nikola a écrit : 28 mars 2024, 07:03
Dominique18 a écrit : 27 mars 2024, 22:28
Une société sans structures étatiques peut fonctionner à condition que le groupe ne comprenne pas plus d'une centaine de personnes.
C’est faux.
Lis
Au commencement était.
Ca, on n'en sait rien. Ça fait partie du domaine des possibles, pas des probables. Sans preuves formelles et sans populations témoins encore en activité, je serai moins affirmatif. Pierre Clastres, comme Claude Lévi-Strauss ont étudié en immersion, au sein de groupes de population existants, pas en se confrontant à des vestiges du passé et en tirant des conclusions, aussi séduisantes sont-elles.
Clastres a observé et consigné sur le terrain.
C'est une hypothèse, pas une certitude.
S'attaquer et contrer des théories "dominantes", soit, mais encore faut-il que ce travail repose sur des bases scientifiques rigoureuses et sans failles.
Graeber et Wengrow représentent une source, une puissante stimulation intellectuelle.
Ils n'emportent pas pour autant l'adhésion de la communauté scientifique.
Ce qui me conduit à cette mesure et cette prudence, c'est le travail de paléoanthropologues comme Pascal Picq qui fait partie des préhistoriens qui ont posé un autre regard sur la préhistoire et impulsé des réflexions originales qui ont pu trancher avec des représentations couramment admises.
Il a rėétudiė avec d'autres la présence et le rôle de la femme dans les groupes préhistoriques, et ce n'était pas rien, il a fallu qu'il ferraille ferme contre des formes de doxa.
Je ne réfute pas ta proposition, je la bėmolise.
Une autre étude concernant le comportement humain actuel, est la numérisation des sociétés.
A priori, aucun rapport.
Il semblerait que les nombreux "amis" qu'un individu lambda peut avoir, dans l'espace numérique, ne dépasse pas une quantité supérieure à 150.
...De nombreuses études suggèrent que la taille de notre cerveau limite nos possibilités d’interactions sociales, faisant mentir l’adage « plus on en a, mieux c’est »...
Une quantité limitée de capital social...
https://www.francetvinfo.fr/internet/re ... 77431.html
https://www.wojo.com/blog/fr/la-boite-a ... nbar-2869/
Entre les groupes de population passés évoqués et ceux s'adonnant aux plaisirs du numérique, il semble que l'on retrouve une constante, le nombre: autour d'une centaine d'individus en rapport les uns avec les autres, en interactions sociales.
C'est peut-être osé d'établir une connexion entre les travaux de Clastres et ceux de Dunbar, il n'empêche que c'est troublant.
A noter qu'on retrouve un élément commun dans les deux cas: le cerveau, et son fonctionnement.
Un cerveau ne sert pas à réfléchir, il cherche à agir, à maintenir en état une structure.
On pourrait également établir un parallèle avec le domaine de la santé et prétendre que des groupes de populations, dans le passé, savaient se soigner et maîtrisaient ces questions. C'est séduisant, mais erroné.
Un bon nombre "d'affaires courantes" pouvait être assurées, empiriquement, tant bien que mal.
Les épidémies, les naissances,... ne pouvaient pas être contrôlées. La mortalité infantile, en incluant fréquemment le décès de la mère, était élevée. Les survivants n'étaient pas plus résistants pour autant.
L'étude d'Ötzi* a livré, c'est un exemple, d'intéressantes connaissances à ce sujet.
Ce qui paraît difficilement réfutable pour la santé, à ce niveau, l'est tout autant pour l'organisation des sociétés passées. On ne peut rien affirmer tant la complexité est présente å ce niveau et dépend également de conditions géo-climatiques. Les groupes de chasseurs-cueilleurs évoluant dans des territoires comme l'Amazonie ont peu à voir avec leurs homologues situés à la même époque, sur le continent européen, du fait du cycle des saisons.
Les rapports avec l'environnement (la niche écologique), les interactions, sont différents. Dans un cas, la nourriture est abondante, variée, de qualité nutritionnelle, quasi omniprésente, dans l'autre il faut nécessairement prévoir pour anticiper les "mauvaises" saisons et constituer éventuellement des stocks.
Question qui ne se posent pas pour les sociétés amazoniennes puisqu'elles n'ont... aucun sens, et pour cause.
Il est possible également, pour rejoindre Uno sur ce point, que les sociétés "européennes" se soient montrées plus violentes du fait de la raréfaction de la nourriture, de l'épuisement des stocks disponibles, et que certaines soient entrées en conflits violents pour rafler les stocks d'autres groupes situés à proximité, ou du moins à une distance accessible.
La structuration des sociétés a pris des formes différentes en fonction de multiples impératifs dont l'un, et pas des moindres, fut le rapport à l'alimentation. C'est pour cette raison que parler de sociétés "évoluées" par rapport à d'autres est très réducteur et proprement idiot puisqu'un groupe humain est primordialement un rapport avec sa niche écologique, son environnement, qui détermine le reste.
Ce qui pourrait suggérer que les sociétés situées sur le continent européen avaient besoin de plus de complexité et de structures sociales et sociétales en conséquence pour assurer leur survie comparativement aux groupes amazoniens, ou situés dans des conditions géo-climatiques similaires. Que certaines se sont montées plus violentes que d'autres. Il est difficile de se montrer affirmatif, dans un cas comme dans l'autre, d'autant plus que nous statuons via le prisme de nos connaissances actualisées, soit l'état en 2024, qui est à considérer comme une grille de lecture propre à l'observateur (cf. ABC et ses propositions, sur le fil "Libre arbitre").
Ce que l'on peut constater, sur le plan historique, c'est que les populations occidentales ont massacré allègrement une bonne partie des autres populations (l'Asie a été moins touchée, quoique...), sous différents prétextes, religieux, économiques,... L'inverse n'a pas été constaté, pas à ce niveau d'extermination (amérindiens, aborigènes, tasmaniens,...). Peut-on émettre l'hypothèse, avec une approche scientifique rigoureuse, que des groupes humains soient devenus, au cours de l'évolution, plus agressifs et destructeurs que d'autres ?
Certaines tribus indiennes (Amérique du nord) semblent avoir été moins pacifiques que d'autres (plus "agressives") mais en ce cas encore, les données disponibles demandent à être scrupuleusement vérifiées.
*
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/%C3%96tzi