Gwanelle a écrit : 05 mai 2025, 12:26Evidemment, si on refrénait nos envies d'indépendance, ça engendrerait une baisse de la demande en biens privés, donc une baisse de PIB.
Pas nécessairement. Pourquoi ? Pourquoi est-il possible d'avoir croissance du PIB tout en ayant une baisse des prélèvements de ressources renouvelables et non renouvelables avec une modification appropriée de la définition du PIB toutefois (2) (ou l'emploi du sigle approprié à cette définition modifiée si ce sigle existe) ? Par multiplication des pains ?
Le PIB peut croître concomitamment à une baisse de pression sur biosphère et ressources
Dans notre esprit, nous percevons le prix d'un produit ou d'un service (et donc le PIB résultant de leur somme) comme une grandeur
objective. Ce n'est pas le cas. Le prix auquel nous sommes prêts à acheter un bien ou un service repose :
- d'une part sur la valeur que nous lui attribuons
- d'autre part sur la valeur que nous attribuons aux biens et services que nous détruisons ou consommons au cours de son processus de production.
Notre responsabilité est donc engagée dans des processus que nous dénonçons...
...et dont nous sommes en fait partie prenante sans toujours le réaliser (1).
Le PIB peut donc continuer à croître si les biens et services plus respectueux de notre biosphère (et de notre indépendance alimentaire, nécessitant de mieux protéger nos agriculteurs... ...donc d'accepter d'en payer le prix) voient leur prix augmenter parce que
nous acceptons de les payer plus cher en raison d'une meilleure appréciation de leur réelle valeur (2).
Taxes, quotas et règlements, décisions individuelles, décisions collectives
Ce changement de nos modes de consommation et de production ne peut pas se faire sur la seule base de nos décisions individuelles...
...sans négliger toutefois leur importance. Il me semble avoir vu dans un ppt du shift project qu'elles pourraient avoir, à elles seules, un impact supérieur à 40%.
Ces changements doivent être favorisés, amplifiés ET optimisés par application de taxes, quotas et règlements appropriés. En effet, nous ne connaissons que très grossièrement, et parfois pas du tout, le bilan carbone ou les dégâts écologiques causés par tel ou tel aliment, bien ou service que nous achetons car ce montant dépend de toute la chaîne allant des ressources naturelles au consommateur, donc de l'approvisionnement en matières premières à la production puis à la distribution...
...mais ces taxes et quotas,
- qu'il faudra négocier à une échelle internationale (3), bousculant ainsi nos choix de consommation, cad l'échelle des valeurs que nous leur attribuons,
- restructurant notre outil de production et nos emplois par la modification induite sur les coûts,
ne peuvent pas être mis en place sans une forte adhésion de l'opinion publique mondiale des pays dont les dirigeants sont élus et l'accord des dirigeants des pays plus autoritaires.
Le chantier des transformations à mener à bien requiert une large adhésion
Se lancer dans un chantier de modifications de nos modes de production et de consommation sans avoir notre appui, engager des transformations qui seraient décidées par "une forte volonté politique", serait engendrer une situation de mécontentement et de chaos social de niveau insurrectionnel. Ce serait la certitude d'un échec grave, dont le relèvement serait très difficile, avec à la clé une considérable perte de temps (un temps que nous n'avons pas).
La "volonté politique" des élus (les coupables, n'est-ce pas ?) ne suffit donc pas.
Ce qu'il faut surtout, c'est la volonté politique
des électeurs et elle n'est bien sûr pas du tout évidente, car :
- elle demande une vision globale et à long terme qu'il nous faut obtenir en identifiant les sources d'information disponibles, les sources d'information auxquelles nous pouvons accorder (avec prudence) notre confiance,
- et parce que chaque catégorie socio professionnelle aspire à des mesures justes...
...du point de vue d'une justice à géométrie variable taillée sur ses intérêts propres, valeurs sacrées et objectifs.
Une confusion entre règles mathématiques de calcul et affectation d'une valeur à ses grandeurs d'entrée
On affirme souvent que la majeure partie de nos problèmes de société proviendrait d'
une recherche exclusive des profits.
En fait, non. Si les profits étaient
réels, comme ce serait le cas avec une échelle de prix mieux adaptée à nos besoins
réels, le profit jouerait plus pertinemment le rôle d'indicateur que l'on attend de lui :
indiquer que la différence entre valeur (réelle cette fois) des biens et services produits est supérieure à la valeur réelle des biens et services consommés ou détruits lors du processus de production et de combien elle lui est (réellement) supérieure. Maximiser cette différence permet, par un réinvestissement au moins partiel, la croissance des activités qui nous sont
réellement bénéfiques.
- Des activités néfastes engendrant actuellement des profits donneraient lieu à des pertes si la hiérarchie des valeurs que nous affectons aux biens et services (taxes incluses) était en meilleur accord avec leur valeur réelle (dont la préservation de notre biosphère), entraînant ainsi la disparition naturelle de ces activités et des emplois corrrespondants pour cause de disparition de leur profitabilité...
.
- ...et des activités bénéfiques (industrielles, agricoles, d'innovation) ne faisant pas l'objet d'investissements car actuellement non profitables (du fait que les prix des biens et services résultant de cette activité ne sont pas assez chers) verraient le jour ainsi que les emplois correspondants grâce à des prix de ces produits et services plus élevés...
...des prix plus élevés mérités car reflétant alors mieux l'aptitude de ces biens et services à répondre à nos réels besoins tout en préservant notre avenir.
Il s'agit, en fait, d'un changement de même nature qu'un changement de mode. Ca peut être long (2 ou 3 décennies) quand la mode en question est associée à une illusion d'éternité (mais enfin, depuis que le monde est monde mon brave monsieur...) et une ligne rouge de non négociabilité (valeur sacrée).
Le besoin d'un réseau mondial d'instituts de recherche et diffusion de connaissances centré sur notre problème actuel
Mon sentiment, par exemple, c'est qu'investir dans une activité de recherche de niveau mondial (ça se pratique pour certains grands projets) menée par un
réseau international structuré (à construire en coordonnant sur ce thème l'action d'instituts, organismes, associations, entreprises de réputation mondiale) analysant et synthétisant l'ensemble des aspects de notre problématique mondiale actuelle (sous les angles scientifique, géopolitique, technologique, industriel, agricole, sociétal, économique, écologique, climatique...) puis diffusant ses résultats d'analyse et ses conseils (
et non des décisions, car ça, c'est le rôle des responsables politiques) sous une forme adaptée à un large public
est manquant.
On croit que c'est le rôle des seuls responsables politiques. C'est faux. Un responsable politique est dans l'action
et il est prisonnier de son électorat et des intérêts stratégiques du pays dont il fait partie. Il ne peut donc pas réaliser le travail de recherche rassemblant (qui plus est impartialement) l'ensemble des informations requises. Il doit
se servir de/s'appuyer sur ces informations pour proposer un programme et
prendre des décisions. Ce n'est pas la même fonction...
...Avant d'agir, il faut s'informer, réfléchir, trouver, informer, négocier et souvent convaincre quand la conclusion qui se dégage des recherches réalisées va à l'encontre de convictions fortes ou d'attentes fortes.
Un besoin d'acquérir un niveau de compétence/pertinence dans l'attribution de notre confiance mieux adapté à notre niveau de pouvoir
Certains mécanismes économiques ne nous sont pas nécessairement familiers. Parfois notre attention se concentre, avec un caractère exclusif, sur des coupables et sur des causes qui, en fait, peuvent devenir des solutions si nous réajustons correctement nos analyses, nos attentes et nos priorités à nos réels besoins...
...ce qui ne doit pas nous conduire à conclure que, finalement, ce serait simple (3). Ce n'est pas le cas (4).
Parmi les causes de nos problèmes et la difficulté en découlant
pour relever défi géopolitique, écologique et climatique on trouve donc (entre autres) :
- des attentes mal adaptées à la situation actuelle...
...Or nos attentes et choix de priorité engendrent les décisions d'investissement et la décision d'incorporer telle ou telle mesure dans un programme politique susceptible de conduire à un succès électoral,
- une méconnaissance de certains mécanismes, notamment économiques (et un peu aussi psychologiques quant aux motivations personnelles réelles et modes de réaction d'un certain nombre de dirigeants, afin d'optimiser les choix à faire pour influer sur leurs décisions dans une direction favorable et, à tout le moins, éviter le pire induit par naïveté... ...ou maladresse),
- des fake news, souvent largement diffusées par les réseaux sociaux. L'explosion de l'IA va d'ailleurs probablement accroître ce problème et le rendre encore plus difficile à maîtriser, surtout si une réglementation appropriée n'est pas mise suffisamment vite en place.
- et, comme le faisait remarquer Jodie, une grande difficulté à faire le tri dans le flot d'informations dont nous sommes submergés.
Des croyances fausses mais inoffensives... ...mais d'autres pas du tout inoffensives
Croire que la Relativité Restreinte est fausse et donc "Voilà pourquoi une évolution de notre conception de l'espace-temps est devenue nécessaire" ou encore croire qu'un gros singe plus ou moins proche de l'espèce humaine se cache remarquablement bien dans les régions les plus reculées de la planète n'est pas bien grave...
...si toutefois cela ne s'accompagne pas d'une tendance plus générale à mettre sur un pied d'égalité des travaux sérieux (dont des travaux scientifiques) avec des élucubrations vaseuses de personnes ne maîtrisant pas le sujet sur lequel elles s'expriment et, par exemple, en déduire que le réchauffement climatique ne serait pas de nature anthropique car il s’expliquerait (n’est-ce pas ?

) par une plus grande activité solaire et nous ne pourrions donc rien y changer.
Tout vérifier par soi-même n'est pas possible. Il faut avoir une lucidité suffisante pour identifier les limites de ses compétences et donc, parfois, savoir faire confiance...
...en essayant de ne pas se tromper trop et trop souvent quant aux personnes ou sources auxquelles on peut accorder notre confiance (jamais une confiance sans borne toutefois)
- soit parce que cela nécessite une compétence hors de notre portée,
- soit parce que ça demanderait plus de temps pour atteindre le même niveau de fiabilité.
Par contre, croire aux me
nssages émis par des "idéologues" mus par la seule ambition d'accéder au pouvoir au détriment de ceux qui les y portent, ça, c'est un problème sérieux. Réaliser, parmi nos erreurs, celles nous incitant à pousser les décideurs politiques (sous peine de perdre leur prochaine élection s'ils résistent à nos injonctions) dans une direction qui nous est nuisible à moyen et long terme est difficile, certes, mais c'est important.
(1)
Notre pouvoir
La chûte des ventes de Tesla et la force centrifuge qu'exercent des US en mode Trump sur certains marchés (voir des pertes de confiance, fragilisations d'alliance et de solidarités politiques et fuite de compétences scientifiques si le Trumpisme survit trop longtemps à ses choix àctuel) montre que le pouvoir est dans un
nous collectif (avec un poids par individu présentant, certes, une grande dispersion) et non pas seulement entre les mains de quelques individus...
...des individus qui sont là parce que, dans une large mesure, notre système de valeurs, nos attentes et nos choix de priorité (et non notre seul système politico-économique) leur ont permis, dans les pays accordant une large autonomie au marché et dont les dirigeant sont élus, d'accéder à des positions dominantes. Toutefois, dans les pays plus autoritaires, la problématique est différente... ...à court et à moyen terme. A plus long terme, elle redevient similaire.
(2)
Le prix d'un bien ou d'un service n'est pas une grandeur objective
Il "suffit", pour cela, que la demande de ces biens se fasse plus forte malgré un prix de vente plus élevé compensant ainsi la baisse du volume de vente des biens et services nuisibles à notre biosphère (enfin) boudés par la demande, une baisse par ailleurs en partie compensée par des taxes choisies pour être dissuasives...
...en faisant toutefois un peu évoluer la notion de PIB pour y intégrer les taxes, estimant (si elles sont bien choisies) que le prix TTC des produits est un réel reflet de valeur du produit ou service final créé. Dans le PIB, à ce jour, on n'intègre pas la TVA. Si on reste sur ce critère pour mesurer une
vraie croissance, une croissance vertueuse préservant notre avenir, on n'a pas le bon outil...
...avec un réglage à un niveau de taxes et quotas à choisir de façon appropriée ET suffisamment négocié pour ne pas engendrer une révolte sociale incontrôlée. Une interdiction, par exemple, correspond à un prix infini. Pour des produits dangereux (cf.
La chloredécone par exemple), il faut parfois s'y résoudre même si ça impacte le pouvoir d'achat et si, en plus, ça impacte l'emploi pendant le temps nécessaire pour mener à bien les transformations de modes de production requis.
(3)
Dire qu'une condition est nécessaire ne veut pas dire qu'on sache comment l'obtenir...
.......................................................et encore moins qu'il ne faut donc pas la signaler
Ca ne veut pas dire
yaka focon c'est simple, mais
yaka focon c'est nécessaire. Ce n'est pas parce que l'atteinte d'un sous-objectif a été identifiée comme requise que, pour autant, la chaîne des choix de priorités ou de valeurs requise pour atteindre ce sous-objectif est facile à trouver, négocier puis mettre en oeuvre après avoir réussi à obtenir une adhésion aux décisions entérinées.
Selon moi, ce n'est pas parce que nous ne savons pas comment atteindre un sous-objectif qu'il est inutile de le signaler. Au fil des échanges sur ce fil, il me semble utile de faire part de nos remarques et de poser des questions quand nous ne voyons pas de réponse à une question qui, pourtant, nous semble en nécessiter une.
(4)
Acquérir un niveau de compétence adapté à notre pouvoir est de notre responsabilité
Ca demande l'acquisition d'une compétence qui est de notre responsabilité sans bien réaliser que nous devons accepter d'assumer cette responsabilité plutôt que choisir de nous préserver de ce poids en nous convaincant que nous sommes, avant tout, des victimes. Le choix du déni de notre part de responsabilité est certes bénéfique à court terme (on fait l'économie de ce souci supplémentaire) mais néfaste à plus long terme car il nous encourage à ne pas identifier et mener à bien les remises en cause nécessaires.
Ce changement d'attitude pour évoluer vers une plus grande conscience de notre responsabilité individuelle dans la marche de notre société à un niveau collectif est toutefois culturellement difficile. En effet, dans de très nombreux pays, le mode d'organisation est bien plus protecteur que nous n'en ayons conscience. Le faible niveau d'impact individuel, positif ou négatif, des décisions individuelles que nous prenons nous fait perdre le sens de nos responsabilités dans leurs conséquences collectives en raison de leur absence (ou presque) d'impact à un niveau individuel.
Tout est lissé : les bénéfices et les pertes. Cela réduit notre incitation à corriger nos erreurs (puisque nous en sommes en partie protégés) et réduit notre motivation à nous investir dans ce qui réussit (puisqu'on nous en prend une grande partie). Si le dosage est bien choisi c'est très bien. S'il est trop marqué, c'est un peu (par analogie) comme si on perdait une grande partie de notre sens de la douleur. On se brûlerait et on se cognerait plus souvent.
Cette diminution de notre sens des responsabilités nous amène notamment :
- à croire que mener une action c'est, presque systématiquement, demander que l'état s'en charge,
- à croire et que nous sommes les victimes impuissantes d'un système et non (dans une large mesure) les victimes d'une part assez largement commune de nos attentes, valeurs et choix de priorité.
Cela explique la difficulté que nous rencontrons pour réaliser notre poids et notre part de responsabilité dans les décisions collectives adoptées et la nécessité d'atteindre le niveau de compétence (et/ou de lucidité dans nos jugements) approprié à cette responsabilité. Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités... ...même quand on n'est pas conscient de détenir ce pouvoir.
Ben oui.
Defis_geopolitique_ecologique_climatique.pdf