mesure qu'elle se poursuit sans discontinuer.
Je ne conteste pas le fait que les classes populaires se tournent vers le RN, mais plutôt les raisons que tu avances pour expliquer ce revirement.
Le croisement avec le sondage que j'ai partagé me semble plutôt indiquer que les ouvriers ne sont pas
massivement plus opposés à l'immigration que les classes supérieures. Ils le sont d'ailleurs moins que les retraités toutes classes confondues - ce qui ne cadre pas vraiment avec ta perception selon laquelle c'est avant tout la proximité avec les immigrés et ses conséquences qui détemine l'orientation vers les partis préconisant une ligne dure à leur encontre - il ne me semble en effet pas que les retraités y soient plus confrontés que la moyenne.
Si je ne me repose que tes données sur l'élection aux législatives (car elles sont différenciées en fonction de la profession, ce qui permet une comparaison entre les 2 sources), je constate que le rejet de l'immigration est nettement moins corrélé à la classe sociale que le vote RN. C'est donc que les raisons qui conduisent à cette orientation politique ne sont pas seulement (et d'assez loin) relatives aux problèmes de cohabitation avec les étranger ou leurs descendants, et doivent donc nécessairement participer d'autres origines (rejet de l'Europe fédérée, motivations économiques et sociales, etc.).
Et donc que l'augmentation du soutien au RN peut tout aussi bien découler de causes sans rapport avec l'immigration. La charge de la preuve est de ton côté.