Les gens sont parfaitement au courant [de l'importance de l'équilibre budgétaire], à part quelques allumés dénialistes
shisha a écrit : 13 déc. 2024, 07:56Pour le réchauffement climatique peut être mais pour l'importance de l'équilibre budgétaire, pas l'impression qu'ils le soient de manière majoritaire.
Je l'ai remarqué aussi, mais il semble qu'il y a du progrès sur ce sujet que je crois très important.
5 minutes pour comprendre la dette publique
82 % des Français jugent urgent de réduire la dette publique en France.
Nous avons "subi" (Hum !) 50 ans de déséquilibre budgétaire :
- en partie induit par la pression de l'électorat pour avoir plus de tel ou tel budget, prestation, service ou aide pour ceci ou cela (la demande pouvant, en elle-même, parfois voir souvent se comprendre).
.
- En partie induit par un manque d'efficacité des services publics, cad avoir un bon rapport service rendu/moyens mis à disposition dans ce but. De plus, cette notion d'efficacité est perçue, à juste titre, comme "de la logique comptable".
C'est pas faux, mais du coup ce qualificatif est parfois perçu comme présentant un caractère antagoniste à la recherche de l'intérêt collectif...
...alors que c'est le critère permettant de mesurer le rapport qualité/prix d'un service public
...si la mesure et les valeurs mises dedans sont les bonnes (un gros si, certes).
.
- En partie par une difficulté de réduire les redondances de divers services étatiques (dont le mille-feuilles administratif), auquel s'ajoute la lourdeur (donc le coût) de l'administration des différents services publics.
L'info.gouv du 30 mai : millefeuille administratif, officier cyber et langue française
Lancée en décembre 2023, cette mission avait pour but d'examiner l'enchevêtrement des responsabilités et des compétences entre l'État et les collectivités territoriales. Le rapport révèle que ce « millefeuille administratif » coûte environ 7,5 milliards d'euros.
A des dépenses de l'état toujours croissantes, induites par la pression de l'électrorat (il est très difficile de se faire élire si on promet la lune seulement pour après-demain), qui plus est sans accompagner ces choix de dépenses du niveau de vigilance requis quant à l'efficacité de leur utilisation, s'ajoute une 2ème erreur destinée à corriger la 1ère : augmenter les impôts et accroître leur progressivité (dans un souci de justice fiscale).
L'objectif visé est, certes, bien de répondre à 2 réels problèmes :
- le déficit du budget,
- l'inégalité trop importante des revenus.
Toutefois, selon moi, ce n'est pas la solution mais une option tendant à aggraver le problème.
Je m'explique :
Il y a bien un problème d'inégalité dans la distribution des revenus (1). Peu à peu, la machine remplace l'homme ; autrement dit, mécaniquement, grâce aux progrès technologiques (qui ne vont pas durer si nous persistons à détruire la planète et ses ressources (2)) le capital remplace le travail. Les revenus du capital prennent donc mécaniquement, peu à peu, le dessus sur les revenus du travail...
...d'où la solution : faire en sorte que chacun reçoive :
- une part de ses revenus du travail,
- une autre part de ses revenus du capital.
La question très importante qui suit c'est, comment ?
- En laissant la majeure partie du capital dans un petit nombre de mains ? ET en redistribuant les revenus par imposition/redistribution ?
Si cette direction d'action est choisie et poussée trop loin, c'est une grosse erreur selon moi. Cela fait fuir (d'un pays qui s'engagerait trop avant dans cette direction) l'investissement et les personnes dont l'activité professionnelle est très importante dans la création de richesses. De plus, cela déresponsabiliserait (plus encore que ça n'est déjà le cas) les bénéficiaires de cette redistribution en décorrélant, plus encore qu'il ne le sont déjà, les revenus distribués des actions et choix individuels.
.
- En redistribuant le capital par la méthode de l'impôt ? C'est encore moins pertinent. Quand il n'y a plus de capital, il n'y a plus de revenus du capital.
Bon... ...ben du coup, c'est quoi la solution ? Selon moi, il s'agit de parvenir peu à peu à ce que chacun dispose d'un revenu du travail ET d'un revenu de
son capital. Cette condition me semble requise pour ne pas dégrader (plus qu'il ne l'est déjà) le sens de nos responsabilités individuelles, tant dans les conséquences individuelles que dans les conséquences collectives de nos attentes, choix et priorités.
On ne peut pas maximiser l'intérêt collectif par des choix politico-économiques induisant :
- une absence d'effets individuellement négatifs de décisions collectivement nuisibles (ce qu'engendre une trop grande mansuétude à l'égard de pratiques de production et de choix de consommation menaçant notre avenir).
- une absence d'effets individuellement positifs de décisions et actions individuelles collectivement bénéfiques (ce qu'engendre une course trop systématique à une réduction du ratio des revenus trop décorrélée du ratio des valeurs ajoutées).
Bref, il faut s'efforcer d'agir selon le principe :
- "tout travail mérite salaire"
- ... ET "tout salaire mérite travail"
- ... ET les + et le - restitués au niveau individuel doivent avoir une corrélation positive (et ni trop inférieure, ni trop supérieure à 1) avec l'effet collectif engendré par telle ou telle action individuelle.
Il faut donc favoriser (d'une façon restant à trouver et négocier puis mettre en place)
l'acquisition par tous de son logement ET l'acquisition d'un capital (type assurance vie) destiné à fournir une source de revenus complémentaires.
Une 1ère étape me semble être de passer de la retraite par répartition (basée sur des revenus du travail qui s'amenuisent) à la
retraite par capitalisation (des revenus qui devraient augmenter). Cette proposition offre un 2ème avantage, celui d'être bien plus appropriée à un équilibrage pérenne du budget consacré aux pensions de retraites (40% des dépenses sociales. Une paille) à l'évolution de la pyramide des âges.
Les autres étapes de l'accès au capital pour le plus grand nombre ? On ne peut pas les proposer comme ça. Ca ne peut être que le résultat de réflexions et négociations très difficiles... ...surtout si les négociateurs arrivent les bras lourdement chargés de
lignes rouge vif incompatibles, sans aucune acceptation de la notion d'arbitrage (biais de valeur sacrée) et encore moins d'acceptation de la notion de compromis. C'est particulièrement difficile si tous sont d'accord pour estimer que tout compromis...:
- ...est une compromission dans la défense de tel ou tel intérêt catégoriel...
- ...qui plus est avec des choix de lignes rouges parfois câblés sur des attentes catégorielles et non sur les solutions, possiblement contraires à ces attentes, requises pour répondre aux besoins, y compris catégoriels, à moyen et long terme.
(1) Dans ses derniers percentiles, la
courbe de GINI est peut-être (probablement ?) plus pentue que ce qui est nécessaire (en terme d'efficacité collective) pour rémunérer de façon optimale la gestion d'activités existantes (par des gestionnaires talentueux en faisant jouer la concurrence en termes de rémunération) et les prises de risque lors de créations d'activités nouvelles s'avérant payantes pour leurs initiateurs ET pour tous ceux bénéficiant de ces initatives. C'est à examiner en évitant les biais idéologiques...
...et en évaluant correctement l'intérêt de faire des choix de valeur suffisamment consensuels (cad être prêts à être moins gourmands dans
toutes les catégories, en commençant par les 10 ou 20% les plus favorisées sur la planète) pour pouvoir mener à bien un projet collectif.
En effet, je ne crois pas que les diverses pressions et demandes actuelles pour redresser la courbe de GINI s'expliquent par une recherche rationnelle de maximisation de l'intérêt collectif. Nombre de demandes/pressions me semblent viser à rapprocher,
par principe, la courbe de GINI d'un segment de droite à 45° indépendamment de toute autre considération et ce... ...jusqu'à ce que droite s'en suive.
(2) Même
Construire des blockhaus pour se protéger si on est immensément riche relève, non d'une recherche d'intérêt individuel, mais de la poursuite d'une
illusion isolationniste d'intérêt individuel aussi irréaliste et stupide que celle de
l'illusion d'une solution par poursuite de la croissance consistant à nier la nécessité de prendre en compte une situation inédite dans l'histoire de l'humanité : le poids dont l'
anthropocène pèse sur notre avenir et la nécessité de réexaminer en détail l'ensemble de nos convictions et priorités pour les ajuster à nos nouveaux besoins afin d'éviter
un effondrement systémique et mondial (très pertinente l'analyse d'Yves Cochet).