richard a écrit : 27 juil. 2025, 16:13Certains préconisent
la décroissance pour lutter contre le réchauffement climatique.
Merci pour le partage de ce document. J'en partage assez largement le constat. Je le trouve, par ailleurs, positif et constructif. Il est centré sur la recherche de solutions. Il parvient ainsi (dans l'ensemble) à ne pas céder à la tentation de concentrer toute l'analyse sur la dénonciation de coupables et la mise en avant de causes sur lesquelles nous n'aurions pas de moyen d'action (se concentrer dessus a moins d'intérêt que se concentrer sur les causes sur lesquelles nous pouvons agir, notamment notre système de valeurs).
Je cite toutefois 2 remarques (parmi d'autres) sur lesquelles je serais d'un avis différent (si je n'ai pas fait d'erreur de compréhension des remarques en question).
1/ La redistribution des richesses devient essentielle : limiter les écarts de revenus, taxer davantage les grandes fortunes
2/ instaurer des droits universels (logement, énergie, transport) garantirait une transition plus équitable.
1/ Telle que formulée, on a l'impression que l'auteur voudrait vendre notre capital, donc nos entreprises (c'est
notre capital, même s'il est concentré entre quelques mains) pour le transformer en pouvoir d'achat et en prestations sociales.
En fait, c'est ce que l'on fait en France (sans le savoir) depuis de nombreuses décennies ainsi d'ailleurs qu'en Amérique, à l'exact inverse de la Chine (1) avec les résultats que l'on connaît, pas forcément si bénéfiques que cela, tout particulièrement :
- le gonflement de la dette de ces 2 états (entre autres) et le gonflement de la dette écologique (mondiale), un résultat que l'on déplore mais sans réellement en avoir compris les causes profondes : nous consommons plus sur notre sol (de biens et prestations) que ce que nous produisons sur notre sol (chacun d'entre nous tendant à limiter l'attribution de ces causes à ce qu'il veut bien accepter de voir ou encore ce qu'il préfère croire dans l'explication de ce déséquilibre).
- la désindustrialisation
Bref, notre pouvoir d'achat est produit (pour une part non négligeable) par les Chinois, donc par leur industrie qui croît, elle. En effet, comme les salariés chinois coûtent moins chers (puisque sous-payés) nos entreprises ne résistent pas à la concurrence chinoise (entre autres) et donc disparaissent peu à peu, remplacées par des entreprises chinoises (entre autres) dont nous achetons les produits à crédit (au lieu de dépenser moins et de gérer les dépenses de l'état de façon plus efficace et d'investir dans le développement de notre industrie)...
...des entreprises chinoises peut-être bien favorisées pour certaines d'entre elles, notamment des start up dans des domaines stratégiques (2), par un dumping d'état possible avec les ressources financières qui ne sont pas distribuées aux salariés chinois.
Ce n'est donc pas le capital qu'il faut convertir en revenus, mais au contraire les revenus qu'il faut convertir en capital en tâchant de répartir ce capital (vu comme source de revenus complétant les revenus du travail) ainsi consolidé (par exemple par la participation aux bénéfices et l'impôt sur les héritages) au lieu de le dilapider en totalité en dépenses de l'état et en biens de consommation (en puisant dans les ressources d'une biopshère qui crie au secours sans que nous acceptions de l'entendre)... ...mais pour cela il faut aussi réduire le poids dont la charge de la dette pèse dans notre budget d'état, donc commencer à la rembourser.
On doit donc trouver et négocier des mécanismes de redistrubution du capital
sous forme de capital permettant une répartition de capital évitant les situations de précarité (en raison du déplacement mécanique des revenus du travail vers les revenus du capital à cause de la concurrence du travail de la machine, puis de l'IA, sur le travail humain)...
...dont les situations de très grande précarité où même les besoins primaires ne sont pas toujours assurés (comme c'est le cas dans les pays souffrant de problèmes de malnutrition, de problèmes d'accès à l'eau potable et de problèmes d'accès aux soins de santé).
2/ la deuxième partie de la citation, relative aux droits universels, est formulée de façon bizarre. Elle donne l'impression que ces droits devraient être distribués sans s'accompagner d'aucune contrepartie sous forme de production de biens ou fourniture de services à la société.
On ne peut pas assurer ainsi une meilleure formation à l'irresponsabilité la plus totale. Une fois ainsi (dé)formé, il devient considéré comme légitime de passer son temps à se plaindre de manquer de biens ou services pour lesquels on n'a apporté aucune forme de contrepartie et de réclamer toujours plus sans jamais prendre conscience que quand un bien ou un service est produit, il a forcément fallu le faire produire par la société. Y participer aide à mieux comprendre qu'il y a des limites à ce qu'il est possible d'obtenir car pour cela, il faut bien le produire...
...et cela limite ainsi l'enthousiasme pour en demander sans cesse et toujours plus car alors il faut travailler plus
individuellement pour obtenir ce que l'on demande
individuellement. En effet, le poids du supplément de biens ou services demandé est alors, au moins en partie, supporté par celui qui en fait la demande et non, de façon individuellement invisible, indolore et déresponsabilisante, par la collectivité dans son ensemble.
Pour que le système puisse marcher,
rien ne doit être complètement gratuit car sinon, cela incite au gaspillage suivi de réclamations pour remplacer ce qui a été gaspillé et pour pouvoir gaspiller encore plus. Tout ensemble de revenus ou pestations sociales mérite, en contrepartie, une activité bénéfique pour la société...
...sans viser pour autant l'égalité de valeur entre ce qui est reçu et la valeur de ce qui est fourni. L'important c'est que le principe "Je reçois donc je donne en retour selon mes moyens" soit compris et reconnu. Bref tout salaire mérite travail sous une forme compatible avec ce que sait et peut faire la personne concernée.
Passer d’une économie axée sur la croissance [du prélèvement des ressources] à un modèle basé sur l’équilibre demande une transformation profonde des politiques, des entreprises et des comportements individuels.
OK, mais avec le
bémol entre crochets. Il est important. Une croissance mesurée par le PIB est une croissance
perçue. Ce n'est pas une croissance physique. En effet, Le PIB fait la somme des valeurs que
nous attribons aux biens et aux services, une valeur mesurée par les prix que
nous sommes prêts à payer ces biens et services.
La
croissance de la valeur que
nous attribuons à ce que nous produisons peut continuer à croître en concomittance avec une
décroissance des prélèvements
physiques de ressources. Cette décroissance/décrue là est inévitable car nous atteignons les limites d'un monde fini. Cette décrue, mesurée en tonnes x km de transport de biens de consommation par exemple, a déjà commencé.
Le PIB, cad la mesure
subjective de la valeur que nous attribuons à ce qui est produit, peut continuer à croître si nos valeurs s'adaptent mieux à ce dont nous avons
réellement besoin physiquement et socialement
ET si nos actions sont conformes à nos valeurs. Ce mécanisme passe par l'application de taxes, quotas et règlements appropriés en ayant auparavant obtenu l'adhésion préalable requise à leur mise en place (comme d'ailleurs signalé dans le doc et discuté plusieurs fois dans ce fil).
Malgré ces 2 points (que je ne considère toutefois pas négligeables) il y a
énormément de remarques correctes (selon moi) dans ce doc, des remarques dont beaucoup ne sont pas encore (me semble-t-il) largement connues et comprises et demandent à l'être pour pouvoir espérer réussir à éviter le pire en acceptant de contribuer à l'atteinte d'un objectif commun.
(1) La Russie c'est différent. Sous la houlette de Poutine et très vraisemblablement de sa garde rapprochée (avec le soutien d'une opinion publique russe manipulée et sous contrôle) elle gaspille ses talents et ses ressources à gonfler ses moyens militaires dans le but d'annexer l'Europe par la guerre et la destruction en commençant par l'Ukraine qui, pour l'instant, résiste encore.
(2) Les Chinois sont impressionnants actuellement... ...au plan de leur développement économique et même au plan de leurs avancées dans le développement de moyens et technologies de production décarbonée malgré leur intense utilisation du charbon (30% de la consommation mondiale de charbon en gros). Pour ce qui est de leurs intentions, ils agissent de façon plus discrète qu'un Trump ou un Poutine, mais bon...