Tout a une cause.
Donc le monde a une cause.
Donc Dieu existe.
Exemple d'auteur sceptique qui expose cet argument: David Hume, dans ses dialogues sur la religion naturelle. David Hume fait dire au sceptique de son dialogue que rien n'existe sans cause, et donc que Dieu existe, mais c'est évidemment de l'ironie de la part d'un auteur aussi intelligent, parce que la réflexion la plus élémentaire permet de voir la contradiction dans ce principe. Comment supposer qu'un auteur qui argumente de manière si intelligente dans la suite de son dialogue se soit laissé prendre par un sophisme aussi gros?
Autre exemple: Bertrand Russell, dans Why I Am Not a Christian
La vérité, c'est que je ne connais aucun auteur croyant qui ait employé un argument aussi évidemment sophistique (à moins qu'il critique les arguments des autres), et pourtant je fais de ce genre de lectures une sorte de passe-temps (ceci dit sans exagérer les connaissances que je peux avoir sur ce sujet immense). William Lane Craig dirait plutôt:
Tout ce qui commence a une cause.
L'univers a commencé.
Donc l'univers a une cause.
Saint-Thomas d'Aquin dans son exposé des cinq voies n'appuie pas le straw man des athées. Dans son argument du mouvement et son argument de la contingence, il cherche plutôt à prouver que les êtres de l'univers ont des caractéristiques qui révèlent qu'ils sont causés, mais des caractéristiques qui ne sont pas a priori universelles. Saint-Thomas d'Aquin a aussi son argument de la cause première, mais il n'est pas très clair... il est sans doute solidaire de la cosmologie périmée du Moyen Âge.
Descartes non plus n'emploie pas ce sophisme. Leibniz, si je me souviens bien, utilise l'argument de la contingence, qui n'est pas non plus la même chose que ce sophisme. Il resterait à vérifier chez Platon, dans «Les Lois». Quelqu'un peut m'aider?
Aucun des livres d'apologétique, qu'ils soient catholiques ou protestants, que j'ai eu l'occasion de lire n'emploie cet argument. Exemple: Comment se pose le problème de l'existence de Dieu aujourd'hui, de Claude Tresmontant.
Les sceptiques devraient donc arrêter de prendre les croyants pour des cons avec ce straw man.
