Philippe de Bellescize a écrit : 24 août 2024, 19:09
L'approche de la causalité de la relativité est incomplète et faussée. La causalité ce n'est pas seulement le rapport entre l'antécédent et le conséquent, mais c'est ce qui rend compte de l'existence des choses, de leur structure et de leur comportement. En effet, pour qu'il y ait un rapport entre l'antécédent et le conséquent, il faut bien qu'une réalité se comporte de telle ou telle manière. Or le principe de relativité de la simultanéité au niveau physique, implicitement impliqué par le postulat de l'invariance de la lumière, ne respecte pas l'existence des choses.
En effet une réalité ne peut pas à la fois exister et ne pas exister. C'est d'ailleurs pour cette raison, que la simple prise en compte de l'existence des choses, nous indique qu'il y a nécessairement un instant présent pour l'univers.
Il est vrai qu'en RR, un événement (ou un objet) ne peut pas à la fois (pour un observateur dans un référentiel à un instant donné) exister et ne pas exister. Je ne vois toutefois rien de tel dans votre expérience de la navette : à un instant T dans le référentiel de l'observateur lié à la navette, le missile a été tiré ou ne l'a pas été. Jamais les deux à la fois (l'un, puis l'autre, puis de nouveau l'un, à mesure que la navette atteint sa vitesse de croisière à c/2, mais jamais simultanément l'un et l'autre).
Ce qui vous perturbe, si je ne m'abuse, c'est (exemple minimaliste) qu'un rayon lumineux puisse avoir été émis d'un point X pour un référentiel immobilé lié à un point A (à un instant t défini dans le référentiel A), et ne pas encore exister pour un observateur lié à un référentiel B se déplaçant à une vitesse non nulle dans la direction XA qui, à t, croiserait A... alors qu'à ce même instant, pour l'observateur A, B existe bien "en tant que" le point X n'a pas émis de photon pour lui (par exemple avec un gyrophare rouge qui passera au vert lorsque B considèrera que le photon a été émis).
Votre utilisation de l'expression "à la fois" est ambigue dans le contexte de la physique relativiste. S'il est exact qu'il ne peut exister deux espaces-temps 4D correspondant tous deux à une même réalité où se dérouleraient des événements distincts et contradictoires (sous peine de voir s'évanouir toute possibilité de décrire physiquement le monde), il est erroné (toujours dans le paradigme RR) de penser que la réalité se réduit à un feuillet d'espace-temps 3D correspondant au présent d'un observateur (que tous les observateurs devraient donc, selon cette idée, partager).
"En même temps" en RR est toujours relatif à un observateur, et correspond au feuillet 3D qui représente pour lui le présent. Ce feuilletage comprend des points pouvant potentiellement appartenir à tout l'espace-temps 4D.
L'utilisation de cette expression pour comparer deux feuillets distincts, représentant le présent de deux observateurs différents, est donc dépourvue de sens.
Il est vrai qu'un objet ne peut pas simultanément exister et ne pas exister dans un
unique feuillet de découpage 3D.
Il peut, en revanche, ne pas exister puis exister à mesure que l'on change de feuillet (par exemple, un observateur immobile (et donc se déplaçant selon l'axe T) pour lequel un photon émis depuis le point X à un instant t, change en permanence de feuillet 3D de présent).
A partir de là, Il est donc compréhensible que changer de "feuilletage représentationnel du présent", par une transformation de Lorentz ou une évolution temporelle spontanée, n'entre pas en contradiction avec le principe du tiers-exclu vis-à-vis de l'existence d'un objet.
Mais bien sûr, puisque vous partez du postulat que "à la fois" désigne un feuilletage 3D unique pour tous les observateurs, vous trouvez des incohérences que vous attribuez à la RR, alors qu'elles proviennent d'un cadre de lecture intuitionniste galiléen appliqué aux principes relativistes.
« On peut déclarer que l’idée d’Univers-bloc est reliée à l’idée de relativité de la simultanéité au niveau physique. En effet, si le rayon lumineux ou la balle de tennis existe déjà vis-à-vis d’un premier observateur, et pas vis-à-vis d’un deuxième, alors que les deux observateurs ont la même position, on se trouve dans un Univers où les deux états coexistent et où le temps du deuxième observateur, en ce qui concerne le rayon lumineux ou la balle de tennis, est déjà écrit. Avec l’Univers-bloc, on devrait avoir un corps qui n’existe pas, du point de vue des trois dimensions, par rapport à un observateur, tout en existant néanmoins dans l’espace-temps.
1. Pour cet observateur, sous quelle forme est-il censé exister dans l’espace-temps ?
2. Ensuite, la continuité de l’existence en trois dimensions de certains corps n’est pas toujours respectée pour un observateur qui accélère. L’idée l’Univers-bloc conduit donc à des absurdités. » Extrait du livre « Et il survolait les eaux, Vers une nouvelle vision du monde physique ? »
1. L'objet est considéré par l'observateur comme n'existant pas encore, mais il existera dans son futur. Il existe donc bien dans son espace-temps 4D, mais pas dans le feuilletage 3D qui correspond à son présent.
2. La continuité (je suppose que vous voulez parlez de leur "permanence" une fois qu'ils sont apparus ? car la transition non existence -> existence n'est pas forcément continue d'un point de vue mathématique, par exemple si on considère l'émission d'un photon par un atome, même en physique galiléenne !) de l'existence des objets n'est effectivement pas respectée. Mais cela n'est pas absurde (comprendre : auto-contradictoire) dans la théorie de la RR.
Avoir une vitesse, c’est passer d’un point à un autre en un certain temps, et, pour que le rayon lumineux puisse parcourir une distance par rapport à tel observateur, il faut bien qu’il soit à tel instant à telle distance de celui-ci. Quand le rayon lumineux était à telle distance, l’horloge de l’observateur marquait telle heure. Il y a simultanéité entre les deux événements, même s’il est difficile de le savoir, à la réception du rayon lumineux, de manière précise.
« On part d’une chronologie supposée, en ce qui concerne des événements séparés par un intervalle de genre lumière, ce qui a des implications, par répercussion, sur une chronologie supposée en ce qui concerne des événements séparés par un intervalle de genre espace. En effet, si la distance de la source lumineuse et la vitesse du rayon lumineux sont considérées comme connues, à l’instant d’arrivée du rayon lumineux (intervalle entre l’événement émission du rayon lumineux et l’événement réception du rayon lumineux, par définition, de genre lumière), on peut dire à quel instant il a été émis, pour cet observateur, dans son passé (intervalle entre l’événement émission du rayon lumineux et l’observateur en réception, à cet instant-là, de genre espace). Donc, en se servant d’une chronologie supposée pour des événements séparés par un intervalle de genre lumière, par reconstruction, on arrive à une chronologie supposée pour des événements séparés par un intervalle de genre espace. C’est d’ailleurs pour cela qu’Einstein a affirmé, dans son expérience de pensée du train, qu’il y avait une relativité de la simultanéité en ce qui concerne les émissions des rayons lumineux.
En affirmant qu’un corps est en mouvement, par rapport à un observateur, on admet implicitement qu’il existe vis-à-vis de ce dernier même s’il n’a pas encore été perçu par lui. Si l’affirmation initiale est juste, alors le corps en question existe bien vis-à-vis de l’observateur. La relativité de la simultanéité en ce qui concerne l’émission des rayons lumineux, que l’on retrouve dans les diagrammes d’espace-temps, suppose donc une relativité de la simultanéité au niveau physique. Ce qui revient à dire qu’il faut prendre en compte l’existence des corps en fonction de ce que nous montrent les diagrammes d’espace-temps. » Extrait du livre « Paradoxe sur l'invariance de la vitesse de la lumière »
Cordialement
Philippe de Bellescize
Oui, certes. Mais je ne vois pas en quoi cela entre en conflit avec mon message précédent.