Re: Analyser la mouvance Woke
Publié : 08 oct. 2021, 13:50
Plaignez-vous, ils pourraient vanter la dernière zozothérapie à la mode, ou défendre bec et ongles des vieilles zozothérapies, démolies depuis longtemps. 

Woaw! Qu'est-ce qu'on s'amuse à l'Assemblée Nationale !LoutredeMer a écrit : 08 oct. 2021, 13:43 Un fait récent (courte vidéo) qui en dit long sur le sujet :
Une ministre est rappelée à l'ordre à l'Assemblée Nationale par la Présidente de l'Assemblée.
- Julien Aubert, LR : " .... , madame le Ministre."
- Barbara Pompili (LREM) "...., monsieur la Rapporteure."
- La Présidente : "Madame la Ministre, svp, permettez-moi de vous dire que lorsque monsieur Aubert dit "madame le Président", on peut en penser ce qu'on veut mais c'est conforme à la langue française. Lorsque vous dites "monsieur la Rapporteure", c'est une provocation et je ne veux pas la laisser passer."
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Les français ont de la difficulté avec la langue française, ce n'est pas nouveau. Madame le président? C'est con. Monsieur la rapporteure?LoutredeMer a écrit : 08 oct. 2021, 13:43 - La Présidente : "Madame la Ministre, svp, permettez-moi de vous dire que lorsque monsieur Aubert dit "madame le Président", on peut en penser ce qu'on veut mais c'est conforme à la langue française. Lorsque vous dites "monsieur la Rapporteure", c'est une provocation et je ne veux pas la laisser passer."
Ici (au Québec pis au Canada) l'usage est de dire la ministre quand il s'agit d'une femme, on ne dit pas le ministre même si cela est conforme au système de la langue française, à son sexisme systémique. On a une culture sexiste quand même (en plus d'une culture du viol), mais un peu moins peut-être?LoutredeMer a écrit : 08 oct. 2021, 13:43 - La Présidente : "Madame la Ministre, svp, permettez-moi de vous dire que lorsque monsieur Aubert dit "madame le Président", on peut en penser ce qu'on veut mais c'est conforme à la langue française. Lorsque vous dites "monsieur la Rapporteure", c'est une provocation et je ne veux pas la laisser passer."
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Ben crotte.DictionnairErroné a écrit : 08 oct. 2021, 14:05 Dans la langue inclusive francophone nous éliminons Monsieur Madame.
nikola a écrit : 08 oct. 2021, 14:10SpoilerAfficherBen crotte.DictionnairErroné a écrit : 08 oct. 2021, 14:05 Dans la langue inclusive francophone nous éliminons Monsieur Madame.
Monsieur madame Vitemonslip ont un fils.
Jean-Philibert
Nous pouvons écrire ou dire, Les Vitemonsplip ont un fils. Puisque le couple n'est pas nécessairement genré masculin féminin. Du moins, selon le point vue de la langue inclusive. Il faut dire que les Français sont des machos très persistants.
Certainement pas par la majorité, encore moins pour (le bénéfice de) la majorité, mais par et pour une "élite" persuadée de représenter le standard de ce qui est bel et bon, "normal" et souhaitable. Et ce quelle que soit la société, la culture, la religion ou la couleur de peau de cette "élite", qui se voit comme disposant du droit e l''imposer, par des moyens plus ou moins coercitifs.DictionnairErroné a écrit : 07 oct. 2021, 22:58 Une confusion cultivée à propos du racisme systémique.
https://www.ledevoir.com/opinion/chroni ... n-cultivee
Le racisme systémique fait référence aux façons de faire (processus, décisions, pratiques) qui favorisent ou défavorisent certaines personnes en fonction de leur identité raciale. Il s’agit de dire que nos grands systèmes — de santé, d’éducation, de justice, de services sociaux — ont été pensés par et pour la majorité. Encore aujourd’hui, ce sont les approches qui conviennent le mieux à cette majorité qui dominent, et elles ne sont pas présentées comme culturellement spécifiques, mais comme « le sens commun », voire des « règles objectives ».
La formation médicale, comme tout un tas de métiers considérés comme prestigieux, quasiment partout, ne s'est ouverte aux femmes et aux représentants des "minorités ethniques" ces 100 dernières années qu'aux forceps, et comme tous les "grands" systèmes cités plus haut, a été et est toujours conditionnée par la vision normative des élites autoproclamées (et je le répète, ce processus n'est aucunement limité à l'occident industrialisé "blanc"). A nouveau, les discriminations, ou à tout le moins les différences d'approche et de traitement, que cela implique envers certaines populations sont dans l'immense majorité des cas davantage le fait d'un aveuglement que d'une mauvaise volonté.Autre exemple : une formation médicale conçue par et pour la majorité blanche utilise presque exclusivement des images de personnes blanches pour apprendre aux futurs médecins à reconnaître les symptômes d’une maladie. Plusieurs études ont déjà démontré que les patients à la peau foncée reçoivent souvent un mauvais diagnostic, plus tardif, pour des problèmes de santé visibles à l’œil nu. Est-ce que l’infirmière ou la dermatologue qui ne reconnaissent pas un problème sur une peau foncée haïssent personnellement les Noirs, ou, pour reprendre les propos du premier ministre, « ont une approche discriminatoire propagée dans tout le réseau » ? Non. Le problème vient des écoles de médecine, de leurs curriculums qui mènent à désavantager certains patients en fonction de leur identité raciale. Soit la définition du racisme systémique. Déclarer qu’on n’est « pas raciste » ne réglera rien si l’on n’est pas prêt à investir temps et énergie pour corriger les failles de la formation de base (lire : pour la majorité). Quitte à passer pour un « woke ».
et @Dico et Dominique18Igor a écrit : 08 oct. 2021, 14:06 Ici (au Québec pis au Canada) l'usage est de dire la ministre quand il s'agit d'une femme, on ne dit pas le ministre même si cela est conforme au système de la langue française, à son sexisme systémique. On a une culture sexiste quand même (en plus d'une culture du viol), mais un peu moins peut-être?![]()
Vouaip ! Une vraie cours de récré de maternelle, avec de petits mignons plus préoccupés de faire de la surenchère en malpolitesse et mesquinerie que de gérer les affaires du pays … même tactique que certains trolls sur internet, ceux qui réussissent à systématiquement détourner les sujet des débats sous prétexte de souligner les manquements au règles du forum
Le "charme" français opère de par l'incongruité de la masse des situations. La langue française étant une langue ou pullulent les exceptions notoires...LoutredeMer a écrit : 08 oct. 2021, 14:28OUi. J'ai déjà lu ici que vous dites : la mairesse par ex, et non comme nous madame le maire, et que chez vous, la féminisation des fonctions ne pose pas de problème (là où chez nous et probablement d'autres pays, la pratique diffère de la théorie)Igor a écrit : 08 oct. 2021, 14:06 Ici (au Québec pis au Canada) l'usage est de dire la ministre quand il s'agit d'une femme, on ne dit pas le ministre même si cela est conforme au système de la langue française, à son sexisme systémique. On a une culture sexiste quand même (en plus d'une culture du viol), mais un peu moins peut-être?![]()
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Enfin voilà, je trouve cet incident particulièrement édifiant sur nos démocraties soi-disant égalitaires et tout ça tout ça.
Ça laisse pensif...Au plus fort du succès d'Astérix, Goscinny doit subir diverses critiques et accusations le visant au travers de son héros. Numa Sadoul les évoque au cours de l'entretien qu'il a avec lui en 1973 pour le magazine Schtroumpf. Goscinny est accusé d'être le chantre du Français moyen, d'exalter un nationalisme forcené et xénophobe et de faire preuve de misogynie. Astérix est également vu par certains critiques comme une référence au gaullisme. Enfin, la réussite financière de Goscinny et Uderzo en fait la cible de certains milieux de la bande dessinée et des fanzines. En mai 68, plusieurs dessinateurs l'accusent avec violence d'être, avec Jean-Michel Charlier, les « valets des patrons ».
Goscinny réagit le plus souvent avec humour, parfois avec indignation ou amertume.
Chauvinisme et xénophobie
Goscinny riposte en mettant en avant ses origines juives et les origines italiennes d'Uderzo. Il explique en particulier : « 17 ans en Argentine, 7 ans aux États-Unis, refusant de faire autre chose qu'un métier de dingue, ayant fait fortune avec une bande dessinée... Je suis absolument le prototype du Français moyen ! » [35] Il récuse l'accusation de chauvinisme en soulignant la moquerie permanente dont fait précisément l'objet le chauvinisme dans ses albums. Selon le chercheur Nicolas Rouvière, l’une des figures de ce recentrage sur soi est Obélix, pour qui toutes les personnes différentes de lui sont des fous : “Ils sont fous ces Romains, ces Bretons, etc.” Mais les deux héros sortent régulièrement du village, partent à la découverte des voisins européens et intègrent quelque chose de cette différence, de cette altérité. « Il y a aussi un propos très humaniste, qui change la mythologie et la légende du patriotisme français »[71]. Le succès d'Astérix à l'étranger vient également réfuter cette critique.
Racisme
Goscinny réagit violemment aux accusations de racisme : « Je n'accepte pas, je considère que c'est la plus grave des injures. Qu'on ne vienne jamais me dire ça en face ou c'est tout de suite la baffe sur la gueule ! Moi raciste ! Alors qu'une bonne partie de ma famille a terminé dans les fours des camps de concentration ! Je n'ai jamais regardé la couleur, la race, la religion des gens [...] Je ne vois que des hommes, c'est tout ».
Bah, suis pas en désaccord, mais tu l'abordes sous un tout autre angle. Je pense qu'on sait tous, ici sur ce forum, que la démocratie n'en est pas une, qu'il y a des élites, etc., etc. Sauf qu'au final, dans les faits, quand des gens doivent, P. Ex., créer les programmes de formation scolaires, ils ne les créent pas pour, P. Ex., une minorité de surdoués et/ou une minorité ayant de profonds problèmes d'apprentissage, etc. C'est en ce sens que moi je disais que tout est fait, nécessairement, pour le plus grand nombre, pour « la moyenne », que ça me paraît « normal » et que c'est pourquoi, contrairement à Wooden, que j'associe ça à de « la raison » et pas juste à de la démocratie. C'est juste « mathématique » (d'où pourquoi « raisonnable ») de prioriser les moyens et ressources pour correspondre au plus grand nombre.Florence a écrit : 08 oct. 2021, 14:26Certainement pas par la majorité, encore moins pour (le bénéfice de) la majorité, mais par et pour une "élite" persuadée de représenter le standard de ce qui est bel et bon, "normal" et souhaitable [...] cf. l'erreur fondamentale de considérer que nos grands systèmes sont le reflet des voeux de la majorité dans un processus parfaitement démocratique)
Personne ne peut affirmer que les autochtones non pas subits des torts effroyables.il y a sept mois pour que je lise son livre "Plus aucun enfant autochtone arraché". Les 450 pages dénoncent le colonialisme médical canadien, la complicité et la duplicité du corps médical dans le génocide autochtone en vue d’accaparer territoires et ressources.
C'est le début de la guerre des mots, est-ce du racisme systémique ou pas, un génocide ou pas? Évidemment, nous ne pouvons lire son texte de fil en aiguille comme pour coudre une plaît béante souffrante sans exprimer sa douleur, non pas en disant ayoye, outch tabar... Non, ce n'est pas suffisamment évocateur, nous disons nazi! C'est la loi.Ce n’est pas une lubie woke bien-pensante, ce sont des faits inscrits dans l’ADN canadien. Il semble être plus facile de demander pardon pour Joyce Echaquan, pardon pour les filles et les femmes disparues sans qu’on les cherche, pardon pour les pensionnats et les enfants enterrés à la va-vite, que de reconnaître les mots « racisme systémique » et « génocide » qui exigent d’accepter une responsabilité.
Oui, notre premier ministre contre vent et marré tel qu'un capitaine naviguant avec une boussole dont le nord magnétique ne cesse de changer est l'accusé numéro un. Dans la majorité des discours concernant les autochtones, nous mettons que très peu d'emphase sur le père de la débandade, le gouvernement fédéral. Le Québec refuse de reconnaître le jour férié de la réconciliation, Legault est scalpé sur la place publique, pourtant l'Ontario a fait de même, silence radio. Toujours le Québec, rien que les Québécois de surcroît francophones.Les Québécois se sont construit une image de victimes face aux anglophones, mais quand tu regardes la réalité autochtone, c’est nous, l’agresseur. » Cela expliquerait, selon elle, la difficulté pour des gouvernements nationalistes comme celui de François Legault ou pour le PQ de reconnaître le racisme systémique (inclus dans le Principe de Joyce), que même le très progressiste Collège des médecins admet.
Bravo le poete! Maia fait nous un copié collé de l'article pcq il n'est pas accessible a tout le monde.DictionnairErroné a écrit : 08 oct. 2021, 15:42 Ma belle et formidable rebelle dont je taire le nom pour ne pas qu'on me la vole et dont je fantasme d'échange pour lui signaler mes nuances, non pas de gris, mais d'opinions, m'interpelle aujourd'hui.
https://www.ledevoir.com/opinion/chroni ... es-de-nous
Malades de nousKraepelin a écrit : 08 oct. 2021, 16:01 Bravo le poete! Maia fait nous un copié collé de l'article pcq il n'est pas accessible a tout le monde.
C’est une plaie nauséabonde et purulente. Il serait plus simple d’amputer et de faire fi du passé, de vivre dans le déni. Il faudra réécrire les livres d’histoire, repenser notre rôle, revisiter le narratif. Ce n’est pas une lubie woke bien-pensante, ce sont des faits inscrits dans l’ADN canadien. Il semble être plus facile de demander pardon pour Joyce Echaquan, pardon pour les filles et les femmes disparues sans qu’on les cherche, pardon pour les pensionnats et les enfants enterrés à la va-vite, que de reconnaître les mots « racisme systémique » et « génocide » qui exigent d’accepter une responsabilité.
À la place Émilie-Gamelin, le 28 septembre dernier, Samir Shaheen-Hussain s’activait en coulisse même s’il n’y avait pas d’estrade, qu’un cercle, un tambour, de la sauge et des larmes. Il était l’un des organisateurs de cette soirée commémorative pour le triste anniversaire de la mort de Joyce Echaquan et il a lancé en 2018 la campagne « Tiens ma main » pour que les enfants autochtones puissent être accompagnés d’un parent lors d’évacuations médicales aériennes.
Issu d’une modeste famille d’immigrants politisés de Brossard, le Dr Shaheen-Hussain est pédiatre urgentiste le jour et militant le soir (ou l’inverse, c’est selon). Il m’a approchée — puis talonnée — il y a sept mois pour que je lise son livre Plus aucun enfant autochtone arraché. Les 450 pages dénoncent le colonialisme médical canadien, la complicité et la duplicité du corps médical dans le génocide autochtone en vue d’accaparer territoires et ressources.
J’en suis sortie révoltée, comme après avoir lu le rapport d’enquête de la coroner Géhane Kamel sur la mort de Joyce.
Se basant sur une masse de documents historiques et des sources comme la Commission royale sur les peuples autochtones, le Dr Shaheen-Hussain n’y va pas avec des pinces chirurgicales pour enlever le pansement et exhiber cette plaie vive, ce massacre politique qu’a servi le boys’ club médical et religieux tout au long du XXe siècle jusqu’à ce jour. L’ensemble du personnel soignant ; médecins, infirmières, préposées, qui ont précipité la mort de Joyce Echaquan n’est que le dernier maillon d’une longue chaîne de haine.
De la variole à la stérilisation forcée
On avait entendu parler des expositions à la variole pour éliminer les Autochtones, mais les nazis n’ont rien à envier à ce que le corps médical canadien a employé comme méthodes, allant d’études sur la famine imposée au pensionnat en passant par les greffes de peau, les essais cliniques de médicaments sur les enfants — à qui on refusait lesdits médicaments une fois commercialisés — , les stérilisations forcées ou cachées (encore aujourd’hui), la contention, l’alitement en camisole de force ou dans des plâtres jusqu’au torse (pour les empêcher de bouger), les enfants mis en contact avec des tuberculeux (dans un des pensionnats, 69 % des enfants en sont morts) ou jamais retrouvés lors d’évacuations aériennes d’urgence, etc.
On a effectivement « tué l’Indien dans l’enfant », ou l’enfant tout court. 165 000 d’entre eux ont goûté à cette médecine, en plus des sévices corporels et sexuels.
Lorsque le système se replie défensivement sur lui-même, c’est la définition même du racisme systémique
— Géhane Kamel, coroner
Pour le Dr Shaheen-Hussain, le racisme systémique englobe le racisme institutionnel et relationnel : « Le Canada ne veut pas employer le mot génocide parce que ce n’est pas une période donnée comme au Rwanda. C’est ancré. Ça s’étale sur plus d’un siècle. »
La psychiatre Marie-Ève Cotton visite le Nunavik depuis 22 ans à raison de trois mois par année et dénonce elle aussi le racisme systémique dans un corps médical qu’elle souhaiterait plus féministe, plus humble et moins cupide. « J’étais au Nunavik à la mort de Joyce Echaquan. Ça ravive des souvenirs douloureux. Il y a une réverbération traumatique pour eux en voyant que ça se poursuit. Ils ont presque tous une histoire où ils se sont sentis chosifiés, infériorisés. »
C’est 150 ans de colonialisme médical; ça ne changera pas en une année
— Dr Stanley Vollant
La Dre Cotton est également professeure adjointe à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal ; elle y donne un cours sur le racisme envers les Autochtones. « Je me suis intéressée aux Autochtones parce que je me demandais pourquoi ils étaient invisibles. En fait, ils brisent notre équilibre identitaire. Les Québécois se sont construit une image de victimes face aux anglophones, mais quand tu regardes la réalité autochtone, c’est nous, l’agresseur. » Cela expliquerait, selon elle, la difficulté pour des gouvernements nationalistes comme celui de François Legault ou pour le PQ de reconnaître le racisme systémique (inclus dans le Principe de Joyce), que même le très progressiste Collège des médecins admet.
Mourir d’injures
Il ne fait aucun doute pour le pédiatre urgentiste comme pour la psychiatre que l’état de santé de Joyce Echaquan ait pu être fortement aggravé par des mots racistes et violents. Le Dr Shaheen-Hussain me parle de « cardiomyopathie de stress ou syndrome de Takotsubo », mieux connu sous les termes de « syndrome du cœur brisé », et la Dre Cotton, d’hyperadrénergie et de réponse physiologique au stress due à un taux de cortisol dans le plafond.
Chose certaine, après avoir discuté avec Pierre-Paul Niquay, un Atikamekw de Manawan qui vient de perdre son fils Jeffrey, 41 ans, le 27 septembre dernier, on peut supposer que l’incident de Joyce continue à faire des victimes indirectes, en silence. Jeffrey Niquay a caché ses douleurs abdominales à son entourage. Sa mère est une Echaquan… Il serait décédé d’une péritonite. « On se bat contre le racisme systémique, constate M. Niquay. Depuis des générations, on nous dit d’arrêter de nous plaindre. »
De toutes les inégalités, les injustices qui touchent la santé sont les plus choquantes et les plus inhumaines
— Martin Luther King
Trois facteurs hérités de traumatismes intergénérationnels ont contribué à la perte de Jeffrey, selon lui : « Mon fils ne voulait pas se plaindre, il préférait endurer quand il avait mal. Ensuite, on nous a enseigné à ne pas nous aimer au pensionnat. Ça touche à notre valeur comme être humain. Et puis, il disait toujours : si je vais à l’hôpital, comment vont-ils me traiter ? »
Jeffrey Niquay n’a pas voulu subir le sort de Joyce Echaquan. Il laisse notamment dans le deuil une conjointe, douze enfants et quatre petits-enfants qui hériteront du désespoir et de l’impuissance si nous ne reconnaissons pas de façon collective le racisme institutionnel, directement ou indirectement, jour férié improductif ou pas.
Il est inacceptable que de larges pans de notre société nient une réalité aussi bien documentée
-Géhane Kamel, coroner
Comme l’a souligné la coroner Kamel qui demande au gouvernement de reconnaître le racisme systémique : « Pour être dépisté, le racisme doit se comprendre comme camouflé dans la culture dominante. Dire Kwei (salutation), c’est bien, mais c’est insuffisant. »
Merci!DictionnairErroné a écrit : 08 oct. 2021, 16:06
Malades de nousSpoilerAfficherC’est une plaie nauséabonde et purulente. Il serait plus simple d’amputer et de faire fi du passé, de vivre dans le déni. Il faudra réécrire les livres d’histoire, repenser notre rôle, revisiter le narratif. Ce n’est pas une lubie woke bien-pensante, ce sont des faits inscrits dans l’ADN canadien. Il semble être plus facile de demander pardon pour Joyce Echaquan, pardon pour les filles et les femmes disparues sans qu’on les cherche, pardon pour les pensionnats et les enfants enterrés à la va-vite, que de reconnaître les mots « racisme systémique » et « génocide » qui exigent d’accepter une responsabilité.
À la place Émilie-Gamelin, le 28 septembre dernier, Samir Shaheen-Hussain s’activait en coulisse même s’il n’y avait pas d’estrade, qu’un cercle, un tambour, de la sauge et des larmes. Il était l’un des organisateurs de cette soirée commémorative pour le triste anniversaire de la mort de Joyce Echaquan et il a lancé en 2018 la campagne « Tiens ma main » pour que les enfants autochtones puissent être accompagnés d’un parent lors d’évacuations médicales aériennes.
Issu d’une modeste famille d’immigrants politisés de Brossard, le Dr Shaheen-Hussain est pédiatre urgentiste le jour et militant le soir (ou l’inverse, c’est selon). Il m’a approchée — puis talonnée — il y a sept mois pour que je lise son livre Plus aucun enfant autochtone arraché. Les 450 pages dénoncent le colonialisme médical canadien, la complicité et la duplicité du corps médical dans le génocide autochtone en vue d’accaparer territoires et ressources.
J’en suis sortie révoltée, comme après avoir lu le rapport d’enquête de la coroner Géhane Kamel sur la mort de Joyce.
Se basant sur une masse de documents historiques et des sources comme la Commission royale sur les peuples autochtones, le Dr Shaheen-Hussain n’y va pas avec des pinces chirurgicales pour enlever le pansement et exhiber cette plaie vive, ce massacre politique qu’a servi le boys’ club médical et religieux tout au long du XXe siècle jusqu’à ce jour. L’ensemble du personnel soignant ; médecins, infirmières, préposées, qui ont précipité la mort de Joyce Echaquan n’est que le dernier maillon d’une longue chaîne de haine.
De la variole à la stérilisation forcée
On avait entendu parler des expositions à la variole pour éliminer les Autochtones, mais les nazis n’ont rien à envier à ce que le corps médical canadien a employé comme méthodes, allant d’études sur la famine imposée au pensionnat en passant par les greffes de peau, les essais cliniques de médicaments sur les enfants — à qui on refusait lesdits médicaments une fois commercialisés — , les stérilisations forcées ou cachées (encore aujourd’hui), la contention, l’alitement en camisole de force ou dans des plâtres jusqu’au torse (pour les empêcher de bouger), les enfants mis en contact avec des tuberculeux (dans un des pensionnats, 69 % des enfants en sont morts) ou jamais retrouvés lors d’évacuations aériennes d’urgence, etc.
On a effectivement « tué l’Indien dans l’enfant », ou l’enfant tout court. 165 000 d’entre eux ont goûté à cette médecine, en plus des sévices corporels et sexuels.
Lorsque le système se replie défensivement sur lui-même, c’est la définition même du racisme systémique
— Géhane Kamel, coroner
Pour le Dr Shaheen-Hussain, le racisme systémique englobe le racisme institutionnel et relationnel : « Le Canada ne veut pas employer le mot génocide parce que ce n’est pas une période donnée comme au Rwanda. C’est ancré. Ça s’étale sur plus d’un siècle. »
La psychiatre Marie-Ève Cotton visite le Nunavik depuis 22 ans à raison de trois mois par année et dénonce elle aussi le racisme systémique dans un corps médical qu’elle souhaiterait plus féministe, plus humble et moins cupide. « J’étais au Nunavik à la mort de Joyce Echaquan. Ça ravive des souvenirs douloureux. Il y a une réverbération traumatique pour eux en voyant que ça se poursuit. Ils ont presque tous une histoire où ils se sont sentis chosifiés, infériorisés. »
C’est 150 ans de colonialisme médical; ça ne changera pas en une année
— Dr Stanley Vollant
La Dre Cotton est également professeure adjointe à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal ; elle y donne un cours sur le racisme envers les Autochtones. « Je me suis intéressée aux Autochtones parce que je me demandais pourquoi ils étaient invisibles. En fait, ils brisent notre équilibre identitaire. Les Québécois se sont construit une image de victimes face aux anglophones, mais quand tu regardes la réalité autochtone, c’est nous, l’agresseur. » Cela expliquerait, selon elle, la difficulté pour des gouvernements nationalistes comme celui de François Legault ou pour le PQ de reconnaître le racisme systémique (inclus dans le Principe de Joyce), que même le très progressiste Collège des médecins admet.
Mourir d’injures
Il ne fait aucun doute pour le pédiatre urgentiste comme pour la psychiatre que l’état de santé de Joyce Echaquan ait pu être fortement aggravé par des mots racistes et violents. Le Dr Shaheen-Hussain me parle de « cardiomyopathie de stress ou syndrome de Takotsubo », mieux connu sous les termes de « syndrome du cœur brisé », et la Dre Cotton, d’hyperadrénergie et de réponse physiologique au stress due à un taux de cortisol dans le plafond.
Chose certaine, après avoir discuté avec Pierre-Paul Niquay, un Atikamekw de Manawan qui vient de perdre son fils Jeffrey, 41 ans, le 27 septembre dernier, on peut supposer que l’incident de Joyce continue à faire des victimes indirectes, en silence. Jeffrey Niquay a caché ses douleurs abdominales à son entourage. Sa mère est une Echaquan… Il serait décédé d’une péritonite. « On se bat contre le racisme systémique, constate M. Niquay. Depuis des générations, on nous dit d’arrêter de nous plaindre. »
De toutes les inégalités, les injustices qui touchent la santé sont les plus choquantes et les plus inhumaines
— Martin Luther King
Trois facteurs hérités de traumatismes intergénérationnels ont contribué à la perte de Jeffrey, selon lui : « Mon fils ne voulait pas se plaindre, il préférait endurer quand il avait mal. Ensuite, on nous a enseigné à ne pas nous aimer au pensionnat. Ça touche à notre valeur comme être humain. Et puis, il disait toujours : si je vais à l’hôpital, comment vont-ils me traiter ? »
Jeffrey Niquay n’a pas voulu subir le sort de Joyce Echaquan. Il laisse notamment dans le deuil une conjointe, douze enfants et quatre petits-enfants qui hériteront du désespoir et de l’impuissance si nous ne reconnaissons pas de façon collective le racisme institutionnel, directement ou indirectement, jour férié improductif ou pas.
Il est inacceptable que de larges pans de notre société nient une réalité aussi bien documentée
-Géhane Kamel, coroner
Comme l’a souligné la coroner Kamel qui demande au gouvernement de reconnaître le racisme systémique : « Pour être dépisté, le racisme doit se comprendre comme camouflé dans la culture dominante. Dire Kwei (salutation), c’est bien, mais c’est insuffisant. »
Tout à fait.Florence a écrit : 08 oct. 2021, 14:26 Certainement pas par la majorité, encore moins pour (le bénéfice de) la majorité, mais par et pour une "élite" persuadée de représenter le standard de ce qui est bel et bon, "normal" et souhaitable. Et ce quelle que soit la société, la culture, la religion ou la couleur de peau de cette "élite", qui se voit comme disposant du droit e l''imposer, par des moyens plus ou moins coercitifs.
C'est exactement ça que veulent faire comprendre les wokes à ceux qui ont le "privilège blanc"*.Florence a écrit : 08 oct. 2021, 14:26 Il s'agit d'un processus tellement bien implanté qu'il est trop souvent imperceptible pour qui y est immergé,
L'affaire Joyce Echaquan est particulièrement troublante et tend à démontrer qu'il y a encore des préjugés envers les amérindiens malgré les progrès qui ont été fait par rapport à d'autres époques (et que ces préjugés sont culturels, systémiques, un peu comme le sexisme peut l'être dans certains milieux).DictionnairErroné a écrit : 08 oct. 2021, 15:42 Il semble être plus facile de demander pardon pour Joyce Echaquan...
L'affaire est dramatique assurément. À écouté l'enregistrement incriminant, je me demande pourtant encore si ce sont les préjugés contre les autochtones qui ont présidés à ce drame ou les préjugés contre les toxicomanes. Ayant travaillé dans les urgences, j'ai souvent été témoin de l'irritation que manifestent les professionnels lorsque se présentait en ambulance un patient ou une patiente classée "toxicomane". Certains toxico adoptent volontairement (?) des comportements à risque et se retrouvent chroniquement dans les urgences d'hôpitaux. Ils ne commandent pas de réactions empathiques. Le personnel de l'urgence ressent de l'irritation. C'est comme un lifeguard qui n'en fini plus d'aller sauver de la noyade le même nageur qui s'entête à aller patauger dans une zone dangereuse et interdite d'un cour d'eau. Le danger est qu'à un moment le toxico a un problème grave indépendamment de son comportement à risque qui se manifeste par des symptômes non spécifiques et que sa mauvaise réputation aveugle le personnel. Je me demande si ce n'est pas surtout ça qui est arrivé avec Joyce Echaquan dont le dossier était marqué de l'étiquette infamante "toxico".Igor a écrit : 08 oct. 2021, 17:04
L'affaire Joyce Echaquan est particulièrement troublante et tend à démontrer qu'il y a encore des préjugés envers les amérindiens malgré les progrès qui ont été fait par rapport à d'autres époques (et que ces préjugés sont culturels, systémiques, un peu comme le sexisme peut l'être dans certains milieux).
Il est possible que j'aie un tout léger biais favorable envers cette merveille rebelle.Kraepelin a écrit : 08 oct. 2021, 16:39 Je ne trouve pas que cette chronique adopte l'approche nuancée qui aurait du la gouverner...
Sachant que les grandes religions sont sexistes en plus d'être racistes (convertion forcée des autochtones par exemple) il faudrait peut-être abolir les privilèges qu'elles ont elles aussi, comme c'est le cas pour la vaccination par exemple.Etienne Beauman a écrit : 08 oct. 2021, 17:02 C'est exactement ça que veulent faire comprendre les wokes à ceux qui ont le "privilège blanc"*.
Je comprends que le personnel de la santé peut être déconcerté devant un client toxico régulier, est-ce le cas pour elle? Un toxico non autochtone aurait-il subi le même sort et en mourir?Kraepelin a écrit : 08 oct. 2021, 17:33je me demande pourtant encore si ce sont les préjugés contre les autochtones qui ont présidés à ce drame ou les préjugés contre les toxicomanes...Igor a écrit : 08 oct. 2021, 17:04
L'affaire Joyce Echaquan est particulièrement troublante et tend à démontrer qu'il y a encore des préjugés envers les amérindiens malgré les progrès qui ont été fait par rapport à d'autres époques (et que ces préjugés sont culturels, systémiques, un peu comme le sexisme peut l'être dans certains milieux).
DictionnairErroné a écrit : 08 oct. 2021, 17:33
Sous cet angle, en bon Don Quichotte qui s'assoie devant ce moulin à vent rafraîchissant, son utilisation du mot en N, pas l'autre mais celui-ci, ne suis pas la loi de Godwin. Ce n'est pas pour conclure abruptement une discussion avec accusation. Elle est émotive et puissante, c'est le feu d'artifice déclenché par une étincelle, il faut aimer et déchiffrer. Son aberration devant la souffrance autochtone la déchire profondément que seul le mot en N peut bien l'exprimer.
Je ne sais pas! Ce que je sais, par contre, c'est qu'il est vraiment dangereux d'avoir un étiquette "toxico" sur son dossier d'hôpital ...DictionnairErroné a écrit : 08 oct. 2021, 17:47Je comprends que le personnel de la santé peut être déconcerté devant un client toxico régulier, est-ce le cas pour elle? Un toxico non autochtone aurait-il subi le même sort et en mourir?Kraepelin a écrit : 08 oct. 2021, 17:33je me demande pourtant encore si ce sont les préjugés contre les autochtones qui ont présidés à ce drame ou les préjugés contre les toxicomanes...Igor a écrit : 08 oct. 2021, 17:04
L'affaire Joyce Echaquan est particulièrement troublante et tend à démontrer qu'il y a encore des préjugés envers les amérindiens malgré les progrès qui ont été fait par rapport à d'autres époques (et que ces préjugés sont culturels, systémiques, un peu comme le sexisme peut l'être dans certains milieux).
À ma connaissance, Joyce Echaquan n'était pas une toxicomane et ce sont les préjugés du personnel hospitalier envers les amérindiens qui sont responsables de cette erreur.Kraepelin a écrit : 08 oct. 2021, 17:33 Je me demande si ce n'est pas surtout ça qui est arrivé avec Joyce Echaquan dont le dossier était marqué de l'étiquette infamante "toxico".
E.B. se limite à l'idéologie du mouvement woke quand n'examinant sous une forme non militante. Les faits pour lui n'ont aucune signification et conséquence. En extrapolant à l'extrême, la sociale démocratie de Hilter voulait combattre les injustices sociales, c'est bien, pourquoi bavasser?Igor a écrit : 08 oct. 2021, 17:47Sachant que les grandes religions sont sexistes en plus d'être racistes (convertion forcée des autochtones par exemple) il faudrait peut-être abolir les privilèges qu'elles ont elles aussi, comme c'est le cas pour la vaccination par exemple.Etienne Beauman a écrit : 08 oct. 2021, 17:02 C'est exactement ça que veulent faire comprendre les wokes à ceux qui ont le "privilège blanc"*.
On entendait dernièrement que seuls ceux qui ont une raison médicale ou religieuse pourraient être exemptés de l'obligation de présenter un passeport vaccinal.